324 ARCHIVES PARLEMENTAIRES - CONVENTION NATIONALE nord, désespérant de leur résister, fuyent nos armées victorieuses, qui ne peuvent les atteindre dans leur fuite précipitée et laissent ainsi en notre pouvoir les riches moissons de la Belgique et du Palatinat. L’orgueilleux castillan transi de peur a gagné ses montagnes. La frayeur du tiran sarde est telle qu’il ne se donne pas le temps de reprendre haleine et de se reposer. Voilà, Législateur, le fruit de vos lois républicaines et de votre énergie que vous avez communiquée aux déffenseurs de la patrie. Consommés votre ouvrage, demeurés surtout à votre poste : le peuple français et les amis de l’humanité qui sont répandus sur tous les points du globe vous le demandent. Pour nous dont les principes d’un solide attachement pour la Convention, n’ont pas varié un seul instant; nous ne cesserons de répéter vive la République, vive la Montagne. Laborde, président, Bourda, Viraube, secrétaires. e [Les administrateurs du district de Lisieux, département du Calvados, à la Convention nationale, le 21 thermidor an II] (12) Citoyens Représentans, C’est beau spectacle de voir une grande nation lutter, pour conquérir la liberté du monde, contre les efforts de vingt despotes coalisés. C’en est un plus surprenant sans doute et qui n’échappera pas aux regard de la postérité de voir des nations sourdes à la voix de la nature et de l’honneur qui leur dit qu’elles sont libres, porter les armes contre un peuple généreux qui ne les prend que pour briser leurs fers. Par quelle fatalité, les rois, ces génies malfaisants, tiennent-ils encore dans leurs mains les destinées de plusieurs millions d’hommes courbés sous leur sceptre de fer ! c’est une leçon bien utile pour les peuples que cette lutte de la vertu contre le crime ! ils en profiteront; et leur dévouement stupide pour les tigres couronnés cessera; le voile épais qui couvrait leur entendement est bien tombé. Législateurs français, ce sera vous qui opérerez cette révolution sur le globe. Les conspirateurs ont beau s’agiter en tous sens; l’or des rois a beau soudoyer l’intrigue et le crime; ils se débattront vainement sous le glaive vengeur du peuple; il les poursuivra jusque dans leurs derniers retranchemens, et sur les restes hideux de l’aristocratie et du royalisme, la liberté s’élèvera rayonnante et placera sur les débris des trônes les droits inaliénables de l’homme. Qu’ils étaient pervers, ces hommes criminels qui croyaient anéantir cette divinité bienfaisante ! qu’ils étaient scélérats, ces exécrables satellites du despotisme, qui opprimaient le peuple et ses représentans, et voulaient se frayer une nouvelle route à la tirannie, à travers des flots de sang, qui voulaient imiter la vertu, (12) C 319, pl. 1 306, p. 5. et chez lesquels, malgré le voile épais dont ils cherchaient à s’envelopper, on apercevait toute l’horreur du crime. Vous les avez terrassés encore une fois, et votre énergie nous promet des destinées dignes des beaux jours de Sparte et d’Athènes. Continuez, Législateurs, anéantissez les tirans, terrassez les factions, et le monde entier qui devra sa liberté au peuple français, n’oubliera pas que les représentans de ce peuple en ont été les artisans, et vous vivrez dans la mémoire des hommes, comme ces héros de l’antiquité que nous n’avons pu nous empêcher d’admirer sous la verge même du despotisme et sous l’empire des préjugés. Nasse, Courant, Gannel, Fouques, Cordier, agent national. LES ADMINISTRATEURS DU DISTRICT DE LISIEUX A LEURS CONCITOYENS (13) La chute récente des grands conspirateurs qui depuis longtems avoient usurpé la confiance publique, et qui en imposoient à la France entière sous des dehors hypocrites, a semblé un instant favoriser les projets des malveillans et des ennemis de la Liberté: ils ont saisi cette occasion avec avidité, pour tenter de donner le change à l’opinion publique, sur les travaux de la Convention nationale. Les ennemis du Peuple et du Gouvernement populaire se sont empressés de publier que tout étoit désorganisé, que les plus grands hommes étoient sacrifiés ou opprimés par les factions, quelques-uns ont répandu que l’on cherchoit à surprendre la signature des Citoyens, sur les événemens qui s’étoient passés et la disette que l’on avoit éprouvée. Le but caché de ces discoureurs, est de vous affoiblir par la division; de détruire la confiance du Peuple dans la représentation nationale, au moment même où il est nécessaire, plus que jamais, de se rallier au centre commun. Ne vous y méprenez pas, Citoyens; jamais vos Représentans n’ont montré plus d’énergie, et ne se sont rendus plus dignes de vous et de l’admiration de la postérité, que dans les journées des 9 et 10 thermidor. Prémunissez-vous contre ces insinuateurs perfides et mensongers, contre ces hommes qui, n’ayant point de réputation à sacrifier et sentant qu’un ordre de choses calme les feroit retomber dans le néant d’où ils sont sortis, se font un devoir de prolonger l’état de crise dans lequel nous sommes plongés. Soyez fermes et inébranlables dans vos principes; rejettez tout ce qui pourroit tendre à diminuer votre confiance dans vos Représentans. Les ennemis de la Liberté sont vaincus; le Gouvernement républicain s’affermit de plus en plus. Que les Lois s’exécutent; que l’amour sacré de la patrie l’emporte sur l’ambition et l’intérêt particulier. Soyez unis, tous les traitres périront, la vertu triomphera du crime, et la vérité fera disparoître le mensonge. (13) C 319, pl. 1 306, p. 6. Adresse imprimée, 3 pages. SÉANCE DU 21 FRUCTIDOR AN II (7 SEPTEMBRE 1794) - N° 2 325 Ne lisez et ne croyez que ce qui émane de la Convention nationale et de ses Comités. Les agitateurs, les aristocrates et les royalistes vous flattent pour vous corrompre, et vous caressent pour vous entraîner dans des démarches fausses et dangereuses pour la Patrie; surveillez-les, et, encore une fois, que tous vos regards soient tournés vers la Convention nationale; c’est-là qu’est le point de ralliement de tous les bons Citoyens, l’écueil de l’intrigue. Don patriotique (14) L’agent national près le district de Lisieux donne connoissance à la Convention nationale que 210 662 livres de matières métalliques provenant des maisons nationales de ce district, [ont été] envoyées à Paris et à Rouen, 124 979 livres ont été portées à Rouen, sans aucun frais à la charge de la République; savoir 22 062 livres en plomb, et 102 917 livres en métal de cloches. f [Les administrateurs du district de Bourg, département de l’Ain, à la Convention nationale, s.d.] (15) Vive la République ! Vive la Convention ! le Peuple du département de l’Ain commence à ressentir les effets de la Liberté: cette déesse, depuis trop longtemps chassée par des hommes pervers, vient enfin d’être rappellée parmi nous : nous jouissons du plaisir de voir la justice et la probité succéder à l’arbitraire le plus affreux, aux vexations les plus tyranniques, aux vols, enfin à tous les crimes dont la faction scélérate de Robespierre nous a donné le triste spectacle. La commune de Bourg ressembloit à Paris avant la découverte et la punition des derniers conspirateurs, aujourd’hui l’on voit renaître le bonheur, la paix et la joie. Nous devons ce changement délicieux à l’arrivée du représentant Boisset que vous avés envoyé dans ce département pour opérer le bonheur du peuple: qu’elle a produit d’heureux effets cette arrivée ! d’un côté des factieux, des intrigants qui, à l’exemple d’Hébert et de Robespierre, s’étoient emparés de toutes les branches de l’administration pour ne les distribuer qu’à leurs créatures, se sont rappellés tous leurs forfaits ont craint pour eux et se sont cachés; d’un autre côté le peuple que l’on calomnioit, que l’on tourmentoit, que l’on vouloit désespérer, quoiqu’il eut la plus grande confiance en la Convention. Prévenu sur les vertus de Boisset, sur son envie d’affermir la République, en la faisant aimer, [il] s’est adressé à lui avec franchise, il lui a fait part de ses maux et des ses allarmes, il a été entendu, la justice a reparu et le crime à son tour, cache sa honte dans les mêmes lieux où gémissoit l’innocence opprimée. Qu’il est doux de voir l’épanchement de la satisfaction générale ! Combien le peuple est beau' quand on sait le rendre heureux ! le Représentant Boisset jouit ici du même specta-(14) Bull., 21 fruct. (suppl.). (15) C 319, pl. 1 306, p. 10. Bull., 22 fruct. cle que la Convention a eû sous les yeux après la nuit du 9 au 10 thermidor: non seulement les citoyens de Bourg, non seulement les sociétés populaires, mais encore les communes de ce district sont venues en masse applaudir à ses travaux, lui témoigner leur joie d’être délivrée de l’oppression sous laquelle un petit nombre d’êtres immoraux et pervers les avoient plongés depuis plus de dix mois, l’inviter à achever son ouvrage et l’assurer de leur attachement à la Convention et de leur entier dévouement pour l’affermissement de la Liberté et de l’Egalité. Les autorités constituées, depuis longtemps organisées, sur l’indication des intrigants qui ne reconnoissent d’autres loix que leurs caprices, leur intérêt et leur ambition, viennent d’être épurées, tout ce qu’elles renfermoient d’impur en a été rejetté. Pour nous, appellés à un poste important, nous chercherons à réparer les défauts et l’inertie dans lesquels ceux que nous avons remplacés ont laissé l’administration. Nous travaillerons au bonheur du Peuple; restés à votre poste jusqu’à ce qu’il soit consommé ce bonheur, nous seconderons vos travaux et vos vûes, nous prêcherons les loix et nous en surveillerons l’exécution, comme vous, nous combattrons la tyrannie, l’aristocratie et l’intrigue, nous protégerons le patriotisme, et la République reposera sur des bases inébranlables. Goyffon, président, Nerglet, agent national et onze autres signatures. g [La société des sans-culottes de Treffort, département de l’Ain, à la Convention nationale, le 30 thermidor an II] (16) Guerre étemelle aux tirans, anéantissement de tous les traitres c’est la devise des hommes libres de Treffort. Citoyens Représentants, Le gouvernement républicain est votre ouvrage, la nation entière en est contente, elle s’en applaudit, les bases sacrées en sont chéries, et une faction liberticide a osé attenter au bonheur de tous, mais infructueusement, par votre surveillance continuelle et l’énergie de votre conduite le projet de ces hommes vils et tiranni-ques a été déjoué et ils ont payé de leur tête leurs forfaits. Vive la république. Nous ne votons pas des remerciements, les Républicains scavent aprétier les belles actions, elles ne s’opèrent jamais sans cette douce jouissance, fruit de l’équité et de la vertu. C’est dans ces sentiments que nous osons vous conjurer, pères du peuple, zélés défenseurs de nos droits, protecteurs de la Liberté de nous faire jouir des avantages de ce gouvernement. Continués donc vos illustres travaux. Poursuivés la carrière pénible et brillante du succès de laquelle dépend la félicité et la prospérité publique, restés au poste où le peuple vous a appelé et le quittés que lorsque le vaisseau de notre majestueuse révolution sera hors de danger. Soyez toujours en (16) C 319, pl. 1 306, p. 8.