198 ARCHIVES PARLEMENTAIRES - CONVENTION NATIONALE République à s’honorer publiquement de ces actes généreux, dont il n’appartient qu’à un peuple libre, et qui a des mœurs, d’apprécier l’influence. Le nommé Hardi, directeur des subsistances militaires, confia, il y a 1 an, 100,000 liv. au citoyen Collin, administrateur des douanes. Depuis cette époque Collin était resté nanti de ce dépôt, sans recevoir aucune nouvelle de celui qui le lui remit. H apprend, il y a 2 jours, que Hardi vient de tomber sous le glaive de la loi pour malversations commises dans l’exercice de ses fonctions. H se rend à l’instant au comité de sûreté générale, accompagné du citoyen Dupin, notre collègue, et là il dépose les 100,000 liv., elles ont été versées sur-le-champ à la tréso[re]rie nationale. Citoyens, en publiant cette action, notre but n’est point d’en faire un mérite au citoyen Collin. En remettant à la république une somme acquise à cette dernière, il a rempli son devoir, et c’est dans la conscience de l’avoir rempli que l’on trouve toujours une bien précieuse récompense. Il en est cependant une autre, et qui après celle-là devient la plus propre à encourager; je parle de celle que l’on retire de la satisfaction nationale. Nous devons donc applaudir à ce zèle vraiment civique dont le citoyen Collin vient de nous donner la preuve. C’est un témoignage d’autant plus précieux à rendre qu’il s’applique à un fonctionnaire public, à un père de famille qui a 2 enfants au service de la patrie, et à 1 citoyen qui lui-même, lors du siège de Dunkerque, signala son patriotisme en obtenant de quitter momentanément ses fonctions administratives, qui le fixaient dans le département de la Seine-Inférieure, pour aller se réunir aux braves républicains qui, en délivrant cette place, chassèrent loin d’elle les satellites du tyran anglais. C’est sur les bases sacrées de la justice et de la morale que la république a déclaré fonder son gouvernement. Les actions vertueuses sont les exemples des hommes libres; il ne doit donc s’en perdre aucune pour l’instruction nationale. Votre comité de sûreté générale me charge de vous proposer le projet de décret suivant : [adopté au milieu dès plus vifs applaudissements] (1). « La Convention nationale décrète mention honorable au procès-verbal du zèle qu’a montré le citoyen Collin, chef de là lre division des douanes nationales, à raison du dépôt de 100.000 liv. qu’il avoit reçues du nommé Hardi, condamné à mort par le tribunal révolutionnaire. «Le présent décret sera inséré dans le bulletin de correspondance; la Convention charge son comité de sûreté générale d’adresser au citoyen Collin un extrait du procès-verbal » (2). (1) Mon., XXL 74; M-.IL, XLI, 139; Ann. pair., n°DXXXXII; Ci univ., n° 908; Rép., n° 190; Mess. Soir,. n° 676. (2) P.V., XL, 182. Minute de la main de Dubar-ran. Décret n° 9681. Reproduit dans Bin, 8 mess. (suppl*); J. Lois, n°636; J. Fr., n9640; F.S.P., n°357; Débats, n°644; J. -S. Culottes, n° 497 ; Audit. nat., n°641; C