500 {Convention nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES, j �décembre ai793 des êtres qui en violent si ouvertement les prin¬ cipes. Ce n’était pas assez pour ces barbares insulaires d’avoir armé des brigands qui déchi¬ rent le sein de leur patrie, d’avoir, à l’aide de l’or de Pitt et par une perfidie épouvantable, enlevé à la République un de ses ports, d’avoir immolé à leux rage un représentant du peuple... Scélérats assassins, vous recevrez le prix de vos cruautés, elles ne nous étonnent point, car rien n’est sacré pour des esclaves. « Législateurs, le sang français a coulé, ce sang crie vengeance, hâtez-vous de le satisfaire; nos frères gémissent dans les fers, il est de notre honneur de les délivrer. Il faut que Pitt paye de la vie tous ses forfaits ; il faut que les degrés du trône anglais soient teints du sang de l’in¬ fâme Georges, et la tête de ce scélérat roi doit être la première victime immolée aux mânes des républicains qu’il a fait égorger. Nous ne voulons qu’à ce prix la paix avec cette nation odieuse; parlez, et 100,000 Scœvola iront en Angleterre porter d’une main au peuple le Symbole de la fraternité et de l’autre plongeront le fer vengeur de l’humanité dans le sem des tyrans et de leurs impudents satellites. « Salut et fraternité. « Les membres composant la Société républi¬ caine séant à Marennes, département de la Cha¬ rente-Inférieure. » (Suivent 45 signatures.) Le conseil général de la commune et le comité de surveillance de Romüly, réunis, font part qu’ils ont fourni 171 défenseurs à la patrie, et qu’ils sont prêts à en fournir encore à la voix de la patrie. Us annoncent aussi à la Convention nationale que le 10 mai, ils ont transféré dans leur église les cendres de Voltaire, oubliées, dans le temps du fanatisme, dans une abbaye qui se trouvait au sein de leur commune. Us demandent à être autorisés à joindre le nom de Voltaire à celui de Romilly..' Mention honorable, insertion au « Bulletin » et renvoi aux comités d’instruction publique et de division (1). Le citoyen Bertrand, maire de Bordeaux, fait passer à la Convention une adresse qu’il a faite à ses concitoyens. « Le peuple, dit-il, a frémi d’horreur en voyant la situation affreuse où l’avaient plongé des administrateurs perfides, coa¬ lisés avec tous nos riches négociants. Il applaudit aux mesures révolutionnaires que la Convention a prises, et a vu avec satisfaction tomber la tête des traîtres qui voulaient le vendre au ministre Pitt. » Mention honorable, insertion au « Bulletin » (2). (1) Procès-verbaux de la Convention, t. 26, p. 301. (2) Ibid. Suit la lettre du citoyen Bertrand, maire de Bordeaux (1). « Citoyen Président, « Lorsque les représentants du peuple envoyés dans le département du Bec-d’Ambez m’ont honoré de leur confiance pour exercer les fonc¬ tions de maire dans la ville de Bordeaux, j’ai cru qu’il était de mon devoir de parler au peuple pour lui peindre l’état de dégradation où l’a¬ vaient insensiblement amené les intrigants qui le dominaient et lui faire connaître l’indignation qu’avait excitée contre lui, dans toute la Répu¬ blique, son indifférence, son apathie, son égoïsme au milieu des dangers qui menaçaient la patrie. Il a frémi d’horreur en voyant la situation af¬ freuse où l’avaient plongé des administrations perfides coalisées avec tous nos riches négo¬ ciants qui voulaient lui ôter tout espoir de recouvrer son honneur, la liberté et l’égalité. Aujourd’hui il ne veut plus entendre que le lan¬ gage de ses magistrats, vrais sans-culottes, il applaudit aux mesures révolutionnaires que la Convention nationale vient de prendre pour sauver l’unité et l’indivisibilité de la République ; il bénit les représentants du peuple actuelle¬ ment en séance dans cette ville qui, par leur sur¬ veillance active, ont déjoué les complots de la plus noire trahison; il a vu, avec satisfaction, tomber la tête des traîtres qui voulaient le vendre au ministre Pitt; son caractère révolu¬ tionnaire se forme chaque jour pour l’élever au degré d’énergie qui le rapproche de l’enthou¬ siasme des généreux Parisiens qui ont sauvé la République. J’ai écrit l’adresse dont je vous envoie . un exemplaire. Je désire que vous la trouviez digne d’un magistrat républicain et révolutionnaire; puisse-t-elle produire le bien public dont l’intention est fortement dans mon cœur. « Je suis très fraternellement, citoyen Prési¬ dent, votre frère et ami, « Bertrand, maire de Bordeaux. « Bordeaux, le 1er de la 3e décade du 2e mois de la seconde année de la République. » Adresse (2). Joseph-François Bertrand, maire de Bordeaux, à ses concitoyens. « Du nonidi de la deuxième décade du mois brumaire de la seconde année de la République. « Citoyens, « Votre confiance m’a appelé aux pénibles fonctions de la magistrature, dans des temps très difficiles. L’autorité des représentants du peuple a ratifié votre choix ; vous m’imposez de grands devoirs; une responsabilité redoutable pèse sur ma tête, je vois les dangers qui envi-(1) Archives nationales, carton C 285, dossier 831. (2) Ibid. [Convention nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES, j �dïcembre 793 501 ronnent le poste honorable où vous m’avez placé. Je sais que la justice nationale ne recon¬ naît point d’erreur dans la conscience du magis¬ trat; ce qu’elle excuse dans un simple citoyen elle le regarde coinme un crime irrémissible dans un fonctionnaire public. Parvenu au terme de sa oanière politique, une couronne civique ornera sa tête, ou elle tombera sur l’échafaud. Animé du désir le plus ardent de me rendre utile à machère patrie; encouragé par vos heu¬ reuses dispositions à rentrer dans l’ordre, j’ai cédé à l’impulsion de mon zèle, et la plus douce récompense que je puisse recevoir de mon dé¬ vouement au maintien de la tranquillité pu¬ blique, c’est de laisser à mes successeurs l’exem¬ ple d’un magistrat intègre, d’un vertueux pa¬ triote, d’un bon citoyen. « Jamais, depuis le commencement de la Révolution, cette malheureuse cité ne se trouva dans une crise aussi violente; des maux incalcu¬ lables allaient fondre sur nos têtes; vous aviez perdu cette brillante réputation dont vous aviez joui pendant l’aurore de la liberté naissante; les départements circonvoisins vous refusaient déjà l’honneur, le courage, le patriotisme, ils ne vous considéraient plus que comme les vils instruments d’une faction qui voulait plonger la République entière dans les horreurs de la guerre ci vile ; ils étaient indignés de l’hypocrisie de vos superbes négociants qui, par tous les genres de séduction, ont tenté d’associer les patriotes de bonne foi à leur insurrection contre la liberté et l’égalité; ils vous reprochaient, comme une infâme lâcheté, le rappel de deux bataillons qui, par leur discipline et leur bra¬ voure, avaient fixé la victoire. Ils ne vous pardonneront pas de tolérer dans vos murs un honteux agiotage qui' tarissait les sources de la prospérité publique; ils disaient, et avec vérité, à Bordeaux il n’y a plus d’esprit public; le feu sacré de la liberté y est entièrement éteint ; les blasphèmes atroces contre cette divinité des Français y reçoivent de nombreux applaudis¬ sements; elle a été insultée, outragée sur les théâtres de cette ville opulente; des hommes profondément corrompus ont eu l’audace d’y proclamer la tyrannie; ils racontent, avec une complaisance barbare, les succès de nos ennemis, pour décourager les vertueux patriotes, qu’ils tourmentent par les plus dures persécutions. Enfin, d’après le vœu féroce de leur cœur, ils affirment que déjà Cobourg est sous les murs de Paris; que la France va rentrer dans l’ordre, c’est-à-dire dans l’esclavage. Ces reproches bien fondés que vous adressaient les départements ont retenti dans le sein de la Convention natio¬ nale; elle vous envoya des commissaires pour vous retirer de l’abîme où vous entraînait un funeste aveuglement; vous méconnûtes leurs pouvoirs ; vous ne voulûtes point entendre leurs paroles de paix, de réconciliation et l’arrêt fatal de votre réprobation fut lancé. « Cependant la Convention nationale, qui n’a jamais désespéré de votre heureux retour aux vrais principes, n’a point entendu envelopper dans la proscription générale les citoyens qui n’ont été que séduits ou égarés. Une évolution était donc absolument indispensable; il fallait, par des mesures vigoureuses, comprimer les efforts des malveillants qui se seraient encore agités pour vous précipiter dans un gouffre d’infortunes ; il fallait vous prémunir contre les séductions de nos millionnaires qui voulaient vous soustraire à l’empire des lois bienfaisantes pour vous soumettre à celui de la fortune et vous abandonner, après tant de sacrifices, au sentiment amer que vous n’étiez pas dignes de la liberté ; il fallait relever votre courage abattu, et communiquer à vos âmes le degré d’énergie dont elles sont susceptibles; des traîtres avaient dégradé l’opinion publique, vos magistrats ont pris tous les moyens qui étaient en leur pouvoir pour qu’aucun n’échappât à la vengeance na¬ tionale; de nombreuses arrestations ont été faites : votre existence tenait essentiellement à cette mesure de sûreté générale. Sans le savoir, sans les connaître, plus de trente conspirateurs jouissaient, au milieu de vous, de la protection criminelle de vos perfides administrateurs. Leurs projets insensés ont été heureusement déjoués par la surveillance active des représentants du peuple, actuellement en séance dans cette ville. Quelques-uns ont pris lâchement la fuite peu de jours avant notre installation, et sont allés porter chez les nations étrangères leur honte et leur désespoir; les autres, que nous avons arrêtés sous des noms empruntés ont été reconnus dans nos prisons; le glaive de la loi est suspendu sur leurs têtes coupables : l’inexorable justice d’un peuple trahi punira leurs abomi¬ nables forfaits. « Citoyens, nous avons écrasé la tête hideuse du monstre du fédéralisme, à l’instant même où il allait s’élancer dans les départements méri¬ dionaux pour les ravager. Il nous reste à com¬ battre quelques-unes de ces erreurs qui ont trop longtemps subjugué l’opinion l’État est en révolution, il faut donc avoir des mœurs révolutionnaires; il faut dominer toutes les affections particulières pour vous y livrer un jour avec plus de sécurité; il faut vous sou¬ mettre à quelques privations, si vous ne voulez pas perdre le fruit de quatre années de travaux si vous voulez conserver la liberté que vous avez conquise par tant de généreux efforts, si vous voulez venger le sang de vos frères qui sont morts en la défendant; si vous ne voulez pas vous charger de l’exécration de la postérité. La passion ardente du bien public qui nous anime, soutient le courage de vos magistrats; le caractère inébranlable de quelques purs répu¬ blicains, qui ont été inaccessibles à toutes les séductions et dont les âmes ont puisé une nou¬ velle énergie dans toutes les persécutions qu’on leur a suscitées dans cette ville égarée, seconde leurs efforts et ranime leurs espérances. Malheur à ceux qui ne se rangeront point de leur parti; le nouvel ordre de choses qu’on vient d’établir ne laisse pas aux mauvais citoyens la honteuse consolation de redevenir esclaves. « Et vous, braves sans-culottes, peuple bon, sensible et généreux, qui avez longtemps gémi sous l’oppression d’une Administration compo* sée de tous les. vices de l’opulence et des préjugés de l’aristocratie; vous, qu’on appelait anarchis¬ tes parce que vous invoquiez l’exécution des lois sages qui vous faisaient participer aux bien¬ faits de la liberté et de l’égalité, vos maux seront incessamment soulagés. La justice, l’humanité, réclament puissamment des secours que vous n’avez encore pu obtenir de l’avare pitié de nos riches égoïstes. La loi va frapper sur ces coffres-forts qui recèlent les fruits précieux de vos sueurs. Les circonstances sont impérieuses, quelque grands, quelque extraordinaires que puissent paraître les sacrifices que la loi va exi¬ ger, le salut de la République et vos besoins les légitiment, les sanctifient. Vos besoins, vertueux 502 ICftnwntïon national».] AiWÜ#y£S' PARLEMENTAIRES. .( 4*dôcëmbrt ' 1Î93 sanaMTidottes, seront constamment à l’ordre du jour; ils seront l’objet continuel de la sollicitude paternelle de vos magistrats : il faut qu’on se persuade enfin que nul citoyen ne sera riche dé¬ sormais que de la prospérité nationale. «Bertrand, maire. » Les membres du conseil général de la coan-Tfmnfti de Couches, district d’Evreux, font part à la Convention nationale qu’ils viennent de li-vrser anx flammes les titres honteux de la no¬ blesse «tiesvestigesde la tyrannie, la statue du plus hypocnitedes tyrans et ses effigies, au milieu «des oris de : Vive la République etla Convention nationale f Ils , annoncent qu’ils vont envoyer les hochets du fanatisme qui étaient dans leur église, peur les offrir à la patrie. Mention honorable, insertion au « Bulletin » (1). ' Suit la lettre des membres dm conseil général le la commune de Gonches (2) : « Conches, ce 23 brumaire, 2e de la Répu¬ blique française une et indivisible. « Citoyens représentants, « Honteux de l’esclavage dans lequel nous étions asservis sous le règne de rhypocrisie sa¬ cerdotale, nous nous empressons journellement de dessiller les yeux de nos concitoyens assez cré¬ dules pour ajouter foi au charlatanisme de ces fanatiques qui, pour leur bien personnel, cher¬ chaient à épouvanter le peuple sous l’ombre de mystères inintelligibles. « Après avoir pris, le 18 de ce mois, l’arrêté de détruire les titres honteux de la noblesse, nous y avons réuni l’anéantissement des ves¬ tiges de la tyrannie, la statue du plus hypocrite des tyrans et ses effigies ont été réduites en cendres aux cris mille fois répétés de : Vive la République, la Convention nationale et la Mon-■ tagne ! Les arrêtés liberticides du département rebelle de l’Eure, par nous en tous temps pros¬ crits ont été la proie des flammes. « Nos concitoyens, à la hauteur de la Révo¬ lution, ont manifesté le véritable amour de la République; certains de leur opinion, nous -nous sommes fait un devoir de porter les derniers coups au fanatisme expirant, sachant apprécier la véritable religion qui émane de la raison seule, nous nous sommes emparés des hochets 4e la •superstition. Glorieux de pouvoir coopérer à l’avantage de la République, nous en faisons * l'Ofl'rande à la patrie. Nos seuls regrets sont de ne pouvoir terrasser entièrement cette hydre enfantée par Rhypocrisie, quoique nous ne croyons pas à sa résurrection. Nous appréhen-• dons toujours ses traits envenimés; tout ce que nous pouvons vous assurer, c’est que nous sau¬ rons le combattre et le détruire avec les armes •>de la raison, nous voulons l’unité et l’indivisi-(4 >: Proçès-verbauxZde\ld~C