92 (Convention nationale.] ARm¥ES:PARLEtt®TAJRE&. ) l/nmembre TOS rissent désormais lesinfatigableB défenseurs de la patrie; décrétez que les trésors prodigués pour des prières stériles servent à fabriquer des armes fatales aux tyrans et à leurs vils satellites ; que les fastueux et inutiles ornements des temples soient employés au soutien d’une guerre la plus juste, la plus sainte que les hommes aient jamais entreprise. « Ce vœu est le second que vous adresse, depuis sa naissance, une Société récemment établie; elle vous a déjà conjuré, elle vous conjure encore de rester inébranlables à votre poste, malgré les calomnies astucieuses des ennemis de la liberté, tant que dureront les dangers de la patrie. Vous la sauverez si tous les Français vous secondent comme nous par une fidélité inviolable, par un courage qui ne se démentira point, par une adhésion sincère à tous vos décrets, et par une résolution invariable à les faire exécuter. « Neufehâtel, le 2 frimaire, l’an II de la Répu¬ blique française une et indivisible. « Foeloppe, vice-président'; Petit, ex-prési¬ dent; D. Petitteville, L.-R. Mauger, ex-président; Liorane* Société populaire et républicaine de Neufehâtel chef -lieu de district, dans le département de la i Seine-Inférieure. Extrait du registre des délibérations de ladite Société (1). Le 29e jour de brumaire de l’an II de la Ré¬ publique française une et indivisible. Le citoyen Vimar, membre de la Société populaire de Rouen, et affilié à celle de Neuf-châtel, ayant demandé et obtenu la parole a dit : • _ « Citoyens frères et amis, « Fidèle interprète de la raison et des -vœux d’un peuple éclairé, la Convention nationale a consigné dans la Déclaration immortelle des droits imprescriptibles de l’homme, la liberté des cultes religieux : l’Acte constitutionnel la garantit. « Aux yeux de la loi comme à ceux de la raison, tous les cultes sont donc égaux. Les pri¬ vilèges sont donc abolis, le Français, digne de - ce nom grloieux a secoué le joug des préjugés, comme celui du despotisme dont ils étayaient le trône. « Cependant, il existe encore en France, sous le règne de l’égalité, un culte privilégié, un culte dont les ministres sont salariés par la na¬ tion tandis que les frais de tant d’autres cultes sont acquittés par leurs prosélytes, -et cette incon¬ séquence déshonorante pour la législation fran¬ çaise, et cette violation intolérable des droits •de l’homme coûtent chaque année cent millions peut-être à la nation chargée -des frais énormes d’une guerre qui doit durer jusqu’à ce que tous (1) Archives nationales, carton C 285, dossier *828. les ennemis de notre Constitution soient -exter¬ minés ou demandent humblement la paix. « Citoyens, si ce monstrueux abus subsiste encore, vous n’en accusez pas -les représentante du peuple; chaque jour, vous payez en ce lieu le tribut d’estime et de reconnaissance que vous devez à leurs lumières et à leur courage inébran¬ lable ; tout ce qu’ils peuvent faire pour consolider l’empire de la raison, de la justice et de la liberté, ils le font par la seule impulsion de leur ardent amour de la patrie « Mais ils ont vu le fanatisme, armé de torehes-et de poignards, porter la désolation, le ravage et la mort dans une partie de la République ; ils ont vu le sein de la patrie déchiré par des hommes qui en auraient été les zélés défenseurs si la superstition n’eût pas égaré leur esprit,. et rendu leur cœur féroce. « Lorsque nous touchons au terme si dési¬ rable de ces maux, la Convention nationale a craint de les aigrir, de les aggraver, en pros¬ crivant l’injuste privilège du culte catholique. Avant de rendre ce nouvel hommage à la philo¬ sophie, à la sainte raison, elle a voulu connaître le vœu du peuple. « Citoyens, exprimez le vôtre, dites à Ta Con¬ vention qu’elle peut travailler avec sécurité au bonheur de la France; dites-lui que vous comptez sur ses vertus inaltérables, qu’elle doit compter sur votre fidélité, sur votre courage, sur votre soumission à tous ses décrets; dites-lui que vous aimez la justice et que l’injuste prérogative du culte catholique vous est odieuse; dites-lui que, chérissant l’égalité, vous ne pouvez plus longtemps supporter un privilège incompatible avec l’égalité; dites-lui que, voulant conserver la liberté et la transmettre à vos enfants, vous désirez qu’elle consacre à nourrir les défenseurs de la liberté les millions employés à engraisser les prêtres, qu’avec les trésors dont elle paye des prières stériles, elle fasse forger des -armes qui porteront la terreur et la mort dans le sein des satellites de la tyrannie. « Cette proposition ne pourrait alarmer que des consciences timides. Citoyens, vous vous dites chaque jour républicains et sans doute vous êtes dignes de ce titre sublime, votre âme énergique a secoué tous les préjugés de l’enfance. Voulez-vous plaire à l’Être suprême! La raison est le guide qu’il a donné aux hommes de tous les siècles et de tous les climats, ne consultez qu’elle : il a destiné tous les humains à être justes, égaux et libres, suivez les lois immuables de la justice, chérissez l’égalité, aimez la liberté aVec enthousiasme; conservez pures ces sources étemelles du bonheur des hom¬ mes. Voulez-vous plaire à l’Être suprême? Soyez aussi bienfaisants envers vos frères, qu’il l’est envers le genre humain : travaillez sans relâche à la prospérité de la patrie; fortifiez dans votre âme, inspirez à vos enfants rirrévoeable résolution de sacrifier pour elle votre repos, votre fortune, Autre vie, voilà les hommages dignes de l’Être suprême ! C’est là le seul culte qui lui convienne. L’univers est son temple et l’en¬ tremise des prêtres est inutile. « Les prêtres ! Il en est sans doute d’esti¬ mables, comme citoyens, aux yeux des patriotes : cette société en renferme dans son sein plusieurs, que la justice nationale saura distinguer et dé¬ dommager en leur procurant les moyens d’étra plus utiles à la patrie ; mais, en général, des prêtres furent en tous temps et en tous lieux les ennemis de l’égalité et de la liberté. [Convention nationale.] ARCHIVEE PARLEMENTAIRES, j |.fri“iairehan ",„ 95 « Républicains, le tyran est mort, mai» la 'tyrannie lui a survécu ; cette immortelle ennemie 4es droits et du bonheur de l’homme s’agite en tous sens et prend toutes les formes pour re¬ couvrer son détestable empire. La superstition fut toujours l’alliée fidèle de la royauté : ello favorisa dans tous les temps, elle sanctifia même par ses adulations sacrilèges les usurpations, les rapines, les cruautés des despotes : elle servit d’instrument aux destructeurs de la plupart des républiques anciennes. Mes frères, mes amis, souhaitez-vous sincèrement que la République française subsiste et se perpétue? Craignez-vous de voir le despotisme remonter, à travers les flots de sang, sur le trône où d’intrépides Fran¬ çais ont assis la liberté? Craignez-vous qu’après avoir couvert de cadavres et de ruines votre patrie, qu’après vous �voir égorgés, qu’après avoir dévasté, incendié vos propriétés, il n’ac¬ cable sous un joug de fer vos enfants malheu¬ reux? Tels sont, en effet, ses criminels projets. . . Eh bien ! méfiez-vous des suggestions perfides de l’astucieuse superstition; aidez la Convention nationale à terrasser ce monstre. C’est alors seulement que vous 'serez [certains de vivre libres et de goûter en mourant la douce conso¬ lation de transmettre à vos enfants l’héritage le plus précieux que l’homme puisse laisser à des êtres qu’il chérit. « Je propose à la Société d’arrêter qu’elle fera une adresse par laquelle la Convention natio¬ nale sera invitée à décréter que, désormais, les frais du culte catholique cesseront d’être payés et ses ministres salariés par la nation. « Tous les citoyens se réunissent demain pour l’élection d’un maire : si la Société adopte ma proposition, je l’engage à charger son président, ou deux de ses membres, de présenter son arrêté à la commune assemblée et de l’inviter à expri¬ mer le même vœu. Cette motion, conforme aux principes et au vœu de tous les membres de la Société, a été vivement applaudie et les deux propositions du frère Yimar ayant été mises aux voix, elles ont été adoptées unanimement, aux cris redou¬ blés de : Vive la République ! En conséquence, il a été arrêté : 1° Qu’il sera fait une adresse pour inviter la. Convention nationale à décréter que les frais du culte catholique cesseront d’être payés, et ses ministres salariés par la nation ; 2° Que le projet de cette adresse sera présenté incessamment à la Société par son comité de correspondance ; 3° Il a été proposé que le frère Vimar fût adjoint au comité de correspondance pour cet objet ; que la motion fût transcrite sur le registre en tête de l’arrêté, pour en fixer les motifs; que cette motion, cet arrêté et l’adresse fussent imprimés au nombre de mille exemplaires pour être distribués aux membres et envoyés tant aux Sociétés populaires, auxquelles celle de Neufchâtel est affiliée, qu’à l’Administration du département de la Seine-Inférieure, à celle de ce district et aux municipalités qui le composent, ce qui a été adopté ; 40 El a été arrêté que fo frère Folloppe, vice-préaident, présentera demain, à la commune as¬ semblée* une eopie du présent arrêté, et l’invitera à exprimer le même vœu à laConvention natio¬ nale. Collationné conforme au registre : Folloppe, vice-président; Leblanc-Le citoyen Laguerre fait don à la nation d’un© pension de 1,050 livres, le prix de ses travaux. La Convention [décrète mention [honorable, insertion an « Bulletin » et qu’extrait du procès-verbal sera délivré au citoyen Laguerre (1). Suit la lettre du citoyen Laguerre (2). « Paris, ce 4e jour du 3e. mois l’an II de la République française une et indi¬ visible. Citoyen Président, « Au moment ou le Trésor public est sur¬ chargé de dépenses extraordinaires occasion¬ nées par les circonstances, il n’est pas de bons citoyens républicains qui ne soient empressés de venir à son aide et à son secours. J’ai une pension sur la nation de 1,050 livres qui est le prix de mon ancien travail. Je te prie, citoyen Président, de faire hommage pour moi à la Convention des arrérages de cette pension pour Vannée entière 1793 et de me faire accorder extrait du procès-verbal con¬ tenant mon offrande, pour en justifier au besoin. « Salut et fraternité. « Nicolas Laguerre. » Comble rendu du Mercure Universel (3). Le citoyen Naguère (Laguerre); employé à là trésorerie nationale, fait don à la patrie des arrérages d’un traitement de 1,050 livres pour l’année 1793. Mention honorable. La Société des sans-culottes de la commune de Pont-Audemer, demande que les prêtres ne soient plus salariés par la nation et que la Con¬ vention nationale rapporte lé décret qui exempte les évêques, curés, vicaires, etc., salariés par la nation, d’aller la défendre; elle félicite la Con¬ vention sur ses travaux, et l’invite à rester à son poste. Mention honorable, insertion au « Bulletin >r(4). (T) Procès-verbaux, L 26, p. 145.. (2) Archives nationales, carton C 283, dossier 8QA. (;3) Mercure universel [6 frimaire an IL (mardi 26 novembre 1793), p. 89, eol-, 2],, (4); Procès-verbaux de la Convention, t. 26, p.. 146.