462 ARCHIVES PARLEMENTAIRES - CONVENTION NATIONALE [Meaux, 29 Mess. /// ( 1 ) - Citoyens Législateurs, Vous daignâtes accueillir notre addresse à l’occasion des revers que la perfidie a fait éprouver à Landrecies. C’est dans le même esprit que nous interrompons un moment le cours de vos travaux. Dignes Représentans du plus grand Peuple de l’Univers, si nous avons été capables d’entendre avec le sang-froid du vrai courage le récit des malheur qui ont affligé, il y a quelques mois, les amis de la Liberté, nous le sommes pareillement d’apprendre avec tranquillité les glorieux succès de nos armes : ils sont le résultat de la combinaison de votre sagesse, de votre énergie, du courage, du génie des soldats Républicains, et de la protection visible de l’Etre-Suprême, qui créa l’homme libre et qui veut écraser les tirans. Laissons-les quelquesfois se livrer aux excès d’une joie factice pour quelques avantages éphémères qu’ils n’obtiennent que de la trahison; pour nous, nous saurons jouir de nos triomphes en hommes sages, qui n’en sont jamais surpris parce qu’ils savent les prévoir. Représentans d’un Peuple digne de sa liberté, achevez votre ouvrage, restés au Poste où vous a placés le vœu de la Nation. Vous avés ouvert le grand Livre des destinées; Vous y avés lu que les oppresseurs de l’humanité ont comblé la mesure de leurs forfaits, que le Ciel, lassé de leurs crimes, a décrété leur chûte terrible ! Castellas (secrét.), HATTINGAIS (Présid.) P.S. Nous joingnons à cette addresse la copie du procès verbal de la séance du 12 messidor; elle instruira de quelle manière la Société et la Commune de Meaux ont reçu les heureuses nouvelles de la Victoire de fleurus. [Extrait du p.v. de la Séance du 12 mess. II de la Sté popul. de Meaux (Présidence de Cerceau)] La Séance de ce jour s’est ouverte par la lecture du Bulletin qui a été interrompue par l’affluence prodigieuse des Citoyens de tout âge et de tout sexe. Ils s’agitoient, mais paisiblement, pour prendre des places. Les membres du Conseil de la Commune, précédés d’une musique animée par la joie et le patriotisme, entrent au milieu des plus vifs applaudissements et des cris répétés : vive la République ! La symphonie ayant cessée, le Président demande et obtient le plus profond silence ; On annonce le journal du soir, et on en demande la lecture de toutes parts. Un membre le prend et satisfait aux vœux des Républicains : il lit l’intéressant Rapport qui contenoit les nouvelles les plus satisfaisantes, la déroute complette des troupes des Tyrans coalisés dans les campagnes de fleurus. Enfin il termine la lecture de cet article interrompu à plusieurs reprises par les plus vifs applaudissements. Le murmure le plus agréable aux oreilles Républicaines se fait entendre. Le Président, après avoir donné aux cœurs le tems de s’épanouir, demande et obtient la parole. Il prononce un discours patriotique, digne (1) C 314, pl. 1255, p. 6. des vrais Républicains et relatif à la circonstance : Il le termine par le cri si cher aux cœurs françois, vive la République qu’une foule immense de citoyens répète à l’envie. La symphonie, suivant le vœu de l’assemblée, exprime sa gratitude envers l’être Suprême pour une journée si mémorable. Plusieurs membres ensuite proposent, et la Société arrête, au milieu des applaudissements qui couvrent les différentes motions, l) que 2 Commissaires se retireront vers les authorités Constituées pour les informer du vœu de la Société et de tous les Citoyens de la Commune, qui est, à l’instar de nos frères de Paris, de célébrer ce jour glorieux par une fête Patriotique, qui commencera dès ce soir pour être continuée demain. 2) que cette fête sera annoncée incontinent par une décharge d’artillerie. 3) que tous les Citoyens se rendront à l’arbre de la Liberté, et delà au temple de l’Etre Suprême pour lui présenter leurs hommages; 4) que les Citoyens Godard et Grilles sont les Commissaires désignés pour les fins que ci dessus, 5) enfin que son comité de Correspondance écrira à la Convention Nationale et au Comité de Salut public pour lui faire part de ce qui vient de se passer à la Société et dans toute la Commune à l’occasion des heureuses nouvelles dont il s’agit. Les sons les plus harmonieux frappent de nouveau les voûtes du temple de la fraternité : la Séance est levée à 10 heures du soir et le Peuple, précédé. par la musique et éclairé par des flambeaux, s’achemine vers le temple de la divinité (l). 9 Le citoyen Gouris, résidant à Toul, ci-devant capitaine au 49e régiment, suspendu provisoirement, demande la continuation de ses appointemens ; renvoyé au comité de la guerre (2). Le citoyen Gouris, résidant à toul, Dép[artemen]t de la Meurthe, ci d[evan]t Capitaine du 1er Bataillon du 49e Régiment d’infanterie, suspendu provisoirement de ses fonctions, en raison de sa ci-devant qualité, par un arrêté commun à toute l’armée du Nord, pris par le Représentant Le tourneur à Mau-beuge le 67bre 1793 (vieux style) réclame la justice et la générosité de [la] Convention Nationale pour la continuation du payement de ses apointemens[,] sa seule ressource pour vivre, il se fonde sur l’arrêté cy-dessus cité dont il fait passer copie, et sur un certificat du Conseil d’administration du Bataillon dans lequel il avoit l’honneur de servir. [Le Cn Gouris Memmure au présid. de la Conv., Toul, 9 Mess. II] (3) Citoyen président Je te fais passer copie de l’arrêté du représentant du peuple le tourneur en date du 6 septembre 1793 vieux style qui suspend tous les ex-nobles de l’armée du nord, tu verra par l’article 5 de cet 11) Pour copie Conforme. Castellas (secrét.). 2 P.V., XLII, 154. Mentionné par J. Sablier, n° 1456. 3) C 314, pl. 1255, p. 7. 462 ARCHIVES PARLEMENTAIRES - CONVENTION NATIONALE [Meaux, 29 Mess. /// ( 1 ) - Citoyens Législateurs, Vous daignâtes accueillir notre addresse à l’occasion des revers que la perfidie a fait éprouver à Landrecies. C’est dans le même esprit que nous interrompons un moment le cours de vos travaux. Dignes Représentans du plus grand Peuple de l’Univers, si nous avons été capables d’entendre avec le sang-froid du vrai courage le récit des malheur qui ont affligé, il y a quelques mois, les amis de la Liberté, nous le sommes pareillement d’apprendre avec tranquillité les glorieux succès de nos armes : ils sont le résultat de la combinaison de votre sagesse, de votre énergie, du courage, du génie des soldats Républicains, et de la protection visible de l’Etre-Suprême, qui créa l’homme libre et qui veut écraser les tirans. Laissons-les quelquesfois se livrer aux excès d’une joie factice pour quelques avantages éphémères qu’ils n’obtiennent que de la trahison; pour nous, nous saurons jouir de nos triomphes en hommes sages, qui n’en sont jamais surpris parce qu’ils savent les prévoir. Représentans d’un Peuple digne de sa liberté, achevez votre ouvrage, restés au Poste où vous a placés le vœu de la Nation. Vous avés ouvert le grand Livre des destinées; Vous y avés lu que les oppresseurs de l’humanité ont comblé la mesure de leurs forfaits, que le Ciel, lassé de leurs crimes, a décrété leur chûte terrible ! Castellas (secrét.), HATTINGAIS (Présid.) P.S. Nous joingnons à cette addresse la copie du procès verbal de la séance du 12 messidor; elle instruira de quelle manière la Société et la Commune de Meaux ont reçu les heureuses nouvelles de la Victoire de fleurus. [Extrait du p.v. de la Séance du 12 mess. II de la Sté popul. de Meaux (Présidence de Cerceau)] La Séance de ce jour s’est ouverte par la lecture du Bulletin qui a été interrompue par l’affluence prodigieuse des Citoyens de tout âge et de tout sexe. Ils s’agitoient, mais paisiblement, pour prendre des places. Les membres du Conseil de la Commune, précédés d’une musique animée par la joie et le patriotisme, entrent au milieu des plus vifs applaudissements et des cris répétés : vive la République ! La symphonie ayant cessée, le Président demande et obtient le plus profond silence ; On annonce le journal du soir, et on en demande la lecture de toutes parts. Un membre le prend et satisfait aux vœux des Républicains : il lit l’intéressant Rapport qui contenoit les nouvelles les plus satisfaisantes, la déroute complette des troupes des Tyrans coalisés dans les campagnes de fleurus. Enfin il termine la lecture de cet article interrompu à plusieurs reprises par les plus vifs applaudissements. Le murmure le plus agréable aux oreilles Républicaines se fait entendre. Le Président, après avoir donné aux cœurs le tems de s’épanouir, demande et obtient la parole. Il prononce un discours patriotique, digne (1) C 314, pl. 1255, p. 6. des vrais Républicains et relatif à la circonstance : Il le termine par le cri si cher aux cœurs françois, vive la République qu’une foule immense de citoyens répète à l’envie. La symphonie, suivant le vœu de l’assemblée, exprime sa gratitude envers l’être Suprême pour une journée si mémorable. Plusieurs membres ensuite proposent, et la Société arrête, au milieu des applaudissements qui couvrent les différentes motions, l) que 2 Commissaires se retireront vers les authorités Constituées pour les informer du vœu de la Société et de tous les Citoyens de la Commune, qui est, à l’instar de nos frères de Paris, de célébrer ce jour glorieux par une fête Patriotique, qui commencera dès ce soir pour être continuée demain. 2) que cette fête sera annoncée incontinent par une décharge d’artillerie. 3) que tous les Citoyens se rendront à l’arbre de la Liberté, et delà au temple de l’Etre Suprême pour lui présenter leurs hommages; 4) que les Citoyens Godard et Grilles sont les Commissaires désignés pour les fins que ci dessus, 5) enfin que son comité de Correspondance écrira à la Convention Nationale et au Comité de Salut public pour lui faire part de ce qui vient de se passer à la Société et dans toute la Commune à l’occasion des heureuses nouvelles dont il s’agit. Les sons les plus harmonieux frappent de nouveau les voûtes du temple de la fraternité : la Séance est levée à 10 heures du soir et le Peuple, précédé. par la musique et éclairé par des flambeaux, s’achemine vers le temple de la divinité (l). 9 Le citoyen Gouris, résidant à Toul, ci-devant capitaine au 49e régiment, suspendu provisoirement, demande la continuation de ses appointemens ; renvoyé au comité de la guerre (2). Le citoyen Gouris, résidant à toul, Dép[artemen]t de la Meurthe, ci d[evan]t Capitaine du 1er Bataillon du 49e Régiment d’infanterie, suspendu provisoirement de ses fonctions, en raison de sa ci-devant qualité, par un arrêté commun à toute l’armée du Nord, pris par le Représentant Le tourneur à Mau-beuge le 67bre 1793 (vieux style) réclame la justice et la générosité de [la] Convention Nationale pour la continuation du payement de ses apointemens[,] sa seule ressource pour vivre, il se fonde sur l’arrêté cy-dessus cité dont il fait passer copie, et sur un certificat du Conseil d’administration du Bataillon dans lequel il avoit l’honneur de servir. [Le Cn Gouris Memmure au présid. de la Conv., Toul, 9 Mess. II] (3) Citoyen président Je te fais passer copie de l’arrêté du représentant du peuple le tourneur en date du 6 septembre 1793 vieux style qui suspend tous les ex-nobles de l’armée du nord, tu verra par l’article 5 de cet 11) Pour copie Conforme. Castellas (secrét.). 2 P.V., XLII, 154. Mentionné par J. Sablier, n° 1456. 3) C 314, pl. 1255, p. 7.