[Convention uationale.J ARCHIVES PARLEMENTAI RLÜ. j 4793 Compte rendu du Moniteur universel (1). Une députation se présente au nam des citoyens qui se trouvaient hier à l’ Opéra-Co¬ mique de la Tue Favart, à la première représen¬ tation d’une pièce patriotique, intitulée : la Veuve du républicain ou le Calomniateur, en 3 actes et en vers. Elle demande que cet ouvrage où l’instruction se trouve à côté du plaisir, et qui a réchauffé dans tous les cœurs l’amour de la liberté et la haine des rois, soit joué sur tous les théâtres de la République, et que la Convention décrète que son auteur, le citoyen Lesur, prêt à partir pour la première réquisition, a bien mérité de la patrie. Cette pétition est renvoyée au comité d’ins¬ truction publique. Des députés de la Commission révolutionnaire, établie à Metz par les représentants du peuple, font lecture à la Convention d’une adresse dans laquelle cette Commission rend compte de ses travaux et présente des mesures de salut public. L’Assemblée décrète la mention honorable et renvoie cette pétition au comité de Salut pu¬ blic (2). Compte rendu du Journal des Débats et des Décrets (3). On introduit deux membres de la commis¬ sion révolutionnaire établie à Metz par les (1) Moniteur universel [n° 65 du 5 frimaire an II (lundi 25 novembre 1793), p. 264, col. 2]. D’autre part, le Journal des Débats et des Décrets (frimaire an II, n° 432, p. 71), rend compte de la pétition des spectateurs de l’Onéra-Gomique dans les termes suivants : « Une députation des citoyens qui assistaient hier au théâtre de l’Opéra-Comique national, rue Favart, à la première représentation de l’ouvrage du ci¬ toyen Lesur, intitulé : La Veuve du Républicain ou le Calomniateur, vient prier la Convention de char¬ ger son comité d’instruction publique d’examiner cet ouvrage, et ils ne doutent pas qu’elle ne déclare que ce jeune artiste a bien mérité de la patrie par les principes de saine morale et d’énergie républi¬ caine qu’il a réunis dans cet ouvrage à l’agrément du style et à l’intérêt du sujet. « Ils demandent aussi que le comité d’instruction publique soit chargé d’examiner la question de sa¬ voir s’il ne serait pas utile au progrès de l’art et à la propagation des principes que cette pièce fût jouée sur tous les théâtres de la République. « La pétition est renvoyée au comité d’instruc¬ tion. » (2) Procès-verbaux de la Convention, t. 26, p. 139. (3) Journal des Débats et des Décrets (frimaire an II, n° 432, p. 71). D’autre part, les Annales patriotiques et littéraires [n° 328 du 5 frimaire an II (lundi 25 novembre 1793), p. 1520, col. 1] rendent compte de la pétition de la Commission révolution¬ naire de Metz dans les termes suivants : « Le comité révolutionnaire de la commune de Metz apporte à l’Assemblée le fruit de ses travaux pendant la dernière décade. « Nous ne venons pas, dit l’orateur, vous demander des grains; nous sau¬ rons en trouver pour alimenter nos concitoyens et nos soldats. Nous avons pris quelques arrêtés que nous désirons voir généraliser par un décret. » (Vifs applaudissements; honneurs de la séance .) représentants du peuple près l’armée do ht-Moselle. Ils soumettent à la Convention le résultat des* opérations de la commission depuis sa création. Elle a fait payer aux riches l’indemnité dé¬ crétée en faveur des femmes, des veuves et des¬ pères et mères des défenseurs de la République� Des dépôts d’infanterie, des escadrons de cavalerie restaient dans l’inaction, sous le pré¬ texte qu’ils n’étaient pas équipés. La commis¬ sion les arme, les équipe et les envoie au-devant de l’ennemi. Des gens justement suspects étaient incar¬ cérés, mais, du fond de leurs cachots, ils cons¬ piraient encore. La commission les a renvoyés devant le tribunal révolutionnaire. Ils seront jugés. La malveillance, toujours active, semait la-défiance, et le fermier -égoïste refusait d’appro¬ visionner les marchés. La commission a fait marcher l’armée révolutionnaire; les malveil¬ lants ont payé de leur tête leurs perfidies, et l’abondance a reparu. Des intrigants s’étaient un moment emparés du pouvoir révolutionnaire; ils destituaient et incarcéraient les patriotes; la commission s’est montrée ; les patriotes ont été mis en liberté,, et l’ aristocratie, encore humiliée, est rentrée dans le néant. La commission surveille toutes les adminis¬ trations, fait punir les dilapidateurs, les acca¬ pareurs, les agioteurs, tous les ennemis du peuple. Elle a mis la terreur à l’ordre du jour dans le département de la Moselle. Le mouve¬ ment est rendu aux armées; le commerce, dé¬ gagé de toutes les entraves de l’ agiotage, a repris son cours. « Elle a des ennemis, de nom¬ breux ennemis, dit en terminant l’orateur;; citoyens, je ne vous ferai pas d’antre apologie dé ses opérations. » L'orateur demande le renvoi du procès-verbal qu’il vient de lire, à l’un des comités de la Convention, qui sera chargé d’examiner s’il serait ou non utile d’étendre ces mesures à. toutes les parties de la République, ou au moins à toutes, les frontières, en y créant de pareilles commissions, sous la surveillance de représen¬ tants du peuple, patriotes purs et énergiques. La Convention, par l’organe du Président, applaudit à l’énergie des mesures prises par la commission révolutionnaire de Metz et en renvoie l’examen au comité de Salut public. On donne lecture à l’Assemblée de l’état et du nombre des détenus, dans les différentes mai¬ sons d’arrêt du département de Paris, qui se monte à 3,370 (1). Suit la lettre des administrateurs du départe¬ ment de police (2). « Commune de Paris, le 4 frimaire de l’an II de la République une et indivisible. « Citoyen Président, « Les administrateurs du département de police nous font passer le total journalier des-(!) Procès-verbaux de la Convention, t. 26, p. 1 39. (2) Archives nationales, carton C 284, dossier 819.- ARCHIVES PARLEMENTAIRES. I £ iWnwïre «n » ( 24 novembre 1793 58 [Convention nationale.] détenus dans les maisons de justice, d’arrêt et de détention, du département de Paris, à l’époque du 3 dudit. Parmi les individus qui y sont renfermés, il y en a qui sont prévenus de fabrication ou distribution de faux assignats; assassinats, contre-révolution, délits de police municipale, correctionnelle, militaire et d’autres pour délits légers. « Conciergerie ....... .............. 512 « Grande-Force ................... 557 « Petite-Force ..................... 261 « Sainte-Pélagie ................... 288 « Madelonnettes ................... 264 « Abbaye (y compris 16 militaires et 5 otages) ........................... 122 « Bicêtre .......................... 554 « A la Salpêtrière ................. 366 « Chambres d’arrêt, à la mairie ..... 80 « Luxembourg .................... 366 ..Total ................... 3.370 « Certifié conforme aux feuilles journalières à nous remises par les concierges des maisons de justice et d’arrêt du département de Paris. « Huissée; D.-E. Laurent. » La Société républicaine de Mugron exprime à la Convention nationale, à la Montagne, sa recon¬ naissance pour ses travaux et son énergie; elle l’invite à rester à son poste, et lui déclare que de six députés que le département a envoyés, trois seulement sont dignes de sa confiance, et que les trois autres, Saurine, Cadroy et Lefranc, doivent être remplacés comme indignes du grand caractère dont ils sont revêtus. Mention honorable, insertion au « Bulletin » (1). Suit la lettre de la Société républicaine de Mugron (2). La Société républicaine de Mugron, à la Con¬ vention nationale. « Mugron, le 16e jour du 2e mois de l’an II de la République française, une et indi¬ visible. « Citoyens représentants, « Un cri unanime retentit dans la Républi¬ que : La Montagne a sauvé la patrie. « Qu’ils sont chers à nos coeurs ces fidèles montagnards, qui ont eu le courage de résister A la perfidie des complots liberticides, la force de les déjouer, et la fermeté de les punir. « Mais combien la lâcheté de leurs collègues qui ont abandonné la Montagne n’excite-t-elle pas notre indignation? Trop long-temps ils ont occupé une place suspensive entre les regrets du trône et la marche de-la liberté; trop long¬ temps ils ont protégé le système contre-révo¬ lutionnaire des fédéralistes. « Le génie tutélaire de la patrie veillait à sa conservation, il résidait à la Montagne, c’est d’elle qu’ont jailli ces rayons d’une lumière pure qui ont dissipé la ténébreuse noirceur des tra¬ hisons; c’est de son sein qu’est sortie la Cons¬ titution qui fixe à jamais les droits de l’homme libre. « Représentants, nous ne formons qu’un point dans la République, notre fidélité aux principes, notre amour ardent de la liberté, pourront seuls fixer vos regards. Nous ne résis¬ terons plus au besoin de manifester l’exécra¬ tion que nous avons vouée à la faction scélérate dont les débris siègent encore dans votre as¬ semblée. « Notre département a nommé six représen¬ tants, les trois (sic) sont Darfigœyte, Dizès et Ducos, il nous sont chers, ils ont bien mérité de la patrie. Dartigœyle est de Mugron, son dévouement à la cause du peuple, son énergie pour la liberté prouvent que le vrai patrio¬ tisme n’est pas étranger parmi nous. « Mais nos trois autres députés : Saurine, Cadroy, Lefranc, ont plus ou moins adopté le . système des traîtres, ils sont indignes de repré¬ senter le peuple puisqu’ils ont abandonné sa cause, nous demandons qu’ils soient remplacés. « Pour vous, mandataires fidèles, francs mon¬ tagnards, qui avez sauvé la patrie, achevez cet ouvrage auguste, digne de vos efforts, et ne quittez votre poste qu’ après avoir assuré le règne de la liberté. « Châtelet, président; Fossatre, secrétaire. » Le citoyen Ducla, de La Réole, fait don à la patrie, pendant la durée de la guerre, de la moitié de la pension qu’il a obtenue pour prix de ses services, à compter du 1er juillet dernier. Mention honorable, insertion au « Bulletin » (1). Suit la lettre du citoyen Ducla (2). A la Convention nationale. ■x Citoyen Président, « Un vieux militaire, qui servit sous l’ancien régime 22 ans, en qualité de soldat et autant en celle d’officier, qui obtint, après 40 ans, la décoration du despotisme, vient vous prier de la recevoir, non comme un sacrifice, mais bien comme un hommage qu’il rend aux bien¬ faisantes lois de la liberté et de l’égalité. « Ma vieillesse, citoyen Président, ne me per¬ met plus de secourir la patrie de mes bras, mais mon cœur lui est toujours resté dévoué, et c’est pour lui en donner une preuve certaine que je prends la liberté de vous prier de faire agréer à la Convention nationale la moitié de la pen¬ sion que m’a accordée la nation. J’en fais vo¬ lontiers le sacrifice pendant la durée de la guerre, à compter du premier trimestre de juillet der-(1) Procès-verbaux de la Convention, t. 26, p. 139. {2} Archives nationales , carton G 285, dossier 828. (1) Procès-verbaux de la Convention, t. 26, p. 139. (2) Archives nationales, carton C 283, dossier 805.