SÉANCE DU 27 VENDÉMIAIRE AN III (18 OCTOBRE 1794) - Nos 3-4 243 3 Les administrateurs du département de Seine-et-Oise applaudissent aux principes que la Convention nationale a manifesté dans son Adresse aux Français; patriotisme ardent, obéissance aux lois, haine pour la tyrannie, sont les devoirs qu’ils promettent de remplir. Mention honorable, insertion au bulletin (5). [Les administrateurs du département de Seine-et-Oise à la Convention nationale, de Versailles, le 22 vendémiaire an III] (6) Liberté fraternité Egalité Citoyens représentans, Les décrets qui sont émanés de votre sagesse, la chute des tyrans qui tenaient la france asservie par la terreur; avoient manifestés les sentimens purs dont vous êtes animés : une communication plus directe étoit cependant nécessaire ; les véritables amis de la liberté et de l’égalité l’attendoient avec impatience, et vous venez de remplir leur espoir par votre adresse au Peuple français. Telle est l’empire de la vérité et la force des principes contenus dans cette adresse, que bientôt cette foule innombrable de bons citoyens qui veulent le salut de la Patrie, mais qu’on cher-choit à tromper indignement sur les moyens de l’opérer, verront se dissiper les prestiges du fanatisme politique comme les vapeurs de la terre au lever du soleil. Le char de la Révolution conduit par la Justice, anéantira dans sa marche rapide les espérances chimériques des aristocrates et des modérés et les projets attroces des anarchistes et des intriguans. Qu’ils sont coupables les partisans du sis-tême de la terreur, de ce système affreux qui a fait plus d’une fois trembler le patriote, non par la crainte de la mort; l’homme juste l’envisage sans pâlir, mais par la crainte de l’infamie plus cruelle que la mort. Patriotisme ardent, obéissance aux loix, haine vigoureuse pour les ennemis de la Liberté et de l’Egalité, quelques dehors qu’ils empruntent : voilà nos devoirs ; nous saurons les remplir. Vous, citoyens représentans, pressez s’il est nécessaire la marche du gouvernement; secondez les efforts de nos généreux déffenseurs ; ne reconnoissez jamais d’autres règles que celles de l’étemelle justice et comptez sur le Peuple comme il compte sur vous. Vive la République, vive la Convention nationale. Charbonnier, Lepicier, Goujon, Vallier, Elame, Sarmon, Peyronet, secrétaire général. (5) P.-V., XLVII, 230. M. U., XLIV, 427. (6) C 321, pl. 1348, p. 1. Bull., 28 vend. 4 La société populaire de Bourgoin [Isère] annonce qu’après avoir applaudi à la chute des triumvirs, elle mettra toute son application à démasquer les charlatans ultra-révolutionnaires, les aristocrates, les lâches, les sangsues publiques, les déprédateurs, les fripons de toutes les classes. Mention honorable, insertion au bulletin (7). [La société populaire de Bourgoin à la Convention nationale, du 18 vendémiaire an HT] (8) Liberté Egalité Représentants, Lorsque vous fîtes tomber sous le glaive de la loi le ridicule Néron qui vouloit asservir et s’abreuver du plus pur sang des françois, la société populaire de Bourgoin et le Peuple se levèrent spontanément pour rendre hommage à votre justice, et reconnoitre en vous les sauveurs de la Patrie, le serment de rester indissolublement unis à la Convention nationale fut prononcé, et vous fut transmis avec l’entou-siasme et l’énergie qu’inspire aux vrais amis de la liberté leur confiance en vos vertus. Après avoir banni de votre enceinte l’hipo-crisie cruelle, vous vous êtes occupés, sans relâche, à réparer les ravages qu’elle avoit opérés ; vous avez jetté un regard paternel sur tous les points de la République ; vous avez levé le voile funèbre dont elle étoit couverte ; la Justice a repris ses droits et a fait fuir la barbarie dont les efforts monstrueux alloient détruire votre ouvrage. Les modernes Tigelline ont jetté un cri de désespoir lorsqu’ils ont vu tomber leur scandaleuse autorité ; leur bouche impure a vomi contre la Représentation nationale le poison dont ils ne pouvoient plus inonder la République; toutes les passions décharnées ont fait gronder leurs orages sur vos têtes, vous êtes restés inébranlables, et vous avez résolu d’écarter les méchans du char de la Révolution pour n’admettre à soutenir sa marche triomphante que des mains pures et vertueuses. Nous venons applaudir, pères de la Patrie, à votre généreux courage; placés à l’extrémité de la République nos regards ont été constamment attachés sur la représentation nationale ; avec elle nous avons voulu tout ce qui tendoit au bonheur du Peuple, nous avons été des premiers à parcourir ses nouvelles conquêtes. Dès le moment même où l’infâme Capet fuit vers Varennes, son nom fut effacé de nos actes, nous jurâmes de ne reconnoitre d’autres pouvoirs que ceux reconnus par nos représentants de qui nous espérions, des lois, la justice éclatante que vous avez faite de la tirannie et du tiran. Mais (7) P.-V., XLVII, 230. (8) C 322, pl. 1355, p. 7. Bull., 29 vend. ; M. XJ., XLV, 21. 244 ARCHIVES PARLEMENTAIRES - CONVENTION NATIONALE cette gloire vous étoit réservée ; il vous en étoit réservé une plus grande encore. Assis sur les débris d’une monarchie qui avoit entassé les vices de quinze siècles, aux prises avec toutes les fausses vertus qu’elle avoit produites, à travers le cahos de la folie, de la méchanceté et des erreurs humaines, vous avez su établir la liberté et l’égalité, vous avez environné leur berceau de plus de formes militaires que n’en eurent les plus vastes empires. Vous combattez encore pour l’investir de la force morale ; achevez votre ouvrage, apprenez à l’univers que votre sagesse égale les pouvoirs dont la nation vous a rendu dépositaire. Chassez loin de vous tous ces zélateurs sicophantes de la liberté qui ne l’embrassent que pour l’étouffer, tous ces ti-rannaux cupides dont le moindre défaut est d’être gonflés d’orgueuil et qui, dans leur rage insensée, voudroient immoler une victime à chaque playe de leur amour propre. Nous le voyons avec joye ; vainement les essaims de cette secte impure bourdonnent autour de vous ; vainement ils agitent les sociétés populaires pour faire prévaloir leur manière de mettre la vertu et la justice à l’ordre du jour ; la justice est une ; la vertu est une et tout ce qui s’écarte de leur règle et de leur mesure est criminel. Vous voulez consacrer ce grand principe, les sociétés populaires doivent s’empresser à le publier et le peuple lui devra son bonheur. Le moment de voir la vérité dans tout son jour est enfin arrivé pour lui ; nous mettrons toute notre application à la lui faire entendre, indignés des convulsions excitées par les charlatans ultra-révolutionnaires, armés de mépris contre les lâches déprédateurs, tous les frippons de toutes les classes, nous apprendrons à ce peuple fort et généreux à n’être dupe d’aucune faction, à connoître tous les masques. C’est vers vous représentans que nous élèverons tous les coeurs, c’est à vous qu’il appartient de fixer l’opinion publique et aux sociétés populaires de la maintenir dans toute sa pureté contre les attaques des malveillans ; telle est notre profession de foi ; d’elle seule découle le serment que nous renouvelions d’être invariablement attachés à vos personnes et à vos décrets. Les membres du comité de correspondance, Chaboud, président, Pasquet, Billard, Couturier, secrétaires. 5 La société populaire d’Annecy [Mont-Blanc] applaudit à la punition des conspirateurs. Recevez, dit-elle, nos actions de grâces pour avoir envoyé un représentant qui poursuit les partisans de cette faction scélérate; maintenez le gouvernement révolutionnaire, faites régner la justice et la vertu ; que la terreur soit réservée pour les coupables; consacrez ce principe que, quand un bon citoyen tremble , il y a oppression. Mention honorable, insertion au bulletin (9). a [La société populaire des sans-culottes d’Annecy à la Convention nationale, du 13 vendémiaire an HT] (10) Fraternité ou la mort Citoyens représentants, Depuis longtemps l’on nous disoit que la vertu étoit à l’ordre du jour, mais à la place de la vertu nous n’apperçevions dans la République que l’intrigue et la domination, les intriguants avoient bien toujours les mots de vertu et de patriotisme dans la bouche, mais le crime et l’immoralité la plus profonde étoient dans leur coeur. Le système de terreur étoit bien fait pour leurs âmes atroces, ce n’est que par ce moyen qu’ils pouvoient usurper le pouvoir et en conserver l’exercice, ce n’est que par ce moyen qu’ils pouvoient comprimer l’explosion de l’opinion publique sur leur compte, aussi avoient-ils soin de s’envelopper d’une inviolabilité inconstitutionnelle, et de regarder comme contre-révolutionnaires quiconque n’encensoit pas leur masque imposteur, et leurs vertus mensongères. Craignant le grand jour ils étoient intéressés à s’opposer à la liberté des opinions et de la presse, et les vains efforts qu’ils font encore annoncent le désespoir de l’agonie. Le coup dont vous avez frappé le traitre Robespierre et les triumvirs, a retenti dans toute la République, et les a blessé mortellement. Ils ont aussitôt crié au patriotisme opprimé, à l’aristocratie renaissante. Mais, citoyens représentans, ne vous laissez point surprendre à ces vociférations, c’est le cri d’allarme de l’intrigue écrasée. Restez à votre poste, jusqu’à ce que les destinées de la République soient invariablement fixées ; maintenez le gouvernement révolutionnaire, étouffez les conjurations, écrasez les factieux. Faites régner la justice et la vertu sans lesquelles il n’y a point de République; que la terreur soit réservée pour les contre-révolutionnaires et les fripons, que le bon citoyen, que l’ami de la chose publique, puissent désormais reposer en paix chez lui, et ne soient plus la victime de ceux qui regardoient la République comme leur proie; enfin consacrez ce principe, que quand un bon citoyen tremble, il y a oppression. Recevez nos actions de grâces de la vigueur que vous avez déploiée pour abattre la plus dangereuse de toutes les conjurations, reçevez nos actions de grâces de nous avoir envoié le représentant du peuple Gauthier pour étouffer parmi les restes de cette vaste conspiration qui (9) P.-V., XL VII, 230. Bull., 27 vend. (10) C 322, pl. 1355, p. 8. C. Eg., n 792; M. U., XLIV, 442.