376 ARCHIVES PARLEMENTAIRES - CONVENTION NATIONALE Citoyens représentants, Nous venons de recevoir votre adresse au peuple français, elle nous a rempli de la plus vive satisfaction et nous nous empressons de vous en offrir les témoignages. Nous n’avons pu entendre sans être pénétrés de reconnaissance, les principes sacrés qu’elle contient, et les intentions bien prononcées que vous y manifestez pour le bonheur et la gloire de la République. Les sentiments qu’elle exprime étoient depuis longtemps dans les cœurs des bons citoyens et des braves patriotes, mais ils étoient étouffés: un sistème affreux les comprimoit et les empê-choit de se produire. Grâces vous soient rendues, citoyens représentants, de leur avoir donné l’essor, et d’avoir par votre courage et votre énergie, rendu au peuple français ses droits et sa dignité. Vous avez terrassé la thiranie nouvelle qui dominoit insolemment la nation. Continués d’une main ferme à abbattre les restes, et a rem-' placer par le règne de la justice et de l’humanité, le sistème infâme et destructeur qui a duré trop longtemps. Fermés l’oreille aux cris perfides et hypocrites des intrigans, qui sous le masque du patriotisme ne cherchent qu’à satisfaire leur intérest ou leurs ambitions. N’ajoutés aucune foi à ses phrases ampoullées et rebattues, que le modérantisme lève une tête audacieuse, et que les patriotes sont opprimés : rien n’est plus faux. Ce qui y a de vrai est que tous les citoyens honnêtes et tous les patriotes sincères et tranquilles, se réjouissent de voir fuir l’oppression sous laquelle ils gémissoient, et de pouvoir enfin respirer librement. Ce qu’il y a de vrai, c’est que les législateurs, que le mot de justice effraye ceux pour qui le trouble est un besoin, et craignent le retour des principes, et employent tous les moyens possibles pour l’éloigner. Ce qu’il y a de vrai, c’est que les dominateurs voyent avec peine l’authorité s’échapper de leurs mains, desvient se perpétuer le sistème de la terreur. C’est qu’aujourd’hui, ils se croyent opprimés parce qu’ils n’oppriment plus, et qu’à leurs yeux, c’est une tête audacieuse et rebelle que ne plus la tenir courbée sous leur joug. Nous espérons avec confiance qu’un ordre des choses aussi avillissant disparoîtra sans retour. Les principes que vous venés de manifester nous en donnent l’assurance. Et nous avons applaudi de grands coups à l’engagement que vous prenez de maintenir le gouvernement révolutionnaire, dégagé des vexations et des iniquités dont il a été le prétexte ; de frapper le crime et d’épargner l’erreur ; de faire régner la justice et d’écouter attentivement toutes les réclamations ; mais de faire taire toutes les voix qui parleroient plus haut que la représentation nationale. Quand à nous, pour répondre à cet engagement sacré, nous jurons d’être constamment fidelle à la cause de la liberté et de l’égahté, à l’unité et l’indivisibilité de la République, ainsi qu’à la Convention, d’obéir ponctuellement à ses décrets, de les faire exécuter et de ne reconnoître aucune autre autorité que la sienne. Tels sont et ont toujours été nos sentimens et ceux du canton de Talmay. Telle est aussi notre réponse à une dénonciation qui vient d’être faite contre nous à la société populaire de Dijon, par le citoyen Disson, qui nous a traité d’aristocrates ou de fanatiques, et qui a cherché à compromettre plusieurs citoyens honnêtes et bons patriotes, qu’il a spécialement désignés. Mais la société éclairée par la discussion a bientôt reconnu que le canton de Talmay étoit absolument sans reproches à cet égard; qu’il avoit toujours ponctuellement exécuté les lois et même qu’il avoit rendu dans tous les temps à la commune de Dijon, tous les services qui avaoient été en son pouvoir. Aussi s’est-elle empressée de passer à l’ordre du jour et de faire justice de la motion calomnieuse d’un homme qui ne voit partout que des gens suspects, qui s’est montré partisan déclaré du sistème de terreur, et que les dénonciations continuelles ont semé la division entre les citoyens de la commune de Talmay. Champion, maire, Gausserot, Billotet, Trillet, Decoton, officiers municipaux, Marguillers, greffier et 39 autres signatures. f [Les amis de la Constitution de 93 séant à Cas-telmoron à la Convention nationale, Castelmo-ron, le 21 brumaire an III\ (24) Salut, respect et attachement inviolable. Au milieu des félicitations qui vous parviennent de toutes parts, recevez aussi les nôtres. Pères de la Patrie! continuez à méritter par votre sagesse et votre énergie les bénédictions d’un peuple immense qui vous doit sa liberté, et qui attend de vous le complément de son bonheur. Après avoir raffermi l’empire de la liberté et de l'égalité par le supplice des triumvirs, il finira de la consolider par l’anéantissement de tous leurs satellites, car il ne faut pas se le dissimuler, Robespierre, cet infâme conspirateur n’est plus, nous le savons, mais combien d’hommes aussi corrompus que lui, qui souillent encore la terre de la liberté. Nous vous en conjurons donc, législateurs, finissez d’écraser d’un bras vigoureux tous ces hommes atroces, qui voulaient nous conduire par le sommeil de la mort à la plus affreuse tirannie. Pendant une année, nous avons été les tristes jouets de ces cannibales qui, couverts d’un masque où l’hypocrisie avait gravé les traits de la vertu et du patriotisme, exerçaient sur tous les vrais patriotes les vexations les plus criantes. Partout on voyait la calomnie qui cherchait à flétrir l’innocence pour la perdre plus sûrement. Pendant la durée de ces jours d’horreur, la terreur avait tellement comprimé toutes les âmes qu’on voyait les fripons, les dilapidateurs (24) C 328 (2), pl. 1458, p. 30. SÉANCE DU 12 FRIMAIRE AN III (2 DÉCEMBRE 1794) - N° 7 377 de la fortune publique, exercer hautement les plus odieux brigandages.... Mais oublions nos maux passés, pour nous livrer à la douce espérance qui luit à nos yeux. C’en est fait, un jour plus pur pour éclairer la France régénérée ; les brouillards épais qui l’offusquaient se sont dis-sippés à l’aspect brillant de la vérité. Les charlatans en patriotisme sont renversés de dessus leurs tréteaux, les tyrans et la tyrannaux sont aux abois; et grâce vous soit rendue, législateurs, du milieu des tous ces débris, on voit la République s’élever plus pure, plus sublime, comme cet oiseau de la fable qui offre de plus ravissantes couleurs en renaissant, à attendre qu’il s’élève au dessus du bûcher qui l’avait condamné. Représentans d’un grand peuple, soyez fermes et inébranlables dans les principes sacrés que vous avez si bien développés dans votre adresse au peuple français. Ce monument de vos vertus, le sera aussi de notre bonheur. Nous adhérons avec joye à des principes qui sont les nôtres ; et nous mourrons s’il le faut pour les faire triompher. Nous vous invitons à fermer les oreilles aux cris séditieux des désorganisateurs qui, réduits au désespoir de voir disparaître à jamais l’anarchie et le désordre, si favorables à leurs desseins criminels, disent que l’aristocratie lève la tête, et font encore dans leur agonie des efforts pour faire revivre ce système barbare de terreur, inventé par les contre-révolutionnaires. Non, l’aristocratie ensevelie sous les débris de l’édifice gothique des préjugés et de la royauté ne fait point mine de disparaître ; d’ailleurs nous sommes là pour la renverser si elle osait se relever. Taisez vous donc vils calomniateurs, ou si la calomnie est pour vous un besoin, si elle vous console de vos revers ; si les cris de votre haine et de votre vanité trompée sont une capitulation que la vertu doit vous payer. Calomniez : le courage des patriotes redoublera ; peut-être si vous les aviez loués, la France serait perdu. Pour nous qui ne voulons que le plus grand bonheur de notre pays, nous vous déclarons, législateurs, que nous abhorrons le terrorisme et ses partisans, comme subversif de tout gouvernement libre. La terreur n’est propre qu’à faire des esclaves, c’est l’aliment du despotisme, comme au contraire la justice, l’humanité et la vertu sont la vraie nourriture des républiques. Restez à votre poste jusqu’à ce que la République débarrassée de toutes les entraves élèvera sa tête triomphante au milieu de l’univers. Conservez le gouvernement révolutionnaire dépouillé de tout ce qui pourrait encore prêter à l’arbitraire, et favoriser la tyrannie. N’élevez aux places qui des hommes purs, d’une probité reconnue, pleins de moralité. Chassez tous les intri-gans qui sont autant de vampires propres à ruiner la République. Proclamez au plutôt le droit faisant de la liberté de la presse. Et nous, nous jurons fidélité éternelle à la Convention nationale. Nous promettons de respecter et d’obéir à tous les décrets, de lui faire un rempart de nos corps, et de lui prêter secours s’il est nécessaire, pour écraser toute fraction du peuple qui oserait l’entraver dans sa marche fière et rapide, et qui prétendrait rivaliser avec elle. La Convention nationale étant le seul point de réunion où tous les français doivent aboutir. Voila, citoyens, représentans, nos sermens, et soyez persuadés que nous saurons les tenir. Salut et fraternité. Suivent 35 signatures. 7 Le corps municipal de la commune de Belley, département de l’Ain, invite la Convention nationale à rester à son poste jusqu’à ce que la liberté, majestueuse et fière, ne trouve plus dans l’univers que des admirateurs, et dans la République des amis sincères, qui sachent en connoître et en apprécier les droits ; ils adressent en même temps l’extrait du procès-verbal de la fête qui a été célébrée dans cette commune en l’honneur des glorieuses victoires remportées par les héros républicains sur les satellites des tyrans. Mention honorable, insertion au bulletin (25). [Le corps municipal de la commune de Belley à la Convention nationale, Belley, le 23 brumaire an III\ (26) Représentants, Le juste enthousiasme que doivent exiter et le triomphe de nos armées de terre et de mer, et les mesures sages et énergiques que nous ne cessez de prendre pour leur en assurer toujours des nouveaux, a devancé dans l’âme républicaine de nos concitoyens, l’expression de la reconnois-sance universelle déterminée par vos décrets des 3 et 7 vendémiaire. Nous vous adressons l’extrait du procès verbal de la fete qui a été célébrée dans cette commune à cette glorieuse occasion, et vous y verrez sans doute avec quelque satisfaction que nos conceptions dans la manière de rendre au courage de nos jeunes héros un hommage digne de lui, ils sont accordés en tout point au plan que vous avez conçu vous-mêmes. Nous nous flattons que dans cette heureuse simpathie de nos actions, vous verrez aussi celle de nos sentimens, et une preuve de notre attachement sincère et immuable aux vrais principes républicains que vous venez de développer avec tant d’énergie dans votre adresse au peuple. Courage, braves républicains, restez à votre poste jusqu’à ce que la liberté majestueuse et fière ne trouve plus dans l’univers que des admirateurs et dans la République que des amis sin-(25) P. V., L, 236. (26) C 328 (1), pl. 1448, p. 12.