Séance du 8 vendémiaire an III (lundi 29 septembre 1794) Présidence d’André DUMONT Séance ouverte à onze heures et demie du matin. Le rapporteur du comité de Correspondance donne lecture des pièces suivantes (1). 1 La société populaire de la commune de Gignac, département de l’Hérault, offre à la Convention un cavalier jacobin, sociétaire, qui a puisé dans son sein l’horreur des rois et l’enthousiasme de la liberté. Elle ajoute qu’elle a été calomniée auprès des représentans du peuple Milhaud et Soubrany, et qu’elle répond aux délations par des sacrifices pour la patrie et son attachement à la Convention. Mention honorable, insertion au bulletin, renvoyé au comité de Sûreté générale (2). 2 Celle de Phalsbourg [Moselle] demande qu’on rende au gouvernement révolutionnaire toute la force et l’activité dont il est susceptible, pour réprimer les aristocrates qui lèvent actuellement une tête insolente. Renvoyé aux comités de Sûreté générale et de Salut public (3). 3 Les citoyens composant la société populaire de Rieumes, district de Muret (1) P.-V., XLVI, 150. (2) P.-V., XLVT, 150. Bull., 10 vend, (suppl.). (3) P.-V., XLVI, 150. [Haute-Garonne], félicitent la Convention sur l’énergie qu’elle a déployée aux 9 et 10 thermidor; l’invitent à rester à son poste, et envoient 116 L 10 s en don patriotique, pour ceux des volontaires de l’armée des Pyrénées-Orientales qui ont montré la meilleure contenance en face de l’ennemi. Mention honorable, insertion au bulletin (4). \La société populaire de Rieumes, affiliée à celle de Toulouse, à la Convention nationale, le 4 fructidor an II] (5) Législateurs, Les Spartiates élevèrent un tombeau aux trois cens citoyens libres qui eurent le courage d’arrêter l’armée innombrable de Xerxès allant fondre sur leur patrie; leur monument n’était que quelques pierres arrangées avec art; et nous, puisque vous êtes les véritables pères de notre patrie, nous venons jurer de venger les attentats commis contre vous ; et nous, nous venons vous offrir nos vies pour sauver les vôtres et graver à jamais dans nos cœurs vos noms chéris. L’énergie que vous venez de déployer en foudroyant les nouveaux Catilina ne peut qu’enflammer d’amour et d’admiration jusqu’aux âmes les plus froides et les moins capables de sentir. Electrisez par votre stoïcisme, les foibles se rendront dignes de vous, et les contre-révolutionnaires n’auront désormais d’empire que dans leurs imaginations parricides et impuissantes. Dignes émules des Brutus et des Scaevola, continuez vos hautes entreprises; tranquiles dans les murs d’une ville qui renferme tant de braves citoyens, ne cessez d’abattre l’audace, (4) P.-V., XLVI, 150-151. Bull., 13 vend, (suppl.); Ann. Patr., n° 644. (5) C 321, pl. 1340, p. 13. SÉANCE DU 8 VENDÉMIAIRE AN III (29 SEPTEMBRE 1794) - Nos 4-6 133 d’anéantir l’ambition, d’animer, récompenser la vertu, de démasquer les faux amis, de les punir, et au milieu du concours étonnant de tant d’évé-nemens, achevés de régler les destinées de l’empire français. Quand à nous, sans-culottes de nom et de fait, réunis depuis cinq ans en société populaire, nous éprouvons que la stérilité de notre sol, n’influera jamais sur la fertilité de nos âmes; l’égoïste oppulant a beau craindre la di-sète, et nous, ne voyant que la liberté, nous sommes opulans par l’espoir de la sauver. Oui, notre besoin le plus pressant sera toujours celui de faire respecter votre ouvrage et d’assurer votre triomphe. Pénétré de ces idées, nous vous adressons une nouvelle offrande de deux de nos membres, elle consiste en cent seize livres dix sols. Les deux patriotes qui ont fait cet homage désirent qu’il soit remis à Dugommier, général de l’armée des Pyrénées-Orientales, pour être distribuée aux deux soldats qui ont montré la meilleure contenance dans les expéditions glorieuses qui ont eu lieu dans cette partie de la république. Ces sacrifices et tant d’autres que nous avons fait seront soutenus jusqu’à la mort par notre dévouement. Vous nous en avez donné l’exemple, incorruptibles montagnards, et vous courageux parisiens, et vous sans-culottes, nous vous jurons de le suivre. Castaing, président, Pomard, secrétaire et une page de signatures. [La société populaire de Rieumes au peuple parisien, le 4 fructidor an II] (6) Frères et amis Vous tenez dans vos murs le dépôt sacré de la représentation du peuple français, la calomnie a attaqué plusieurs fois vos vertus, mais nous qui sommes justes, nous savons et nous publions que dans toutes les circonstances où la Convention a couru des dangers, vous vous êtes montré dignes de posséder et de garder les personnes augustes des représentans d’une nation libre. Comme les vrais montagnards, vous avez sçu vous bâtir des citadèles dans les cœurs de tous les bons républicains. Eh ! que peuvent vos calomniateurs après vos actions glorieuses? que fairont après tant d’échecs les ennemis de la liberté? de quels périls oseroient-ils encore nous menacer? Non, leurs langues envenimées ne détruiront jamais l’harmonie qui doit reigner entre les patriotes de Paris et ceux des départemens. Continuez, honorables frères, à bien mériter de la patrie, nous marcherons sur vos traces et les traitres sont vaincus. La liberté est un présent de la nature, la nature est ennemie des despotes, elle combat avec les hommes libres qui font des prodiges sous ses étendards; un seul romain ar-(6) C 321, pl. 1340, p. 14. rêta l’armée du despote Porsenna, sauva ainsi la patrie des chaînes du tiran, et des milliers de français, provoqués par des exemples incomparables de bravoure, laisseraient impunément attanter à leur gouvernement? Non, jamais : car si par impossible, le sort des combats pouvait trahir une si belle cause et flétrir de si beaux lauriers les succès des despotes ne les pourraient garantir de leur ruine, alors comme autant de Mucius Scaevola chaque parisien serait prêt à se dévouer pour la patrie, et à leur exemple chaque français saurait délivrer cette terre libre de ses tirans. Telle est frères et amis l’opinion que nous avons de vous et de ceux qui vous ressemblent ; recevés notre amitié et croyés que nous sommes dignes de la vôtre. Castaing, président, Pomard, secrétaire et une page de signatures. 4 La société populaire de Vienne-la-Pa-triote [Isère] demande que la liberté de la presse ait pour borne les maximes et les lois du gouvernement révolutionnaire ; que cette liberté exerce toute sa latitude contre les tyrans, et qu’elle développe toutes les vertus républicaines. Renvoyé au comité de Législation (7). 5 Les administrateurs du département de l’Orne envoient à la Convention des adresses aux administrés de ce département, pour les engager à faire des offrandes pour l’armement d’un vaisseau, et un dernier effort, afin d’achever d’anéantir tous ceux qui veulent s’opposer aux succès des armées navales de la République. Mention honorable, insertion au bulletin (8). 6 Le comité révolutionnaire du district de Montagne-sur-Aisne [ci-devant Sainte-Mene-hould], département de la Marne, fait part des craintes qu’ont les patriotes du relâchement du gouvernement révolutionnaire, et ajoute que les patriotes sont dans l’oppression, et que l’aristocratie relève une tête altière. (7) P. V., XLVI, 151. (8) P. V., XLVI, 151. Bull., 8 vend.; C. Eg., n° 733.