[Assemblée nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES. [18 juin 1790.] 265 ASSEMBLÉE NATIONALE. PRÉSIDENCE DE M. CAMUS, EX-PRÉSIDENT. Séance du vendredi 18 juin 1790 (1). La séance est ouverte à onze heures du matin. M. Camus, ancien président, occupe le fauteuil en l’absence de M. l’abbé Sieyès, président en fonctions. M. Mongins de Roquefort présente, au nom de la municipalité de la paroisse de Roquefort, en Provence, dont il annonce que les intérêts lui sopt chers à plus d’un titre, une adresse de dévouement et de respect, de reconnaissance et d’adhésion à tous les décrets rendus par l'Assemblée nationale, et notamment à celui concernant la vente des biens nationaux. Elle offre d’acquérir tous ceux qui sont enclavés dans l’étendue de son territoire. Cette demande est renvoyée au comité d’aliénation des domaines nationaux. M. l’abbé Royer, secrétaire, donne lecture de l’adresse des curés des environs de Villeneuve-d’ A-genais , département de Lot-et-Garonne. Elle est ainsi conçue : Nosseigneurs, jusqu’ici en applaudissant à vos décrets, en participant de cœur et d’esprit aux pénibles travaux, aux continuelles sollicitudes que vous coûte la régénération de l’Empire, nous nous sommes contentés de faire des vœux pour le succès de vos opérations importantes. Plus d’une fois, lorsque la discorde, toujours ennemie du bien public, faisait tous ses efforts pour tenir séparés trois états dont le bonheur des peuples demandait, depuis si longtemps, la réunion; lorsque l’affreux despotisme, trop faible pour résister à la force, employait tour à tour les menaces et les artifices, pour étayer sou Empire chancelant; lorsque enfin des hommes intéressés à l’ancien régime suscitaient obstacles sur obstacles, difficultés sur difficultés, pour empêcher la liberté d’éclore ou pour l’étoufferdans son berceau ; plus d’urie fois, disons-nous, nous avons demandé à l’être suprême de protéger les têtes précieuses dont il se servait pour opérer une si heureuse révolution. Mais, dans ce moment, où l’intérêt privé tou jours occupé de lui seul, va, pour se défendre, prendre dans la religion des moyens qu’elle désavoue; dans ce moment où la partie mécontente se trouble, s'agite, pour éluder le sacrifice que demande l’expiation des erreurs de nos pères, la dignité pastorale, la confiance des peuples, le bien public, la religion même, nous portent, Nosseigneurs, à faire nos preuves de désintéressement et de patriotisme par cette déclaration solennelle. Nous recevons tous vos décrets avec la plus grande soumission. Citoyens et Pasteurs, nous tiendrons d’une main l’Evangile et de l’autre la Constitution : et puisant tour à tour dans ces deux sources les vrais principes des mœurs chrétiennes et civiques, nous enseignerons nos peuples à rendre à Dieu ce qu’ils doivent à Dieu, et à la patrie ce qu’ils doivent à la patrie. La perte de nos dîmes et de nos champs ne sera rien pour nous qu’une douce consolation dès qu’elle doit tourner au salut de la nation et au bonheur des peuples. Contents de tout ce que l’Assemblée nationale prononcera sur notre sort, de concert avec mille autres pasteurs dont nous aurons interprété les sentiments, nous imiterons le désintéressement généreux dont nos chers collègues, nos représentants, nous donnent le premier exemple ; et d’après le serment civique que nous avons fait dans notre assemblée primaire, nous maintiendrons de tout notre pouvoir la Constitution du royaume, et nous vivrons et mourrons fidèles, à la nation, à la loi et au roi. Signé : Paganel, curé, électeur du canton dePujols. Bruyère, curé de Sainte-Foy de Pujols. Nantou,curéde Penne, archiprêtrede Villeneuve, électeur de Penne. Pons, curé de Saint-Gyprien. Guibert, curé. Bley, curé. Labié, curé de Soubiroux. Paute, curé du Temple. Gardet de Bordeneuve, curé de Saint-Just. Géraud, curé du Laurier. Barret, curé de Sambas et maire. Capiel, curé de Saint-Sulpice de Rive-Lede. Sère, curé de Castelneau. Castels, curé du port de Penne. Tancogne, curé de Pinel. Delberg, curé de Saint-Hilaire-de-Roger. Lassiverie, curé de Saint-Paul-le-Vieux. Paillé, curé de Collonges et procureur de la commune de Pujols. Jaubert, curé de Sainte-Colombe. Roux, curé d’Hautefage Bounel, curé de Sainte-Quiterie. Laumont,curéde Frespech, Saint-Clair et Sainte-Foy. Beaufort, curé de Saint-Sulpice-Rive-Lot. Boissière, curé. Lacrosse, curé. Fauché, curé de Saint-Pierre de Courbiac. Moyzan, curé de Mailhe. Gabones, curé de Sainte-Livrade. Argenton, curé de Saint-Antoine et Foutiron. Vaissière, curé de Rouets, canton de Pujols. (Cette adresse reçoit les applaudissements de l’Assemblée.) M. l’abbé Royer, secrétaire , donne lecture du procès-verbal de l’arrestation de M. le vicomte de Mirabeau par la municipalité de Gastelnaudary, qui déclare ne retenir ce député qu’à la requête de celle de Perpignan et pour sa sûreté personnelle, en attendant les ordres de l’Assemblée nationale. M. l’abbé Royer lit ensuite le récit envoyé par M. le vicomte de Mirabeau lui-même , des faits qui ont précédé son arrestation : Le compte rendu de sa conduite et des moyens qu’il n’a cessé de prendre pour ramener le régiment de Touraine à la subordination est ainsi conçu : Relation de ce qui s'est passé à Perpignan , depuis la soirée du 1 juin jusqu’au M du même mois, relativement au régiment de Touraine. Compte rendu par M. le vicomte de Mirabeau, colonel dudit régiment, et certifié véritable par lui (1). (1) Cette séance est incomplète au Moniteur. (I) Le Moniteur se borne à mentionner ce document.