SÉANCE DU 5 FRIMAIRE AN III (25 NOVEMBRE 1794) - N°s 6-8 157 6 Le comité de surveillance du district de Cusset [Allier] présente à la Convention le compte de ses opérations morales, politiques et pécuniaires. Mention honorable, insertion au bulletin, et renvoi au comité des Secours (36). [Le comité de surveillance de Cusset à la Convention nationale, s.l.n.d. ] (37) Au moment de la dissolution, le comité révolutionnaire de Cusset vous présente, citoyens-représentans, le compte de ses opérations morales, politiques et pécuniaires. Installés au milieu des orages de la Révolution, voisins d’une cité rebelle, environnés de trames contre-révolutionnaires, nous avons été obligés d’appliquer les mesures de sûreté décrétées par la Convention nationale et ordonnées par les représentans en mission : la justice, la loi, le désir ardent de sauver la patrie, furent toujours la règle de notre conduite. Nous n’avons jamais professé d’autres principes que ceux professés dans le sein même de la Convention nationale, et consacrés dans les décrets et les rapports dont elle ordonnoit l’envoi aux autorités constituées, pour leur servir de fanal dans la carrière révolutionnaire. Éloignée de 80 lieues de Paris, étrangers à toutes les factions, nous ignorions les fils secrets qui ont dirigé les orages politiques. Nous n’avons jamais vu que la Convention nationale, nous n’avons point examiné si les décrets étoient professés par tel ou tel membre. A l’instant où ils ont été rendus, ils sont devenus des lois obligatoires pour tous les citoyens de la République. Pourroit-on nous faire un crime aujourd’hui de les avoir exécutés? Qu’y a-t-il de commun entre des conspirateurs hypocrites, frappés du glaive de la loi, et des fonctionnaires probes et zélés, qui eurent toujours en horreur les tyrans et les factieux? Non, c’est en vain que les aristocrates, les égoïstes, et tous les individus froissés par les mesures révolutionnaires, chercheroient à réagir contre ceux qui eurent la pénible fonction de les appliquer. L’Adresse au Peuple français et le rapport de Lindet rassurent les patriotes ; ces écrits sublimes sont gravés dans nos cœurs ; nous chérissons les principes qu’ils contiennent : oui, plus de terreur, justice, justice pour tous ; que la loi frappe le fripon, le dilapidateur, l’être enrichi de rapines; mais que le fonctionnaire probe et délicat soit encouragé et protégé contre les passions et les intrigues de l’aristocratie. Vive la République ! Vive la Convention nationale ! (36) P.-V., L, 94. (37) Bull. 6 frim. (suppl.). 7 Les citoyens de la commune de Bordeaux [Bec-d’Ambès] remercient la Convention nationale des actes éclatans de bienfaisance et de justice qu’elle a fait en faveur des habitans de cette commune et du département du Bec-d’Ambès. Renvoi aux comités de division et de Salut public (38). 8 Le conseil général de la commune de Senlis [Oise] félicite la Convention nationale du service important qu’elle a rendu à la République en abattant les Jacobins du 9 thermidor, ces patriotes exclusifs qui, le crime dans le cœur et le sang dans les yeux, avoient relevé des bastilles sur tous les points de la France, tandis que les Jacobins de 1789 les avoient détruites. Mention honorable, insertion au bulletin (39). [Le conseil général de la commune de Senlis à la Convention nationale, Senlis, le 3 frimaire an III\ (40) Législateurs, Vous les avez donc abbatu les Jacobins du 9 thermidor, ces patriotes exclusifs, qui le crime dans le cœur et le sang dans les yeux, avoient relevé les bastilles sur tous les points de la République, pour recréer la servitude dont nous avoient tiré les Jacobins de 1789 ! Vous les avez abbatu ces hommes de sang qui avoient ouvert la boëte de Pandore d’où sont sortis tous les forfaits qui ont couvert la France de deüil, et tous les crimes qui alloient en faire do la Franco (41) un vaste désert, si vous ne vous fussiez empressé de la refermer ! Vous les avez précipité ces infâmes titans du fait des montagnes qu’ils entassoient les unes sur les autres pour atteindre et usurper de nouveau la souveraineté du peuple. Qu’ils rentrent dans le néant les monstres, qu’ils cessent de se reproduire sous de nouvelles formes ! Vous les connoissez maintenant, la France entière les connoit aussi ; elle les recon-noîtra à leur voix de Jacob et à leurs mains d’Ezaü. Partout où ils relevront la tête, le peuple saura désormais se garantir de leurs infâmes suggestions et les réduira à la nullité la plus absolüe. Qu’ils tremblent! ces fions, qu’ils tremblent, nous ne craignons pas leur réveil ! Qu’ils tremblent ces démophages ! Si vous les avez atteint (38) P.-V., L, 94. (39) P.-V., L, 94. (40) C 328 (1), pl. 1446, p. 24. Bull., 7 frim. (suppl.); J. Perlet, n° 793. (41) Expression rayée dans le document. 158 ARCHIVES PARLEMENTAIRES - CONVENTION NATIONALE dans leur antre, nous les atteindrons aussi dans quelques repaires qu’ils se cachent, et nous saurons les livrer au glaive de la loi. Continuez, législateurs, votre marche sublime ; maintenez votre fière attitude. Guerre aux terroristes, aux égorgeurs ; guerre aux embastilleurs, aux fripons ! Paix et Justice à l’homme probe et vertueux ! Maintenez la souveraineté du peuple et la justice dans toute sa pureté. Maintenez les sociétés populaires dans le cercle de leur institut en suivant la Constitution. Prenez dans votre sagesse les mesures nécessaires pour en écarter les meneurs et les continuateurs de Robespierre : que tous les bons citoyens y soient appellés et s’y réunissent pour les déjouer, et de toutes parts nous ne cesserons de vous bénir et de vous seconder dans vos glorieux travaux. De toutes parts aussi vous entendrez crier, Vive la République ! Vive la Convention ! Vive le peuple souverain ! Tremblay, maire, Blanc, Herbet, Thibaud, Laurent, Duchatellier, Prissou, officiers municipaux et 13 autres signatures dont 10 de notables. 9 Le représentant Musset, envoyé dans les départemens du Puy-de-Dôme, de la Corrèze et du Cantal, écrit à la Convention nationale que le système affreux de Robespierre affligeoit le département du Cantal, plus que toute autre partie de la République; des scélérats y trafîquoient, de la manière la plus infâme, de la liberté, des biens et de la vie de tous les citoyens. Ils emprisonnoient ceux qui jouissoient d’une fortune légalement acquise, pour les en dépouiller ; ils faisaient pareillement incarcérer et égorger de pauvres sans-culottes dont ils craignaient la surveillance. Insertion au bulletin (42). [Le représentant du peuple Musset à la Convention nationale, s.l.n.d .] (43) Le système affreux de Robespierre, chers collègues, affligeoit le département du Cantal plus que toute autre partie de la République ; des scélérats y trafîquoient de la manière la plus infâme de la liberté, des biens et de la vie de tous les citoyens ; ils emprisonnoient ceux qui jouissoient d’une fortune légalement acquise, pour les en dépouiller, et se débarassoient souvent de ces témoins de leurs exactions en les envoyant au tribunal de sang; ils faisoient ainsi égorger de la même manière des pauvres sans-culottes dont ils redoutoient la surveillance. Par des adresses liberticides ces scélérats avoient empêché l’heureuse révolution du 9 thermidor de déchirer le voile qui couvrait ce département; ce n’est que trois mois après cette (42) P.-V., L, 94-95. (43) Bull., 5 frim. Débats, n° 794, 936. glorieuse époque, que les raisons de la justice qui explose dans toute la France, ont dissipé la terreur et l’effroi et rendu aux patriotes leur énergie. En ma présence, les citoyens d’Aurillac ont démasqué et confondu les hommes de sang et les fripons qui les oppressoient ; ils se sont empressés de désavouer les adresses que ces hommes perfides avoient faites en leur nom et leur avoient fait signer en les menaçant de la réclusion ; ils m’ont prouvé que, comme par-tout ailleurs, le peuple aime la justice et ne reconnoit pour centre unique et seul point de ralliement que la Convention nationale. Incessamment, chers collègues, ils vous feront parvenir l’expression de leurs véritables senti-mens : aidé de bons citoyens, j’ai pris des mesures pour que les coupables subissent la peine que leur ont méritée leurs forfaits ; et pour empêcher qu’à l’avenir de semblables atrocités ne s’y commettent, j’ai composé les autorités constituées de patriotes fermes et énergiques, qui ne souffriront jamais qu’il soit porté atteinte aux droits du peuple. Maintenant que ce département est rendu à la liberté, je vais me rendre dans la Corrèze, où je poursuivrai avec le même zèle les malveillants de toute espèce, j’espère, en y développant les principes de la Convention nationale, y assurer le triomphe de la République. Salut et fraternité. J.-M. Musset, représentant du peuple. 10 Les membres de la société populaire de Routot, département de l’Eure, félicitent la Convention sur ses travaux. Ils expriment leurs regrets des entraves et des obstacles qui ont été opposés aux représentans du peuple, pour opérer plus efficacement le bonheur du Peuple français, par des monstres altérés de sang et de carnage. Ils invitent la Convention à donner un grand exemple, en livrant au Tribunal révolutionnaire tous les auteurs et complices des noyades et des fusillades de Nantes [Loire-Inférieure]. Mention honorable, insertion au bulletin (44). [Les membres de la société populaire de Routot à la Convention nationale, Routot, le 20 brumaire an III] (45) Citoyens, Vous représentés la République entière, elle vous a donné sa confiance, vous la mérités ; nous vous félicitons sur vos travaux, continués avec persévérance, force et courage, que rien ne vous (44) P.-V., L, 95. (45) C 328 (2), pl. 1455, p. 4. Bull., 6 frim. (suppl.).