SÉANCE DU 17 VENDÉMIAIRE AN III (8 OCTOBRE 1794) - N° 60 411 pêchent de pouvoir se livrer à aucune espèce de travail, décrète ce qui suit : La Trésorerie nationale fera passer sans délai, à l’agent national provisoire du district d’Angers, la somme de 300 L, pour être remise, à titre de secours provisoire, au citoyen Charles Boulay. Le présent décret ne sera inséré qu’au bulletin de correspondance (100). e Monnel au nom du comité des Décrets, observe à la Convention qu’il n’a encore rien été statué sur le sort des Corses réfugiés, que cet oubli occasionne des réclamations auxquelles la Convention ne peut être indifférente. Barère fait remarquer à la Convention que le comité des Décrets est dans l’erreur, qu’après le rapport qui fut fait par le comité de Salut public sur la prise de Calvi, la Convention nationale porta un décret, par lequel il fut pourvu au sort des Corses réfugiés, et leur accorda les mêmes secours qu’aux réfugiés des autres parties de la République (101). La Convention nationale décrète qu’il sera accordé sur-le-champ à chacun des patriotes Corses réfugiés sur le continent, des secours provisoires, à compter du jour de leur arrivée en France, et dans la même forme qui a été remplie pour les autres patriotes réfugiés. Charge le comité des Secours publics de veiller à l’exécution du présent décret (102). 60 [ Rapport sur les encouragements et récompenses à accorder aux savants, aux gens de lettres et aux artistes ] (103) GRÉGOIRE : Citoyens, il y a cent quarante-cinq ans que Descartes mourut, à quatre cents lieues de sa patrie, sans en avoir obtenu d’autre bienfait qu’une pension de 3 000 L, dont jamais il ne toucha que le brevet. Vous avez décrété la translation de ses cendres au Panthéon. Cet hommage aux sciences dans la personne du philosophe français fait augurer l’intérêt avec lequel vous écouterez une réclamation en faveur de sa famille, c’est-à-dire en faveur des savants, (100) P.V., XLVII, 41. C 321, pl. 1332, p. 12. Minute signée de Menuau, rapporteur. Bull., 17 vend, (suppl.). (101) J. Paris, n° 18. (102) P.V., XLVII, 41. C 321, pl. 1332, p. 13. Décret pris sur le rapport de Barère selon C* II 21, p. 7. Bull., 17 vend. (suppl.); Moniteur, XXII, 199. (103) Moniteur, XXII, 181-184, 191-193; M. U., XLIV, 343- 348, 362-368. Mention dans Débats, n 747, 277 ; Gazette Fr., n° 1011; J. Fr., n 743; J. Mont., n 162; J. Paris, n“18; J. Univ., n° 1779; Mess. Soir, n 781; M. U., XLIV, 267; Ré p., n” 18. gens de lettres et artistes qui gémissent dans l’infortune. On a fait nombre d’ouvrages sur les malheurs des gens de lettres : leur patriarche, Homère, chantait ses vers dans les villes de la Grèce pour obtenir quelques morceaux de pain ; Kepler, après avoir dévoilé le ciel, trouve à peine un coin de terre pour reposer sa cendre ; Le Tasse expire la veille du jour qui devait le consoler de ses maux; Le Corrège succombe sous la fatigue d’un voyage entrepris pour porter à sa famille pauvre une somme modique, mais pesante, en monnaie de cuivre; Erasme, dans ses dernières années, payait son dîner avec un volume de sa bibliothèque; Le Dante, L’Arioste, Le Camoëns, Cervantes, Malherbe, Jean-Baptiste Rousseau périssent sous les lambeaux de l’indigence. En un mot, le génie, frappé des anathèmes de la fortune, est avec elle dans les mêmes rapports que la vertu avec la beauté, c’est-à-dire presque toujours en guerre; la même route conduit souvent à la gloire et à la misère. Après avoir sacrifié leur patrimoine à leur éducation, au perfectionnement de leurs connaissances, et à l’acquisition des instruments et des livres, qui sont les outils de la science, les savants sont communément d’une impéritie, d’une apathie inconcevable pour acquérir ou gérer les biens de la fortune, et leur dernier asile est souvent un grenier ou l’hôpital, à moins qu’ils ne périssent victimes de leur zèle à épier la nature, comme Empédocle et Pline l’Ancien, à moins qu’ils n’expirent au milieu des déserts, comme Chappe, Dauteroche, comme la plupart des savants voyageurs envoyés par le Danemark et la Russie. Les gens de lettres auraient une ressource dans leurs ouvrages, si d’excellents livres n’avaient souvent le sort d’une cargaison avariée ou perdue, surtout dans un temps de révolution qui dirige les esprits vers un seul point. Les écrits de Swammerdam, Le Paradis perdu de Milton, L’Histoire de l’Art, par Winkelman, les Recherches sur l’Economie politique, par Stewart, n’obtinrent d’abord que des dédains, et ce ne fut qu’après la mort des auteurs qu’on reconnut leurs productions pour des chefs-d’oeuvre. Si au contraire un ouvrage est accueilli, tous les pirates de la littérature s’empressent de le contrefaire, et l’auteur, traité par les libraires comme le sont les auteurs dramatiques par les acteurs, est d’autant plus sûrement ruiné que son livre a plus de succès. Tenez pour certain que le brigandage typographique cherchera toujours à éluder les lois qui assurent les propriétés littéraires ; et telle est l’imperfection des nôtres à cet égard, que, par la crainte des contrefaçons, le possesseur des manuscrits inédits de Mably, qui formeraient environ trois volumes, en a suspendu la publication. Ajoutez enfin que la vie d’un homme de génie est presque toujours semée d’épines. Il est en avant de son siècle, dès lors il est dépaysé. L’ignorance croit le traiter favorablement en ne lui supposant que du délire, au lieu de lui prêter des intentions perverses; il est harcelé par 412 ARCHIVES PARLEMENTAIRES - CONVENTION NATIONALE la jalousie des demi-savants qui lui font expier sa supériorité. Eh! dans quel siècle les talents furent-ils plus atrocement persécutés que sous la tyrannie de Robespierre? Périclès s’était borné à chasser les philosophes ; Caracalla leur avait défendu de s’assembler ; mais récemment, si tous n’ont pas été assassinés ou incarcérés, montrez-nous celui qu’on n’a pas abreuvé d’amertumes. La vérité, dit-on, déchire le sein qui l’enfante ; comme la vertu, elle est rarement impunie, et l’histoire des grands hommes n’est que celle de leurs découvertes et de leurs malheurs. Cependant, on trouve en général beaucoup de disposition à leur faire du bien... après leur mort, à moins que la calomnie ne les poursuive jusqu’au-delà des bornes de la vie. Tel fut le sort de Vitré, qu’on accusait d’avoir brisé les poinçons et fondu les magnifiques caractères orientaux qui avaient servi à la Polyglotte de Lejay; la chose était hors de doute : des témoins déposaient l’avoir vue. Pendant plus d’un siècle la calomnie a pesé sur son tombeau, jusqu’à ce qu’en 1787 Guignes a retrouvé les caractères, les poinçons et les matrices. Législateurs, vous ne partagez pas l’opinion de celui qui, après avoir entendu la lecture d’une belle tragédie, disait : Qu’est-ce que cela prouve ? L’auteur de Guillaume Tell prouve qu’il faut chérir la liberté; et non-seulement il inspire ces sentiments, mais il les commande. Après avoir lutté contre la misère, Goldoni expira au moment où l’on acquittait à son égard la dette de la reconnaissance. Sans avoir eu le même avantage, La Place, Lemierre et Chamfort sont morts dans la pauvreté; vous l’avez ignoré, car sans doute vous auriez, à leur égard, réparé les torts de la fortune. Le sentiment de justice qui vous aurait dirigés est encore susceptible d’application. Vous avez très-sagement supprimé les corporations académiques, mais votre intention n’est pas de condamner ceux qui en étaient membres à périr de faim. Tel est cependant le sort qui attend plusieurs d’entre eux. Des vieillards qui ont un pied dans la tombe, qui, pendant quarante ans, avaient travaillé pour obtenir une modique pension de 400 L, et dont les écrits ont produit un mouvement commercial d’un million, sont actuellement aux prises avec la faim. Modeste dans ses désirs, circonscrit dans ses besoins, quand un homme à talent demande, on peut le croire réduit à l’extrême. Mais ira-t-il se courber, s’avüir devant un barbare ou un sot, un Omar ou un Midas? plutôt périr que de mendier leur protection flétrissante! Il s’arme alors de sa fierté, se fait un titre de sa misère. En pensant qu’il a devant soi le temps et la postérité, il lance à ses détracteurs un juste mépris, et voit finir chaque jour avec la consolation d’avoir fait un pas de plus vers le tombeau. Vous avez forcé l’ignorance à faire amende honorable aux sciences et aux arts; vous les avez vengés des outrages d’une faction conspiratrice qui voulait les anéantir. Entre eux et la prospérité publique il existe des rapports ineffaçables ; et, puisqu’on ne dit pas ici un mot qui ne retentisse dans toute la République, il est utile de rappeler aux citoyens la prépondérance politique que les sciences et les arts assurent à l’Etat qui les cultive. Déjà l’on vous a dit qu’avant la révolution le commerce de l’imprimerie et de la librairie éta-bhssait en France une circulation annuelle d’environ 200 millions; le débit des fruits de la presse chez l’étranger était pour nous d’un immense avantage; il sera plus grand lorsqu’on réalisera le projet de mettre au jour tous les manuscrits précieux qui abondent dans nos dépôts, et surtout les manuscrits orientaux. Malheureusement, de toutes les nations lettrées, la nôtre est celle qui cultive le moins les langues étrangères ; peut-être n’avons-nous pas en France dix personnes qui aient approfondi les idiomes du Nord, et qui soient capables de nous en procurer les richesses. Quand il fut question de traduire les excellents ouvrages de Scheele, on ne trouva pas un seul homme en état de le faire, jusqu’à ce qu’un vieillard et une citoyenne de Dijon se déterminèrent à étudier le suédois. Qu’arrive-t-il de cette indifférence? c’est que les étrangers, très-curieux de notre langue, de nos écrits, s’emparent de nos découvertes; les leurs ne nous arrivent que tard, et c’est ainsi que, restant stationnaires sur certaines parties des sciences, nous risquons d’être arriérés. Quelques gens applaudissent aux fades plaisanteries de l’ignorance ou de l’esprit contre-révolutionnaire, quand on parle de l’étude des langues orientales. Aux affaires étrangères et à la Bibliothèque nationale, vous n’avez plus que très-peu de personnes pour cet objet, et l’établissement des chaires de langues étrangères, qu’il fallait améborer, est anéanti. Cependant examinez leur importance sous le point de vue commercial et diplomatique. Nous avons des relations suivies avec les puissances barbaresques, qui plusieurs fois nous ont fourni des ressources contre la disette ; notre commerce dans les échelles du Levant était très-lucratif, et nous devons tâcher de lui donner de l’extension, ainsi qu’à celui des Grandes Indes. Au moment où le système ridicule de la balance politique en Europe s’écroule, au moment où l’effet de la révolution va déplacer quelques rapports entre les peuples, nous devons à l’avance écarter les obstacles qui peuvent compromettre, et saisir tous les moyens qui peuvent assurer l’intérêt public. Il est indispensable d’avoir des drogmans dont les lumières et la probité facihteront nos transactions; c’est le seul moyen de négocier avec succès chez les Levantins et les Asiatiques. Tl s regardent la connaissance de leur langue comme une marque d’estime de la part des étrangers; c’est à ceux-là qu’ils accordent préférablement leur confiance; sans cela les négociants et les négociateurs, livrés à l’ineptie ou à la perfidie d’interprètes pris sur les lieux, font de mauvaises affaires, comme il arriverait indubitablement à un Indien, qui, venant commercer en Europe sans connaître l’idiome local, serait circonvenu par des fripons, dont il serait bientôt la dupe. SÉANCE DU 17 VENDÉMIAIRE AN III (8 OCTOBRE 1794) - N° 60 413 Si vous ne réorganisez au plus tôt l’établissement du collège de France, vous n’aurez plus personne pour rétablir une correspondance avec les beys d’Afrique, les nababs de l’Inde, et vous courrez les risques de perdre l’amitié des peuples dont les relations nous sont très-précieuses. Qu’arrive-t-il encore? C’est que les traductions que vous avez sagement ordonnées ne s’effectuent pas ; pendant ce temps, les Hollandais et les Anglais, qui encouragent et récompensent l’étude du persan et de l’arabe, qui ont de magnifiques imprimeries à Colombo, à Batavia, à Calcutta, les emploient à faire la guerre aux principes, à la liberté, et leurs presses, dit-on, vomissent contre nous des libelles, pour empoisonner l’opinion publique en Orient, nous aliéner l’esprit des peuples, et s’assurer la prépondérance commerciale. On a dit avec raison que les sciences sont manufacturières, et que les arts sont débitants. Auriez-vous d’excellents artistes et des artisans habiles, si la science n’avait dirigé leurs travaux? Celui qui la dédaigne est un ingrat, car il serait facile de montrer dans le ménage, et même dans l’habillement du républicain le plus austère, le concours de presque tous les arts, et le résultat des théories les plus profondes. C’est à la chimie que nous devons la beauté et la solidité de nos teintures. C’est elle qui enseigne l’art de transformer le sable en une masse diaphane, et qui nous fournit le verre. Sans les travaux de l’optique, l’homme à vue faible n’aurait pas une paire de lunettes pour y suppléer. La géométrie éleva des boulevards sur vos frontières, jeta des ponts sur vos rivières, et lança les vaisseaux sur les flots. Elle paraîtra bien étrange à certaines personnes, cette pensée d’un philosophe moderne : « On ne doit pas s’attendre, dit Hume, que, dans une nation où l’astronomie est ignorée et la morale négligée, il se trouve des ouvriers capables de fabriquer une pièce de drap dans le degré de perfection dont elle est susceptible, parce que l’esprit du siècle se communique à tous les arts. » Ces idées sembleraient moins paradoxales si l’on saisissait la chaîne des intermédiaires qui les unissent; l’arbre des connaissances humaines présente les sciences et les arts, depuis la poésie jusqu’à l’algèbre, comme des branches qui tiennent toutes à la même tige, et qui fructifient par l’effet d’une végétation respective. Ainsi, l’étude des médailles, également utile à la chronologie et à l’art théâtral, fournit à celle-là des époques sûres, et à celui-ci la connaissance des costumes. La numismatique est utile même à la botanique; et des plantes telles que la colcasie, le sylphium, retracées sur le bronze, ont fixé, ou du moins éclairci les doutes des naturalistes sur certains végétaux dont l’histoire mentionnait les propriétés sans décrire leurs caractères botaniques. L’anatomie, utile à la peinture, indispensable à la chirurgie, dirige le pinceau qui arrondit les contours d’un bras et la main qui rétablit une luxation. « Une charrue et un vaisseau, dit un écrivain, sont les liens du monde »; mais, sans l’étude approfondie des mathématiques et de l’astronomie, vous n’aurez ni géographie, ni artillerie, ni marine. C’est après avoir lu dans le ciel que le navigateur s’est confié à l’inconstance des flots; et l’on n’articule rien que de raisonnable en disant que la connaissance des révolutions de la lune et des satellites de Jupiter importe grandement au maintien de la liberté. L’édifice des connaissances humaines est, suivant l’expression d’un de nos collègues (Guy-ton), formé de matériaux rassemblés pierre à pierre. Personne ne doit être assez présomptueux pour se croire capable de saisir tous les rapports d’une vérité neuve, en déduire toutes les conséquences, en assigner la valeur jusque dans les siècles à venir ; telle découverte paraît n’être actuellement qu’une spéculation creuse. A quoi sert-elle? Le temps nous l’apprendra, en déterminant son application aux arts ; et la nouvelle chimie, qui vient d’opérer la décomposition de l’eau, nous révélera bien d’autres merveilles. Le premier qui traita les gaz pensait-il qu’un jour ils élèveraient les ballons, et que les ballons serviraient à battre nos ennemis ? Le premier qui connut la propriété de l’aimant se doutait-il qu’elle conduirait à l’invention de la boussole, et que celle-ci influerait si puissamment sur le sort des nations ? Quand Galilée reconnut la cycloïde, soupçonnait-il que Pascal en déduirait tant de vérités, et que Huyghens s’en servirait pour rectifier les pendules ? Présumait-on que Levret et Rameau appliqueraient avec succès la géométrie, le premier à l’art des accouchements, le second à la musique, et que les calculs algébriques éclaireraient la théorie des rentes viagères et des tontines. Un écrivain vivant encore prétend que les sciences n’ont jamais fait le salut ni la perte d’un Etat. « Elles sont, dit-il, l’ornement de ses prospérités, elles peuvent adoucir ou même illustrer ses disgrâces, mais elles ne font naître ni les unes ni les autres. » Cette assertion est réfutée d’une manière décisive par les faits que nous venons de citer. Sans les sciences, l’industrie serait agonisante, les arts et métiers rentreraient dans l’enfance ou tomberaient dans la décrépitude; toutes les connaissances utiles se donnent la main, et forment cette chaîne électrique dont les commotions ont renversé la tyrannie. Un autre écrivain (c’est Formey) prétend que la science n’a que des rapports accidentels à la vertu ; mais son observation, fut-elle vraie, nous serait encore inapplicable, puisqu’il avoue lui-même que si, après avoir possédé les sciences, une nation recule, elle devient pire, parce que, le vice et la vertu ayant reçu des développements, le vice lui reste, elle a l’ignorance de plus. Personne n’ignore ce que Jean-Jacques a 414 ARCHIVES PARLEMENTAIRES - CONVENTION NATIONALE pensé, ou du moins ce qu’il a écrit sur l’utilité des sciences ; mais il avait aussi prétendu qu’une vaste république est une chimère; que, dès qu’un peuple se donne des représentants, il cesse d’être libre. Déjà nous avons par le fait résolu contre lui ces deux derniers problèmes. Le premier est susceptible de la même solution. Si l’abus d’une chose prouvait contre la chose même, la vertu serait un mal ; au heu d’arguer sur l’abus, il fallait prouver qu’il est inséparable des sciences, et c’est ce qu’on n’avait garde d’entreprendre dans un pays où la richesse et la vanité avaient le pas sur tout, où l’on étudiait pour briller, pour parvenir, et non pour être meilleur. A mesure que la vertu diminuait, le prix des talents devait augmenter, comme l’observe Thomas; mais si rien n’est accueilli qu’autant qu’il aura le caractère du beau, du bon et du juste, bientôt les arts se moraliseront; les talents agréables, dont l’unique but paraît être de répandre des charmes sur la vie, auront le cachet de l’utilité ; la peinture, la gravure, la poésie et la musique recouvreront leur dignité première; chez nous, comme chez les anciens, elles seront des ressorts entre les mains du gouvernement; les hymnes de Tyr-tée, celui des Marseillais, et les heureux effets qu’ils ont produits, sont des preuves irréfragables. Le génie vertueux est le père de la liberté et des révolutions. Aristogiton et Brutus n’ont pas été plus utiles à la nôtre par leur exemple que Démosthènes et Cicéron par leurs ouvrages. Voyez depuis cinquante siècles les savants occupés à soulever le voile de la nature, à déchirer celui des préjugés, à sonder la profondeur des deux et celle du coeur humain. Leurs travaux sont l’héritage de tous les peuples ; ils les ont légués à leurs contemporains, à la postérité ; et tel qui peignit les charmes de la vertu, il y a trois mille ans, nous enchante encore aujourd’hui, et nos larmes coulent sur ses pages. La poudre, l’imprimerie et la boussole, Schwartz, Gioia et Guttenberg, en les supposant inventeurs, ont changé la face du globe. De grands peuples ont été engloutis par de grandes révolutions, et n’ont laissé aux hommes de l’avenir que des traces fugitives de leur existence. Athènes et Rome nous ont transmis leur génie, et ce génie domine encore l’univers. Calculez le poids que porte dans la balance financière et politique un homme, un monument célèbre. Trois villes, Leyde, Edimbourg et Uppsala, enrichies chacune par la présence d’un savant, voyaient annuellement douze à quinze mille élèves arriver dans leurs murs, y verser l’abondance, se ranger sous l’étendard de Boë-rhave, de Cullen, de Linné, et répandre ensuite dans toute l’Europe la renommée et la doctrine de leurs maîtres. C’est à Boërhave qu’on écrivait de la Chine une lettre avec cette adresse, A Boërhave, en Europe, et la lettre était remise. C’est Linné qui, du fond du Nord, commandait, pour ainsi dire, au monde une langue nouvelle, et le monde s’est empressé de l’adopter. Que d’argent a été versé en France pour visiter, à Ermenonville et à Ferney, le séjour de deux hommes qui ont exercé un grand ascendant sur l’opinion publique ! C’est l’opinion qui démolit les trônes : un bon livre est un levier politique. Les savants et les gens de lettres ont porté les premiers coups au despotisme; ils ont soulevé la hache et allumé la mèche pour foudroyer la Bastille. Si la carrière de la liberté s’est ouverte devant nous, ils ont été les pionniers, ils ont été les législateurs des principes dont vous avez fait l’apphcation : sans eux nous rongerions encore nos fers ; et sans les. efforts de la république des lettres, la république française serait encore à naître. Les despotes ont bien senti l’importance d’attacher au char de leur ambition les talents capables d’ébranler leur puissance. Auguste, en les comblant de richesses, fit presque oublier les horreurs du triumvirat. C’est par là que, dans les temps modernes, les tyrans de la France ont empêché l’explosion révolutionnaire . Le surintendant Jeannin rassemblait chaque année, dans un grand dîner, les savants pensionnés de la cour, et les exhortait, dit l’histoire, à persévérer dans le service du roi. Richelieu, pour six mauvais vers, donnait 600 L à Colletet. Louis XIV allait jusque dans les pays étrangers évoquer la voix des savants en leur accordant des pensions : de là ce déluge d’éloges, d’épîtres dédicatoires, d’apothéoses, dont la philosophie vient de faire justice. Sanctifions par l’amour de la liberté ce que les tyrans ont fait par haine de la liberté. On vous a souvent répété qu’il ne fallait envoyer à nos ennemis que des coups de canon ; mais l’opinion a aussi son artillerie, dont la puissance a quelquefois balancé l’autre; que sera-ce si elle la seconde? Et croyez-vous qu’il ne soit pas très-politique de s’assurer les trompettes de la renommée? Or il dépend de vous de diriger presque tous les compas, les plumes, les burins et les pinceaux de l’Europe savante. Vous ne pouvez pas, et surtout vous ne voulez pas neutraliser les talents ; il faut donc les lier à la cause de sa liberté. La France esclave était l’asile des rois; la France purifiée sera l’asile des hommes. Là seront accueillis tous les amis des moeurs, des sciences et de la liberté. Encouragez les jeunes talents qui promettent des résultats précieux à la patrie ; récompensez ceux qui, en entonnant des hymnes républicains, pénètrent les âmes d’un saint enthousiasme ; ceux qui, par les charmes de la belle littérature, enrichissent la langue, épurent le goût et moralisent la nature ; ceux qui, perçant dans la nuit des temps, ou franchissant les obstacles qu’oppose la disparité des lieux et des idiomes, reviennent chargés des dépouilles étrangères, et nous transmettent l’expérience des siècles et des pays; ceux qui, s’élançant dans le laboratoire de la nature, nous révèlent les confidences qu’elle leur fait, grossissent le trésor de nos découvertes, ajoutent une vérité utile, un sentiment pur au dépôt des siècles, et agrandissent nos moyens de bonheur. SÉANCE DU 17 VENDÉMIAIRE AN III (8 OCTOBRE 1794) - N° 60 415 « Les lettres, disait Machiavel, marchent après les armes. » Nous avons dérangé tant d’axiomes de l’ancienne politique, que celui-ci peut subir le même sort. Sans doute, parmi les gens de lettres, il en est qui répugnent au métier de la guerre; ils suivraient plutôt Horace, jetant son bouclier à la bataille de Phibppes, que Meunier se faisant tuer à Mayence; mais ceux qui ne se jettent pas dans la mêlée, après avoir au moral formé l’avant-garde et servi d’éclaireurs, peuvent encore remplir glorieusement leur tâche. Ils ont commencé la révolution, ils concourront à son achèvement ; il faut que, d’après les données acquises, calculant les destins futurs d’une nation entièrement rajeunie, ils impriment à l’opinion publique un mouvement capable de soutenir l’énergie répubhcaine. Après les paroxysmes de la guerre, il faut que la philosophie vienne cicatriser les plaies faites à l’humanité, et faire chérir la liberté que tant de gens ont voulu faire haïr, dans cette lutte de vingt-quatre millions d’hommes contre deux ou trois cent mille fripons. La hache révolutionnaire a fait un abattis général; les abus sont tombés : il s’agit actuellement de créer : c’est là surtout où éclate la sagesse du législateur : il était peut-être plus facile de faire une nuit du 4 août que de créer une bonne loi. Quelques branches des sciences sont à peine ébauchées ; la géologie, la météorologie, l’acoustique, la statique, l’acclimatement des espèces animales et végétales, l’anatomie comparée, la chimie appliquée aux arts, le traitement des mines, sont en général peu avancés. Ce que nous savons est peu de chose, comparé à ce que nous ignorons, et qu’il serait utile de découvrir; accélérons le développement de toutes les idées, et ne laissons que le moins possible de lacunes dans le tableau des connaissances humaines. Quelques ouvrages sont à refaire; il vous faut un nouveau théâtre, une histoire nouvelle, un nouveau dictionnaire de votre langue; le triage de vos archives, de vos manuscrits, est une entreprise vaste et utile, même en finances. Vos cartes minéralogiques, vos cartes marines, la sonde de vos côtes, sont incomplètes; l’hydrographie et le pilotage ont encore une longue carrière à parcourir. Il est urgent de mettre la main à l’oeuvre, et de continuer les travaux commencés de plusieurs savants et de plusieurs ci-devant académies. En cela vous ne ferez qu’exécuter les dispositions de votre décret du 28 nivôse, qui ordonne l’ouverture d’un concours pour toutes les parties des sciences et des arts. Il n’y a presque plus d’ouvrages périodiques qui servent de dépôt aux inventions nouvelles et qui tracent la marche de l’esprit humain. Le Journal encyclopédique est suspendu, ainsi que les Annales de Chimie et le Journal des Savants, le père de tous les autres. Ceux qui ont cours semblent, pour la plupart, éviter avec affectation tout ce qui peut alimenter le goût des sciences, des arts et même de la morale. Une nouvelle vraie ou controuvée, une dispute hideuse trouvent toujours place dans leurs feuilles. Quand y verra-t-on l’analyse d’une discussion lumineuse et des morceaux qui respirent l’amour brûlant des arts, de la patrie et de la vertu? Serait-il donc indigne de la Convention nationale de s’occuper à réorganiser cette branche de l’instruction nationale, où le peuple pompe tous les jours l’opinion qu’il doit avoir sur les hommes et sur les choses? Quand on rappelle la nécessité d’abreuver sans cesse les citoyens d’idées saines, de principes lumineux, de maximes vertueuses, on est sûr d’exprimer le voeu des représentants du peuple. Il est un autre objet qui appelle votre sollicitude : ce sont les voyages. Ceux de Bougainville et Lapeyrouse ont honoré le nom français. Les belles époques à citer que celles de 1736, 1761, 1769! Des colonies de savants se partagèrent le globe pour déterminer en Sibérie, en Asie, en Amérique, la figure de la terre, ou pour observer le passage de Vénus sur le disque du soleil. Il est fâcheux que tant de gens éprouvent de la surprise quand on leur dit que, pour établir le système des poids et mesures, il a été utile de mesurer un degré de méridien près de Tomeo, un autre près de Quito. Les voyages minéralogiques de Jars ont coûté peut-être 50 000 L ; mais à coup sûr ils ont valu des millions à la France. Plusieurs centaines de végétaux inconnus enrichissent nos jardins botaniques, depuis que Desfontaines et Dom-bey ont mis à contribution, celui-ci le Pérou, celui-là le mont Atlas. Mais en ce moment peu d’hommes voyagent par ordre du gouvernement, car, après les deux frégates commandées par Entrecasteaux, on ne voit à citer qu’Olivier et Bruguières, qui, dernièrement, faute de secours, se sont trouvés dans une grande détresse en Turquie. Dombey, après nous avoir transmis environ un millier de plantes du Pérou qui n’avaient jamais été décrites, allait faire une moisson dans les Etats-Unis. Nous venons d’apprendre que dans la traversée il a été pris par un corsaire, qui l’a conduit à la petite île Monferra, où il est mort. Législateurs, vous accorderez des regrets à Dombey, car il a aimé et servi sa patrie. Les sciences et les arts étant le besoin de tous les temps, le bien public commande l’emploi de tous les moyens propres à les faire fleurir. Ecartez les intrigants qui s’agitent partout, et assiègent le gouvernement pour éclipser et supplanter les hommes à talents ; sortez le mérite toujours timide, toujours modeste, de l’obscurité dont il s’enveloppe. Pour effectuer les travaux que nous avons indiqués, entourez-vous de tous les hommes capables d’y concourir ; vous goûterez la double satisfaction de faire une chose utile à la patrie et d’arracher aux tiraillements de la faim des hommes estimables, qui seront ravis de pouvoir consacrer leurs talents à la République. Les savants ne demandent pas de richesses : la précieuse médiocrité d’Horace sera toujours leur devise. Cependant nous devons observer que communément les places qui exigent le plus de talents sont le plus mal rétribuées. Un expédi- 416 ARCHIVES PARLEMENTAIRES - CONVENTION NATIONALE tionnaire a des appointements de 3 000 et même de 6 000 L, tandis qu’un professeur, qui n’obtient sa place qu’après vingt ans d’études préliminaires, et qui n’en remplit utilement les fonctions qu’au moyen d’un travail continuel, ne pouvant concilier deux traitements modiques, quoique souvent surchargé de commissions scientifiques, n’ayant alors qu’un revenu très-étroit, est toujours dans un état voisin de la détresse. Eh! qui voudrait désormais entrer dans cette carrière, si, après une course pénible, le but ne lui montrait qu’une perspective affligeante? Voulez-vous que la République soit bien servie? Que les traitements soient proportionnés à l’étendue, à l’importance du travail. Alors, dans toutes les places où l’on peut influencer puissamment l’opinion publique, et donner une haute idée de la nation, vous aurez les hommes les plus forts de l’Europe, des Bignon pour les bibliothèques, des Maillet pour les consulats, des Grotius pour les négociations, etc. ; et c’est ainsi qu’en faisant le bonheur des individus on travaille à celui de l’espèce. Vous avez détruit des corporations, où la grandeur imbécile et fastueuse siégeait à côté du génie, et qui, étant légalement instituées, aspiraient quelquefois au monopole des talents. Mais sans doute vous favoriserez les Sociétés libres qui commencent à s’organiser pour hâter les progrès de la raison humaine. Leur accorder un local pour la tenue de leurs séances, réunir près d’elles tous les moyens scientifiques; faciliter leurs correspondances avec les autres savants du globe; faire des avances pour des ouvrages d’un mérite reconnu, et qui exigent une mise de fonds dont la rentrée ne se fait que lentement, comme des gravures pour l’histoire naturelle, des ouvrages de haute science, dont le tirage est peu nombreux, et qui, quoique très-utiles, n’ont guère qu’une édition, parce que la profondeur des sujets traités les rend accessibles à peu de lecteurs ; faire imprimer de bons livres aux frais de la nation, et récompenser les auteurs en leur donnant l’édition totale, ou en partie, ces moyens sont en votre pouvoir. Vous avez fait beaucoup pour la peinture et la sculpture. Les découvertes dans les arts et métiers ont eu annuellement 100 000 écus distribués d’après les jugements du bureau de consultation des arts ; mais les savants et les gens de lettres, privés des faibles ressources que leur assuraient les fonds des ci-devant académies, rentrés dans la main de la nation, n’ont encore obtenu que le décret du 20 pluviôse, c’est-à-dire que des promesses. Il s’agit de les réaliser. Au milieu de nous il existe des individus célèbres, à qui l’histoire a dérobé leurs noms; il en est plusieurs que vos décrets ont placés sur la liste de ceux qui ont droit à la munificence nationale, et la plupart sont dans l’indigence. Non, vous ne laisserez pas le génie dans l’attitude de la misère; vous le dédommagerez des arrérages, vous le consolerez des outrages, des persécutions qu’il vient d’essuyer, et ces hommes, presque tous vieillards, ne descendront au tombeau qu’en bénissant la révolution et les fondateurs de la liberté. D’après ces considérations, nous vous proposerons d’accorder pour les savants, gens de lettres et artistes, 100 000 écus, somme égale à celle qui est accordée pour les arts et métiers. Nous finirons par examiner quels sont ceux à qui l’on doit décerner des encouragements et des récompenses. La chose doit être examinée d’après le moral individuel de l’homme, et d’après la nature et le mérite de ses ouvrages. En considérant la chose sous ce double aspect, vous repousserez ces hommes qui, sous une cour, rampaient dans les antichambres, et dont l’ambition n’a fait qu’adopter une nouvelle tactique sous le régime républicain. Vous repousserez quiconque insulte par sa conduite à la majesté des moeurs; car, il faut le répéter, le vice est vraiment contre-révolutionnaire. En admirant les talents de Salluste et de Sonderson, nous eussions imprimé sur leur front une flétrissure ineffaçable. Nous l’imprimerons aux écrits licencieux ou attentatoires aux droits du peuple. L’homme est moins grand par son génie que par l’usage qu’il en fait ; les talents ne peuvent être neutres ; nécessairement ils sont avantageux ou funestes. Le talent décidé, le talent vertueux et patriote doit seul appeler vos regards. Par là même se trouvent également exclus ces plats écrivains qui, après avoir menti à la nature et manqué leur vocation, se prétendent de grands hommes pour avoir été justement repoussés par une académie. N’eussent-ils pas été bien plus utiles en faisant de bons souliers que de mauvais vers ou un journal, comme il en est encore, souillé de charades et de logogriphes? C’est beaucoup de ne pas décerner contre eux un placard d’ignominie. Aux jeux olympiques, celui qui avait fait le plus mauvais ouvrage payait une amende. A ces exceptions près, vous appelerez aux récompenses nationales tous les savants, gens de lettres et artistes, conformément aux dispositions du décret du 22 août 1790. Il y a fraternité entre toutes les sciences et tous les arts. Vous avez décrété qu’il serait accordé des récompenses aux auteurs des meilleurs livres élémentaires. C’est la science mise en monnaie; mais ceux qui nous ont procuré les lingots sont nos premiers bienfaiteurs. L’art social, perfectionné par Jean-Jacques et Mably, ne tient-il pas un rang honorable dans la série des connaissances? Une bonne tragédie n’a-t-elle pas son mérite, ainsi qu’une bonne machine? Les découvertes par lesquelles la médecine et la chirurgie adoucissent les fatigues et cicatrisent les blessures de nos guerriers ; en un mot, tout ce qui peut reculer les bornes de nos connaissances et améliorer le sort de l’espèce humaine, ne sont-ce pas là des travaux qui concourent puissamment au bonheur de la société? Que la justice nationale se hâte donc de secourir des hommes auxquels peut-être il ne manque, pour être grands à nos yeux, que de n’être pas nos compatriotes et nos contemporains. Que la postérité n’ait pas à nous reprocher d’avoir laissé languir dans l’indigence des hommes dont plusieurs ont préféré une terre SÉANCE DU 17 VENDÉMIAIRE AN III (8 OCTOBRE 1794) - N08 61-64 417 libre aux offres séduisantes des cours. Il n’est pas jusqu’à Tippoo-Saïb qui ne vous les ait enviés ; et l’un d’eux, le jeune Willemet, qui donnait les plus hautes espérances, est allé mourir à Seringapatnam. Nous serions déshonorés, si nos savants, contraints à chercher leur subsistance sur des rives étrangères, avaient plus à se louer des caresses du despotisme que le la justice républicaine. Rendez l’existence à des hommes couverts de gloire et de malheurs ; soyez sûrs que la France, l’Europe et la postérité seront de votre avis. Saisissez toutes les occasions d’inculquer au peuple que, si les lumières étaient détruites, la liberté s’ensevelirait dans le même tombeau. En dernière analyse, les récompenses accordées aux talents utiles sont un bienfait envers la société ; car elles sont l’objet d’un contrat dont les clauses sont à notre avantage. Une valeur pécuniaire pourra-t-elle jamais balancer une erreur rectifiée, une vérité acquise? Ayons la bonne foi d’avouer qu’après avoir décerné des prix au génie, nous resterons ses débiteurs. La Convention nationale, après avoir entendu le rapport de son comité d’instruction publique, décrète : Article premier. - Sur les fonds mis à la disposition de la commission d’instruction publique, il sera pris jusqu’à la concurrence de cent mille écus, pour encouragement, récompenses et pensions à accorder aux savans, aux gens de lettres, et aux artistes dont les talens sont utiles à la patrie. Art. II. - Le comité d’instruction publique présentera, sans délai, un rapport sur le mode de répartition de cette somme, et la Convention nationale prononcera définitivement (104). 61 La Convention nationale décrète que le comité d’instruction publique est chargé de faire un rapport sur Dombey, voyageur français, mort à l’isle de Mont-Serrat, et sur la demande d’inscrire son nom sur la colonne du Panthéon (105). Boissy d’Anglas demande que le nom de Dombey, que le désir d’acquérir des connaissances utiles à son pays a fait traverser les mers, et qui a péri dans ses voyages, soit inscrit sur la colonne élevée dans le Panthéon. (104) P.-V., XLVII, 41-42. C 321, pl. 1332, p. 14. Minute de la main de Grégoire, rapporteur. Moniteur, XXII, 193 ; Débats, n” 747, 277 ; Gazette Fr., n° 1011 ; J. Fr., n° 743 ; J. Mont., n“ 163; J. Paris, n°18; J. Univ., n° 1779; Mess. Soir, n° 781; M. U., XLIV, 267; Ré p., n° 18. (105) P.-V., XLVII, 42. C 321, pl. 1332, p. 15. Minute de la main de Boissy. Décret attribué à Romme par C* II 21, p. 7. J. Fr., n” 743; J. Mont., n" 162; Mess. Soir, n° 781; M. U., XLIV, 267; Ré p., n 18. Cette proposition est renvoyée à l’examen du comité de Salut public. Du Bouchet demande l’exécution du décret par lequel la Convention avait déclaré que, trois jours par décade, elle s’occuperait de l’instruction publique et de l’organisation des écoles primaires. Massieu annonce que, sous trois jours, le comité d’instruction publique soumettra son travail à la Convention (106). 62 La Convention nationale décrète que le comité de Sûreté générale est autorisé à prononcer définitivement sur l’affaire de la citoyenne Philippine Thiéry, fille de confiance du citoyen Menu; de Roger, Billet et Roland, tous patriotes réfugiés de Valenciennes (107). 63 La Convention nationale, après avoir entendu le rapport [de MENUAU au nom] de son comité des Secours publics sur la pétition du citoyen Huteau, tailleur d’ardoises, habitant de la commune d’Angers, département de Maine-et-Loire, caporal dans le bataillon des pères de famille, blessé de trois coups de feu dans différens combats contre les brigands de la Vendée, de manière à ne pouvoir jamais travailler de son état, et père de deux enfans, décrète ce qui suit : La Trésorerie nationale fera passer sans délai à l’agent national provisoire du district d’Angers la somme de 300 livres, à titre de secours provisoire, pour être remise au citoyen Huteau. Le présent décret ne sera imprimé qu’au bulletin de correspondance (108). 64 Le citoyen Charles Pottier expose que la mission dont on l’a chargé ne lui a pas permis de jouir du congé de trois décades que la Convention lui a accordé le 27 fructidor. H demande que le congé qu’il a de-(106) Moniteur, XXII, 193; F. de la Républ., n° 18; Gazette Fr., n° 1011; J. Fr., n' 743; J. Paris, n° 8 ; J. Perlet, n° 745-746 ; J. TJniv., n" 1779 ; Mess. Soir, n° 781 ; M. U., XLIV, 267 ; Rép., n° 18. (107) P.-V., XLVII, 42. C 321, pl. 1332, p. 16. Minute de la main de Duhem. Décret anonyme selon C* II 21, p. 7. (108) P.-V, XLVII, 42. C 321, pl. 1332, p. 17. Minute de la main de Menuau, rapporteur. Bull., 17 vend, (suppl.).