712 [Assemblée nationale.) ARCHIVES PARLEMENTAIRES. [10 août 1790.] payer, parce que jamais le remboursement n’en a été fait que sur le pied du capital de l’emploi actuel. Aurait-on donc eu l’idée de flatter le peuple, en lui présentant des idées chimériques? Les membres de la commune qui vous présentent celte pétition ont fui, pour délibérer, la présence du maire, élu à la majorité de 12,000 voix des députés de Paris et des sections. Paris n’a point tout perdu à la Révolution : il était privé du séjour de son roi, et il le possède. Que dirai-je du bonheur d’avoir dans son sein les représentants de la nation? On est, à la vérité, privé de quelques gens frivoles qui venaient fréquenter les spectacles; d’autres viennent admirer la sagesse de vos décrets. Cette fête, dont l’histoire ne nous fournit pas d’exemple, qui a amené tant de milliers d’hommes dans la capitale, n’a-t-elle donc pas versé d’argent dans le commerce? Je déclare, au nom des députés de Paris et de tous les Parisiens qui m’entendent, que la pétition indécente qu’on vous propose n’est pas le vœu de la capitale. Pleine de confiance dans votre sagesse, elle sera toujours soumise à vos décrets; les esprits ne seront points séduits par la pétition de quelques citoyens isolés, qui viennent ici reproduire une motion faite, je le dirai, par M. l'abbé Maury. (Plusieurs fois ce discours est interrompu par les plus vifs applaudissements.) La séance est levée à dix heures. ANNEXE A LA SÉANCE DE L’ASSEMBLÉE NATIONALE DU 10 AOUT 1789. Pièces justificatives jointes au discours de M. Ou-dart ( voy . plus haut, page 708 ) prononcé devant V Assemblée nationale, au nom du comité des recherches de la municipalité de Paris. N° 1. Arrêté du comité des recherches de la municipalité de Paris , du 23 novembre 1789, tendant à dénonciation des délits commis , le 6 octobre précédent, dans l'intérieur du château de Versailles. Le comité s’est attaché, depuis sa création, a rechercher, avec un zèle infatigable, les auteurs de la conspiration formée, au mois de juillet dernier, contre l’Assemblée nationale et contre la ville de Paris; conspiration dans laquelle, sous prétexte de conciliation et de précautions pour la tranquillité publique, on a si cruellement surpris la religion d'un roi protecteur de la liberté, et le premier ami de son peuple. Le comité s’est également empressé de rechercher les auteurs d’une autre conspiration, dont le but paraît avoir été de lever clandestinement des troupes, d’exciter des troubles et d’en profiter pour entraîner le roi loin de son séjour, et rompre la communication entre lui et l’Assemblée nationale. Le comité se propose aujourd’hui de dénoncer un autre crime, dont la recherche ne l’a pas moins occupé depuis son origine; crime qui paraît appartenir à une source différente, et qui a excité l’indignation et la douleur de tous les bons citoyens; crime déjà constaté par la notoriété publique, et qui serait déféré depuis longtemps, si le comité n’avait pas cru devoir .employer d’abord tons les moyens qui sont eu sou pouvoir, pn.ur en r chercher les auteurs. Le forfait exécrable qui a souillé le château de Versailles, dans la matinée du mardi 6 octobre, n’a eu pour instruments que des bandits, qui, poussés par des manœuvres clandestines, se sont mêlés et confondus parmi les citoyens. Le comité ne rappellera point tous les excès auxquels ces brigands se sont livrés, et qu’ils auraient multipliés, sans doute, s’ils n’avaient été arrêtés par les troupes nationales, destinées à réprimer les désordres et à assurer la tranquillité du roi et de l’Assemblée nationale. Elles remplirent, à leur arrivée, cet objet sacré dont elles s’étaient fait la loi, par le serment de fidélité et de respect pour le roi, qu’elles avaient renouvelé à leur entrée à Versailles. Placées à l’extérieur du château, dans les postes que le roi avait ordonné de leur confier, elles s’occupèrent à y maintenir le bon ordre. Tout paraissait calme, grâces à leur zèle et aux dispositions sages de leur commandant; la confiance et l’harmonie régnaient partout ; on ne parlait que de reconnaissance, d’amour de fraternité ; lorsqu’entre cinq et six heures de la matinée du mardi, une troupe de ces bandits armés, accompagnés de quelques femmes et d’hommes déguisés en femmes, fit, par des passages intérieurs du jardin, une irruption soudaine dans le château, força les gardes du corps en sentinelle dans l’intérieur, enfonça les portes, se précipita vers l’appartement de la reine, massacra quelques-uns des gardes qui veillaient à sa sûreté, et pénétra dans cet appartement que Sa Majesté avait eu à peine le temps de quitter pour se retirer près du roi. La fureur de ces assassins ne fut réprimée que par les gardes nationales, qui, averties de ce carnage, accoururent de leurs postes extérieurs pour les repousser et arrachèrent de leurs mains d’autres gardes du corps qu’ils allaient immoler. Le comité, considérant que des attentats aussi atroces, s’ils restaient sans poursuite, imprimeraient à l’honneur de la capitale et au nom Français une tache ineffaçable, Estime que M. le procureur-syndic doit, en vertu de la mission qui lui a été donnée par les représentants de la commune, et en continuant les dénonciations précédemment faites d’après les mêmes pouvoirs, dénoncer les attentats ci-dessus mentionnés, ainsi que leurs auteurs, fauteurs ou complices, et tous ceux qui, par des promesses ou dons d’argent, ou par d’autres manœuvres, les ont excités et provoqués. Fait audit comité, ce 23 novembre 1789. Signé : Agier, Perron, Oudart, Garran de Goulon et Brissot de Warville. N° Il Déclaration du comité des recherches de la municipalité de Paris, dulk avril 1790, sur la dénonciation des délits du 6 octobre. Le comité de recherches de la ville de Paris, instruit que l’on dénature la dénonciation qu’il a estimé devoir être faite de l’attentat commis au château de Versailles dans la matinée du 6 octobre dernier; qu’on étend cette dénonciation sur des faits qui se sont passés Ja veille, et même à