40 ARCHIVES PARLEMENTAIRES - CONVENTION NATIONALE potisme, fatigué de l’orgueil et des vices de touttes les castes oppressives, honteux de la bassesse et des crime de la Cour, indigné des dilapidations scandaleuses, avait arrêté, au prix de son sang, de s’en débarasser. Déjà il commençait à goutter touttes les douceurs de vos glorieux travaux, lorsqu’une faction, sans doute à la solde du scélérat et principal agent de cette nouvelle Albion, a encor essayé de tout détruire. L’histoire, qui transmettera à nos derniers neveux le tableau des journées des 9, 10 et 1 1 thermidor, ne taira pas l’hypocrite popularité de ces ambitieux, de ces intriguants qui projet-tèrent de sacriffier à leur passion la chose publique, et de remplacer par une nouvelle tyrannie, que le temps nous avait déjà fait oublier, tous les excès dont nos annales rougiront un jour. Au milieu de tous ces intriguants que vous avez mis hors la loi, nous vous avons vus avec satisfaction soutenir la majesté d’un peuple libre. Et, forts de votre conscience et de votre vertu, nous vous avons vus avec admiration jurer de mourir à votre poste, plustôt que de manquer de déjouer une faction aussi criminèle qu’elle paraissait être l’ouvrage de l’étranger. Continuez, législateurs. Restez fermes à votre poste, et ne permettez qu’aucune faction du dedans ny du dehors vous domine jamais! S’il vous faut des bras, parlez! Nous sommes à notre poste. Nous volons au premier signal, et nous verserons la dernière goûte de notre sang plustôt qu’un étranger nous donne la loi, ou que des satellites que nous avons proscrits viennent nous dominer. Notre devise est et sera toujours de mourir pour notre patrie. Jean Louarn (off. mun.), Leblouch (off. mun.), M. Noaguen (maire), F. Yven (off. mun.), Jean Urvois (secrét. -greffier), F.M. Técluse (agent nat.). f [La comm. d’Evron (1), à la Conv.; s.d. ] (2) Citoyens représentants, Un nouveau Catilina cherchait à renverser la statue de la liberté. Le nuage s’épaississait dans les ombres de la nuit. L’orage grondait et allait éclater, mais votre énergie et votre dévouement pour la cause du peuple ont déjoués tous les complots liberticides, et le glaive de la loi a fait justice des traîtres. Grâces immortelles vous soyent rendues, grâces soyent rendues à nos braves frères de Paris! Cette journée sera une des plus éclatantes dans les annales de la République. Continués vos illustres travaux, restés au poste où la confiance du peuple vous a placés, que son bonheur soit le résultat des efforts que vous ne cessés de faire pour sa liberté. Recevés entre vos mains, dignes représentants, le serment que nous vous faisons de ne (1) Mayenne. (2) C 313, pl. 1250, p. 44. Mentionné par B ", 2 fruct. reconnaître d’autre pouvoir que la représentation nationale, et de rejetter avec horreur tout ce qui attenterait à la souverainneté du peuple; que tous les traîtres qui y attenteroient tombent sous le glaive de la loi! Vive la République, vive la Convention et nos braves frères de Paris! Despagnol (maire), M. Liney (agent nat.) [et 11 autres signatures], g [Le conseil gal de la comm. d’Uzès-la-Monta-gne (1), à la Conu.; Uzès, 20 therm. II] (2) Citoyens représentans, Robespierre, ce Catilina, n’est plus, ainsi que ses complices. Ils vouloient détruire la représentation Nationale, et anéantir la liberté publique, mais la force, le courage de la Convention les a précipités dans l’abime, et ils sont mort[s], enragés comme les tirans. La patrie est sauvée par votre vigueur et par le dévouement des parisiens à ses représentans. Continués vos immortels travaux. Nous continuerons à démasquer et punir tous les ennemis du peuple, et nous dirons à nos concitoyens qu’aucun homme n’est rien à l’égard de la patrie, et que tout usurpateur des droits du peuple est un coupable qui doit disparaître du sol de la liberté. Vive la République! Vive la Montagne! Maigron (maire), Mathieu (agent nat.), Julien (secrêt.-greffier) [et 18 autres signatures], h [Les off. mun. de la comm. de Trévoux (3), à la Conv.; Trévoux, 21 therm. II] (4) Le voile du patriotisme couvroit des scélérats qui luttoient contre la liberté en parroissant la servir. Les complots les plus noirs s’ourdis-soient dans l’abus de la confiance. Les plus terribles coups alloient se porter contre les pères du peuple, lorsque le génie de la liberté, en les préservant, a sauvé la patrie, et, dans un instant, a détruit avec éclat toutes les conspirations tramées depuis longtems dans l’ombre. Grâce à la surveillance de la Convention, à son intégrité, à sa justice, nous respirons toujours l’air pur de l’égalité. Des monstres ambitieux ne s’élèvent plus sur les débris d’un peuple abusé; ils ne nagent pas dans le sang de ceux qu’ils vouloient sacrifier. Jamais, non, jamais nous n’avons eus d’autres guides que la Convention entière; les discours fallacieux et perfides, les élans de quelqu’un de ses membres ne nous ont point éblouis. Notre devoir, l’exécution des loix, la pratique des vertus sociales, voilà le but que nous avons cherchés; l’évidence justiffie notre conduite, et nous venons, en citoïens libres, jurer de nouveau à la Convention en masse (1) Gard. (2) C 313, pl. 1250, p. 57. Mentionné par B‘n , 2 fruct. (3) Ain. (4) C 313, pl. 1250, p. 64. Mentionné par B™, 2 fruct. SÉANCE DU 27 THERMIDOR AN II (14 AOÛT 1794) - N° 1 41 confiance et fidélité, et rendre hommage aux braves Parisiens dont le bras invincible s’unit toujours à la raison. Charles (maire), Vernac ( agent nat.) [et 4 autres signatures]. i [Le conseil ga! de la comm. de Valence (1), à la Conv.; Valence, 20 therm. Il] (2) Citoyens représentans, Nous avons frémi d’horreur en apprenant les nouveaux dangers qui ont menacé la liberté, et la certitude que les traîtres n’existaint plus a pu seule contenir les mouvemens de notre indignation. Ainsi donc, au moment où les armées républicaines chassent devant elles, comme de vils troupeaux, les cohortes de l’étranger; au moment où la nation française va jouir d’une félicité conquise par 5 années de travaux, de sacrifices pénibles et d’efforts généreux, un hypocrite ambitieux, couvert du masque d’un patriotisme ardent, secondé de quelques hommes aussi pervers que lui, a tenté de saisir l’autorité suprême et d’asseoir une domination tyrannique sur le tombeau de la patrie! Ainsi donc nous n’aurions fait que changer de maître, si le génie de la liberté n’eût veillé sur nous, et si vous n’eussiez déployé cette énergie sublime qui nous a déjà sauvé tant de fois. Citoyens représentans, que cette grande et terrible leçon ne soit perdue, ni pour vous, ni pour le peuple généreux qui vous a remis ses destinées. Maintenés au milieu de vous cette liberté d’opinions qui forme le plus sûr boulevard de la liberté politique et civile. Le despotisme fut abattu le jour où les liens qui compri-maint la pensée furent brisés. Le despotisme se relèvera triomphant le jour où, frappés d’épouvante et de terreur, les fondateurs de la République craindront d’exprimer leurs véritables sentimens. Que les individus ne soient plus un objet d’idolâtrie pour un peuple trop confiant peut-être, et que l’expérience de tant de trahisons aurait dû rendre extrêmement difficile. Qu’il sache se deffendre des impulsions de cette sensibilité qui le caractérise. Que sa surveillance redouble en raison des droits que l’on acquerra à son estime, et la République est impérissable. Pénétrés de ces sentimens, nous venons, citoyens représentans, jurer entre vos mains de rester inviolablement attachés à la Convention nationale, de ne servir qu’elle seule, et d’immoler, sans pitié, tous ceux qui, abusant de leur influence ou de leur crédit, voudraient élever une autorité usurpatrice sur les ruines de la liberté et de l’égalité. Dupuy (maire), A. Vidalot le fils (agent nat.), Ducoin (secrét.-gal) [et 11 autres signatures]. (1) Lot-et-Garonne. (2) C 313, pl. 1250, p. 48, 50. Mentionné par B* , 30 therm. (1 ersuppll); J. Sablier, n° 1499. j [ L’administration du distr. de Pont-Croix (1) à la Conv.; Pont-Croix, 21 therm. II] (2) Citoyens représentants, Enfin Catilina n’est plus, et le bon citoyen respire. Il a disparu, ce scélérat, avec son trône, sa Cour et ses vertus affreuses, et la Convention rivalise aussi de victoire avec les défenseurs les plus intrépides de la République. Elle ne s’est jamais montrée si grande, ni plus digne du peuple qu’elle représente. Partout, dans un même jour, en un même moment, dans les extrémités les plus lointaines comme au centre de la République, le crime et ses exécrables satellites ont été anéantis sous les coups mille fois redoublés de la vengeance nationale. Exemple terrible! Sort inévitable de tous les ambitieux et de tous les ennemis de la liberté! Continuez, intrépides législateurs, d’assurer le triomphe de la République, de cautionner, par l’essor des sentiments généreux, la liberté civile et la liberté politique. Vous avez prononcé l’arrêt du peuple même. Des millions de braves sont levés pour vous défendre. Le tyran est dans la boue; mais le peuple est debout. Il est debout contre le crime et pour la liberté. Nous n’avons jamais connu, nous ne connoitrons jusqu’à la mort d’autre principe que ceux du ralliement à la représentation nationale, la seule autorité légitime qui puisse exister. Y. Beleguic, J.F. Guéguen (vice-présid.), M.-L. Givart [groupe de mots illisibles, puis : de l’agent nat.], Ollivier (pour le secret). k [Les administrateurs du distr. de Barbe-zieux (3), à la Conv.; Barbezieux, 18 therm. II] (4) Citoyens représentants, Le courage que vous avés mis à délivrer la patrie du monstre cruel qui en dévorait les entrailles, la sagesse avec laquelle vous avés déchiré le prestige de l’illusion qui masquait le Catilina français et ses complices, vous immortalisent dans les coeurs des républicains. Vous avés, en un jour, vengé la liberté des outrages du crime, rappellé à leur énergie et aux vertus républicaines les coeurs des patriotes comprimés, et désespéré les projets des aristocrates, des intrigants et des ambitieux. Nous nous réjouissons, citoyens représentants, avec tous les amis de la liberté, tous les vrais républicains révolutionnaires, d’une victoire aussi heureuse pour la liberté, et qui sera immortelle dans les fastes de notre révolution. (1) Finistère. (2) C 313, pl. 1250, p. 32. Mentionné par B‘n, 30 therm. (1er suppl1). (3) Charente. (4) C 313, pl. 1250, p. 36. Mentionné par B‘n , 2 fruct.; J. Sablier, n° 1499.