497 [Convention nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES, j IVécïmbn 1793 SOLO Semblable au Créateur, ce foyer qui m'éclaire Me force de baisser mes timides regards. LE MÊME L’éléphant, chaque jour, vers ce flambeau du monde S’avance et le salue, humble et religieux. Il voit avec respect ce globe radieux Qui, repoussant la nuit profonde, Remplit de sa splendeur l’immensité des cieux. Humains, tout vous invite à la reconnaissance. Tout d’un maître absolu, mais juste et bienfaisant Vous manifeste l’existence, Et lui rend à vos yeux un hommage constant. J’ai vu des pins altiers les têtes vacillantes Se courber devant leur auteur, J’ai vu les moissons ondoyantes, Inclinant leurs épis, dire au cultivateur : Rendez grâce à Celui dont les mains bienfaisantes Ont à votre industrie attaché le bonheur. Quel parfum ! L’air flottant s’est chargé d’un nuage, Qui jusqu’aux cieux s’élève et va porter l’encens ! C’est le baume des fruits et de la fleur des champs : L’été les a mûris, et voilà leur hommage. Vous dont l’âme s’exprime et peint les sentiments, Vous, êtres plus heureux, doués de la parole, Mortels, unissez-vous. Que vos rapides chants Ne forment qu’un concert de l’un à l’autre pôle ! J’ai commencé, mon hymne vole, - Et trouve l’ Éternel sensible à mes accents. Félix Nogaret. « Citoyens représentants, c’est à vous qu’il appartient de faire valoir ces preuves non équi¬ voques d’une religion gravée dans tous les cœurs. « Qu’un bon compositeur ajoute par ses accords aux tableaux contrastants de ma can¬ tate ; bientôt Paris, cette commune tant calom¬ niée, Paris qui vient d’abjurer le dieu de ceux qui nous égorgent, unissant sa voix à celle du juif et du protestant dans le temple de la raison, réduira le fanatisme au silence par ses relations avec l’auteur de la nature, être invisible, mais bienfaisant, qui veut le bonheur de tous, puis¬ qu’il nous rend la liberté, et nous conseille la tolérance. s « F. N. « P. 8. Trop heureux de perpétuer, si je le puis de cette manière, les événements célèbres et de prouver à l’Europe entière que les Fran¬ çais reconnaissent l’Etre suprême, je préviens la Convention que je donnerai incessamment le cantique de reconnaissance des captifs de la Vendée. » Les administrateurs du district de Provins écrivent que l’esprit public est à la hauteur de la révolution; que les prêtres abjurent en foule leur perfide métier; que les églises se ferment ou se changent en temples à la nature, à la philosophie. Mention honorable, insertion au « Bulletin » (1). /I) Procès-verbaux de la Convention, t. 26, p. 299. Ir« SÉRIE, T* L XXX. Suit la lettre des administrateurs et procureur syndic du district de Provins (1). Les administrateurs et procureur syndic du dis¬ trict de Provins, au Président de la Conven¬ tion nationale. « Provins, 7 frimaire, 2e année de la Répu¬ blique, une et indivisible. « Le fanatisme et la superstition ont aban¬ donné nos contrées pour faire place à la raison. 74 prêtres de notre district viennent de renonoei au mensonge pour rendre hommage à la vérité. Nos églises sont presque toutes fermées, nous avons rassemblé tous les objets précieux qu’elles renfermaient comme étant une propriété na¬ tionale; les métaux d’or et d’argent vont partir pour la Monnaie, ceux de fer, de cuivre et de plomb seront bientôt convertis en armes et canons propres à terrasser les satellites des des¬ potes coalisés. Ces tyrans ne peuvent résister à notre énergie républicaine. La liberté enfante les vertus et détruit l’égoïsme, aussi 51,000 livres viennent - elles d’être déposées dans la caisse de notre district en échange d’assignats, et l’es¬ prit révolutionnaire qui anime nos concitoyens nous promet encore de nouveaux succès. Les égoïstes, les insouciants, les modérés même ont changé de caractère et ils ne sont plus animés que de l’amour du bien public. « La loi avait à peine parlé, que 230 cloches ont été descendues et attendent la fusion pour être converties en canons; leur destination ne sera pas beaucoup changée, au lieu de célébrer les . morts parmi nous, elles porteront ce fléau dans les rangs ennemis. « Assurez la Convention, citoyen Président, que nos concitoyens sont à la hauteur des cir¬ constances et qu’ils ne négligeront rien pour maintenir les mesures révolutionnaires tendan¬ tes au salut de la République. « Salut et fraternité. » (Suivent 8 signatures.) Le maire de Rilly-Sainte-Syre écrit que cette commune demande à changer son nom en celui de Rilly-la-Raison. H annonce que la châsse de Sainte-Syre, qui, suivant la tradition du pays, conservait en entier le corps de cette sainte avec la plus belle carnation, a été ouverte devant le peuple : on n’y a trouvé que des os vermoulus; le peuple a été complètement détrompé. Mention honorable, insertion au « Bulletin » et renvoi aux comités d’instruction publique et de division (2). (1) Archives nationales, carton C 283, dossier 809. (2) Procès-verbaux de la Convention, t. 26, p. 300. 32