ARCHIVES PARLEMENTAIRES. [4 août 1789.] [Assemblée a ionale.] qui subiront des réductions, réclament des égards; et la justice, la raison, la dignité même de la législation, en réformant les abus, commandent de sages proportions. L’ordre et ses bienfaits ne se séparent jamais de la modération. Dans cette première classe d’individus directement attaqués, les réformes, les déplacements n’occasionneront que de moindres jouissances, et ce n’est pas là, Messieurs, que je veux porter votre attention et vos secours. Les marchands, fabricants et divers entrepreneurs éprouveront tout de suite une diminution de profits, et déjà il est nécessaire de leur préparer de nouveaux débouchés. Mais c’est la classe indigente et salariée, celle qui ne vit que de ses services et de son industrie, qui mérite toute votre sollicitude. C’est pour elle qu’il faut assurer des subsistances et du travail ; et quelques calculs approximatifs, en réunissant ceux actuellement désœuvrés à ceux qui doivent l’être incessamment, m’en font porter le nombre à quatre cent mille individus. Tel est, Messieurs, l’objet de deux propositions par lesquelles je Unis; travail et subsistance fondés sur les obligations de la société envers ceux qui en manquent, et sur les ressources immenses de la nation pour assurer l’un et l’autre. On propose : qu’il soit établi par les assemblées provinciales et municipales, dans toutesles villes et bourgs du royaume, et dans chaque paroisse des grandes villes, des bureaux de se-* cours et de travail, correspondant à un bureau de répartition qui sera formé dans la capitale de chaque province. Les bureaux de répartition correspondront à un bureau général de surveillance, qui sera permanent à la suite de l’Assemblée nationale. Les fonds des bureaux de secours seront formés de la réunion de tous ceux qui composent les établissements de charité autres que les hôpitaux, et le supplément sera fourni sur les contributions de la paroisse, lesquelles seront remplacées par une taxe équivalente sur tous les contribuables, et par les moyens résultant du crédit national. Aussitôt que les bureaux seront institués, on fera appeler dans chaque paroisse tous les individus dépourvus de travail et de subsistance. Il en sera dressé un rôle exact, contenant les signalement, profession et domicile de chacun, et il sera assuré dans l’instant, à tous ceux qui se présenteront, une nourriture suffisante en argent ou en nature, sauf à employer ceux qui seront en état de travailler dans les ateliers de la paroisse. Dans le cas où il n’y aurait point de travaux publics ou particuliers, propres à occuper les indigents dans la paroisse de leur domicile, il en sera dressé un état au bureau de répartition, contenant leurs nom, âge, qualité, profession, et ledit bureau les distribuera dans la province aux divers entrepreneurs d’arls et manufactures qui voudront s’en charger, et s’adressera pour l’excédant au bureau général de surveillance, dans lequel seront classés, par signalement' et. profession, tous les hommes sans emploi dans les provinces. Le bureau général sera spécialement chargé de prendre, dans les places et chambres de commerce, toutes les informations nécessaires pour le meilleur emploi des hommes qui seront inscrits sans salaire et sans occupation. Ceux qui, sans avoir de profession décidée, seraient susceptibles de servir sur mer ou sur terre, y seront de3tinés ; les hommes