586 |üonY4Qtion nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES. I 13 nivôse an II t 2 janvier 1794 assemblées des sections, où ils offusquaient tous les bons citoyens. Un agiotage effréné menaçait plus que jamais le crédit public; on se permettait de refuser en paiement les assignats; la baisse de ce papier-monnaie était effrayante. Le palais dit de l’Egalité était devenu le repaire de tous les marchands d’argent, chassés du lieu ordinaire de leur infâme trafic. Ils avaient trouvé un asile dans les appartements occupés par les filles publiques; les uns et les autres faisaient de leur industrie criminelle un commerce scan¬ daleux que les bonnes mœurs ne peuvent pas tolérer dans une République. Les officiers des divers états-majors de nos armées les avaient abandonnées pour Be rendre à Paris; ils se permettaient les propos les plus indiscrets. Ceux de l’armée du Nord annon¬ çaient le projet de vouloir former un parti en faveur du traître Custine; ils prenaient haute¬ ment sa défense, et parlaient sans respect du décret qui avait mis ce général conspirateur en état d’accusation, et l’avait traduit au tri¬ bunal révolutionnaire occupé dans ce moment de l’instruction de son procès. Les commissaires des assemblées primaires, honorés de la représentation immédiate du peuple, appelés à Paris pour y émettre son vœu sur l’acceptation de la constitution, étaient arrivés à Paris pour concourir à la fête mémo¬ rable du 10 août. Ceux qui ne voyaient cette fête qu’avec la plus grande peine, et qui auraient bien voulu l’empêcher, n’ayant plus, après l’arrivée des députés, aucun moyen de réussir, cherchèrent à s’emparer de ces mandataires du peuple, chargés de son vœu, pour leur per¬ suader qu’ils pouvaient former une assemblée délibérante, qui aurait fini par rivaliser avec la Convention. Les intrigants se saisissent de tout, ils abusent des meilleures choses pour leurs projets ambitieux et liberticides, qui ne les quittent jamais. Il ne fallut que dénoncer cette manœuvre contre-révolutionnaire pour la déjouer, et pour tenir en garde ceux qu’on avait imaginé pouvoir surprendre. Un décret rendu le 6 août, chargea spécialement votre comité de sûreté générale de surveiller ceux des commissaires députés qui tenteraient d’en¬ gager leurs collègues à des démarches contraires au mandat qui leur avait été décerné par les assemblées primaires, à la charge d’en rendre compte à la Convention. Cette sage mesure, fut reçue avec enthou¬ siasme par la presque totalité de tous les dépu¬ tés des assemblées primaires; elle déconcerta les malveillants, qui, dès ce moment, se voyant sous l’active surveillance de votre comité de sûreté générale renoncèrent à leur projet, et ne furent plus dangereux. A peu près dans le même temps, le besoin de nos armées avait exigé que tous les chevaux de luxe fussent mis en état de réquisition, et à la disposition du ministre de la guerre; l’exé¬ cution de ce décret de circonstance impérieuse éprouvait chaque jour des difficultés qui le rendaient illusoire. Les aristocrates, les égoïstes, et surtout les patriotes au jour la journée, trouvaient le moyen de soustraire leurs che¬ vaux à la loi qui les réclamait; le comité de sûreté générale fut invité par une lettre du comité de Salut public, de surveiller l’exécu¬ tion de cette loi, et surtout ceux qui faisaient naître des obstacles pour l’éluder. Telle était, citoyens, la situation de Paris, lorsque votre comité de sûreté générale, de con¬ cert avec le comité de Salut public, pensa qu’il était de son devoir de prendre des mesures promptes et efficaces, pour déjouer les ma¬ nœuvres des contre-révolutionnaires. Le comité jeta les yeux sur un citoyen, mis aujourd’hui en état d’arrestation par un décret, mais qui, à l’époque où il fut investi de la confiance du comité, avait plus d’un titre qui pouvait faire croire qu’il en était digne, je parle du citoyen Maillard. Le comité, par un arrêté dont je vais vous rendre compte, se chargea de se transporter dans toutes les sections de Paris, et lieux environnants, d’y placer des observateurs pour découvrir les démarches de toutes les personnes suspectes et étrangères, qui travaillaient sour¬ dement à troubler l’ordre public, et rendre illusoires les décrets les plus utiles émanés de votre sagesse. Les hommes dont Maillard s’est servi pour remplir les importantes missions qui lui avaient été confiées, sont ceux qui viennent réclamer le juste salaire des journées qu’ils ont employées à surveiller les manœuvres de nos ennemis : ce salaire est fixé à 5 livres par jour. L’état des employés, certifié par Maillard, examiné par votre comité, présente un tableau de 68 citoyens, qui réclament une somme de 22,000 livres à répartir entre eux. Ces citoyens ont été en activité de service depuis le 4 août jusqu’au 12 octobre dernier, époque à laquelle votre comité a cru devoir retirer à Maillard les pouvoirs dont il était investi; ceux des citoyens qui agissaient sous ses ordres, ont dû cesser leurs fonctions subal¬ ternes, mais comme ils ont perdu beaucoup de temps pour établir leur état de service, et faire arrêter leurs comptes, votre comité a pensé que quinze jours d’indemnité pouvaient être accordés à des hommes qui ont servi la République, et qui sont pour la plupart de bons pères de famille, bons citoyens, et tous vrais sans-culottes peu fortunés, comme le sont tous ceux qui sont sincèrement dévoués à la Répu¬ blique. Voici le projet de décret que je suis chargé de vous présenter au nom de votre Comité de sûreté générale. Ce décret est adopté. ( Suit le texte du décret que nous avons inséré ci-dessus, d’après le procès-verbal ). Un membre du comité d’instruction publique [Léonard Bourdon (1)1 propose le décret sui¬ vant, qui est adopté par la Convention. « La Convention nationale décrète que les numéros du R ecueü des actions héroïques et civiques des républicains français seront envoyés en placards et en cahiers aux municipalités, aux armées, aux Sociétés populaires et à toutes les écoles de la République; qu’ils seront lus publi¬ quement les jours de décades, et que les institu¬ teurs seront tenus de le faire apprendre à leurs élèves (2). » (1) D’après la minute du décret qui se trouve aux Archives nationales, carton G, .287 dossier 852. (2) Procès-verbaux de la Convention, t. 28, p. 282.