86 ARCHIVES PARLEMENTAIRES - CONVENTION NATIONALE tié et de reconnaissance que leur inspire votre amour à soutenir les droits du Peuple. Oui ! Législateurs, nous avons entendu au midi le décret vigoureux que vous avez lancé contre les tyrans du nord; les échos de nos montagnes ont répété cet acte de la volonté nationale : Madrid en a tremblé, et nous nous sommes réjouis par une fête civique du nouvel éclat de grandeur que vous venez de donner à la République française. Frappez, exterminez les Rois, point de traité avec eux; que la trompette républicaine sonne partout l’heure de la liberté; qu’elle apprenne aux tyrans de la terre que les Français sont républicains, et avant peu vous les verrez tous prosternés à vos pieds. Quant à nous jurons de nouveau de vous aider de toutes nos forces à achever le sublime ouvrage que vous avez commencé. Tel est notre serment, nous le maintiendrons jusqu’à la mort. Vive la République ! vive la Convention ! Victor (président), Comera, Torne (secrétaires). c [Les commis de l’administration du directoire du district de Doubs-Marat, ci-devant Saint-Hyppolyte, Doubs, à la Convention nationale, le 21 thermidor an 77] (4) Paix au peuple, mort aux tyrans Nous avons vu avec la plus grande douleur que des membres, abusant de la vertu du peuple et de son amour pour la Liberté, avaient pris le masque du patriotisme et emprunté son langage pour l’asservir. Les conspirateurs, les intrigans, le crime enfin était ralié autour des républicains; ils ont cru ce moment propice pour élever une tête altière. Vous avez parlé, dignes repré-sentans, et aussitôt le tiran et ses complices sont rentrés dans la poussière. Continuez, re-présentans, vos glorieux travaux, votre courage vous rend digne gouverneur d’un peuple libre qui vous doit son bonheur et son existence. Nous, de notre côté, nous ne cesserons pas un moment de surveiller ceux qui croyent anéantir votre ouvrage, nous les dénoncerons aux tribunaux afin que les têtes des coupables tombent sous le glaive vengeur des Loix. Salut et fraternité. Jeannin (secrétaire), (et 13 signatures). d [Le président du tribunal de Commerce de Marseille. Bouches-du-Rhône, fait passer au président de la Convention nationale, l’adresse des juges de ce tribunal à la Convention, le 27 thermidor an II] (5) (4) C 320, pl. 1313, p. 50. (5) C 319, pl. 1304, p. 7. Bull., 13 fruct. (suppl.). Egalité, Liberté. Citoyens représentans Vous avez fixé la destinée d’une grande nation. Les tyrans effrayés ne sont réunis que pour laisser à la postérité l’histoire de leur foiblesse et de leurs crimes, celle de la grandeur, de la force et de la justice du peuple français. En vain dans leur rage et dans leur désespoir, ont-ils secoué le flambeau de la discorde. Le Peuple à qui vous avez imprimé ce sentiment sublime de la Liberté et de l’Egalité, a fait servir leurs vains efforts à l’affermissement de la République; c’est en se jouant des orages qu’ils ont suscité, que l’arbre de la Liberté, planté sur la Montagne sainte, a poussé des racines, qui en assurent la durée, et des rameaux qui portent au loin son ombre salutaire. Sous des dehors trompeurs, des hypocrites ont essayé de détruire votre ouvrage. Ils ont prononcé le mot de Vertu, quand le crime remplissait leur âme, celui de Liberté, quand ils forgeaient des fers à leur Patrie, celui d’Egalité quand un fol orgeuil la leur rendoit insupportable, celui de Justice quand ils vouloient faire servir les Loix à satisfaire leur haine ou leur vengeance. Votre vigilance a démasqué les traîtres, votre fermeté, votre courage ont rendu leurs efforts impuissants. La justice nationale les a frappés. Recevez, Représentans, l’assurance de nos sollicitudes pour les dangers que vous avez couru et l’hommage de notre reconnaissance; vous avez encore une fois sauvé la Patrie. Vive la République, vive la Montagne, périssent les tyrans et les conspirateurs. Reynaud, Fournier, Jacques Ricord, Olive cadet. e [Les officiers de santé, employés à l’hôpital de Clermont, Oise, à la Convention nationale, le 23 thermidor an II] (6) Représentans Nous nous sommes déjà réunis aux citoyens de cette commune pour payer le tribut de reconnaissance dû à la sagesse et à l’énergie que vous venez de déployer; aujourd’huy en vous émettant de nouveau notre vœu nous adressons en même tems les sentimens de nos frères d’armes confiés à nos soins, tous ces jours en étanchant le sang de leurs blessures, nous voyons combien ils partagent avec nous l’entousiasme que nous inspirent vos augustes travaux, animés par une juste confiance et par l’amour de la patrie ils l’ont tous juré, ils rentreront encore dans la carrière de la gloire, ils reporteront encore dans les champs de la guerre leurs membres déjà mutilés, et tant qu’une goutte de sang enflamera leurs cœurs belliqueux, comme nous ils l’épandront pour la liberté, comme nous ils la feront couler pour la Convention nationale. (6) C 320, pl. 1313, p. 58. SÉANCE DU 13 FRUCTIDOR AN II (30 AOÛT 1794) - N° 1 87 Dignes représentans d’un peuple libre, le génie de la liberté a-t-il donc armé vos mains de la foudre, où sont-ils ces titans orgueilleux qui s’élevaient contre vous et contre la liberté. Comme à votre voix ils sont rentrés dans le néant, vous avez frappé de mort l’ancien tiran, vous avez frappé de mort l’ydre aux cent têtes, vous avez frappé de mort les Danton, les Chaumette, les Hébert, par un seul et dernier coup, vous avez encore frappé de mort et cette commune insolente qui affectoit une suprématie tyrannique et ce faux proclamateur de la morale, ce Catilina qui avait la vertu sur les lèvres et dont le cœur était le tabernacle du vice. Poursuivez, dignes représentans, conduisez toujours d’une main puissante le vaisseau de l’Etat à travers les syrtes d’une république naissante, que par vous les trônes sappés s’écroulent avec fracas, que l’orgueilleuse Albion courbe sous le joug sa tête abhorée et que la nature française resplendisse d’une gloire éternelle, un peuple immense vous bénit et l’immortalité vous attend. Suivent les signatures des officiers de santé et des blessés. (une demi-page de signatures). Par un mal entendu, l’adresse du jour d’hier n’ayant pas été revêtu de toutes les signatures des officiers de santé ainsi qu’il avait été arrêté, nous vous prions dignes représentans d’agréer celle-cy comme suplément et remplissant l’intention de tous. f [La société populaire de Gamarde, département des Landes à la Convention nationale, s. d.] (7) Représentans du Peuple La société populaire de Gamarde a vivement senti les dangers qui menacèrent la Convention la nuit du 9 thermidor. Elle vient la féliciter de l’attitude ferme et imposante qu’elle a conservé dans ce moment de crise, et joindre ses ap-plaudissemens et sa joie, aux témoignages de reconnaissance et d’affection, qui lui parviennent de tous les points de la république. Un scélérat, un monstre d’ambition, soutenu par quelques lâches intrigans, préparait la plus affreuse des tyrannies, sous le masque d’une austère vertu, qui séduisit pour un instant. L’astucieux Robespierre cimentait du sang de tout ce qui pouvait le contrarier, les fondemens d’un triumvirat, dont la pierre angulaire était dans l’âme perverse de tous les êtres ignorans ou immoraux, qui devenaient ses satellites. La victoire fixée de toutes parts sous les drapeaux de la République, les trônes de l’univers ébranlés par les succès des armées françaises, n’ont pu faire avorter dans son âme, le projet inoui d’en élever un, dont les marches devaient être sans doute les cadavres de tous les républicains français. (7) C 318, pl. 1292, p. 25. Bull., 13 fruct. (suppl.). Un seul regard de la liberté, votre intrépidité soutenue, ont fait rentrer dans le néant les triumvirs orgueilleux et leurs féroces complices. Représentans, vous avez mis la Justice à l’ordre du jour: vos sages décrets nous assurent que ce ne sera pas en vain. Robespierre et ses sicaires ont payé sur l’échafaud la peine due à leur projet parricide. Périssent ainsi tous les fripons qui oseraient encore les imiter. L’arbre de la Liberté rajeunit... il fructifie, et semble rappeler sous son ombrage tous les vrais républicains, divisés par ces féroces désorgani-sateurs. Le Républicain qui, bravant les menaces et les coups des factieux, saisit et traduisit le scélérat Hanriot, a tout droit à la reconnaissance nationale. Une souscription spontanément ouverte en sa faveur, a produit une somme de six cent quatre livres. Qu’il ne croie pas, ce généreux Républicain, que la société de Gamarde prétende par ce don s’acquitter à son égard. Les services rendus à la patrie sont impayables; mais aussi qu’il apprenne de vous que refuser, serait offenser sa sensibilité. Le bureau faisant pour la société populaire de Gamarde. Feigna (président), Laban, Lafitte (secrétaires). 2 La société populaire de Chomérac applaudit aux triomphes des armées de la République; elle envoie les détails d’une fête civique à ce sujet, et invite la Convention à rester à son poste. Mention honorable, insertion au bulletin (8). [La société populaire de Chomérac, chef-lieu de canton, département de l’Ardèche, à la Convention nationale, s.d] (9) Représentans Les victoires continuelles, que nos armées réunies ne cessent de remporter sur les despotes coalisés, ont excité parmi nous les plus vifs transports de joye. Nous venons de célébrer une fête civique en l’honneur de tous ses généreux avantages; la garde nationale de cette petite citté, et les authorités constituées se sont réunies sous l’arbre de la Liberté; une simphonie champêtre a fait retentir les airs de chants guerriers et républiquains, les cris redoublés de vive la République, vive la Montagne, et mort aux tyrans, y ont été multipliés. Un discours énergique et républiquain a été prononcé par l’agent national de cette comune. Représentans, c’est au milieu des victoires que le peuple doit s’occuper à rendre des actions de grâce à vos sublimes travaux; que l’enthousiasme de l’amour de la patrie, et la hayne des (8) P. V., XLIV, 216. (9) C 320, pl. 1313, p. 57.