[Convention nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES, j f�11 358 de morale, de a’ enseigner d’autres maximes que celles de la droite raison, de ne développer d’autres principes que ceux de la saine philoso¬ phie et de n’apprendre à tous les hommes de quelque pays qu’ils puissent être qu’à s’entr’ai¬ mer, à s’entre-secourir et à défendre leur liberté contre les tyrans politiques et religieux de toute espèce. A Eochefort, ce dernier jour de la première décade du second mois de l’an II de la Répu-blique une et indivisible. Signé : François Masdebord, ci-devant aumô¬ nier du 4e régiment de la marine; Quesnet, ci-devant curé de Saint-Hippolyte; Latdet, ci-devant curé de-Notre-Dame; Nicolas Plu-choneau, ci-devant aumônier de l’hôpital de la marine; Guy Beaupoil, ci-devant curé de Marennes et desservant de Bourg-Sefranc, annexe de Marène. Pour copie conforme à l’acte gui nous a été remis, et que nous avons déposé à la municipalité de Eochefort ; Lequinio, représentant du peuple; Laigne-lot, représentant du peuple. Arrêté (1). Nous, représentants du peuple français en¬ voyés dans la Charente -Inférieure, rendant avec satisfaction hommage au courage et à l’esprit philosophique des citoyens François Masdebord, aumônier du 4e régiment de marine, Jean-Ro¬ bert Quesnet, curé de Saint-Hippolyte, Guy Beaupoil, vicaire de Marennes, Nicolas Plucho-neau, aumônier de l’hôpital de la marine, Fran¬ çois-René-Auguste Laydet, curé de Notre-Dame de Eochefort, lesquels sont venus aujourd’hui dans le temple de la Vérité, autrefois l’ église paroissiale de cette ville, rendre hommage à la raison et à la vérité, brûler leurs lettres de prê¬ trise en présence de tout le peuple, devant lequel ils ont juré de n’être désormais que des prédi¬ cateurs de morale, de n’enseigner d’autres maximes que celles de la raison, de ne déve¬ lopper d’autres principes que ceux de la saine philosophie, et de n’apprendre à tous les hommes, de quelque pays qu’ils puissent être, qu’à s’entre-aimer, à s’entre-secourir et à dé¬ fendre leur liberté contre les tyrans politiques et religieux de toute espèce, et considérant que la nation française, toujours généreuse et juste ne peut refuser une subsistance honnête à des citoyens qui, conduits par les circonstances et tous les vices de l’ancien régime, et ayant em¬ brassé une profession qui ne reposait que sur l’ignorance du peuple et le besoin de soutenir le despotisme du trône en trompant les hommes simples et sans lumières, se trouveraient main¬ tenant hors d’état d’apprendre une autre profes¬ sion; désirant d’ailleurs récompenser ces ci¬ toyens vertueux qui, les premiers, ont osé se¬ couer le joug de la superstition et de la domi¬ nation papale. Nous arrêtons que les citoyens dénommés ci-dessus jouiront, leur vie durant, d’une pension de douze cents livres qui leur sera payée quar¬ tier par quartier, et qu’ils pourront se retirer en tel heu qu’ils voudront de la République, en se mettant sous la surveillance des munici¬ palités, et se conformant d’ailleurs à toutes les lois de la République; les autorisant à déve¬ lopper partout ces grands principes de la raison et de la philosophie qui les ont portés à la dé¬ marche courageuse qu’ils viennent de faire, et à se présenter au district duquel ressortira la municipalité où ils se retireront, lequel nous requérons d’enregistrer le présent sur la copie qui leur sera délivrée, signée de nous, et de leur faire compter la pension ci-dessus mentionnée. Nous rendons cet arrêté commun aux citoyens Antoine Chemineau, curé de Fouras, Bazil, curé de Saint-Nazaire, district de Marennes, et Bon¬ neau, curé de la commune d’ Olone, dont le pre¬ mier nous a fait passer ses lettres de prêtrise pour être brûlées, ainsi qu’elles l’ont été en pré¬ sence du peuple; et les deux autres nous ont écrit qu’ils renonçaient à une profession men¬ songère, et de laquelle on s’est si longtemps servi pour tenir le peuple dans l’aveuglement, l’escla¬ vage et la misère. A Eochefort, le dernier jour de la première décade du second mois de l’an deuxième de la République française une et indivisible. L’original de la profession ci-dessus mention¬ née, remise en nos mains, est déposé à la muni¬ cipalité de Eochefort. Lequinio; Laignelot. La Société des francs républicains de Saint-Elix-Gimois, canton de Simorre, département du Gers, ravie du décret qui frappe les députés traîtres, envoie une adresse de félicitations à la Convention nationale sur son énergie. Mention honorable, insertion au « Bulletin » (1). Suit la lettre de la Société des Francs -Républi¬ cains de Saint-Elix-Gimois (2) : Adresse de la Société des Francs -Républicains de Saint-Elix-Gimois, canton de Simorre, dépar¬ tement du Gers, à la Convention nationale. « Citoyens représentants, « Le gain de trois batailles eût moins ravi nos cœurs que votre décret du 2e jour de la 2e dé¬ cade du 1er mois. Ce jour, qui l’a fait éclore, sera mémorable : il est le complément du 2 juin, il vous mérite l’hommage de la reconnaissance publique. Encore un décret, citoyens, contre les traîtres de l’intérieur, et vous aurez rempli, sur cet objet, votre tâche glorieuse envers la patrie qu’ils ont tant de fois déchirée. Faites traduire devant le tribunal révolutionnaire les infâmes meneurs du parti fédéraliste, les agents de l’exé¬ crable Brissot, qui, aujourd’hui, sont reclus dans tous les départements : il faut qu’ils payent de leur tête leurs horreurs et leurs forfaits. Dites en même temps qu’à la paix les hommes suspects seront déportés, que les biens de tous ces mes¬ sieurs seront confisqués au profit de la Répu¬ blique; alors le peuple, qui vous chérit, s’écriera avec allégresse : « Vivent à jamais nos célèbres Montagnards, ils ont aimé la justice, ils ont vengé le sang des soldats victimes de la liberté,, ils n’ont épargné aucun coupable, pas même (1) Archives nationates, carton C 278, dossier 735. (1) Procès-verbaux de la Convention, t. 24, p. 325. (2) Archives nationales, carton C 280, dossier 765. [Convention nationale.} ARCHIVES PARLEMENTAIRES, j g novembre 359 leurs perfides collègues. Ce sont eux qui, par leurs veilles et leurs fatigues font rouler avec étonnement le char brillant de la Révolution, écartant tous les obstacles qui s’opposent à sa course rapide. Ils sont parvenus à faire pâlir à leur aspect les tyrans et les contre-révolution¬ naires de toute espèce. Eux seuls ont creusé le tombeau à leurs odieuses espérances. La patrie leur doit tout, ils méritent le titre immortel de ses bbérateurs. « Saint-Ebx-Gimois, le 1er jour de la lre dé¬ cade du 2e mois de l’an II de la République française une et indivisible. « Burgary, vice-président; Lubas, secrétaire; Lozes, secrétaire. » Lettre adressée au citoyen Dubarran, député à la Convention (1) : Au citoyen Dubarran, député à la Convention, « Saint-Ebx-Gimois, le 1er jour de la lre décade du 2e mois de l’an II de la Répubbque française une et indi¬ visible. « Citoyen, « La Société de Saint-Ebx-Gimois, ravie du décret qui frappe les députés traîtres, a voté une adresse de fébcitations à la Convention na¬ tionale. Je vous l’envoie, daignez la lui pré¬ senter, elle vous en sera redevable. L’esprit pubbc se vivifie chaque jour, la So¬ ciété de Saramon a repris ses séances depuis trois mois; cebe de Simorre les reprend aujourd’hui. On s’est piqué d’émulation, nous en sommes la cause et nous nous en honorons. Lacoste (2), dont je vous ai parlé, cherche depuis longtemps à se faire recevoir dans nos sociétés : il n’a pu réussir qu’ auprès de celle de Simorre. Mais celles de Saramon, de Castenau, de Saint-Ebx-Gimois et autres vont se séparer de cebe de Simorre, si Lacoste n’en est exclu. Je puis vous assurer que la Convention recevra bientôt une pétition sur le compte de cet individu; ebe sera indivi¬ duellement signée. Lautrac, curé de Beutour, eut la hardiesse de le dénoncer dans la Société de Simorre où Lacoste fut présent, il le frappa d’importance, plût à Dieu qu’il ne soit pas appelé. « Lubas, secrétaire. » La Société populaire de Grenoble fait passer à la Convention nationale une adresse dans la¬ quelle elle indique plusieurs causes d’abus, et les moyens d’y remédier, surtout relativement à l’exécution de la loi sur le maximum. Insertion au « Bulletin » et renvoi au comité de Salut public (S). Suit un extrait de l'adresse de la Société popu¬ laire de Grenoble, d'après le Bulletin de la Con¬ vention (4) : « La Société populaire de Grenoble demande que les chefs de fabrique ou d’ateber, qui sus-(1) Archives nationales, carton G 280, dossier 765. (2) Lacoste était député suppléant du Gers. (3) Procès-verbaux de la Convention, t. 24, p. 325. (4) Bulletin de la Convention du 5e jour de la 2e décade du 2e mois de l’an II (mardi 5 no¬ vembre 1793). pendront les travaux de leurs manufactures, en soient privés à l’instant, qu’ebes deviennent na¬ tionales, et que les maîtres de ces fabriques soient obbgés de travaiber comme ouvriers au profit de la nation; 2° que les commandants des détachements mibtaires placés sur les frontières seront tenus, sous leur responsabibté, de ne laisser sortir aucune marchandise jusqu’à l’exé¬ cution du maximum dans tous les départements environnants. » La Convention renvoie au comité de Salut public une lettre du général Carteaux, qui se plaint de ce qu’on le retire de devant Toulon, où il y a des services à rendre à la patrie, et qu’on l’envoie à l’armée d’Italie, où la saison ne per¬ met aucune action militaire (1). Compte rendu du Moniteur universel (2). Le général Cartaux, par une lettre qu’il en¬ voie à la Convention, se plaint de ce qu’on veut (1) Procès-verbaux de la Convention, t. 24, p. 325. (2) Moniteur universel [n° 47 du 17 brumaire an II (jeudi 7 novembre 1793), p. 189, col. 2]. D’autre part, Y Auditeur national [n° 410 du 16 bru¬ maire an II (mercredi 6 novembre 1793), p. 2]; le Journal de Perlet [n° 410 du 16 .brumaire an II (mercredi 6 novembre 1793), p. 291] et les Annales palriotiques et litléraires [n° 309 du 16 brumaire an II (mercredi 6 novembre 1793), p. 1435, col. 1] rendent compte de la lettre du général Carteaux dans les termes suivants : I. Compte rendu de Y Auditeur national. Le général Carteaux, promu au commandement de l’armée des Alpes, exprime ses regrets de ne plus commander aux républicains qui étaient chargés de réduire les rebelles du Midi, et particulièrement ceux de Toulon. En partant pour obéir aux ordres de la Convention, il lui donne l’assurance que les rebelles toulonnais ne peuvent échapper à la vengeance nationale. IL Compte rendu du Journal de Perlet. 'A Le général Carteaux se plaint de son déplacement* Il voit avec peine qu’on le retire de devant la ville de Toulon qu’il tient bloquée depuis deux mois. Il regarde cette mesure comme un affront. Il termine en suppliant la Convention nationale de le laisser au poste honorable qu’il a conquis avec ses braves frères d’armes. Cependant, comme il reçoit à l’ins¬ tant l’ordre de partir pour l’armée d’Italie, il obéit en républicain. Renvoi au comité de Salut public. III. Compte rendu des Annales patriotiques el litléraires. Le général Carteaux rassure la Convention sur le sort de Toulon. Les rebelles que cette ville renferme ne peuvent échapper à la vengeance nationale. Il se plaint de sa translation à l’armée d’Italie. « Fils d’un simple dragon, dit-il, je sais obéir aux lois; je pars en vertu de votre décret et j’emporte les regrets de mes camarades. » ■Renvoyé au comité de Salut public.