�58 [Convention nationale.} ÂfiCtilYËS f'ÀftLËMEIVTÂÏRES. { •« ï>i-tirhaîre âii ïï (4 novembre 1793 sacrée où repose la Constitution républicaine, votre plus bel ouvrage? Laisseriez -vous à des Plains neuves, corruptibles peut-être, la culture d’un arbre que les efforts de la vertu ont fait naître au haut d’une montagne trop longtemps environnée des exhalaisons du crime et de la ealomnie? « Non, législateurs, victorieux aux journées mémorables des 31 mai, 1er et 2 juin, vous pour¬ suivrez l’ennemi dans sa défaite, vous profiterez des premiers avantages remportés sur l’égoïsme et la trahison en demeurant au poste où vous fixe la confiance de vos concitoyens, et vous ne quitterez le glaive que nous vous avons donné pour exterminer les tyrans que quand ils ne Seront plus, que quand leurs fauteurs auront disparu du sol de la République, et que vous aurez affermi la base des lois constitutionnelles sur les dépouilles du riche indifférent et de l’insatiable et dur égoïste. « Législateurs, notre Société populaire est presque toute composée de bons laboureurs qui, au retour du commissaire chargé de l’accepta¬ tion de l’acte constitutionnel, ont quitté leur charrue, se sont pressés autour de lui pour savoir ce que vous avez fait au 10 août, et ce que vous prétendiez faire encore pour le peuple. Il nous a répondu en apôtre de la liberté, et avec cet aïnour de la patrie qui caractérise la mission dont vous l’avez chargé; il nous a dit avoir vu ooùler dans vos veines le sang de vos commet¬ tants; il nous a dit que les Parisiens brûlaient du désir de fraterniser avec tous les citoyens de la République. « A ce rapport touchant, nos coeurs électrisés ont juré l’anéantissement des fédéralistes et des hypocrites agents de cette abominable secte. A cet effet, la Société a remis au com¬ missaire de l’assemblée du canton une liste des gens suspects, en le chargeant de la mettre sous les yeux des représentants du peuple près le département, se gardant bien d’user de l’inter¬ médiaire du district, parce que ses administra¬ teurs figuraient les premiers dans Cette liste. « Que votre comité de Salut public, législa¬ teurs, enjoigne à vos commissaires nationaux de destituer ces misérables fédéralistes qui ont voulu, autant par bêtise que par perfidie, déchirer le sein de la mère commune, et qui, ar conséquent, sont indignes de vivre de ses ienfaits, comme de régir des administrés qui, quoique paysans, ont plus de bon sens et de patriotisme qu’eux. « Frappez aussi du glaive des lois, comme la Société de Tarbes vous l’a déjà demandé, les administrateurs du département des Hautes-Pyrénées qui, en séduisant votre religion, ont su se faire blanchir aux dépens du peuple qu’ils ont indignement calomnié, car, législateurs, ces administrateurs hypocrites ont couvert leurs arrêtés liberticides du prétexte de mouve¬ ments séditieux qui n’ont pas existé, et auxquels Je peuple est incapable de se porter pour une pareille cause. Il a toujours été révolutionnaire, ce peuple, il eût lavé lui-même dans le sang de ses perfides administrateurs la honte qu’ils ont voulu imprimer sur son front, si vous n’aviez été là pour le venger. Mais, juste, calme et véri¬ tablement ami des lois, il remet dans vos mains le soin de sa vengeance et attend de vous un grand actè de justice. « Restez donc, législateurs, au bout de cette montagne où le courage et la vertu vous ont fait monter; continuez d’y braver les croassements qui partent encore quelquefois de ce marais fangeux où vous avez lancé dernièrement là foudre populaire ; et nous, fermes sur les rochers où la nature nous a placés, nous y ferons toujours croître le grain, en nous réservant le plaisir d’en descendre de temps en temps, pour porter la terreur dans le camp des Espagnols, vils satellites de la tyrannie, que nous trouvons en les dépouillant sur le champ de bataille, tous couverts de chapelets, rosaires, vains hochets de la superstition, qui n’émoussent plus la pointe de nos baïonnettes républicaines. « Fortquet, président ; Qalin, secrétaire. » Au nom du comité de la guéri e, qui s’est con¬ certé avec le comité de Salut public, un membre [Calon, rapporteur (1)] fait un rapport sur la réunion des compagnies de mineurs an génie militaire; la Convention adopté le décret sui¬ vant : « La Convention nationale, après avoir en¬ tendu le rapport de ses comités de la guerre et de Salut public, décrète ce qui suit : Art. 1er. « Les compagnies de mineurs, réunies au génie militaire par le décret du 2 du présent mois, seront à l’avenir employées, dans les places et aux armées, à tous les travaux de mines, de sapes et autres constructions, qui seront exécutées sous la direction et le commandement immédiat des officiers du génie, Art. 2. « Chacune de ces compagnies sera portée au grand complet de cent hommes, y compris lés officiers. Art. 3. « Les officiers de mineurs prendront rang, dans le génie militaire, suivant leur grade et ancien¬ neté de service; ils resteront néanmoins attachés aux compagnies de mineurs jusqu’à leur promo¬ tion aux grades supérieurs. Art. 4, « L’école des mineurs sera réunie à celle du génie militaire, et fixée à Mézières. Art. 5. « Le dépôt pour le recrutement des mineurs sera établi dans le lieu de l’établissement de l’école. , (1) P’a près la minute du décret qui se If OU Ve âüx Archives MUomlèd, carte» & 277, àôisier 723, f Convention nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES. { 1793U 259 Art. 6. « La Convention nationale charge son comité de la guerre de déterminer, dans le plus court délai, le mode et les degrés d’examen qui seront exigés des mineurs pour passer aux grades de caporal, de sergent, et enfin d’officier du gé¬ nie (1). » Suit le rapport à l’appui du projet de décret présenté par Oalon (2). Projet de décret sur ta réunion des com¬ pagnies DE MINEURS AU GÉNIE MILITAIRE, FAIT AU NOM DES COMITÉS DE LA GUERRE ET DE Salut public par E.-N. Calon, député du DÉPARTEMENT DE L’OlSE A LA CONVENTION NATIONALE, LE 14 DE BRUMAIRE L’AN II DE la République une et indivisible. Citoyens, Vous avez renvoyé au comité de la guerre un projet de décret contenant plusieurs disposi¬ tions tendantes à effectuer la réunion des compagnies de mineurs au génie militaire dont vous avez décrété le principe le ..... Votre comité de la guerre s’est concerté avec le comité de Salut public sur cette réunion, et, après avoir examiné et reconnu les avantages qui doivent en résulter, ils m’ont chargé de vous présenter leprojet de décret suivant : ( Suit le projet de décret.) Calon, rapporteur. Après avoir entendu un membre [Serres (3)] qui parle au nom du comité de marine, la Con¬ vention rend le décret suivant : « La Convention nationale, après avoir en¬ tendu son comité de marine, décrète qu’elle ren¬ voie audit comité la révision des lois sur la police des ports (4), » Le même membre [Serres (5)], au nom du même comité, fait adopter le projet de décret suivant ; « La Convention nationale, après avoir en¬ tendu le rapport de son comité de marine, dé¬ crète que, sur la réclamation des citoyens Tempié et Guérin, visiteurs de navires au port de Brest, elle passe à l’ordre du jour, motivé sur ce que, par les lois des 9 août 1791 et 22 mai 1799, ces officiers ne doivent point être salariés par la nation; et sur ce que les rétributions à leur payer poûr leurs fonctions, doivent être acquittées par (1) Procès-verbaux de la Convention, t. 24, p. 313. (2) Archives nationales, carton G 277, dossier 723. (3) D’après la minute du décret qui se trouve aux Archives nationales, carton C 277, dossier 723. (4) Procès-verbaux de la Convention, t. 24, p. 314. (5) D’après la minute du décret qui se trouve aux Archivés nttttômU�G�tïV n C 577, doêêier 753, les propriétaires des navires, sur la fixation des tribunaux de commerce ou autres compé¬ tents (1). » Les sans-culottes de Sainte-Menehould offrent leur entier dévouement à la cause de la liberté et de l’égalité; ils annoncent qu’ils viennent de proscrire le nom de leur commune, et qu’ils l’ont changé en celui de Montagne-sur-Aisne. Us dé¬ posent sur le bureau l’offrande d’un sans-culotte qui ne veut pas être connu; elle consiste en 40 pièces d’argent. Après avoir voté la mention honorable et l’insertion au « Bulletin », sur la motion d’un membre, la dénomination de Mon¬ tagne-sur-Aisne est confirmée par leAécret sui¬ vant : « Sur la demande des habitants de la commune de Sainte-Menehould, convertie en motion par un membre, la Convention nationale décrète que le nom de cette commune sera changé en celui de Montagne-sur-Aisne (2). » Suit un extrait du discours prononcé pat la députation des sans-culottes de Sainte-Menehould d’après le Bulletin de la Convention (3). Une députation des sans-culottes de Sainte-Menehould, département de la Marne, admise à la barre, a prononcé le discours suivant : « Envoyés par nos concitoyens pour remplir une mission importante, nous sommes chargés aussi de vous présenter leur hommage et de vous donner l’assurance de leur entier dévoue¬ ment à la cause de la liberté et de l’égalité. « La commune de Sainte-Menehould, dépar¬ tement de la Marne, devait son nom à la su¬ perstitieuse crédulité de nos ancêtres; elle vient de le proscrire à jamais, et elle a adopté celui bien plus saint, bien plus grand de Mon¬ tagne-sur-Aisne. Ce nom, que la nature semblé avoir indiqué à notre commune, rappelle les glorieux événements de la Révolution, où elle a figuré avantageusement. En 1791, elle a arrêté la fuite du dernier tyran; en 1792, elle a, par des sacrifices nombreux, secondé les efforts des armées républicaines qui alors ont fait échouer les projets audacieux dés cohortes étrangères; enfin, en juin dernier, elle s’est opposée vigoureusement aux mesures et aux actes de fédéralisme émanés de coupables admi¬ nistrateurs. « Veuillez, législateurs, donner votre sanction au changement civique qu’ont adopté les sans-culottes d’une commune où les lois révolu¬ tionnaires s’exécutent avec énergie, et où la Montagne, dont nous apercevons le sommet majestueux, peut compter de nombreux parti¬ sans, de vrais républicains, qui Ont juré là haine aux fédéralistes, aux tyrans, et qui ont pour devise : « La liberté ou ta mort. » « Nous déposons sur le bureau l’offrande d’un sans-culotte de notre commune qui né veut pas être connu; elle consiste en quarante pièces d’argent. » Procès-verbaux de la Convention, t. 54, p. 315. (2) Procès-verbaux de la Convention, t. 24, p. 315. (3) Supplément au Bulletin de la Convention du 4e jour de la 2e décade du 2* mois de l’ân II {lundi 4 ftoVémbre 1793).