104 ARCHIVES PARLEMENTAIRES - CONVENTION NATIONALE nouveau despote, la République périrait et avec elle cinq années des plus incroyables travaux, dont jamais aucun peuple aye pû s’honorer. Reprenez pour toujours, citoyens représen-tans, cette attitude imposante, qui, par son seul aspect, a tant de fois terrassé les ennemis du peuple français. On ose, autour de vous mettre en question si la massue d’Hercule doit continuer la destruction des monstres qui infestent la terre de la liberté ! Réclamés le grand ordre du jour, et que le gouvernement de la France soit révolutionnaire jusqu’à la paix. Organisez une police sévère ; que la rigueur des loix se déployé contre nos ennemis intérieurs ; que la force nationale porte sur eux, autant que sur les esclaves des despotes, la terreur, l’épouvante et la mort. Invités tous les amis de la liberté à dispa-raitre de ces grouppes contrerévolutionnaires, où l’on ose proposer l’anéantissement de la République et le retour du despotisme; et bientôt, composés des seuls ennemis du peuple, ces grouppes exécrables seront démasqués à ses yeux, et il sera garanti des fers qu’on lui propose avec impunité. Rappelez-vous, citoyens représentans, cette nuit mémorable, où votre courage au-dessus de tout éloge abbatit le dernier tiran et ses infâmes complices; sans votre union énergique, nous n’aurions plus de patrie; un tigre altéré de sang vous aurait dévorés, et notre ruine entière eut été le funeste résultat de sa rage. Que la même unité d’opinion, que les mêmes sentiments d’amour pour le peuple, soient toujours les seuls mobiles de vos délibérations. Ne permettez pas qu’il soit porté la moindre atteinte aux bases sacrées de la liberté ; ralliez vous autour de l’autel de la Patrie, nous envelopperons votre faisceau d’une barrière impénétrable. Depuis la Révolution, notre heureuse commune n’a eu à se plaindre du joug d’aucune ti-rannie ; tous les représentans qu’elle a reçu dans son sein, l’ont aimée, et en ont été chéris ; l’union la plus intime règne constamment dans nos murs; nous n’avons qu’un esprit, qu’un même vœu, la prospérité de la République, l’exécution des loix qui émanent de la Convention nationale, la haine des tirans, et l’anéantissement des ennemis de notre liberté : c’est avec ces dispositions, que nous vous invitons, au nom de la Patrie, à demeurer à votre poste; nous sacrifierons tout et jusqu’à la dernière goûte de notre sang pour vous y maintenir. Salut et fraternité. Les membres composant la société populaire d’Abbeville Coulombel, président, Desouffen, Sarrazin, secrétaires. 9 L’agent national du district de Bruyères, département des Vosges, annonce que, dans le cours de la seconde décade de fructidor, quelques lots de biens d’émigrés, estimés 16 709 L 10 s, se sont vendus 81 435 L. Insertion au bulletin, et renvoi au comité des Finances (12). 10 L’agent national du district de Dourdan [Seine-et-Oise] rend compte qu'un domaine national, composé de 29 arpens 68 perches et demie divisé en 25 parties, a été vendu, le 17 fructidor, 36 585 L, sur une estimation de 14 597 L 5 s. Insertion au bulletin, et renvoi au comité des Finances (13). 11 La société populaire de Vannes, département du Morbihan, transmet à la Convention nationale un trait d’héroïsme qui restoit ignoré, mais qui mérite l’estime des républicains par sa publicité. Le citoyen Falaise, aide-garde magasin des subsistances militaires du canton de Vannes, reçut le 2 frimaire dernier, ordre de se rendre à Hennebon avec une voiture de vivres pour le cantonnement et les postes : fait prisonnier la nuit suivante par les brigands qui s’en emparèrent, il n’est sorte de mauvais traitemens qu’il n’ait essuyés de la part de ces scélérats qui vouloient lui faire crier vive le roi; ils portèrent même les tentatives jusqu’à lui mettre le sabre nud sous la gorge : mais, ce citoyen sut mépriser la mort plutôt que de souiller sa bouche par un mot qui servoit de cri de ralliement à des traîtres. Elle ajoute que le désintéressement du citoyen Falaise égale son républicanisme : pillé par les brigands, il avoit réclamé de l’administration, conjointement avec le citoyen Fage, propriétaire des chevaux, les indemnités accordées par la loi ; mais ils en ont fait don à la République, le 12 pluviôse dernier. Mention honorable, insertion au bulletin, et renvoi au comité d’instruction publique (14). 12 La société populaire de Cyprien-sur-Dordogne [ci-devant Saint-Cyprien, Dordogne], district de Sarlat, félicite la (12) P.V., XL VI, 127. Bull., 8 vend. (13) P.V., XLVI, 127. Bull., 8 vend. (14) P. V., XLVI, 128. Bull., 7 vend.; Moniteur, XXII, 93; C. Eg., n” 772; J. Fr., n" 733; M. U., XLIV, 106. SÉANCE DU 7 VENDÉMIAIRE AN III (28 SEPTEMBRE 1794) - Nos 13-14 105 Convention nationale sur l’énergie avec laquelle elle a écrasé tant de fois les factieux, et particulièrement Robespierre et ses complices ; l’invite à rester à son poste et à élever l’édifice majestueux de la liberté, de manière que l’homme libre marche désormais avec assurance sous l’égide des lois : ce sont, dit-elle, les vœux d'une commune sans tache, dont le cri de ralliement a toujours été la Convention : ses dons immenses en bas, en souliers ; une jeunesse nombreuse, prise dans son sein, est au poste de la gloire; 24 volontaires armés à ses frais, attestent sa haine pour les tyrans et son zèle pour le maintien de la liberté. Cette société offre encore à la patrie deux cavaliers jacobins qui partent pour les frontières. L’atelier de salpêtre, qui est en activité depuis environ deux mois, a déjà fourni 360 livres, elle compte en fournir environ 130 par décade. Mention honorable, insertion au bulletin (15). [La société populaire de Cyprien-sur-Dordogne à la Convention nationale, s. d.] (16) Représentans du Peuple françois. La souveraineté nationale s’est assise sur cette Montagne sacrée au sein de laquelle se prépare la foudre populaire qui a écrasé tant de fois les factieux et les tirans : la chute du dernier despote de la France y fut proclamée, et à l’instant dans tout l’empire retentirent ces paroles de paix : aujourd’huy commence le règne de la raison, des lois et de l’égalité. Après la chute du tiran, le démon de l’intrigue a voulu saisir le sceptre de fer; le chef des factieux s’élançoit déjà de fureur et de rage ! Représentans du peuple françois vous vous êtes levés et il a disparu de la terre... Restés inébranlables à votre poste, vous avez posé les fondemens de la liberté, que l’édifice s’élève, qu’il s’agrandisse aussi majestueux au dehors que simple et régulier en dedans, et que l’homme fibre marche désormais avec assurance sur une terre fibre. Ce sont les vœux d’une commune vierge et sans tache dont le cri de rafi-ment a toujours été la Convention; ses dons immenses en bas et en souliers, une jeunesse nombreuse prise de son sein au poste de l’hon-neur et de la gloire, vingt quatre volontaires armés à ses frais, attestent sa haine contre les tirans, son énergie et son zèle ardent pour le maintien des loix et de l’égalité. La société populaire de Cyprien-sur-Dor-dogne offre encore à la Patrie deux cavaliers jacobins, ils partent pour les frontières et nous aussi voulons avoir nos Mutius Scevola à la tente des tyrans. (15) P.-V., XLVI, 128-129. Mention du don, Bull., 10 vend. (suppl.); Bull., 13 vend, (suppl.). (16) C 321, pl. 1350, p. 5. L’attefier de salpêtre qui est en activité depuis environ deux mois, a déjà foumy, et envoyé à l’administration du district de Sarlat trois quinteaux soixante livres de salpêtre d’une qualité supérieure : et nous croyons pouvoir en fournir environ 130 livres par décade. Delalin, président, Delpech, Grafsille, secrétaires. 13 La société populaire des sans-culottes d’Exideuil [Dordogne] félicite la Convention nationale sur ses travaux, singulièrement sur la destruction du fanatisme et des préjugés de la superstition, et sur le calendrier républicain; elle lui représente que le peuple français, qui déjà ne voit plus de dimanches, ni fêtes, et ne reconnoit pour ses jours de repos que les décadis et les fêtes nationales, est jaloux de voir anéantir tout ce qui peut lui rappeler l’ancienne indiction des temps; en conséquence elle demande que les assemblées des citoyens ne soient plus fixées à des jours qui correspondent à l’ancien calendrier, et qu'à cet effet les foires et marchés ; les jours de départ et d’arrivée des messageries et des courriers des postes, soient fixés suivant l’annuaire républicain : elle attibue aux manœuvres de Robespierre le retard de cette nouvelle organisation des postes et messageries; elle termine par inviter la Convention à rester à son poste jusqu’à ce qu’elle ait assuré le bonheur des Français. Mention honorable, insertion au bulletin, renvoi au comité d’instruction publique, pour faire un rapport très promptement (17). 14 L'agent national du district d’Auch, département du Gers, informe la Convention nationale que, jusqu’au 30 thermidor, il a été vendu, dans ce district, pour 1 615 923 L de biens d’émigrés, estimés 777 973 L 12 s; que 85 quintaux de salpêtre y ont été fabriqués, et qu’il a été trouvé dans deux maisons de ci-devant nobles, détenus, 184 marcs une once 9 gros d’argenterie cachée, qui a été déposée chez le receveur du district. Insertion au bulletin, et renvoi au comité des Finances (18). (17) P.-V., XLVI, 129. Bull., 13 vend, (suppl.). (18) P.-V., XLVI, 129-130. Bull., 8 vend.; Bull., 10 vend. (suppl.).