SÉANCE DU 28 THERMIDOR AN II (15 AOÛT 1794) - N° 10 87 de ses conjurés. Après la lecture des événemens inattendus des 8, 9 et 10 thermidor, nous nous sommes tous levés par un mouvement spontané et nous avons juré de nouveau haine implacable aux tirans et aux traîtres; de ne donner notre entière confiance qu’à la Convention seule; de périr plutôt que de souffrir qu’il soit porté la plus légère atteinte à la représentation nationale; de ne nous passionner que pour la liberté et l’égalité, et non pour des individus. Représentans, nous admirons le courage et l’énergie que vous avez déployé dans la séance du 9. Alors que les conspirateurs osent lever le masque, entraîner à leur suite des hommes égarés, que des fonctionnaires publics infidèles courbent leur tête devant un triumvirat audacieux et méconnoissent les décrets du sénat français, alors enfin que le général d’un dictateur s’efforce de tourner les armes du peuple contre lui-même, contre ses représentans, qu’opposez-vous à tant de dangers, à tant de crimes ? Le calme et le courage qu’inspirent les grandes vertus. Vous parlez au peuple, vous déchirez d’une main hardie le bandeau de l’erreur, les braves Parisiens accourent à votre voix, ils s’emparent des conspirateurs et le glaive de la loi coupe le fil de leurs trames odieuses. Que les hommes immoraux et ambitieux qui ne feignent de se dévouer à la liberté que pour mieux envelopper leurs coupables projets, profitent de cette leçon terrible; qu’ils sachent que les républicains les reconnoîtront facilement aujourd’hui. Représentans, vous venez de sauver encore une fois la patrie, et la patrie reconnoissante transmettra votre gloire à la postérité la plus reculée. Continuez vos sublimes travaux; maintenez l’énergie du gouvernement révolutionnaire; anéantissez les tirans consternés; frappez les restes impurs des conjurations et les fonctionnaires publics infidèles; punissez sévèrement les êtres immoraux toujours prêts à se vendre à tous les partis; enfin ne quittez le gouvernail que lorsque vous aurez conduit au port le vaisseau de la liberté : tel est notre vœu, tel est celui de tous les hommes libres qui vous contemplent avec admiration. Vive la République démocratique ! Honneur à la vertu et à la probité ! Périssent les tirans et les traîtres ! Boissiere ( présid .), Gibert ( commissaire ), Sai-gnet {secret.), Dupuy ( secrét .), Aubruil (se-crét. -adjoint) et plus de 30 signatures. Q [Les administrateurs du directoire du départ 1 de la Vendée, à la Conv.; Fontenay-le-Peuple, 16 therm. II] (1) Représentans du peuple, Un grand crime vient encore d’être tenté : des mandataires infidèles ont voulus anéantir la Convention et donner des fers au peuple français, mais le courage des Parisiens et votre énergie ont sauvé la patrie. (1) C 313, pl. 1251, p. 26. Mentionné par Bin , 2 fruct. L’infamie et la scélératesse ourdissent sans cesse leurs trames criminelles : tantôt c’est par l’immoralité, tantôt c’est en jouant toutes les vertus que des intrigans et des conspirateurs veullent étouffer la liberté : vous connaissez leurs complots, c’est à vous de les déjouer. Soyez libres comme le Français a droit de l’être et le sera; frappez, n’épargnez aucun coupable, le peuple est là avec sa massue pour vous protéger; mais qu’un tribunal redoutable, établi pour punir les forfaits et défendre l’innocence, ne soit plus le choix des ambitieux et des liberticides. Notre bonheur dépend de vous. Nous l’attendons avec confiance et nous ne serons pas trompés. S. et F. ! Garry (présid.), J.M. Cougnaud ( secrét.-gal ). r [La sté popul. et républicaine de Treignac-la-Montagne (1), à la Conv.; Treignac, 15 therm. II] (2) Législateurs montagnards, Encore une conspiration, encore un attentat horrible contre la souveraineté du peuple ! Encore une scélératesse jusques ici sans exemple ! Vous l’avez déjouée, cette trame infernale, encore une fois vous avez sauvé la patrie. Tous les républicains eussent versé n’a guère des torrens de larmes sur le tombeau d’un homme qui aujourd’huy est reconnu plus criminel que les Cromwel, les Catilina, les Néron, et qui a surpassé par ses crimes, dans un instant découverts, tous les monstres que la nature avoit enfantés pour le malheur des peuples. Vous luy avez fait justice, ainsy qu’à ses co-conspirateurs, ainsy qu’à ses complices. Vous avez acquis un nouveau droit à la reconnoissance du souverain dont vous vous êtes montrés tant de fois les dignes représentans. Si la joie que nous ont fait goûter les succès nombreux, les victoires signalées que vous aviez préparés, a été troublée par la nouvelle du dernier danger qui menaçoit notre liberté, nous serons bientôt dédommagés sans doute en apprenant que nos triomphes n’ont point été interrompus et que vous continués à réunir tous vos efforts pour asseoir le gouvernement démocratique, un et républicain, sur les débris de toutes les factions, et l’étayer des bases qui peuvent le rendre stable, éternel. Au reste, plus l’ennemi du peuple aura de prosellites, plus le peuple aura de combats à livrer, plus votre triomphe et le sien seront éclatans, et plus, nous le savons, les républicains doivent, à votre instard, montrer d’énergie pour poursuivre jusques dans leurs derniers retranchemens tous les hommes pervers, tous les conspirateurs, mais aussy, à l’exemple de leurs représentans, ils sont tous animés des (1) District d’Uzerche, Corrèze. (2) C 316, pl. 1267, p. 16. Mentionné par B‘n, 3 fruct. (suppl1). 88 ARCHIVES PARLEMENTAIRES - CONVENTION NATIONALE principes du Brutus qui sçut délivrer Rome d’un tyran. Portés, citoyens représentans, portés les derniers coups à tous les coupables, à tous les ennemis du peuple ! Que les fonctions publiques ne soient plus occupées par des hommes immoraux et corrompus ! Que le prêtre charlatan hypocrite et le cy-devant noble qui sans doute conserve dans le fond de son cœur son ancien esprit de domination, soient au moins relégués dans un oubli obscur. Mettés le dernier sceau à tous les abus et comptés que tous les Montagnards, vos dignes émules, vous feront un rempart d’airin de leurs corps et qu’ils sauront tous périr plustôt que de souffrir qu’il soit porté la moindre atteinte à la souveraineté nationale et qu’il soit donné un nouveau tyran au peuple français. L’Europe entière a été étonnée jusques ici de votre énergie et du courage trois fois stoïque de nos braves deffenseurs. Elle ne le sera pas moins désormais de votre constance sublime et de votre acharnement à découvrir et faire punir tous les ennemis du peuple. Recevez, citoyens représentans montagnards, de nouveaux témoignages de l’entière confiance que vous ont vouée les sans-culottes de Treignac-la-Montagne, dont nous sommes l’organe. Soustre ( secrét .), Lafont-Dumas ( vice-présid .), Boudet (secrét.). s [La sté popul. de la comm. de Corme-la-Fo-rêt (1), à la Conv.; Corme-la-Forêt, 20 therm. II] (2) Citoyens représentants, Encore une fois la représentation nationale a remporté une victoire en étouffants des conspirateurs. La journée du 9 thermidor prouve au peuple français que ses représentants sont dignes de lui, tant par leur courage que par leurs vertus. Restez fermes à vos postes ! Le peuple français n’est point démuni de resource puisqu’il lui reste encore du courage pour faire respecter ses représentants. L’or de Pit et des autres monstres de son espèce ne corompera point les hommes justes. Nous jurons de faire exécuter vos loix, de ne jamais reconnoître celle des tirants et de vanger les outrages faits à la représentation nationale. Hublin ( présid .), Rambaud (secrét.). t [Le c. révol. de la comm. de Corme-la-Forêt, à la Conv.; Corme-la-Forêt, 20 therm. II] (3) Citoyens représentants, (1) Ci-devant Corme Royal, district de Xantes, Charente-Inférieure. (2) C 316, pl. 1267, p. 17. Mentionné par 5“, 3 fruct. (suppl1). (3) C 313, pl. 1251, p. 6. Mentionné par Bm , 2 fruct. Au moment où nous avons appris les dangers qu’a courue la représentation nationale, nous avons frémi d’horreur : il restoit encore des assassins du peuple ! Le génie de la liberté a veillé sur votre courage, et, par vos vertus, vous avez encore sauvé la patrie. Grâce vous soit rendue, citoyens représentants : restez ferme à vos postes jusqu’à ce que le dernier des tirants ait subi le sort de tous ceux que vous avez étouffés. Les hommes justes ne seront heureux que quand il ne restera plus un tirant sur la terre de la liberté. Le bonheur de la patrie dépend de vous, mais il faut que vos sublimes loix soient exécutées : le trésor de la nation est la loi ! Vous l’avez déposé entre les mains de vos comettants. Ceux qui ont l’âme pure le feront fructiffier. Mais les infidèles le dilapide et infailliblement renverseroient le plus beau che-dœuvre que les hommes ayent jamais faits, si vous ni portez remède. Citoyens représentants, faites examiner de nouveau les correspondances, qui ont étées envoyées à vos commités de surté général, et vous verrez qu’il est échapé des conspirateurs, puisque des hommes sont sortis du tribunal révolutionaire sans qu’il ait entendu leurs dénonciateurs. Les coquins employent toutes sortes de moyens pour tromper : l’or, les signatures, les factions, et avec ce poison ils se guérissent. Rambaud (présid.), Laborie, Paranteau (secrét.), Fraigne, Venien, Lambert, Vincent. u [Le présid. de l’administration du départ1 de l’Hérault, au présid. de la Conv.; Montpellier, 17 therm. II] (1) Citoyen président, L’administration du département de l’Hérault s’empresse d’offrir à la Convention son tribut de reconnoissance pour l’énergie qu’elle vient de manifester contre les nouveaux assassins de la liberté publique. L’addresse cy-jointe exprime nos sentiments. Veuille bien la mettre sous les yeux de la Convention. S. et F. Aubin (présid.). [L’administration du départ 1 de l’Hérault, à la Conv.; Montpellier, 1 7 therm. II] Représentans du peuple, Le peuple français que vous venés de délivrer de la tyrannie dictatoriale vous contemple, vous admire et vous adresse l’expression de sa juste reconnoissance. Déjà l’histoire burine vos travaux immortels. Votre gloire est le patrimoine de la nation, notre bonheur en est inséparable. Aimés donc votre ouvrage avec jalousie : votre ouvrage, c’est l’amour de la patrie et de la liberté, c’est l’héroïsme, c’est la vertu dont votre génie immortel a fait présent aux Français. Ne souffrés pas qu’aucun ambitieux, de quel mas-(1) C 313, pl. 1251, p. 31, 32.