186 | Convention nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES ( 3 nivôse an II 1 23 décembre 1793 Suit l'adresse de la Société populaire de Bae-queville (1). La Société populaire de BaequeviMe, district de Dieppe, à la Convention nationale. « Citoyens représentants, « Quels que grands que soient les travaux qui, sans cesse, vous occupent, nous ne crain¬ drons pas de vous en distraire un moment par le tableau rapide, mais fidèle, des principaux objets qui ont occupé notre séance du 17 fri¬ maire. A peine cette séance fut-elle ouverte qu’on nous annonça nos jeunes concitoyens de la première réquisition, et aussitôt ils furent intro¬ duits dans notre enceinte, au milieu des applau¬ dissements et des cris répétés de : Vive la Répu¬ blique! Vive la Montagne! Nous eûmes alors la double satisfaction de voir que parmi ces jeunes défenseurs de la République, il y en avait quelques-uns qui n’avaient pas encore l’âge requis par la loi, et d’autres qui, s’étant déjà signalés à la grande affaire de Jemmapes, pro¬ fitaient de leur congé pour aller affronter de nouveaux périls; disons mieux, pour aller cueillir de nouveaux lauriers. « Sur ces entrefaites, un des membres de notre Société monta à la tribune. Enflammé par la' beauté du sujet qu’il allait traiter, il prononça un discours très véhément, très patriotique et analogue à la circonstance. Après quoi, les jeunes soldats de la République prêtèrent le serment de vivre libres ou de mourir. L’allé¬ gresse était universelle. Plusieurs sociétaires demandèrent et obtinrent successivement la parole, et, dans chacun de leur discours, on apercevait tous les élans du patriotisme le plus ardent, du républicanisme le plus forte¬ ment prononcé. Au milieu de ces transports, on vit s’avancer vers le bureau deux membres de notre Société qui portaient, l’un le nom de Dauphin, l’autre de Comte. Le premier demanda que l’on substituât à son nom celui de Républi¬ cain; le second, celui de Sans-Culotte, et la Société applaudit à ces sacrifices. « Divers dons patriotiques furent déposés sur le bureau. L’amour de la liberté, l’amour de la patrie enflammaient tous les regards, se pei¬ gnaient sur toutes les physionomies; enfin des hymnes, des chansons patriotiques terminèrent cette séance. « Législateurs, il nous serait impossible de vous exprimer combien l’esprit révolutionnaire s’est fortifié dans notre canton depuis que la Société populaire y est établie. Chaque jour, on voit terrasser les préjugés; chaque jour, on voit s’étendre les progrès de la philosophie; il est vrai que quelquefois encore, on entend les cris obscurs et mal articulés du fanatisme mourant : mais encore quelques semaines, et il n’en sera plus question. « Mandataires d’un peuple souverain, l’au¬ rore du bonheur commence à luire sur le sol des hommes libres. Hâtez-vous donc de mettre la dernière main à votre ouvrage; hâtez-vous de nous faire recueillir les fruits de notre sublime et immortelle révolution, de nous faire jouir sans trouble et sans orage des bienfaits que doit procurer à toute une nation le plus sage, le meilleur des gouvernements. « Lumière, président; Boullet, secrétaire. « A Bacqueville, ce 20 frimaire de l’an II de la République française, une et indivi¬ sible, » Les officiers municipaux de la commune de Pontaillier (Pontailler-sur-Saône), district de Dijon, écrivent que dès le 20 brumaire ils avaient supprimé le bain bénit, que le 1er frimaire ils avaient fait enlever tous les signes extérieurs du culte catholique et toutes les matières d’or ou d’argent qui se trouvaient dans ces églises, qui se montent à 50 marcs, non compris des galons, et que pour éviter des frais de transport ils ont envoyé le tout au district de Dijon. Insertion au « Bulletin » (1). Suit la lettre des officiers municipaux de Pon - lailler-sur-Saône (2). « Pontailler, le 26 frimaire, l’an II de la République, une et indivi¬ sible. « Citoyen Président, « Le 5 de ce mois, le citoyen Pierre Porcherot, vieux militaire de ce lieu et qui a servi près de quarante-quatre ans, a déposé à cette municipa¬ lité la croix de Saint-Louis dont il était décoré, Nous l’adressons à la Convention nationale, en l’invitant de continuer l’extirpation de tous les tyrans. « Nous te prévenons que dès le 20 de brumaire le conseil général de cette commune avait sup¬ primé le pain bénit, que le 1er frimaire, il avait fait enlever tous les signes extérieurs du culte catholique qui étaient dans les rues et sur les chemins, ainsi que de toutes les matières d’or et d’argent qui se trouvaient dans les églises de ce lieu et qui montent à 50 marcs, non com¬ pris les galons en or et argent. Pour éviter les frais de transport, nous avons envoyé le tout au district à Dijon; nous t’invitons d’en faire part à la Convention. « Salut et fraternité. « Les officiers municipaux de la commune de-Pontailler, district de Dijon, département de la Côte-d’Or, « Carmel, maire; P. Duvollet, officier municipal; Armand, officier munici¬ pal; Lerouge, 'procureur de la com¬ mune. » Les sans-culottes composant la Société popu¬ laire de Villefranche-sur-Saône offrent l’adhé¬ sion la plus formelle à la loi salutaire qui orga¬ nise le gouvernement provisoire. Anathème aux fédéralistes, aux conspirateurs et à tous les mal-(1) Archives nationales, carton C 289, dossier 888, pièce 17. (1) Procès-verbaux de la Convention, t. 28, p. 56. (2) Archives nationales, carton G 287, dossier 864, [Convention nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES, j décembre 1793 187 veillants, ralliement aux principes de la Mon¬ tagne, qui nous servira toujours de guide. Mention honorable, insertion au « Bulle¬ tin » (1). Suit l’adresse des sans-culottes composant la Société populaire et républicaine de Ville-franche-sur-SaSne (2). Les sans-culottes composant la Société populaire et républicaine de Villefranche-sur-Saône, à la Convention nationale. « Gitoyens représentants, « Nous venons vous offrir l’adhésion la plus franche et la plus solennelle à la loi salutaire qui organise le gouvernement provisoire de la Répu¬ blique. Ce gouvernement est le plus grand bien¬ fait que nous puissions tenir de vous. Anathème aux fédéralistes, aux conspirateurs et à tous les malveillants. Vous avez terrassé les rebelles, il vous restait à protéger les bons sans-culottes et à resserrer les liens sacrés qui les unissent à vous comme au seul et véritable centre de toute unité politique, de toute puissance nationale. Quel bonheur pour le peuple de pouvoir désormais t communiquer sans intermédiaire et sans retard avec ses augustes représentants ! Vous serez toujours présénts au milieu de nous, et, par un prodige digne de votre haute sagesse, vous aurez ménagé un tel ordre de choses qu’à jamais votre esprit, votre courage, votre patriotisme seront comme l’âme universelle de tout l’em¬ pire. « Les voilà donc anéantis, ces hommes méchants et perfides qui déchiraient le sein de la Convention nationale elle-même, pour divi¬ ser plus sûrement la République : ils ne sont plus, et sur la Montagne sainte s’est préparé ce régime admirable qui va donner le mouvement et la vie à l’État, qui déjà ranime et fortifie les faibles, qui encourage et dirige les forts et qui enfin prépare et garantit le bonheur de tous. Malheur à ceux qui, à l’aspect des lois pro¬ fondes et bienfaisantes que vous venez de don¬ ner à la nation, ne se sentiraient pas émus par la reconnaissance et entraînés par cette sublime ardeur qui dispose aux grandes choses ! « Illustres Montagnards, c’est donc sous votre influence directe et immédiate que nous allons agir; vous éclairerez notre zèle, vous en pré¬ viendrez les écarts, vous nous garantirez des pièges des malveillants, et ne voulant nous-mêmes être sages que de votre propre sagesse; nous terrasserons les tyrans, nous fixerons la victoire et nous proclamerons jusqu’aux extré¬ mités du globe et sur les débris de tous les trônes les oracles que vous publiez au nom de la liberté et de l’égalité, pour la gloire de la France et la prospérité du genre humain. « Villefranche-sur-Saône, le 28 frimaire, l’an II de la République, une et indivisible. » (Suivent 26 signatures.) (1) Procès-verbaux de la Convention, t. 28, p. 57. (2) Archives nationales, carton C 289, dossier 888, pièce 18. Le citoyen Fia vigny, cultivateur à Renaasarf, district de Shunt-Quentin, âgé de 90 ans, fait don à la patrie de 15,000 livres en assignats, déposés à la caisse du district, et d’une pension de 4,000 li¬ vres qui lui avait été accordée pour récompense de soixante-treize ans de service militaire. « Je mourrai content, écrit-il, parce que je mourra! républicain, grâce à l’énergie de la sainte Mon¬ tagne. » Mention honorable, insertion au « Bulletin » et renvoyé au comité des finances (1). Compte rendu du Bulletin de la Convention (2). Le citoyen Flavigny, âgé de 90 ans, proprié¬ taire cultivateur à Renasart, district de Saint-Quentin, département de l’Aisne, fait don à la nation de tout l’argent qu’il possède montant à 15,000 livres en assignats. Il fait, en outre, remise à la nation de la pension de 4,000 livres qu’il avait obtenue en récompense de soixante-treize années de services militaires, n’en réser¬ vant que les arrérages échus jusqu’au 12 nivôse, pour remplir l’engagement sacré qu’il a pris de le donner à de pauvres pères de famille qui l’ont servi et qui le servent encore, mais qu’il n’a point encore pu récompenser comme ü le devait. Mention honorable. Compte rendu du Moniteur universel (3). Clavigny (sic), vieux militaire, âgé de 90 ans, ne pouvant plus servir sa patrie dans les phalanges françaises, fait don à la patrie de 4,000 livres que lui doit le trésor public. 11 envoie à son district tout son numéraire, con¬ sistant en 15,000 livres. Les administrateurs du district de Belley écri¬ vent que l’on préfère maintenant les assignats au numéraire, que plus de 30 prêtres ont déjà abdiqué leur caractère, et que la vente des biens des émigrés double le prix des estimations. Insertion au « Bulletin » (4). (1) Procès-verbaux de la Convention, t. 28, p. 57. (2) Premier supplément au Bulletin de la Conven¬ tion nationale du 3 nivôse an II (lundi 23 décem¬ bre 1793). (3) Moniteur universel [n° 95 du 5 nivôse an II (mercredi 25 décembre 1793), p. 382, col. 1]. D’autre part, le Mercure universel [4 nivôse an II (mardi 24 décembre 1793), p. 63, lre col.] fend compte du don patriotique du citoyen Flavigny dans les termes suivants : « Le citoyen Clavigny, demeurant près de Saint-Quentin, âgé de 90 ans, en ayant passé soixante-trois ans au service militaire, écrit que, ne pouvant plus être personnellement utile à sa patrie, il désire l’être encore par ses biens. 11 fait offre à la Répu¬ blique d’une somme de 4,000 livres qu’elle lui doit et il envoie le numéraire qu’il possède, montant i 15,000 livres. « Mention honorable. » (4) Procès-verbaux de la Convention, t. 28, p. 57.