[Convention nationale..] ARCHIVES PARLEHEMAIRES. j K“brelï 491 Citoyens, ces idées vous affligent, mais il en est; de plus déchirantes encore. Pour les ma¬ riages oh les dispenses sont nécessaires, un curé constitutionnel les obtiendra sous peu de jours; un autre qui ne s’adressera pas à l’évêque du département les recevra beaucoup plus tard : on réfléchira sur l’intervalle des deux expédi¬ tions, on en devinera les causes ; mais si l’un des fiancés est paroissien du curé constitutionnel, si l’autre curé refuse la bénédiction nuptiale, alors il échappera aux futurs quelques mouvements d’impatience, aux familles des plaintes, au peuple des murmures. Des prêtres béniront quelques-uns de ces ma¬ riages, avec dispense de tout autre que de l’évê¬ que constitutionnel : l’uu des conjoints, pour se séparer, arguera la dispense de nullité, ou les collatéraux s’en prévaudront après la mort des époux; scandale dans l’ église, trouble dans les familles; et les enfants, quel sera leur sort? et si dans ces circonstances il y a de la fermenta¬ tion? Je frémis. On aime à soulager les pauvres mais comment les dissidents feront-ils l’aumône? s’ils l’em¬ ploient comme une récompense pour ceux qui partagent déjà leurs opinions, ou comme un ap¬ pât envers les autres, verra-t-on de sang-froid une partie des indigents méprisés ou réduits à blasphémer contre la Constitution? Ainsi se perpétueraient, du moins pour quel¬ ques années, les idées d’aristocratie et de dé¬ magogie; sous ces rapports, les paroissiens sans cesse en opposition, rompraient le lien qui vous unit, et formeraient comme deux communes dans une seule. Enfin si les deux partis parviennent à s’éta¬ blir, à avoir chacun un temple, vous les verrez rivaliser dans vos assemblées primaires, dans le conseil de la commune, et jusque dans le sein de la municipalité; on laissera de côté le bien général; alors vos représentants et vos notables ne pourront plus répondre à votre confiance; la rivalité étouffera le vigilance, énervera la vi¬ gueur, et produira tous les maux que j’appré¬ hende. J’en gémirai dans ma retraite; mais du moins ma douleur ne sera pas aggravée par celle d’en être le témoin. Tels furent, citoyens, les motifs de mon opi¬ nion; c’est vous, c’est votre bonheur que j’avais en vue, et si mon opinion fut une erreur, elle ne fut l’ ouvrage ni de la passion ni de l’intérêt. Un autre motif m’avait encore déeidé; c’est la loi du 10 juillet 1790, qui dispose, aux ar¬ ticles 16 et 17 du titre 1er, que les paroisses des villes auront an moins une population de 6,000 âmes; et comme il n’y en a dans Vienne que 11,000, je ne pouvais demander trois pa¬ roisses en titre (je dis en titre, car dans mon opinion pour une seule paroisse j’ai toujours entendu que le service paroissial se ferait com¬ plètement dans quatre églises, ou du moins dans trois, non seulement les dimanches et les fêtes, mais encore les jours ouvriers, comme aujour¬ d’hui, et qu’il y aurait des vicaires résidents près de ces églises), sans émettre un vœu contraire à la loi à qui, comme vous, j’ai juré d’être fidèle. SDIlfMli PJ ! - J - j Pioct, maire. MXEXE M<> •> A la séance «le la convention nationale «tu f8 brumaire an II. (Mercredi, G novem¬ bre 1993). Comptes: rendus, par - divers journaux des rcnseignemeuisjUburnis sur | la Vendée par illerün (de TWmviUe) et de ia discussion à laquelle donna lieu. une motion de 5*ltilippeaux relative à la mention honorable de la conduite du département de la Sarthe (1). I. Compte rendu du Journal des Débats et des Décrets ('2). Merlin (de Thionvüle). Vous avez décrété le rappel de quelques-uns de vos commissaires dans la Vendée. J’ai reçu votre loi le 8 brumaire. Je me présente aujourd’hui dans le sein de la Convention. La Vendée n’est plus qu’un monceau de cen¬ dres arrosé de sang. J’excepte cependant Cholet avec deux ou trois villages qui sont venus au-devant des républicains leur jurer fraternité et les seconder dans la guerre de la liberté. Par une lâcheté inconcevable, on n’a pas arrêté les brigands à mesure qu’ils passaient sur les rives de la Loire. Plusieurs sont échappés ; mais leur perte n’est que différée. Tous les départements’ qui environnent les brigands se lèvent en masse, au moment où je parle, pour détruire ees enne¬ mis détestables à qui nous avons porté des coups terribles et nombreux. (Applaudissements. ) Philippeaux. Hier on vous a dit que le dé¬ partement de la Sarthe faisait un grand effort-contre les ennemis de la liberté. La Convention ne peut refuser un encouragement aux citoyens qui marchent courageusement au combat. Je de¬ mande qu’il soit décrété que le département de la Sarthe a bien mérité de la patrie. Merlin (de Thionvüle). Quand le départe¬ ment de la Sarthe aura concouru à exterminer les fuyards de la Vendée, la Convention décré¬ tera qu’il a bien mérité de la patrie. Jusque-là elle doit avoir les yeux ouverts sur ceux qui vont à l’ennemi. Ceux qui faibliront subiront l’animad¬ version de la République. Quant aux communes qui se conduisent bien, la Convention déclarera qu’elles ont fait leur devoir, et elles seront assez récompensées. ( Applaudissements. ) La Convention passe à l’ordre du jour sur la motion de Philippeaux. II. Compte rendu de V Auditeur national (3). Merlin (de Thionvüle), revenant de la Ven¬ dée, fait un rapport sur la situation des re¬ belles. « On vous a, dit il, annoncé que la Vendée n’existait plus, et l’on a eu raison, car, à l’excep¬ tion de Cholet et de quelques autres villes ou villages patriotes, le reste n’est qu’un monceau de cendres, arrosé de sang. Par une lâcheté inconcevable, sept à huit mille républicains (1) Voy. ci-dessus, même séance, p. 464, le compte rendu de la même discussion d’après le Moniteur. (2) JournaL des Débats et des Décrets (brumaire an II, n° 414, p. 219). f3) Auditeur national [n° 411 du 17 brumaire an II (jeudi 7 novembre 1793), p. 4].