[Cotmntioii uatïonaM M«XTO14»lliBKmES.- f t«9 j zC novembre 1793 v N° 34. Les Républicains de Beaune, à la Convention nationale ( 1 ). « Beaune, le 10e jour de la 2e décade du 1er mois de l’an II de la République française. « Mandataires du peuple. « Tous les ressorts de l’ aristocratie, du roya¬ lisme, du fédéralisme ont été mis en mouvement pour vous éloigner de votre poste au moment où vous y étiez le plus nécessaires ; c’était le vœu des ennemis de la patrie et de la République. « Représentants du peuple, pour consolider le bonheur de la République, les vrais patriotes vous désirent où -vous êtes. C’est pour la seconde fois que la Société populaire de Beaune régé¬ nérée, vous manifeste son vœu à ce sujet. Jalouse de se voir au nombre de celles com¬ prises dans la nomenclature des Sociétés qui ont émis le même vœu, son étonnement a été grand lorsque la Société a vu qu’il n’était pas fait mention d’elle. Notre première adresse à ce sujet a pu être soustraite parce qu’elle respirait le patriotisme le plus pur et que nos autorités constituées étaient alors gangrenées. Mais maintenant que le représentant Bernard les a sagement régénérées, nous espérons que celle -ci vous parviendra et que la Société populaire de Beaune sera rangée dans la classe de celles qui se sont toujours prononcées pour la Révolution et les grandes mesures propres à la consolider. « Citoyens représentants, restez donc à votre poste pour y achever votre .ouvrage, ne conde-z pas à des mains parjures, faibles ou trem¬ blantes Tarclie sainte où reposent les droits sacrés des Français libres. Dirigez le grand mouvement révolutionnaire qui commence à s’opérer avec succès, qui doit porter le dernier coup aux ennemis du dedans et faire pâlir les despotes qui voudraient s’abreuver de notre sang ; que les tyrans écrasés soient forcés de vous demander la paix avant que vous ne pensiez à quitter cette Montagne, l’effroi de nos lâches ennemis. Que les frimas de la saison prochaine ne refroidissent pas votre énergie, qu’ils servent, au contraire, s’il est possible, à donner plus de ressort à votre dévouement à la chose publique pour achever d’exterminer, par votre constance héroïque, les satellites des traîtres couronnés, déjouer les espérances liber - tiddes des accapareurs et des malveillants. Soutenez avec fermeté les intérêts du peuple dont vous avez tonte la confiance. « Lepeletier et Marat, victimes de leur patriotisme, doivent être vos modèles dans le chemi® de la révolution •: ils seront ceux des républicains soussignés. » (Suivent 144 signatures. ) N° 3S, La Société populaire de Vermuil, département de V Mu/re, à la Convention nationale ( 1). Extrait du prooès-verbdl de la Société populaire de Verneuil, le 7 e jour de la lTe décade du 2e mois de Van II de la République française, une et indivisible et le 1er de la Constitution populaire. « Citoyens législateurs, « La Société populaire de Verneuil, à qui Lacroix et Legendre ont communiqué toute leur énergie, a invité la nouvelle municipalité à faire brûler les portraits des tyrans et les restes odieux de la royauté. Tous tes corps constitués se sont rendus avec plaisir à l’invi¬ tation de la Société populaire, le procureur syndic est venu sur la place, chargé de tous les arrêtés liberticides de l’ancien département, et les a jetés au feu à la grande satisfaction des citoyens : tous ont assisté à cet autodafé, ainsi que toute la garde nationale, commandée par te chef de légion. Il n’est point de traits qui puissent exprimer la joie de tous les sans-culottes, mais ce qui vous fera un sensible plaisir, c’est l’acharnement de tous les enfants, qui, comme des petits lions, se sont jetés sur - les portraits des tyrans, les ont mis en pièces et ont ainsi vengé les générations passées de tous les outrages qu’elles ont éprouvés de la part des ces mangeurs d’hommes, en jurant tous d’en faire autant à tous les monstres qui voudraient dominer leurs concitoyens. « La terre et l’air ont enfin été purifiés, les citoyens sont à la hauteur des circonstances, tous tes modérés sentent enfin la nécessité 4e se prononcer ouvertement.; tons se font nm devoir d'entrer dans la Société populaire des sans-culottes qui, pleins de F énerve que ma» ont communiquée Lacroix et Legendre, ne manquent jamais de se trouver aux séances; la Société, qui désire propager les principes du républicanisme, a arrêté que des sans-eulottes iraient tous les dimanches, jusqu’à ce que le dernier jour de la décade fût le seul jour de repos, pour faire enfin connaître la vérité à ces pères nourriciers de la société. N ous allons inviter les sociétés voisines à en faire autant. « Citoyens législateurs, salut et fraternité. « Baumann, président ; Daurabourg; Re¬ nard; Lefebvre; Lépïne ; Elie l’aîné, secrétaire. » La Société populaire de Verneuil, département de V Eure, à la Convention nationale (2). « Le 6e jour de la lre décade du 2e mois de Lan II de la République française, une et indivisible, et le 1er de la Cons¬ titution populaire. « Citoyens législateurs, « Vous qui êtes les vraies sentinelles de la (1) Archives nationales, carton C 281, dossier 777. (1) Archives nationales, carton <21881, dossier 777. :(2) Ibid. 190 [Convention nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES. { % novembre 1" République, restez à votre poste jusqu’à la paix. Voilà le vœu de la Société populaire de Verneuil. « O sainte Montagne ! Il n’était réservé qu’à toi de travailler à faire revivre le siècle de l’âge d’or; toi seule pouvais déchirer ce ban¬ deau ténébreux qui cachait la lumière aux mortels : tu as fait ce qu’aucune nation n’avait encore osé entreprendre : tu as terrassé le fana¬ tisme. Continue tes sublimes travaux et bientôt les égoïstes, ces fléaux de l’humanité, disparaî¬ tront de dessus la surface du globe. « Citoyens, vous dont le Sénat auguste pré¬ sente autant de Régulus pour la fermeté que de Metelluspour le désintéressement, ne nous aban¬ donnez pas; l’arbre chéri est planté, c’est à vous à l’arroser. « Citoyens législateurs, salut et fraternité. (Suivent 8 signatures.) N° 36. La Société populaire de Vouziers, à la Montagne de la Convention (1). « Vouziers, le 6e jour du 2e mois de l’an II de la République française. « Sainte Montagne, « Les journées glorieuses des 31 mai et 2 juin ont été couronnées par celles qui ont vu tomber les têtes de l’infâme Capet et de la mégère d’Autriche. Grâces t’en soient rendues; ferme à ton poste, comme nous jurons de l’être au nôtre, ne le quitte qu’après l’extinction de tous les brigands couronnés de l’Europe; chasse de ton sein ce marais infect, cette plaine infi¬ dèle. Rémplace-les par ces braves sans-culottes qui ont tout fait pour la République sans qu’on ait encore rien fait pour eux,- et nos vœux sont remplis. k Bara, président; Defertine, secrétaire; Arnould, secrétaire. « N° 37. La Société des Amis de la liberté et de l'égalité, séant en face de l'arbre de la liberté, à Gra¬ velines, aux représentants du peuple fran¬ çais (2). « Gravelines, le 5e jour du 2e mois de l’an II de la République française, une et indivisible. « Grâce à votre énergie, à votre courage, grâce aux mesures hardies, révolutionnaires, que vous avez prises dans votre sagesse, la liberté est par¬ tout triomphante. Au nord, depuis les sables de Dunkerque jusqu’aux sapins des Vosges, (1) Archives nationales, carton C 281, dossier 777. (2) Archives nationales, carton C 281, dossier 776. les satellites des tyrans ont mordu la poussière. Au midi, les Hautes-Pyrénées ont vu la déso¬ lation et la .mort dévorer les hordes espagnoles. A l’orient, Lyon n’est plus, et le fer de la ven¬ geance nationale se promène sur les palais et sur les têtes de ses habitants rebelles. A l’occi¬ dent, les armées et le feu de la République pu¬ rifient le sol de la sacrilège Vendée. Les foudres, oui, les foudres parties du sommet de la sainte Montagne frappent de toutes parts les brigands à couronnes, et le moment n’est pas loin où tous vont tomber ensevelis sous les décombres fu¬ mants de leurs trônes embrasés. « Représentants, sagement vous avez fait en mettant la terreur à l’ordre du jour; main¬ tenant du moins, maintenant l’espérance nous luit. La germination des fleurs n’apparaît dans toute sa gaieté qu’à la suite des orages; la ten¬ dresse maternelle ne déploie sa physionomie céleste, ne sourit à son fruit qu’après les crises et les douleurs de l’enfantement. « Représentants, continuez à provoquer, par vos sublimes travaux, l’indépendance, le bonheur du monde, la paix universelle; tandis que le républicain français vole à la gloire au bruit des chaînes qui se brisent, au bruit de la chute des trônes, restez inébranlables, restez à Votre poste. « Avant que vous vous sépariez, il faut, qu’é¬ tayée de la victoire et de la paix, notre immortelle Constitution puisse affronter le temps, puisse marcher triomphante à travers le torrent des siècles. « Toulon ! Eh quoi? Toulon, cette ville scé¬ lérate pèse encore sur la terre de la liberté, sur cette terre sainte arrosée par elle du sang des patriotes, du sang des représentants du peuple français? Justice! Vengeance! Aux armes! Pères du peuple, parlez, et qu’au retour du printemps une masse révolutionnaire se porte spontanément jusqu’en la capitale d’Albion, y engraisse cette terre, autrefois républicaine, des cadavres de ses oppresseurs, de ces ennemis proclamés de l’espèce humaine. Alors, monu¬ ment à la majesté des peuples, alors y recroî¬ tra, y refleurira pour jamais l’arbre chéri de la liberté. « Dans la proscription de tous les repaires de la superstition monacale, la politique a porté le décret d’exception en faveur des maisons anglaises. Notre ville et celles environnantes en sont infectées. Maintenant qu’elles ont été assaillies (sic) par l’infâme duc d’York, vous n’avez plus de ménagements à garder. Comme des Anglais soi-disant philosophes, faites justice des Anglais bigots, anéantissez leurs monas¬ tères, poursuivez, foudroyez l’aristocratie et le fanatisme jusque dans ces vils et derniers asiles que la générosité d’un grand peuple indigne¬ ment trahi n’a que trop longtemps respectés. « Tels sont les vœux des patriotes de Gra� velines, de ces républicains du Nord qui, réunis en Société montagnarde, en face de l’arbre de la liberté, ont juré de s’ensevelir tous sous leurs remparts en feu plutôt que de capituler jamais avec la tyrannie. « Gravelines, le 5e jour de la lre décade du 2e mois, l’an II de la République, une, indivi¬ sible et impérissable. » (Suivent 11 signatures.)