288 ARCHIVES PARLEMENTAIRES - CONVENTION NATIONALE département du Finistère, où ils ont continué à servir courageusement la cause publique. « Brosselin aîné, sergent-major au 2e bataillon du Finistère, natif de Quimperlé, même département, âgé de 20 ans, frère de ce même Brosselin dont l’action héroïque est consignée dans nos annales, n° 2, à la jambe emportée d’un boulet dans la même affaire ; ce coup terrible paraît l’armer d’un nouveau courage; il excite lui-même le chirurgien à toutes les opérations nécessaires, appelle à grands cris tous ses chefs, ses camarades, dont l’estime et l’amitié lui étaient depuis longtemps acquises. Tous en approchent les larmes aux yeux. « Quoi ! s’écrie-il, mes amis, vous me regardez d’un œil de compassion ? mon sort n’est-il pas, au contraire, digne d’envie ! Si je meurs, c’est pour la liberté; si je vis, je ne pourrais plus porter les armes pour sa défense, mais ma bouche inspirera à mes concitoyens toute la haine que je voue aux tyrans. » « A l’instant passe le général de division Mayer et son adjudant général, qui tous deux, pénétrés d’admiration, l’embrassent avec attendrissement. Notre brave jeune homme, en recevant ce baiser délicieux, chante avec une force nouvelle ces deux vers : Plutôt la mort que l’esclavage, C’est la devise des Français. Enfin il entre à l’hôpital de Vedette-Républicaine, conservant toujours la même élévation d’âme, et sans qu’il lui échappe la moindre plainte. Nous annonçons avec une joie inexprimable qu’il touche à sa guérison. » (Suivent les signatures des membres du conseil général de l’administration.) La Convention nationale décrète la mention honorable, l’insertion par extrait du rapport au bulletin et dans le recueil des actions héroïques, et renvoie le même rapport au comité de liquidation pour déterminer la pension et les récompenses dues au citoyen Brosselin et aux parens du citoyen Deriqui (1). 53 Barère, au nom du comité de salut public, fait le rapport des nouvelles victoires remportées par les armées de la Moselle, du Rhin, de Sambre-et-Meuse et du Nord (2). De vifs applaudissement précèdent Barère à la tribune. BARÈRE, au nom du comité de salut public : Citoyens, lorsque hier le comité de salut public vint vous annoncer la reprise de Landrecies et les succès de l’armée de la Moselle et du Rhin, nous ne croyions pas être aussi voisins de nouveaux triomphes : mais la valeur des armées marche plus rapidement que la composition des historiens ou les discours des orateurs, et le comité n’a pas, pour ainsi (l) P.V., XLI, 331. Bin, 6 therm.; Mon., XXI, 315; M.U., XLII, 119; J. Paris, n° 572; J. Jacquin, n° 722; J. Fr., n° 669. (2) P.V., XLI. 331. Bin, 30 mess. (ler et 2e supplts) et 2 therm. Voir ci-après même séance, n° 58. dire, le temps de rédiger les victoires. (Vifs applaudissements.) C’est une assez belle tactique que celle de s’emparer des villes et des places des ennemis en même temps que l’on reprend celles qu’on avait usurpées sur la république ; et cette tactique paraît être décidément celle des républicains. (On applaudit.) Les succès des armées de la Moselle et du Rhin s’agrandissent tous les jours; le 27 messidor elles ont fait fuir les Prussiens devant elles sur un espace de plus de vingt lieues . (Nouveaux applaudissements.) Les républicains sont maîtres des revers et de toutes les montagnes des Vosges, depuis Lands-tuhl jusqu’à Neustadt. (On applaudit.) Les armées de la liberté occupent Spire, Karweiler, et elles vont récolter le Palatinat. (La salle retentit des plus vifs applaudissements et des cris de Vive la république !) Dix-huit pièces de canon sont le résultat de ces trois journées, dont je vous ai déjà rapporté quelques faits. Douze cents esclaves ont disparu de la terre, et près de trois mille de ces brigands du Nord sont blessés, sans que nous ayons perdu beaucoup de monde. (On applaudit.) A Trippstadt et au Platzberg, où nous avons battu les Prussiens complètement, les généraux qui commandaient dans ces divers endroits ont été mis à mort. Au Platzberg, nous comptons parmi les prisonniers un colonel-major, un capitaine et un lieutenant. Les Prussiens désertent par troupes, et il nous est arrivé entre autres une compagnie entière de grenadiers. (On applaudit.) C’est à l’infanterie française, à cette partie principale de l’armée qui, chez tous les peuples, a triomphé de tous les obstacles, de toutes les tactiques, que sont dus tant de succès; au moment où je les raconte, elle mérite encore de nouveaux applaudissements; elle se bat et poursuit l’ennemi sur les bords du Rhin. Rougemont et Duroy ont été sur le champ de bataille pour encourager les soldats dans la plaine, tandis que Goujon et hentz se portaient, l’un à l’armée de la Moselle, à Trippstadt, et l’autre à l’armée du Rhin, dans les Gorges. Ainsi, Neustadt, Spire, Platzberg, Karweiler et Trippstadt sont le fruit généreux du courage des deux armées de la Moselle et du Rhin. L’une emportait d’assaut le Platzberg, tandis que l’autre chargeait la cavalerie. Une partie enlevait des canons à la baïonnette, et l’autre entrait dans Spire et Neustadt avec autant de facilité que dans le territoire de la république. (On applaudit.) Les généraux sont si satisfaits des braves Français qu’ils ont l’honneur de commander qu’ils nous annoncent de nouveaux avantages; et nous pouvons y croire d’avance, car les ennemis sont dans la stupeur, et les Français ont employé une nouvelle tactique. C’est même là l’objet des plaintes assez étranges du colonel fait prisonnier, et qui avait fortifié le Platzberg. Il s’est plaint de ce que les républicains l’avaient pris d’une manière contraire aux principes établis (les applaudissements recommencent, et se mêlent aux éclats de rire), et il trouve très-mauvais que l’on remporte sur eux des victoires successives, sans employer leur tactique et leur méthode. (Nouveaux applaudissements). C’est ainsi qu’on vit, dans le dernier siècle, le 288 ARCHIVES PARLEMENTAIRES - CONVENTION NATIONALE département du Finistère, où ils ont continué à servir courageusement la cause publique. « Brosselin aîné, sergent-major au 2e bataillon du Finistère, natif de Quimperlé, même département, âgé de 20 ans, frère de ce même Brosselin dont l’action héroïque est consignée dans nos annales, n° 2, à la jambe emportée d’un boulet dans la même affaire ; ce coup terrible paraît l’armer d’un nouveau courage; il excite lui-même le chirurgien à toutes les opérations nécessaires, appelle à grands cris tous ses chefs, ses camarades, dont l’estime et l’amitié lui étaient depuis longtemps acquises. Tous en approchent les larmes aux yeux. « Quoi ! s’écrie-il, mes amis, vous me regardez d’un œil de compassion ? mon sort n’est-il pas, au contraire, digne d’envie ! Si je meurs, c’est pour la liberté; si je vis, je ne pourrais plus porter les armes pour sa défense, mais ma bouche inspirera à mes concitoyens toute la haine que je voue aux tyrans. » « A l’instant passe le général de division Mayer et son adjudant général, qui tous deux, pénétrés d’admiration, l’embrassent avec attendrissement. Notre brave jeune homme, en recevant ce baiser délicieux, chante avec une force nouvelle ces deux vers : Plutôt la mort que l’esclavage, C’est la devise des Français. Enfin il entre à l’hôpital de Vedette-Républicaine, conservant toujours la même élévation d’âme, et sans qu’il lui échappe la moindre plainte. Nous annonçons avec une joie inexprimable qu’il touche à sa guérison. » (Suivent les signatures des membres du conseil général de l’administration.) La Convention nationale décrète la mention honorable, l’insertion par extrait du rapport au bulletin et dans le recueil des actions héroïques, et renvoie le même rapport au comité de liquidation pour déterminer la pension et les récompenses dues au citoyen Brosselin et aux parens du citoyen Deriqui (1). 53 Barère, au nom du comité de salut public, fait le rapport des nouvelles victoires remportées par les armées de la Moselle, du Rhin, de Sambre-et-Meuse et du Nord (2). De vifs applaudissement précèdent Barère à la tribune. BARÈRE, au nom du comité de salut public : Citoyens, lorsque hier le comité de salut public vint vous annoncer la reprise de Landrecies et les succès de l’armée de la Moselle et du Rhin, nous ne croyions pas être aussi voisins de nouveaux triomphes : mais la valeur des armées marche plus rapidement que la composition des historiens ou les discours des orateurs, et le comité n’a pas, pour ainsi (l) P.V., XLI, 331. Bin, 6 therm.; Mon., XXI, 315; M.U., XLII, 119; J. Paris, n° 572; J. Jacquin, n° 722; J. Fr., n° 669. (2) P.V., XLI. 331. Bin, 30 mess. (ler et 2e supplts) et 2 therm. Voir ci-après même séance, n° 58. dire, le temps de rédiger les victoires. (Vifs applaudissements.) C’est une assez belle tactique que celle de s’emparer des villes et des places des ennemis en même temps que l’on reprend celles qu’on avait usurpées sur la république ; et cette tactique paraît être décidément celle des républicains. (On applaudit.) Les succès des armées de la Moselle et du Rhin s’agrandissent tous les jours; le 27 messidor elles ont fait fuir les Prussiens devant elles sur un espace de plus de vingt lieues . (Nouveaux applaudissements.) Les républicains sont maîtres des revers et de toutes les montagnes des Vosges, depuis Lands-tuhl jusqu’à Neustadt. (On applaudit.) Les armées de la liberté occupent Spire, Karweiler, et elles vont récolter le Palatinat. (La salle retentit des plus vifs applaudissements et des cris de Vive la république !) Dix-huit pièces de canon sont le résultat de ces trois journées, dont je vous ai déjà rapporté quelques faits. Douze cents esclaves ont disparu de la terre, et près de trois mille de ces brigands du Nord sont blessés, sans que nous ayons perdu beaucoup de monde. (On applaudit.) A Trippstadt et au Platzberg, où nous avons battu les Prussiens complètement, les généraux qui commandaient dans ces divers endroits ont été mis à mort. Au Platzberg, nous comptons parmi les prisonniers un colonel-major, un capitaine et un lieutenant. Les Prussiens désertent par troupes, et il nous est arrivé entre autres une compagnie entière de grenadiers. (On applaudit.) C’est à l’infanterie française, à cette partie principale de l’armée qui, chez tous les peuples, a triomphé de tous les obstacles, de toutes les tactiques, que sont dus tant de succès; au moment où je les raconte, elle mérite encore de nouveaux applaudissements; elle se bat et poursuit l’ennemi sur les bords du Rhin. Rougemont et Duroy ont été sur le champ de bataille pour encourager les soldats dans la plaine, tandis que Goujon et hentz se portaient, l’un à l’armée de la Moselle, à Trippstadt, et l’autre à l’armée du Rhin, dans les Gorges. Ainsi, Neustadt, Spire, Platzberg, Karweiler et Trippstadt sont le fruit généreux du courage des deux armées de la Moselle et du Rhin. L’une emportait d’assaut le Platzberg, tandis que l’autre chargeait la cavalerie. Une partie enlevait des canons à la baïonnette, et l’autre entrait dans Spire et Neustadt avec autant de facilité que dans le territoire de la république. (On applaudit.) Les généraux sont si satisfaits des braves Français qu’ils ont l’honneur de commander qu’ils nous annoncent de nouveaux avantages; et nous pouvons y croire d’avance, car les ennemis sont dans la stupeur, et les Français ont employé une nouvelle tactique. C’est même là l’objet des plaintes assez étranges du colonel fait prisonnier, et qui avait fortifié le Platzberg. Il s’est plaint de ce que les républicains l’avaient pris d’une manière contraire aux principes établis (les applaudissements recommencent, et se mêlent aux éclats de rire), et il trouve très-mauvais que l’on remporte sur eux des victoires successives, sans employer leur tactique et leur méthode. (Nouveaux applaudissements). C’est ainsi qu’on vit, dans le dernier siècle, le 289 SÉANCE DU 30 MESSIDOR AN II (18 JUILLET 1794) N° 53 général Cohorn, qui avait mis toute sa science à fortifier Namur, qui fut pris par Vauban, se plaindre hautement de ce que l’on n’avait pas attaqué selon les principes; comme si le courage et l’amour de la patrie avaient d’autres principes que ceux qui font gagner des batailles et exterminer les ennemis de la liberté. (On applaudit !). Leur tactique ! Eh ! quel peuple assez déshonoré, quels militaires assez lâches voudraient de cette tactique des tyrans coalisés, qui ne cernent que des places où ils ont pratiqué des intelligences et ourdi des trahisons, qui se présentent devant les postes qu’ils ont corrompus, qui prennent les villes qu’ils ont achetées, et qui ne battent que les troupes où ils ont semé la déroute, la perfidie et les sauve qui peut ? (On applaudit). Nous, prendre la tactique des esclaves, de ces scélérats Anglais qui se jetaient à genoux devant les Français victorieux à Dunkerque, de ces dévots Espagnols rendus à discrétion dans les Pyrénées, de ces serfs Hanovriens, de ces Hollandais stathoudé-riens, fugitifs dans la Belgique, et de ces machines prussiennes, arpentant par une fuite rapide les bords du Rhin, témoins de leur honteuse défaite. (Nouveaux applaudissements). Oui, ces esclaves agglomérés à Pillnitz avaient une belle tactique; ils avaient conçu le plan d’une famine générale, pour présenter à l’acceptation des Français des cargaisons de farine et la royauté. Ils pirataient sur les mers, pour arrêter les vaisseaux neutres chargés de subsistances pour la république. Ils nous avaient cernés sur les frontières de terre, comme dans nos ports, de projets de famine et de tous les fléaux qui la suivent. Eh bien, la liberté qu’on a voulu perdre vient de conquérir les deux greniers d’abondance de la maison d’Autriche et de l’Allemagne. (On applaudit à plusieurs reprises). Les récoltes de la Belgique et du Palatinat, semées par les esclaves des brigands couronnés, seront recueillies par des mains républicaines et transportées dans nos magasins. (Vifs applaudissements). Ainsi les affameurs seront affamés, et les complots horribles retomberont sur la tête de leurs coupables auteurs. (Les applaudissements recommencent). Je ne suis pas borné à raconter ce qu’ont fait deux armées sur la Moselle et le Rhin; la victoire a stipulé [sic] le même jour des rives du Rhin aux bords de l’Océan ; ainsi, toute la frontière qui sépare la république de toutes les nations barbares du Nord est illuminée de triomphes. Revenons dans cette Belgique, échappée enfin à la tyrannie de l’Autriche. Le poste avantageux de la Montagne-de-Fer et la position utile de l’abbaye de Florival ont été pris (on applaudit à plusieurs reprises), malgré la plus vive résistance, par les troupes de la république, et depuis le 27 messidor les villes de Louvain et de Malines sont tombées en notre puissance. ( Bravo ! bravo ! s’écrie-t-on de toutes parts; vive la république! A ces acclamations universelles se joignent des applaudissements plusieurs fois répétés). Les républicains se sont conduits avec cette bravoure et cette intrépidité dont ils sont en possession de donner de grands exemples à l’Europe étonnée. (Nouveaux applaudissements). Le succès obtenu sur la Montagne-de-Fer avait préparé la prise de Louvain ; mais quand il s’est agi de la prise de Malines, le passage du canal a présenté de grands obstacles. Ces obstacles, pour des Français déjà vainqueurs, sont des cautions de nouvelles victoires. (On applaudit). Ne croyez pas qu’ils puissent supporter patiemment les lenteurs des travaux pour le passage; la construction des ponts ne marche pas avec assez d’activité pour leur bouillant courage; une grande partie des volontaires s’est jetée à la nage (vifs applaudissements) pour passer à l’autre rive du canal et pour combattre; ils ont pris la ville et fait deux cents prisonniers, et des magasins dont le général ignore encore le nombre, [applaudissements]. 200 Français prisonniers ont été mis en liberté par l’arrivée triomphante de leurs frères d’armes. (Les applaudissements redoublent). L’armée a repoussé l’autrichien jusqu’à Tirlemont; elle lui a tué un grand nombre d’esclaves; les autres ont bravement pris la fuite. (On rit et on applaudit). Ce sont là cependant les soutiens fermes et invincibles du trône et de l’autel, pour me servir de l’expression évangélique du ministre de Londres. (On rit). Ce sont les troupes des rois coalisés pour rétablir en Europe le bon ordre et la royauté descendue, selon eux, du ciel. Voici les lettres. [Michaud, g"1 en chef, au C. de S. P.; Answeiler, 27 mess. II] « Citoyens représentants, Les armées du Rhin et de la Moselle proclament aussi la victoire; le 24, elles se sont mises en mouvement, et ont commencé par se placer sur les positions d’où elles devaient se précipiter le lendemain sur les esclaves. Les troupes républicaines forcèrent rapidement leurs avant-postes à se replier. Vainement la cavalerie ennemie voulut charger notre brave infanterie de la Moselle : trois fois celle-ci présenta un front imposant d’armes croisées, et la repoussa courageusement. « Hier, 25, nous attaquâmes sur tous les points; la division de droite, commandée par Desaix, et chargée d’une fausse attaque, fit un feu terrible d’artillerie, et s’empara vivement de Frechbach et Freimersheim ; il chercha, par tous ses mouvements, à tenir l’ennemi en échec, à fixer son attention, et à lui inspirer des craintes. « La seconde division suivait peu à peu ce mouvement par sa droite, et cherchait à pousser sa gauche en réglant ses mouvements sur ceux de la division des Gorges; c’était là que se portaient les grands coups et les plus difficiles. Les Prussiens, barraqués sur le Platzberg, montagne des plus élevées du pays de Deux-Ponts, s’y étaient recouverts d’abattis et de retranchements. « Les généraux Siscé et Desgranges étaient chargés de l’attaque de cette position importante; ils s’y portèrent avec autant d’accord que de célérité; nos braves frères d’armes y montèrent à l’assaut, et au milieu d’un feu terrible firent tout à coup entendre sur le sommet des cris de vive la république ! Ils s’emparèrent de neuf pièces d’artillerie, des caissons et des chevaux. La résistance de l’ennemi lui a valu une perte considérable en hommes et en prisonniers. Le général-major Pfen, qui commandait ce camp, est resté 19 289 SÉANCE DU 30 MESSIDOR AN II (18 JUILLET 1794) N° 53 général Cohorn, qui avait mis toute sa science à fortifier Namur, qui fut pris par Vauban, se plaindre hautement de ce que l’on n’avait pas attaqué selon les principes; comme si le courage et l’amour de la patrie avaient d’autres principes que ceux qui font gagner des batailles et exterminer les ennemis de la liberté. (On applaudit !). Leur tactique ! Eh ! quel peuple assez déshonoré, quels militaires assez lâches voudraient de cette tactique des tyrans coalisés, qui ne cernent que des places où ils ont pratiqué des intelligences et ourdi des trahisons, qui se présentent devant les postes qu’ils ont corrompus, qui prennent les villes qu’ils ont achetées, et qui ne battent que les troupes où ils ont semé la déroute, la perfidie et les sauve qui peut ? (On applaudit). Nous, prendre la tactique des esclaves, de ces scélérats Anglais qui se jetaient à genoux devant les Français victorieux à Dunkerque, de ces dévots Espagnols rendus à discrétion dans les Pyrénées, de ces serfs Hanovriens, de ces Hollandais stathoudé-riens, fugitifs dans la Belgique, et de ces machines prussiennes, arpentant par une fuite rapide les bords du Rhin, témoins de leur honteuse défaite. (Nouveaux applaudissements). Oui, ces esclaves agglomérés à Pillnitz avaient une belle tactique; ils avaient conçu le plan d’une famine générale, pour présenter à l’acceptation des Français des cargaisons de farine et la royauté. Ils pirataient sur les mers, pour arrêter les vaisseaux neutres chargés de subsistances pour la république. Ils nous avaient cernés sur les frontières de terre, comme dans nos ports, de projets de famine et de tous les fléaux qui la suivent. Eh bien, la liberté qu’on a voulu perdre vient de conquérir les deux greniers d’abondance de la maison d’Autriche et de l’Allemagne. (On applaudit à plusieurs reprises). Les récoltes de la Belgique et du Palatinat, semées par les esclaves des brigands couronnés, seront recueillies par des mains républicaines et transportées dans nos magasins. (Vifs applaudissements). Ainsi les affameurs seront affamés, et les complots horribles retomberont sur la tête de leurs coupables auteurs. (Les applaudissements recommencent). Je ne suis pas borné à raconter ce qu’ont fait deux armées sur la Moselle et le Rhin; la victoire a stipulé [sic] le même jour des rives du Rhin aux bords de l’Océan ; ainsi, toute la frontière qui sépare la république de toutes les nations barbares du Nord est illuminée de triomphes. Revenons dans cette Belgique, échappée enfin à la tyrannie de l’Autriche. Le poste avantageux de la Montagne-de-Fer et la position utile de l’abbaye de Florival ont été pris (on applaudit à plusieurs reprises), malgré la plus vive résistance, par les troupes de la république, et depuis le 27 messidor les villes de Louvain et de Malines sont tombées en notre puissance. ( Bravo ! bravo ! s’écrie-t-on de toutes parts; vive la république! A ces acclamations universelles se joignent des applaudissements plusieurs fois répétés). Les républicains se sont conduits avec cette bravoure et cette intrépidité dont ils sont en possession de donner de grands exemples à l’Europe étonnée. (Nouveaux applaudissements). Le succès obtenu sur la Montagne-de-Fer avait préparé la prise de Louvain ; mais quand il s’est agi de la prise de Malines, le passage du canal a présenté de grands obstacles. Ces obstacles, pour des Français déjà vainqueurs, sont des cautions de nouvelles victoires. (On applaudit). Ne croyez pas qu’ils puissent supporter patiemment les lenteurs des travaux pour le passage; la construction des ponts ne marche pas avec assez d’activité pour leur bouillant courage; une grande partie des volontaires s’est jetée à la nage (vifs applaudissements) pour passer à l’autre rive du canal et pour combattre; ils ont pris la ville et fait deux cents prisonniers, et des magasins dont le général ignore encore le nombre, [applaudissements]. 200 Français prisonniers ont été mis en liberté par l’arrivée triomphante de leurs frères d’armes. (Les applaudissements redoublent). L’armée a repoussé l’autrichien jusqu’à Tirlemont; elle lui a tué un grand nombre d’esclaves; les autres ont bravement pris la fuite. (On rit et on applaudit). Ce sont là cependant les soutiens fermes et invincibles du trône et de l’autel, pour me servir de l’expression évangélique du ministre de Londres. (On rit). Ce sont les troupes des rois coalisés pour rétablir en Europe le bon ordre et la royauté descendue, selon eux, du ciel. Voici les lettres. [Michaud, g"1 en chef, au C. de S. P.; Answeiler, 27 mess. II] « Citoyens représentants, Les armées du Rhin et de la Moselle proclament aussi la victoire; le 24, elles se sont mises en mouvement, et ont commencé par se placer sur les positions d’où elles devaient se précipiter le lendemain sur les esclaves. Les troupes républicaines forcèrent rapidement leurs avant-postes à se replier. Vainement la cavalerie ennemie voulut charger notre brave infanterie de la Moselle : trois fois celle-ci présenta un front imposant d’armes croisées, et la repoussa courageusement. « Hier, 25, nous attaquâmes sur tous les points; la division de droite, commandée par Desaix, et chargée d’une fausse attaque, fit un feu terrible d’artillerie, et s’empara vivement de Frechbach et Freimersheim ; il chercha, par tous ses mouvements, à tenir l’ennemi en échec, à fixer son attention, et à lui inspirer des craintes. « La seconde division suivait peu à peu ce mouvement par sa droite, et cherchait à pousser sa gauche en réglant ses mouvements sur ceux de la division des Gorges; c’était là que se portaient les grands coups et les plus difficiles. Les Prussiens, barraqués sur le Platzberg, montagne des plus élevées du pays de Deux-Ponts, s’y étaient recouverts d’abattis et de retranchements. « Les généraux Siscé et Desgranges étaient chargés de l’attaque de cette position importante; ils s’y portèrent avec autant d’accord que de célérité; nos braves frères d’armes y montèrent à l’assaut, et au milieu d’un feu terrible firent tout à coup entendre sur le sommet des cris de vive la république ! Ils s’emparèrent de neuf pièces d’artillerie, des caissons et des chevaux. La résistance de l’ennemi lui a valu une perte considérable en hommes et en prisonniers. Le général-major Pfen, qui commandait ce camp, est resté 19 290 ARCHIVES PARLEMENTAIRES - CONVENTION NATIONALE sur le champ de bataille; un colonel est fait prisonnier; « Ce grand succès, résultat d'un courage intrépide, a déterminé celui de la prise de la montagne de Saukopf, poste également important, et du plus difficile accès. La brigade commandée par Sabaud s’y est portée, et a mis en fuite les troupes qui la gardaient, en leur causant une perte conséquente; elle a aussi enlevé un canon. Pendant ces avantages, la division commandée par Taponnier attaquait Trippstadt, et éprouvait une résistance vigoureuse. L'ennemi avait sur ce point l’avantage de trente pièces d’artillerie contre nos seules baïonnettes, et retardait la réussite de nos efforts; mais il n’a pu empêcher nos courageux républicains de diminuer son artillerie : ils lui ont enlevé, au pas de charge, 8 bouches à feu; enfin, la colonne de gauche de l’armée de la Moselle s’établissait en même temps à Mirtenzée, et notre plan s’exécutait sur tous les points avec un accord et un ensemble parfaits. Aujourd'hui Trippstadt a été emporté. Les divisions Saint-Cyr et Desaix marchent à grands pas; l’ennemi est en pleine retraite; nous sommes à Karweil-ler, et nous entrerons ce matin à Spire et à Neus-tadt. Je continuerai, j’espère, citoyens représentants, à vous donner l’annonce agréable de nouveaux avantages. C’était hier le 14 juillet; nous l’avons célébré dignement. Nos feux de réjouissance tonnaient sur plus de 20 lieues d’étendue; nous ne les cesserons qu’après avoir complètement battu et dispersé les barbares. « Il n’y aurait pas un pouce de terrain sur lequel nous n’eussions eu continuellement des avantages, sans la téméraire audace du chef de brigade d’artillerie Ferveur, qui, ayant engagé 3 pièces trop avant, a été cause de leur perte, de la sienne et celle du général la Boissière, homme brave et instruit, que je regrette sincèrement : heureusement nous les avons vengés. En diminuant 3 pièces de dix-huit que nous avons, nous en conservons un avantage de quinze, et nous ferons notre possible pour en porter encore en compte. « Nous ne savons pas encore le nombre des déserteurs et des prisonniers; il est considérable. « Les généraux Siscé et Desgranges, qui ont conduit l’attaque du Platzberg, sous le commandement du général de division Meynier, et notre infanterie qui s’est distinguée en l’emportant d’assaut; celle de la Moselle qui a chargé la cavalerie; celle qui a enlevé les canons à la baïonette; toutes enfin ont droit aux éloges les plus mérités. « Les chants de victoire de nos frères du Nord et de la Sambre ont été entendus au Rhin et à la Moselle, et ces armées sont d’accord pour y répondre. « Je vous adresserai incessamment l’état général des traits d’héroïsme et celui des pertes. « Salut fraternel. MlCHAUD. » [Les repr. près les A. du Rhin et de la Moselle, au C. de S. P. Au quartier gal, 27 mess. II] « Citoyens collègues, Les armées du Rhin et de la Moselle réunies sont triomphantes; elles sont aux prises avec l’ennemi depuis trois jours; hier elles l’ont fait fuir devant elles sur tous les points, comme un vil troupeau, sur un espace de plus de vingt lieues. Nous sommes maîtres des gorges et du revers des Vosges, depuis Landstuhl jusqu'à Neustadt. Nous occupons Spire, Karweiler; nous allons récolter le Palatinat; nous avons pris à l’ennemi, sur les différents points, dix-huit pièces d’artillerie, tant canons qu’obusiers; nous lui avons tué au moins douze cents hommes, et blessé plus du double de ce nombre, sans perdre beaucoup de monde. Voici les détails. « L’armée de la Moselle s’est divisée en deux parties, dont l’une a chassé l'ennemi sur toute la gauche, en le rejetant derrière les marais de Landstuhl : elle s’est fixée à Mertenzée, d’où elle a tenu l'ennemi en respect, tandis que l'autre partie, réunie à neuf bataillons de l’armée du Rhin, aux ordres des généraux Taponnier, Argout et Sabaud, a fait, pendant deux jours, une attaque vraiment héroïque. Cette brave infanterie a pris l’ennemi à la bayon-nette seule et sans canons, car le terrain ne lui permettait pas d'en faire usage; des redoutes où l’art était épuisé, et huit canons que les prussiens ont défendu jusqu’à la mort. Ces républicains ont résisté à cinq charges de cavalerie, qu’ils ont repoussées avec leur baïonnettes, et ont forcé l’ennemi à évacuer, pendant la nuit du 25 au 26, le poste de Trippstadt, où il avait juré de s’ensevelir, et où dans sa détresse, il a laissé des fourrages, de l’avoine et du fer. « L’armée du Rhin se battait dans le même temps avec la même valeur; les divisions aux ordres des généraux Siscé et Desgranges ont emporté de vive force les retranchements établis par l’ennemi sur le Platzberg, montagne qui laissait à l’ennemi la position la plus redoutable. Là aussi neuf bataillons se sont battus sans canons, ne pouvant s’en servir, et ont pris à l’ennemi toute son artillerie, en le débusquant à la baïonnette, en détruisant ses bataillons, et en jonchant de cadavres le" champ de bataille. Nous n’avons eu que vingt hommes de tués, et au moins cent cinquante blessés. C’est ce combat terrible qui a tourné l’ennemi, et qui l’a jeté dans la détresse où il est. « Pendant cette affaire, les divisions aux ordres des généraux Saint-Cyr, Gérard, dit Vieux, et autres généraux, tuaient à l’ennemi, dans les vignes du Palatinat, vers Edikoffen, plus de trois cents Prussiens, et en mettaient hors de combat plus du double de blessés, brûlaient le village d’Edelsen, dont les habitants s’étaient mis en tirailleurs contre nous, et faisaient des manœuvres qui travaillaient les esclaves dans le bon genre. « En même temps les troupes aux ordres des généraux de division Desaix et Vachot occupaient les Autrichiens dans la plaine et sur les bords du Rhin, leur tuaient beaucoup de monde, et éclaircissaient leur nombreuse cavalerie, en les acculant au-delà de Spire; ainsi, depuis les bords du Rhin jusqu’à Landstuhl, on s’est battu avec héroïsme et avec le succès dû à la bravoure républicaine. Les Prussiens surtout ont rabattu de leur morgue : à Trippstadt et au Platzberg on les a battus à plate couture, et on leur a fait, en outre, prisonniers, un colonel-major, un capitaine et un lieutenant. On n’a pas fait beaucoup de prisonniers; mais il nous est arrivé beaucoup de déserteurs, et entre autres une compagnie entière de grenadiers. « Notre infanterie s’est conduite partout avec une bravoure au-dessus de tout éloge; elle s’est 290 ARCHIVES PARLEMENTAIRES - CONVENTION NATIONALE sur le champ de bataille; un colonel est fait prisonnier; « Ce grand succès, résultat d'un courage intrépide, a déterminé celui de la prise de la montagne de Saukopf, poste également important, et du plus difficile accès. La brigade commandée par Sabaud s’y est portée, et a mis en fuite les troupes qui la gardaient, en leur causant une perte conséquente; elle a aussi enlevé un canon. Pendant ces avantages, la division commandée par Taponnier attaquait Trippstadt, et éprouvait une résistance vigoureuse. L'ennemi avait sur ce point l’avantage de trente pièces d’artillerie contre nos seules baïonnettes, et retardait la réussite de nos efforts; mais il n’a pu empêcher nos courageux républicains de diminuer son artillerie : ils lui ont enlevé, au pas de charge, 8 bouches à feu; enfin, la colonne de gauche de l’armée de la Moselle s’établissait en même temps à Mirtenzée, et notre plan s’exécutait sur tous les points avec un accord et un ensemble parfaits. Aujourd'hui Trippstadt a été emporté. Les divisions Saint-Cyr et Desaix marchent à grands pas; l’ennemi est en pleine retraite; nous sommes à Karweil-ler, et nous entrerons ce matin à Spire et à Neus-tadt. Je continuerai, j’espère, citoyens représentants, à vous donner l’annonce agréable de nouveaux avantages. C’était hier le 14 juillet; nous l’avons célébré dignement. Nos feux de réjouissance tonnaient sur plus de 20 lieues d’étendue; nous ne les cesserons qu’après avoir complètement battu et dispersé les barbares. « Il n’y aurait pas un pouce de terrain sur lequel nous n’eussions eu continuellement des avantages, sans la téméraire audace du chef de brigade d’artillerie Ferveur, qui, ayant engagé 3 pièces trop avant, a été cause de leur perte, de la sienne et celle du général la Boissière, homme brave et instruit, que je regrette sincèrement : heureusement nous les avons vengés. En diminuant 3 pièces de dix-huit que nous avons, nous en conservons un avantage de quinze, et nous ferons notre possible pour en porter encore en compte. « Nous ne savons pas encore le nombre des déserteurs et des prisonniers; il est considérable. « Les généraux Siscé et Desgranges, qui ont conduit l’attaque du Platzberg, sous le commandement du général de division Meynier, et notre infanterie qui s’est distinguée en l’emportant d’assaut; celle de la Moselle qui a chargé la cavalerie; celle qui a enlevé les canons à la baïonette; toutes enfin ont droit aux éloges les plus mérités. « Les chants de victoire de nos frères du Nord et de la Sambre ont été entendus au Rhin et à la Moselle, et ces armées sont d’accord pour y répondre. « Je vous adresserai incessamment l’état général des traits d’héroïsme et celui des pertes. « Salut fraternel. MlCHAUD. » [Les repr. près les A. du Rhin et de la Moselle, au C. de S. P. Au quartier gal, 27 mess. II] « Citoyens collègues, Les armées du Rhin et de la Moselle réunies sont triomphantes; elles sont aux prises avec l’ennemi depuis trois jours; hier elles l’ont fait fuir devant elles sur tous les points, comme un vil troupeau, sur un espace de plus de vingt lieues. Nous sommes maîtres des gorges et du revers des Vosges, depuis Landstuhl jusqu'à Neustadt. Nous occupons Spire, Karweiler; nous allons récolter le Palatinat; nous avons pris à l’ennemi, sur les différents points, dix-huit pièces d’artillerie, tant canons qu’obusiers; nous lui avons tué au moins douze cents hommes, et blessé plus du double de ce nombre, sans perdre beaucoup de monde. Voici les détails. « L’armée de la Moselle s’est divisée en deux parties, dont l’une a chassé l'ennemi sur toute la gauche, en le rejetant derrière les marais de Landstuhl : elle s’est fixée à Mertenzée, d’où elle a tenu l'ennemi en respect, tandis que l'autre partie, réunie à neuf bataillons de l’armée du Rhin, aux ordres des généraux Taponnier, Argout et Sabaud, a fait, pendant deux jours, une attaque vraiment héroïque. Cette brave infanterie a pris l’ennemi à la bayon-nette seule et sans canons, car le terrain ne lui permettait pas d'en faire usage; des redoutes où l’art était épuisé, et huit canons que les prussiens ont défendu jusqu’à la mort. Ces républicains ont résisté à cinq charges de cavalerie, qu’ils ont repoussées avec leur baïonnettes, et ont forcé l’ennemi à évacuer, pendant la nuit du 25 au 26, le poste de Trippstadt, où il avait juré de s’ensevelir, et où dans sa détresse, il a laissé des fourrages, de l’avoine et du fer. « L’armée du Rhin se battait dans le même temps avec la même valeur; les divisions aux ordres des généraux Siscé et Desgranges ont emporté de vive force les retranchements établis par l’ennemi sur le Platzberg, montagne qui laissait à l’ennemi la position la plus redoutable. Là aussi neuf bataillons se sont battus sans canons, ne pouvant s’en servir, et ont pris à l’ennemi toute son artillerie, en le débusquant à la baïonnette, en détruisant ses bataillons, et en jonchant de cadavres le" champ de bataille. Nous n’avons eu que vingt hommes de tués, et au moins cent cinquante blessés. C’est ce combat terrible qui a tourné l’ennemi, et qui l’a jeté dans la détresse où il est. « Pendant cette affaire, les divisions aux ordres des généraux Saint-Cyr, Gérard, dit Vieux, et autres généraux, tuaient à l’ennemi, dans les vignes du Palatinat, vers Edikoffen, plus de trois cents Prussiens, et en mettaient hors de combat plus du double de blessés, brûlaient le village d’Edelsen, dont les habitants s’étaient mis en tirailleurs contre nous, et faisaient des manœuvres qui travaillaient les esclaves dans le bon genre. « En même temps les troupes aux ordres des généraux de division Desaix et Vachot occupaient les Autrichiens dans la plaine et sur les bords du Rhin, leur tuaient beaucoup de monde, et éclaircissaient leur nombreuse cavalerie, en les acculant au-delà de Spire; ainsi, depuis les bords du Rhin jusqu’à Landstuhl, on s’est battu avec héroïsme et avec le succès dû à la bravoure républicaine. Les Prussiens surtout ont rabattu de leur morgue : à Trippstadt et au Platzberg on les a battus à plate couture, et on leur a fait, en outre, prisonniers, un colonel-major, un capitaine et un lieutenant. On n’a pas fait beaucoup de prisonniers; mais il nous est arrivé beaucoup de déserteurs, et entre autres une compagnie entière de grenadiers. « Notre infanterie s’est conduite partout avec une bravoure au-dessus de tout éloge; elle s’est SÉANCE DU 30 MESSIDOR AN II (18 JUILLET 1794) N" 53 291 battue sans sacs au milieu des rochers, où elle a bravé la nature et la rage des Prussiens. « On doit beaucoup aux bonnes dispositions, à l’intelligence qui règne entre les généraux en chef des deux armées, à la bravoure extraordinaire des généraux de brigade Argout, Siscé et Desgranges; les autres ont également bien fait leur devoir. « Comme vous pensez bien, nous n’en restons pas là : actuellement on se bat, et l’on poursuit l’ennemi dans la plaine et sur les bords du Rhin. «Nous nous étions partagés, Goujon et Hentz; l’un était à l’armée de la Moselle, à Trippstadt, et l’autre à l’armée du Rhin, dans les Gorges. Nos collègues Rougemont et Duroy ont encouragé, par leur présence sur le champ de bataille dans la plaine, l’ardeur des défenseurs de la patrie. Nous vous ferons part des actions particulières d’héroïsme. S. et F. Goujon et Hentz. P.S. Il est bon de vous peindre la stupidité de nos ennemis. Le colonel pris nous a dit que c’est lui qui a fortifié le Platzberg; et il s’est plaint de ce que les républicains l’avaient emporté de la manière dont on s’y est pris; il prétendait que ce n’est pas ainsi qu’on aurait dû s’y prendre. Ces messieurs sont étonnés de notre intrépidité; cela les déconcerte et les étonne. Ils ne croyaient pas qu’il fût possible de vaincre sans leur tactique et leur méthode. [Le général Ernouf, chef de l’état-major, au C. de S. P. Au quartier, g01 de Genappe, 27 (? ) mess. Il] « Citoyens représentants, D’après les ordres de Jourdan, l’aile gauche de l’armée de Sambre-et-meuse et une partie de l’armée du centre ont fait aujourd’hui un mouvement. Le général Kléber s’est porté sur Louvain, tandis que, pour favoriser ce mouvement, les divisions aux ordres des généraux Lefebvre, Dubois, Championnet et Morlat se sont portées en avant de la Dyle sur différents points. Le général Kléber s’est emparé, malgré la résistance de l’ennemi, du poste avantageux de la Montagne-de-Fer, tandis que les généraux Lefebvre et Dubois se saisissaient de la position de l’abbaye de Florival. L’avant-garde du général Kléber a ensuite attaqué vigoureusement Louvain, et s’en est rendu maître, malgré la défense opiniâtre de l’ennemi, qui a essuyé une perte considérable. De notre côté, nous avons eu quelques blessés et peu de morts. Cette victoire nous a procuré l’avantage de délivrer 200 de nos frères d’armes, faits prisonniers de guerre à Landrecies. « Le général Lefebvre a repoussé l’ennemi jus-ques auprès de Tirlemont, lui a tué beaucoup de monde, et fait des prisonniers; il en a été de même aux divisions commandées par les généraux Morlat et Championnet : enfin les esclaves des tyrans ont pris la fuite sur tous les points. « L’armée du Nord a fait aussi un mouvement et s’est portée sur Malines; elle aura sûrement réussi à s’emparer de cette place : nous n’en avons point encore reçu de nouvelles certaines. Ernouf. [Pichegru, en chef de VA. du Nord, au C. de S. P. Au quartier gnl à Malines, 27 mess. Il] « Nous venons d’entrer dans Malines, citoyens représentants ; le passage du canal a été difficile ; nous avons perdu le général Protaux, et le général Saluce a été blessé légèrement. Les troupes se sont montrées comme de coutume, c’est-à-dire avec beaucoup de bravoure. Une grande quantité, impatiente du retard qu’occasionnait la construction des ponts, s’est jetée à la nage pour passer sur l’autre rive du canal; nous avons fait environ deux cents prisonniers. « Je ne sais pas encore ce qui s’est passé du côté de Louvain ; je ne sais pas non plus quels sont les magasins qui nous restent ici ; je vais en prendre connaissance, et je vous en ferai part. S. et F. » Pichegru. [Les repr. près VA. du Nord et de Sambre-et-Meuse, à la Conv.; Bruxelles, 18 mess. Il] « Citoyens collègues, Nouveaux combats, nouvelles victoires :Malines et Louvain sont occupés d’hier par les troupes de la république. Nous vous envoyons une lettre par laquelle la général Pichegru nous informe de son entrée dans la première de ces places, et le rapport que nous fait remettre à l’instant le général de division Kléber, commandant l’attaque de la Montagne-de-Fer et de la ville de Louvain. « A la résistance que l’ennemi a opposée sur ces deux points, vous jugez que les braves républicains ont trouvé des occasions de signaler leur courage ; on nous en rapporte des traits de toutes parts; ils sont dans la bouche de leurs frères d’armes qui en ont été témoins : nous les recueillerons avec soin pour que vous puissiez les faire connaître à la Convention. S. et F. » Guyton, Laurent. BARÈRE poursuit : Les voilà donc bien avilis, bien battus ces rois orgueilleux de l’Europe : mais ne croyez pas que renversés ils veuillent encore renoncer à abattre l’autorité nationale, à calomnier les représentants, à diviser les patriotes, à assassiner les défenseurs de la république. La nation ne fut jamais aussi puissante sur ses ennemis; jamais ses représentants n’eurent à applaudir à tant de succès. Cependant, quand le monde entier croit à votre bonheur; quand les victoires les plus inconcevables semblent assurer votre sûreté, de vils assassins, payés par l’étranger, circulent impunément autour de vous. Des calomniateurs à gages tournent autour de vos demeures et empoisonnent tous les instants de votre pénible existence. Ainsi, plus vous avez de succès, plus les dangers se multiplient; plus vous êtes triomphants, plus vous êtes calomniés; plus vous ébranlez les trônes, et plus votre existence est douteuse. Les nouvelles reçues de l’Italie nous apprennent les faits suivants, que chacun de vous, législateurs révolutionnaires, devez méditer. Ils vous prouveront la sécurité avec laquelle les rois et leurs suppôts conspirent contre la liberté, et avec quels périls, SÉANCE DU 30 MESSIDOR AN II (18 JUILLET 1794) N" 53 291 battue sans sacs au milieu des rochers, où elle a bravé la nature et la rage des Prussiens. « On doit beaucoup aux bonnes dispositions, à l’intelligence qui règne entre les généraux en chef des deux armées, à la bravoure extraordinaire des généraux de brigade Argout, Siscé et Desgranges; les autres ont également bien fait leur devoir. « Comme vous pensez bien, nous n’en restons pas là : actuellement on se bat, et l’on poursuit l’ennemi dans la plaine et sur les bords du Rhin. «Nous nous étions partagés, Goujon et Hentz; l’un était à l’armée de la Moselle, à Trippstadt, et l’autre à l’armée du Rhin, dans les Gorges. Nos collègues Rougemont et Duroy ont encouragé, par leur présence sur le champ de bataille dans la plaine, l’ardeur des défenseurs de la patrie. Nous vous ferons part des actions particulières d’héroïsme. S. et F. Goujon et Hentz. P.S. Il est bon de vous peindre la stupidité de nos ennemis. Le colonel pris nous a dit que c’est lui qui a fortifié le Platzberg; et il s’est plaint de ce que les républicains l’avaient emporté de la manière dont on s’y est pris; il prétendait que ce n’est pas ainsi qu’on aurait dû s’y prendre. Ces messieurs sont étonnés de notre intrépidité; cela les déconcerte et les étonne. Ils ne croyaient pas qu’il fût possible de vaincre sans leur tactique et leur méthode. [Le général Ernouf, chef de l’état-major, au C. de S. P. Au quartier, g01 de Genappe, 27 (? ) mess. Il] « Citoyens représentants, D’après les ordres de Jourdan, l’aile gauche de l’armée de Sambre-et-meuse et une partie de l’armée du centre ont fait aujourd’hui un mouvement. Le général Kléber s’est porté sur Louvain, tandis que, pour favoriser ce mouvement, les divisions aux ordres des généraux Lefebvre, Dubois, Championnet et Morlat se sont portées en avant de la Dyle sur différents points. Le général Kléber s’est emparé, malgré la résistance de l’ennemi, du poste avantageux de la Montagne-de-Fer, tandis que les généraux Lefebvre et Dubois se saisissaient de la position de l’abbaye de Florival. L’avant-garde du général Kléber a ensuite attaqué vigoureusement Louvain, et s’en est rendu maître, malgré la défense opiniâtre de l’ennemi, qui a essuyé une perte considérable. De notre côté, nous avons eu quelques blessés et peu de morts. Cette victoire nous a procuré l’avantage de délivrer 200 de nos frères d’armes, faits prisonniers de guerre à Landrecies. « Le général Lefebvre a repoussé l’ennemi jus-ques auprès de Tirlemont, lui a tué beaucoup de monde, et fait des prisonniers; il en a été de même aux divisions commandées par les généraux Morlat et Championnet : enfin les esclaves des tyrans ont pris la fuite sur tous les points. « L’armée du Nord a fait aussi un mouvement et s’est portée sur Malines; elle aura sûrement réussi à s’emparer de cette place : nous n’en avons point encore reçu de nouvelles certaines. Ernouf. [Pichegru, en chef de VA. du Nord, au C. de S. P. Au quartier gnl à Malines, 27 mess. Il] « Nous venons d’entrer dans Malines, citoyens représentants ; le passage du canal a été difficile ; nous avons perdu le général Protaux, et le général Saluce a été blessé légèrement. Les troupes se sont montrées comme de coutume, c’est-à-dire avec beaucoup de bravoure. Une grande quantité, impatiente du retard qu’occasionnait la construction des ponts, s’est jetée à la nage pour passer sur l’autre rive du canal; nous avons fait environ deux cents prisonniers. « Je ne sais pas encore ce qui s’est passé du côté de Louvain ; je ne sais pas non plus quels sont les magasins qui nous restent ici ; je vais en prendre connaissance, et je vous en ferai part. S. et F. » Pichegru. [Les repr. près VA. du Nord et de Sambre-et-Meuse, à la Conv.; Bruxelles, 18 mess. Il] « Citoyens collègues, Nouveaux combats, nouvelles victoires :Malines et Louvain sont occupés d’hier par les troupes de la république. Nous vous envoyons une lettre par laquelle la général Pichegru nous informe de son entrée dans la première de ces places, et le rapport que nous fait remettre à l’instant le général de division Kléber, commandant l’attaque de la Montagne-de-Fer et de la ville de Louvain. « A la résistance que l’ennemi a opposée sur ces deux points, vous jugez que les braves républicains ont trouvé des occasions de signaler leur courage ; on nous en rapporte des traits de toutes parts; ils sont dans la bouche de leurs frères d’armes qui en ont été témoins : nous les recueillerons avec soin pour que vous puissiez les faire connaître à la Convention. S. et F. » Guyton, Laurent. BARÈRE poursuit : Les voilà donc bien avilis, bien battus ces rois orgueilleux de l’Europe : mais ne croyez pas que renversés ils veuillent encore renoncer à abattre l’autorité nationale, à calomnier les représentants, à diviser les patriotes, à assassiner les défenseurs de la république. La nation ne fut jamais aussi puissante sur ses ennemis; jamais ses représentants n’eurent à applaudir à tant de succès. Cependant, quand le monde entier croit à votre bonheur; quand les victoires les plus inconcevables semblent assurer votre sûreté, de vils assassins, payés par l’étranger, circulent impunément autour de vous. Des calomniateurs à gages tournent autour de vos demeures et empoisonnent tous les instants de votre pénible existence. Ainsi, plus vous avez de succès, plus les dangers se multiplient; plus vous êtes triomphants, plus vous êtes calomniés; plus vous ébranlez les trônes, et plus votre existence est douteuse. Les nouvelles reçues de l’Italie nous apprennent les faits suivants, que chacun de vous, législateurs révolutionnaires, devez méditer. Ils vous prouveront la sécurité avec laquelle les rois et leurs suppôts conspirent contre la liberté, et avec quels périls, 292 ARCHIVES PARLEMENTAIRES - CONVENTION NATIONALE avec quelle sollicitude les républicains travaillent contre le despotisme. Paris est inondé de commissaires et de prétendus envoyés des Sociétés populaires et d’autorités constituées. Cette affluence a droit d’étonner dans ce moment; elle paralyse le comité, et expose les Sociétés et les autorités constituées à des dépenses; elle agglomère à Paris quelques intrigants, ajoutés à tant d’autres qui y végètent déjà depuis longtemps; elle rassemble ici des hommes qui, s’ils sont patriotes, rendraient plus de services dans leurs foyers que dans cette commune centrale, où les ennemis de la Convention ne demandent que confusion et troubles. Le comité va prendre des mesures pour renvoyer à leurs communes, à leurs Sociétés, cette multitude d’envoyés inutiles, et qui doivent, dans des temps de crise, demeurer à leur poste. Au dehors de la France, les symptômes ordinaires, plusieurs fois remarqués toutes les fois que les Anglais ont tramé dans l’intérieur quelques conspirations, se manifestent de nouveau; joie, insolences et menaces de la part des émigrés; intrigues politiques dans ces hommes qui gouvernent les peuples-esclaves; conférences secrètes, parlementaires ou envoyés anglais auprès de plusieurs gouvernements; persécution des patriotes peu nombreux, qui soupirent chez l’étranger pour notre liberté; déclamations royalistes, fausses nouvelles prodiguées, et des stylets, des poignards envoyés en France sous des cargaisons déguisées. L’aiguiserie royale des poignards à Londres fonde plus l’espoir des tyrans de la Tamise que tous les arsenaux et toutes les manufactures des gouvernements européens. Mais les bons citoyens veillent, la Convention nationale est couverte par tous les vœux des républicains, et les armées de la république ne déposeront pas encore leur tonnerre. Quel est donc ce petit gouvernement d’insulaires, régnant sur sept ou huit millions d’esclaves, qui prétend lutter avec une grande république continentale, composée de vingt-cinq millions d’hommes libres, et qui, dans dix ans, sera augmentée d’un tiers de population ? Est-ce à l’Angleterre d’être jalouse de la France, et de rivaliser avec un géant politique que la résistance de tant de rois coalises a constitué en puissance militaire ? Non, citoyens, la destinée de la république française ne peut plus être changée ; elle est écrite par la victoire dans les annales de la liberté et de la vertu ; les trônes s’écrouleront en poussière, comme leurs troupes sont fugitives et battues dans la Belgique et le Palatinat. Les rois et les ministres passeront : les peuples seuls sont éternels. Les narrations de victoires seront-elles stériles, et n’aurai-je fait qu’annoncer pompeusement ce que tant de feuilles publiques et de gazettes ministérielles répètent ou contournent à leur gré ? Non, citoyens, l’orateur républicain n’est pas un vain discoureur chargé de frapper vos oreilles ou de distraire l’oisiveté : c’est le comité de salut public, chargé par vous-mêmes de tirer un parti politique de la victoire remportée par les armées, et de comprimer par le spectacle de la puissance des hommes libres cette tourbe de malveillants dont le chef-lieu de la république n’est pas encore suffisamment déblayé. Donnons donc aujourd’hui aux défenseurs de la liberté des peuples le juste témoignage d’admiration que les représentants de la France leur doivent. Répétons aujourd’hui aux quatre armées de la Moselle, du Rhin, de Sambre-et-Meuse et du Nord, qu’elles sauvent la république et qu’elles ne cessent de bien mériter de la patrie. Ceux qui représentent le peuple et qui partagent avec lui la reconnaissance du sang qu’on a versé pour lui sont chargés d’encourager les armées, d’électriser leur courage, d’unir leurs efforts et de remettre sans cesse sous les yeux des citoyens le mot délicieux de Patrie (l). 54 La Convention nationale rend les décrets suivans. « La Convention nationale, après avoir entendu [Monnot, au nom de] son comité des finances, décrète que le délai accordé aux pensionnaires et gagistes de la liste civile, pour remplir les formalités prescrites par la loi du 17 germinal, est prorogé jusques et compris le 30 fructidor prochain » (2). 55 « Sur la proposition d’un membre, la Convention nationale décrète que tant que durera le gouvernement révolutionnaire, le conseil-général de chaque district nommera provisoirement aux places d’assesseurs des juges-de-paix qui sont vacantes, et qui viendront à vaquer, dans la même forme qui a été déterminée pour la nomination provisoire des juges-de-paix et de leurs greffiers » (3). 56 DUCOS : Citoyens, Encore un de ces exemples si rares dans l’antiquité, si communs parmi nous et qui doit trouver sa (l) Mon., XXI, 251-252 et 254-257; Débats; nos 666, 667; -7. Unie., nos 1699, 1700; M.U., XLII, 10-11, 24-28, 119; Mess, soir, nos 698, 699, 700; -7. Fr., nos662, 663; -7. Pe'rlet, nos 664, 665; -J. Paris, n° 565, 566; C. Eg„ nos 699, 700; C. Unie., nos 930, 931; Ann. R. F., n°229; -7. Sablier, nu 1445 ; Ann. patr., n°DLXIV; -7. Mont., n°83; -J.S. Culottes, Nos 519, 520; F.S.P., n° 379; Audit, nat., n° 663; Rép., n° 21 ; -7. Lois, n° 658. (2) P.V., XLI, 331. Minute de la main de Monnot. Décret n° 9994. Reproduit dans Mon., XXI, 259; Ann. patr. n° DLXIV ; F.S.P., n° 379; Ann. R.F., nÜS 230, 231; -7. Fr., n° 663 ; C. Eg., n°699; -7. Mont., n° 83 ; -7. Perlet, n°665; ■J. S. Culottes, n° 520; M.U., XLII, 119. Voir Arch. pari. T. LXXXVIII, séance du 17 germ., n°61. (3) P.V., XLI, 332. Minute de la main de Pottier. Décret n° 9995. Reproduit dans Mon., XXI, 259; -7. Mont., n° 83; F.S.P., n° 379; Ann. R.F., n° 230; -7. Fr., n° 662; -7. Perlet, n° 665; -7. Sablier, n° 1445; -J.S. Culottes, n° 520. 292 ARCHIVES PARLEMENTAIRES - CONVENTION NATIONALE avec quelle sollicitude les républicains travaillent contre le despotisme. Paris est inondé de commissaires et de prétendus envoyés des Sociétés populaires et d’autorités constituées. Cette affluence a droit d’étonner dans ce moment; elle paralyse le comité, et expose les Sociétés et les autorités constituées à des dépenses; elle agglomère à Paris quelques intrigants, ajoutés à tant d’autres qui y végètent déjà depuis longtemps; elle rassemble ici des hommes qui, s’ils sont patriotes, rendraient plus de services dans leurs foyers que dans cette commune centrale, où les ennemis de la Convention ne demandent que confusion et troubles. Le comité va prendre des mesures pour renvoyer à leurs communes, à leurs Sociétés, cette multitude d’envoyés inutiles, et qui doivent, dans des temps de crise, demeurer à leur poste. Au dehors de la France, les symptômes ordinaires, plusieurs fois remarqués toutes les fois que les Anglais ont tramé dans l’intérieur quelques conspirations, se manifestent de nouveau; joie, insolences et menaces de la part des émigrés; intrigues politiques dans ces hommes qui gouvernent les peuples-esclaves; conférences secrètes, parlementaires ou envoyés anglais auprès de plusieurs gouvernements; persécution des patriotes peu nombreux, qui soupirent chez l’étranger pour notre liberté; déclamations royalistes, fausses nouvelles prodiguées, et des stylets, des poignards envoyés en France sous des cargaisons déguisées. L’aiguiserie royale des poignards à Londres fonde plus l’espoir des tyrans de la Tamise que tous les arsenaux et toutes les manufactures des gouvernements européens. Mais les bons citoyens veillent, la Convention nationale est couverte par tous les vœux des républicains, et les armées de la république ne déposeront pas encore leur tonnerre. Quel est donc ce petit gouvernement d’insulaires, régnant sur sept ou huit millions d’esclaves, qui prétend lutter avec une grande république continentale, composée de vingt-cinq millions d’hommes libres, et qui, dans dix ans, sera augmentée d’un tiers de population ? Est-ce à l’Angleterre d’être jalouse de la France, et de rivaliser avec un géant politique que la résistance de tant de rois coalises a constitué en puissance militaire ? Non, citoyens, la destinée de la république française ne peut plus être changée ; elle est écrite par la victoire dans les annales de la liberté et de la vertu ; les trônes s’écrouleront en poussière, comme leurs troupes sont fugitives et battues dans la Belgique et le Palatinat. Les rois et les ministres passeront : les peuples seuls sont éternels. Les narrations de victoires seront-elles stériles, et n’aurai-je fait qu’annoncer pompeusement ce que tant de feuilles publiques et de gazettes ministérielles répètent ou contournent à leur gré ? Non, citoyens, l’orateur républicain n’est pas un vain discoureur chargé de frapper vos oreilles ou de distraire l’oisiveté : c’est le comité de salut public, chargé par vous-mêmes de tirer un parti politique de la victoire remportée par les armées, et de comprimer par le spectacle de la puissance des hommes libres cette tourbe de malveillants dont le chef-lieu de la république n’est pas encore suffisamment déblayé. Donnons donc aujourd’hui aux défenseurs de la liberté des peuples le juste témoignage d’admiration que les représentants de la France leur doivent. Répétons aujourd’hui aux quatre armées de la Moselle, du Rhin, de Sambre-et-Meuse et du Nord, qu’elles sauvent la république et qu’elles ne cessent de bien mériter de la patrie. Ceux qui représentent le peuple et qui partagent avec lui la reconnaissance du sang qu’on a versé pour lui sont chargés d’encourager les armées, d’électriser leur courage, d’unir leurs efforts et de remettre sans cesse sous les yeux des citoyens le mot délicieux de Patrie (l). 54 La Convention nationale rend les décrets suivans. « La Convention nationale, après avoir entendu [Monnot, au nom de] son comité des finances, décrète que le délai accordé aux pensionnaires et gagistes de la liste civile, pour remplir les formalités prescrites par la loi du 17 germinal, est prorogé jusques et compris le 30 fructidor prochain » (2). 55 « Sur la proposition d’un membre, la Convention nationale décrète que tant que durera le gouvernement révolutionnaire, le conseil-général de chaque district nommera provisoirement aux places d’assesseurs des juges-de-paix qui sont vacantes, et qui viendront à vaquer, dans la même forme qui a été déterminée pour la nomination provisoire des juges-de-paix et de leurs greffiers » (3). 56 DUCOS : Citoyens, Encore un de ces exemples si rares dans l’antiquité, si communs parmi nous et qui doit trouver sa (l) Mon., XXI, 251-252 et 254-257; Débats; nos 666, 667; -7. Unie., nos 1699, 1700; M.U., XLII, 10-11, 24-28, 119; Mess, soir, nos 698, 699, 700; -7. Fr., nos662, 663; -7. Pe'rlet, nos 664, 665; -J. Paris, n° 565, 566; C. Eg„ nos 699, 700; C. Unie., nos 930, 931; Ann. R. F., n°229; -7. Sablier, nu 1445 ; Ann. patr., n°DLXIV; -7. Mont., n°83; -J.S. Culottes, Nos 519, 520; F.S.P., n° 379; Audit, nat., n° 663; Rép., n° 21 ; -7. Lois, n° 658. (2) P.V., XLI, 331. Minute de la main de Monnot. Décret n° 9994. Reproduit dans Mon., XXI, 259; Ann. patr. n° DLXIV ; F.S.P., n° 379; Ann. R.F., nÜS 230, 231; -7. Fr., n° 663 ; C. Eg., n°699; -7. Mont., n° 83 ; -7. Perlet, n°665; ■J. S. Culottes, n° 520; M.U., XLII, 119. Voir Arch. pari. T. LXXXVIII, séance du 17 germ., n°61. (3) P.V., XLI, 332. Minute de la main de Pottier. Décret n° 9995. Reproduit dans Mon., XXI, 259; -7. Mont., n° 83; F.S.P., n° 379; Ann. R.F., n° 230; -7. Fr., n° 662; -7. Perlet, n° 665; -7. Sablier, n° 1445; -J.S. Culottes, n° 520.