584 [Assemblée nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES. |12 septembre 1791.1 prié de nommer des commissaires qui se rendront incessamment à Avignon et dans le Comiat Ve-naissin, pour faciliter l’incorporation de ces deux pays à l’Emnire français. L’Assemblée nationale décrète que dès ce moment toutes voies de fait, tous actes d’hostilités sont expressément défendus aux différents artis qui peuvent exister dans ces deux pays. es commissaires envoyés tar le roi veilleront à l’exécution la plus exacte des lois; ils pourront requérir, avec les formes accoutumées, les troupes de lignes et gardes nationales pour le rétablissement et le maintien de l’ordre public et de la paix. « L’Assemblée nationale décrète que le roi sera prié de faire ouvrir des négociations avec la cour de Rome, pour traiter des indemnités et dédommagements nui pourraient lui être dus. « L’Assemblée nationale charge ses comités de Constitution, diplomatique et d’Avignon, de lui présenter incessamment un projet de décret sur rétablissement provisoire des autorités civiles, judiciaires et administratives qui régiront les deux pays réunis d’Avignon et du Comtat Venaissin, jusqu’à leur organisation définitive. » (La discussion est ouverte sur ce projet de décret.) M. l’abbé Maury parait à la tribune. M. Malouet. Monsieur le rapporteur, vous avez annoncé que votre rapport avait été préparé dans une conférence tenue chez le ministre de la justice. Comme tout ce qui a rapport aux affaires étrangères, doit véritablement être discuté et proposé en initiative par Je ministre, et que dans cette circonstance l’avis des ministres, qui du moins présenterait une base de responsabilité importante, n’a point été donné, je vous demande, Monsieur le rapporteur, quel est l’avis des ministres? (Murmures à gauche.) M. de Menou, rapporteur. J’observe à M. Ma-louet que, nans ia conférence tenue chez M. le ministre de la justice, il était seul de ministre. Je ne connais point son avis, mais je sais que M. le ministre de la justice a pris l’initiative, car il est venu solliciter l’Assemblée nationale de s’occuper incessamment de la question que nous traitons. M. ülalouet. Vous ne savez pas ce que c’est l’initiative. M. d’André. Monsieur le président, c’est une pure chicane, puisqu’en effet l’initiative que doit avoir le pouvoir exécutif, c’est lorsqu’il s’agit de faire un traité, d’établir des conventions avec une nation étrangère. Ici, il ne s’agit pas d’établir des conventions avec le pape; il ne s’agit point de négocier aveclui ; par conséquent, il ne Îieut pas y avoir d’initiative. Il s’agit d’examiner e vœu émis par les Avignonais et les Gomtadins. Ainsi la proposition de M. Malouet ne tend qu’à retarder une délibération qu'il est instant de prendre, et je demande que l’on passe à l’ordre du jour. {Assentiment.) M. Malouet. Comment le préopinant ose-t-il dire que l’initiative ne doit être demandée au pouvoir exécutif que lorsqu’il s’agit de traités, de conventions à faire avec les puissances étrangères? Qu’était l’Etat d'Avignon ? Sous tel rapport que vous le considériez, soit qu’il soit possédé par le pape, soit qu’il puisse être regardé et reconnu comme indépendant, n’est-il pas à votre égard une puissance étrangère ? L’Etat du pape a-t-il pu changer, par votre propre fait, sans que vous soyez provoqués par un édit du conseil du roi? {Murmures.) Vous violez dès ce moment les principes de votre Constitution, si aujourd’hui, sans aucune proposition du roi, sans aucune responsabilité de ses ministres, et dans la position où nous sommes vis-à-vis de l’Europe, vous prononcez définitivement que vous avez le droit de réunir à la France Avignon et le comtat Venaissin. {Bah! bah!) M. Fréteau-Saint-Just. Il y a eu, Messieurs, une réunion des comités, pour délibérer sur l’affaire d’Avignon. Plusieurs ministres s’y sont trouvés, et ils ont paru être de l’avis de la réunion, du moins de M. le garde des sceaux. Plusieurs membres : L’ordre du jour ! (L’Assemblée passe à l’ordre du jour sur la motion de M. Malouet.) M. l’abbé Manry. Messieurs, pour suivre la marche de la délibération qui vous occupe dans ce moment... M. Dnval-d’Epréinesnil. Je demande pardon à M. l’abbé Maury, si je l’interromps. Monsieur le président... A gauche : L’ordre du jour! M. Duval-d’Eprénaesnil. C’est pour une motion d’ordre et pour vous demander la permission de déposer sur le bureau une déclaration d’un très grand nombre de nos collègues sur l’acte constitutionnel. Plusieurs membres à droite se lèvent en signe d’adhésion. {Rires à gauche.) A gauche : L’ordre du jour ! Un membre à droite : Il faut qu’il en soit fait mention au procès-verbal. M. le Président. Ceci est hors de l’ordre. M. de Folleville. Monsieur le Président, suivant 1 ordre du règlement, quand une motion est appuyée par plus de 10 membres, elle doit être mise aux voix. {Rires à gauche.) M. Duval-d’Eprémesnil. Si l’Assemblée refuse de délibérer sur ma proposition, nous sommes forcés d’ajouter encore un article à notre déclaration. (L’Assemblée passe à l’ordre du jour sur la motion de M. Duval-d’Eprémesnil.) {Applaudissements.) M. l’abbé Manry. Pour traiter avec méthode la question qui vous occupe en ce moment, je la diviserai en deux parties distinctes : la première, sera relative au rapport dont vous venez d’entendre la lecture ; l’autre, aura pour objet la mission des commissaires médiateurs que vous avez envoyés à Avignon et dans le Comtat. Quant au rapport que M. de Menou vient de vous faire, après avoir déclaré à cette Assemblée qu’il n’avait pas été communiqué définitivement aux comités diplomatiques et d’Avignon, je rappelle à l’Assemblée un usage qu’elle a constam- [Assemblée nationale.] ment suivi et auquel elle se conformera sans doute. Je demande, en conséquence, que les pièces sur lesquelles M. de Menou a fondé son rapport, soient déposées au comité diplomatique pour être communiquées aux membres de cette Assemblée qui voudraient en prendre connaissance ; enfin que la discussion soit fixée au jour qu’il plaira à l'Assemblée d’indiquer. Relativement au second objet sur lequel je crois que l’Assemblée peut avoir, dès aujourd’hui, une opinion très déclarée, je la supplie de se rappeler d’abord trois faits qu’il ne faudra jamais perdre de vue dans cette discussion. Le premier fait est relatif au vœu des habitants d’Avignon et du Comtat. 11 n’y a pas un membre de cette Assemblée qui ne convienne, quelle que soit l'opinion politique que l’on adopte sur l’autorité et la liberté des peuples pour changer de domination, que cette liberté doit avoir un terme, parce qu’il est bien démontré que, si les peuples pouvaient revenir tous les jours sur les engagemems qu’ils ont contractés en établissant un genre de gouvernement, le genre humain serait livré au désordre et à l’anarchie. Vous convenez tous, Messieurs, de ce principe. A gauche : Non ! non ! M. l’abbé Maury. Vous avez dit, et M. de Menou l’a déclaré lui-même à celte tribune, je vais citer ses propres paroles, que, depuis l’acte de la Fédération du 14 juillet, aucune province de l’Empire ne pouvait se détacher du gouvernement français, parce que ces provinces s’étaient liées-*par un serment. Or, Messieurs, le vœu d’Avignon et du Comtat a été prononcé à une époque infiniment libre, aux mois de novembre et décembre 1789. Toutes les communes du Comtat, celle d’Avignon leur en donnant l’exemple, ont librement et solennellement déclaré qu’elles voulaient rester fidèlement unies au gouvernement du pape. (Rires à gauche.) S'est dans le mois de novembre 1789 que ce vœu solennel et libre a été émis. Second fait : le 24 du mois de mai 1791, l’Assemblée nationale de France, procédant par la voie de l’appel nominal, a décrété qu’Avignon et le Comtat ne faisaient pas partie intégrante de l’Empire français. A gauche : Cela n’est pas vrai. M. l’abbé Maury. Troisième fait qui n’est ni une conjecture ni une opinion : l’Assemblée nationale de France délibérant sur la pétition de la ville d’Avignon, le 24 mai 1791, a rejeté par la voie de l’appel nominal la pétition des Avignon-nais qui demandait la réunion. La puissance souveraine peut changer souvent d’avis ; mais il importe cependant, Messieurs, de régler une fois ses comptes et de savoir quelle a été la mobilité et Ja versatilité des opinions sur cette matière. A présent que ces faits soient avoués, qu’ils soient désavoués, ils n’en sont pas moins évidents, et l’univers entier ne peut pas les révoquer en doute. Vous avez rendu, le 25 du même mois, un décret par lequel vous avez statué que vous enverriez à Avignon et dans le Comtat des commissaires médiateurs pour y rétablir l’ordre et la tranquillité. Le pape, par la médiation de son nonce, avait réclamé les bons offices de la France depuis le mois de décembre dernier ; il ne pouvait pas déployer dans Avignon et le Comtat une [12 septembre 1791.] 58g force publique suffisante pour réprimer les insurrections qui s’y étaient élevées. M. le nonce avait formellement requis l’intervention de la France, et vous n’avez pas cru envoyer à Avignon et dans le Comtat des hommes qui préjugeassent la question de la souveraineté, qui allassent prendre possession au nom de la Fiance de la ville d’Avignon et du Comtat. J’examine la conduite des médiateurs d’Avignon sans aucune partialité, avec toute la sévérité que doit s’imposer un homme honnête quand il accuse, avec toutes les précautions qu’un homme sage doit prendre quand il sait qu’il sera jugé avec sévérité. Je me fais à moi-même trois questions : Qu’ont-ils dû faire? Qu’ont-ils fait? Comment se sont-jjs conduits? Je me suis posé ces trois ques tions... (Rires ironiques à gauche), et je me suis convaincu, comme j’espère convaincre cette Assemblée, que les commissaires médiateurs n’ont rien fait de ce qu’on leur avait dit de faire, et qu’en rapprochant leur conduite des principes qui auraient dû les diriger, ils ont fait le contraire de ce que portait leur mission. En exécutant les prétendus ordres de l’Assemblée, ils se sont rendus coupables de séduction, de partialité, de complicité avec des scélérats, enfin de violences et d’injustices personnelles. Je m’engage à prouver cette assertion par des lettres qu’on leur a écrites. (Murmures.) Je demande, Messieurs, que vous daigniez vous souvenir dans cette discussion d’un principe de justice que vous connaissez tous. On ne manquera pas de m’opposer que ces commissaires, contre lesquels je m’élève avec tant de force, sont munis des certificats les plus honorables, qu’ils ont dans leur portefeuille des lettres par lesquelles les Avignonais et les Com-tadins leur témoignent leur satisfaction, leur reconnaissance. Ou vous dira qu’ils se sont rendus célèbres dans le Comtat par leur honnêteté, leur impartialité, leur justice. Aus-i je ne contesterai aucun de leurs titres de gloire, pourvu que ces titres de gloire soient hors de la cause ; mais vous savez qu’en matière criminelle on ne démontre jamais l’innocence d’un homme par des opinions générales et vagues quand on oppose des faits formels et précis. Ainsi, de même que je n’accuse point par des épithètes, qu’on ne me réponde point par ries panégyriques, car les panégyriques n’ont pas d’autorité. Plaçons la discussion où elle est, et que chaque fait, indépendant des préventions de faveur ou de haine, soit présenté à cette Assemblée pour en déterminer l’opinion. Je dis d’abord, Messieurs, que vos commissaires médiateurs n’ont rien fait de ce qu’ils devaient faire ; que leur demandiez-vous, Messieurs? de faire cesser les hostilités dans le Comtat, de désarmer les parties belligérantes ; c’était là l’objet de votre décret du mois de mai ; car, dans votre décret, il n’était nullement question de favoriser la réunion d’Avignon et du Gomtat à la France. Voici votre décret : « L’Assemblée nationale décrète que le président se retirera par devers le roi pour le prier d’envoyer des médiateurs qui interposent les bons offices... Il s’agit seulement, Messieurs, d’interposer les bons offices de la France. « ..... entre les Avignonais et les Comtadins, et fassent tous leurs efforts pour les amener à la cessation de toutes hostilités, comme un pro-ARCH1VES PARLEMENTAIRES. 586 [Assemblée nationale.] visoire nécessaire pour émettre un vœu libre, etc.... » Avant de prendre des mesures ultérieures sur ]e3 droits de la France sur ce pays, vous avez donc voulu, Messieurs, par le 1er article, que la paix fût éiablie dans Avignon et dans le Comiat ; vous avez dit formellement qu’avant que les Avignonais et les Gomtadms pus-ent émetire un vœu, il fallait qu’ils jouissent delà paix et delà liberté des opinions. Eh bien, Messieurs, la paix y est-elle établie? Vous avez vu ici M. le maire d’Avignon et deux officiers municipaux ; ils vous ont apporté le vœu de ceite ville. Savez-vous comment ils en sont partis? Déguisés en hussard-. Ils auraient été pendus s’ils avaient été pris. {Rires.) Voilà, Messieurs, queiR est la paix et la tranquillité dont nous jouissions. Le chef de la municipalité d’Avignon, il rn’ënlend et ne me dédira pas, n’a dû sa vie qu’à la précaution qu il avait prise do se cacher pendant trois jours, avec 2 officiers municipaux de la ville d'Avignon, chez MM. les commissaires médiateurs qui leur ont donné asile. Le 3e jour, ils se sont déguisés en hussards et sont partis pendant la nuit pour venir vous parler de la liberté du peuple avignonais. {Rires adroite.) Si ce fait ne suffit pas pour vous faire juger du vœulibredes habitants d’Avignon et dnCoratat, dont on vous parle, j’ajouterai que, dans ce moment, tous les officiers municipaux sont en prison; j’ajouterai que, dans ce moment, la ville d’Avignon est gouvernée par l’armée des brigands que MM. les médiateurs n’ont pas voulu désarmer. On ne vous a pas dit que cette armée de brigands, le jour où le général Jourdan, connu dans toute l’Europe sous le nom de Jourdan coupe-tête , est entré à Avignon, y a été reçue avec les plus grands égarés par MM. les médiateurs, et qu’ils la présentent même, ainsi qu’il est prouvé par un écrit signé de la main deM. l’abbé Mulot, comme d» s hommes dignes de l’estime et de la considération publique. Si je donne à ces soldats le nom de brigands, ce n’est que d’après eux, car ils i ortaieut ces mots écrits sur un papier en forme de cocarde: « Braves brigands de l’armée du département de Vaucluse. {Rires.) Ce sont donc, Messieurs, des transfuges qui ont échappé à la mort, qui viennent disposer d’une ville dans laquelle ils seraient pendus s’ils y rentraient : ce sont ces hommes-là qui viennent vous offrir la souveraineté d’Avignon, et qui viennent vous exposer le vœu libre de ce peuple qui ne paraît pas les avoir choisis pour interprètes, puisqu’il est si cruellement disposé à en faire ses victimes. Vos médiateurs sont arrivés à Avignon chargés d’interposer leurs bons offices, ciiargés d’employer tous les moyens pour amener toutes les parties belligérantes à mettre bas les armes ; mais ce n’étaient pas des vice-consuls, ce n’étaient pas des vice-rois que vous aviez envoyés dans ces provinces méridionales : ils y ont cependant déployé tout le faste d’une grande autorité, et vous verrez bientôt avec quelle affreuse partialité ils se sont établis les amis, les convives, les protecteurs, les complices des brigands qu’ils auraient dû faire périr sur l’échafaud. {Murmures.) 11 est bien vrai qu’en arrivant dans ces provinces méridionales les commissaires médiateurs parurent comprendre la nécessité de faire exécuter vos ordres. Vous leur aviez ordonné de [12 septembre 1791-.] faire cesser les hostilités et de faire tous leurs efforts pour amener les différents partis à mettre bas les armes. En conséquence, ils firent uae proclamation; ils ordonnèrent aux déserteurs français de quitter les corps auxqu» ls ils étaient attachés ; mais cet ordre n'a jamais été exécuté. Ils ordonnèrent à tous les citoyens de mettre bas les armes; et pourquoi l’ordonnèrent-ils ? Parce que l’armée de Jourdan allait être écrasée, parce qu’à leur arrivée la paix y allait être rétablie pour toujours, et sans eux ce malheureux pays jo irait, depuis plus de deux mois, de la plus grande tranquillité. {Murmures prolongés à gauche.) Vomi la preuve du fait que je viens d’avancer. J’ai dit, que sans les médiateurs, le Comiat serait tranquille. Lorsque MM. les médiateurs arrivèrent dans le Comiat, les habitants du Gomtat, réduits à eux-mêmes, sentant la nécessité de se défendre conire cette armée de brigands, avaient rassemblé à Carpentras 8 à 10, d’autr s disent même jusqu’à 12,000 hommes et allaient exterminer J’armée d’Avignon qui était moitié moins forte. Un membre à gauche : Vous appelez cela la paix. M. l’abbé llanry. Je ne suis pas surpris qu’à la distance où vous êtes placés, fi s faits les plus vrais vous paraissent ab?urd< s; mais ne vous impatientez pas, demandez-moi seulement la preuve-, je ne vous ferai pas languir. Lorsque les médiateurs arrivèrent à Orange, ils eurent la piécaution d’y faire un séjour de 15 jours ou environ, parce que le Coupe-tête avait compté sur un grand succès 11 avait cru leur po ter les clefs de Carpentras, pour célébrer leur arrivée dans le Gumtat; et, quand les mé dateurs virent que non-seulement les clefs de Carpentras u’ai rivaient pas, mais que l’armée d’Avim.on composée de scélérats, et pur conséquent de lâches, car ils l'avaient bien prouvé sous les murs de Carpentras, qu’ils avaient assiégé quatre fois inutilement, quand ils virent que l’aimée d’Avignon allait être attaquée par 4 endroits différents, et qu’il était impossible que cette armée ne fût pas détruite, ce ne fut que pour son salut que vos commis-aires médiateurs rendirent leur proclamation de mettre bas les armes, car si nous, les habitants du Comtat? avions été seuls en danger, on n'aurait désarmé personne. {Murmures à gauche). Un membre à gauche : La preuve 1 M. l’abbé üiaury. Je dis nous et je vais le démontrer; les fars parleront plus haut : je dis que, si nous avions été seuls m danger, nous, habitants du Comiat, on n’aurait désamié personne, et cela n’e-t-il pas dérao uré? Remarquez qu’au moment où la proclamation fut rendue, le respect de tous les habitants du Comiat pour des ordres émanés des commissaires médiateurs, envoyés par l’Assemblée nationale et le roi, fut tel que toutes fis gardes nationales mirent bas les armes sur-le-champ ; il ne resta pas un seul habitant du pays nui conservât ses armes. Que firent les brigands? Ils conservèrent les leurs. Oh alla sommer MM. les commissaires médiateurs: de faire exécuter la loi pour tous les partis ; ils refusèrent de le faire, ils ne l’ont jamais fait. Ils n’ont jamais désarmé les brigands et ont répondu aux citoyens: « Les armes sont mal placées" entre vos mains, elles sont bien entre les leurs»... ARCHIVES PARLEMENTAIRES. [Assemblée nationale.] A gauche : La preuve! La preuve! M. l’abbé Maury. J'ai la preuve légale de res faits, et l’un cruit m’embarrasser par cette question. Ma s la preuve n’est-elle pas encore mieux dans le palais d’Avignon, dont les brigands se sont rendus maîtres. La preuve, Messi urs, n’est-elle pas dans un fait que toutes les puissances de l’enfer ne contrediront pas?... (Rires ironiques à gauche .) Un membre à gauche : Vous êtes une de ces puissances. M. l’abbé ilaury. Or, cette preuve cruelle, que tant d’assassinats vont couronner, pourra bien ête su-pendue; mais on ne l’éludera pas. N’est-il pas vrai, Messieurs, que le jour où les médiateurs sont arrivés dans le comtat, où ils ont ordunné par une proclamation à tous les partis de mettre bas les armes, si les brigands ont refusé n’obéir, vos médiateurs ont dû user du droit que leur donnait votre décret, d’implorer le secours des garnisons et des gardes nationales voisines pour les désarmer? Qu’ont fait alors les commissaires médiateurs? Ils les ont protégés et les protègent encore; les brigands ont toujours été armés, les brigands se sont emparés d’Avignon : ce n’etait pas pour eux que la loi a été faite. M. Mulot, — j’en ai la preuve léga’e et je le démontrerai à Orléans (Rires à gauche), — M. Mulot dit à M. Vilmer, procureur de la commune d’Avignon, qui lui reprochait sa panialité et qui lui disait : « Pourquoi désarmez-vous les habitants du Comtat, tandis que l’aimée de Jourdan est encore sous les armes ? » M. Mulot lui répondit en présence de plusieurs témoins... A gauche : La preuve! la preuve! M. l’abbé Maury. La preuve en est dans un écrit signé de sa main. M. Mulot lui dit : « Les armes sont bon dans les mains de ces gens-là, et non dans les vôtres. » Il est ailé à Carpentras, et en présence de la municipalité de cette ville, il a ordonné que les brigands restassent armés. J’accuse vos commissaires médiateurs de n’avoir fait aucun acte d’autorité pour désarmer Jourdan et ses comp iees. Vous leur aviez ordonné de faire mettre bas les armes à tous les partis. S’ils l’ont fut, je suis un calomniateur, je dois êire puni. S’ils ne l’ont pas fait, il est donc démontré que les médiateurs ont abusé de votre confiance. Voilà une première prévarication que je vous dénonce. Il est ariivé par la faute de vos commissaees que les brigands qui n’ont pas été désarmés, ont fini par vouloir être républicains, par vouloir, disent-ils, donner un grand exemple à la France ; car, il faut que vous le sachiez, c’est le premier germe d’une République qu’on veut établir à Sérigaon (Rires.); ils ne s’en cachent pas. Si vous en douiez, je vous lirai la délibération de l’assemblée électorale de Bédar-rides, qui a toujours été protégée par les commissaires médiateurs comme ils ont proiégé l’armée de Jourdan. L’armée de Jourdan a fini par vouloir les pendre. Savez-vous ce qu’a fait rassemblée électorale ? Elle les a décrétés. (Rires à droite.) Voici le décret contre M. Mulot, qui ne peut plus vivre dans le Comtat. Il s’était en effet réfugié à Couriaison où il s’est attiré une telle vénération que dans cette ville, imi atieme d’être française, il ne serait pas en sûreté s’il y retour-[12 septembre 1791.] 587 nait, et je vous assure qu’il y a bien d’aulreâ ennemis que ses créanciers. Un membre à gauche : Et les vôtres. M. l’abbé Maury. Ne vous scandalisez pas, Messieurs, je ne sus encore qu’aux peccadilles. (Ah! ah !) On a présenté à votre comité de liquidation un billet à ordre de M. Mulot, qui a emprunté 3,600 livres à un marcha' d d’Avignon ; et ce M. Mulot que l’on annon M. Bouclie. Et où est le discours original? C’est le rédacteur qui dit cela. M. l’abbé Maury. Vous voyez qu’un médiateur vient dans une ville, sans aucun prétexte de troubles ni d’insurrection, et arrive avec un grand appareil. Il se rend à la salle de vi le où il n’avait plus lien à faire puisque le vœu était émis; il menace des plus grands malheurs si on ne votait pas pour la réunion; on menace le peuple de perdre son commerce, de mourir de faim parce qu’il ne pourra plus tirer ses subsistances de la France; et c’est ainsi qu’on e t impartial, c’est ainsi qu’on croit avoir un œu libre ! En parlant à 200 lieues de Paris, au nom de l’ Assemblée nationale et du roi, ce hardi médiateur ordonne à de malheureux habitants qui avaient mis sur leurs portes les armes de France c omme un signe sacré de salut, il leur ordonne, dis-je, ar un sentiment de hauteur, de les renverser. tait-ce un outrage fait à la nation française? Aviez-vous à rougir de ce que l’on arborait les armes ne la nation avec honneur? Pourquoi M. le commissaire médiateur s’est-il permis cette voie de fait? Pourquoi a-t-il voulu faire entendre aux brigands que toute protection éiait retirée du Comtat, du moment que Je Comtat ne votait plus pour la réunion à la France ? et si c’est ainsi que M. le médiateur s’est conduit dans les principales villes du Comtat, dans une ville où il a trouvé des hommes éclairés, courageux et fermes comment a-t-il dû traiter les pauvres municipalités de carai agn -, où l’appareil seul qui environnait les médiateurs aurait sufti pour inspirer le plus grand effroi et étouffer la parole �ur les lèvres de c