352 ARCHIVES PARLEMENTAIRES - CONVENTION NATIONALE Mais frémissez ô traîtres ! et lâches conspirateurs ! Je vois la tête infâme de votre chef, du scélérat Robespierre, tomber sous la hache acérée de la loi ! Puisse cette tête exécrable y attirer, comme l’aimant, toutes celles de ses abominables complices ! Et que leur nom s’engloutisse à jamais dans le gouffre de l’oubli ! mais non ! que plutôt leur mémoire soit à jamais vouée à l’exécration dans les fastes du genre humain délivré des tyrans qui l’oppriment. Palissés donc ô despotes couronnés de l’Europe; ne vous appercevés-vous pas, que le sénat français, n’affermit les fondements étemels de la liberté, qu’en creusant l’abyme qui doit engloutir bientôt vos trônes déjà chancellans ? Et vous ! fidèles et vigilantes sentinelles de la liberté française, recevés ici, l’affecteux hommage d’une société, dont le langage simple et sans apprêt ne sait être que sincère; nous ne cessons d’admirer en vous cette fermeté de principes et cette incorruptibilité qui caractérise les vrais rochers de la Montagne ! Nougnac, président, Paris, secrétaire et trois autres signatures. 1 [La société populaire de Salsigne, département de l’Aude, au président de la Convention nationale, du 3 fructidor an II\ (13) Citoyen président Le neuf thermidor fut un jour pénible pour la Convention nationale mais il fut le triomphe. Il falloit des sirconstances qui démasquent l’hipocrisie : les infâmes Robespierre, Saint-Just et Couthon les ont fournies. Ils ont payé leur attentat. Les tyrans ne sont plus, la France est libre. Vexés les patriotes, tyrannizées les consciences, anéantie la liberté des cultes, violés les droits sacrés de l’homme, tel étoit le plan de ces infâmes pour nous replonger dans l’esclavage. Mais l’énergie de la Convention a déjoué ces complots. Vive la République, vive la Convention. La société populaire de Salsigne félicite la Convention sur son grand courage, l’invite à rester à son poste jusqu’à parfaite destruction des tyrans. Tu voudras, citoyen président, être auprès d’elle son organe et appuyer les justes réclamations de la section à raison des pertes que les communes qui en dépendent ont éprouvées par les torrents fréquents conformément à ses sages décrets. Salut et-fraternité. Roger, président. La société populaire de Salsigne à la Convention nationale Liberté Egalité Citoyens représentans, Grâce à l’Etre surpême qui veille toujours sur les destinées de la france, la République est (13) C 320, pl. 1 317, p. 17. sortie encore triomphante des mains des conspirateurs. Les dignes héritiers des Danton, des Hébert, des Chaumette et consors vouloient comme eux nous replonger dans le plus affreux esclavage, mais ils ne sont plus et leurs cadavres sanglants attestent à l’univers les crimes de l’orgueil, de votre énergie et montrent votre énergie et votre justice. Si nouveau Catilina, tyran français Robespierre, Saint-Just et Cou-thon vouloient établir un triumvirat. Mais il est tombé et avec eux ses infâmes complices. Fermes dans votre poste, intrépides représentans, vous avez de nouveau déployé un grand courage. Le peuple fit la Révolution le 31 may, vous avez fait la vôtre le 9 thermidor. C’en est fait, la France est libre et un grand peuple ainsi représenté est destiné à faire régner la liberté sur tout le globe. Continués donc vos glorieux travaux bientôt la dernière heure des tyrans et de leurs vils satellites est sonnée. Quelque soit la force des ennemis le génie de la liberté saura déchirer tous les voiles. Les bons citoyens toujours attachés à la Convention nationale sauront arrêter les coupables de quelqu’égide qu’ils se couvrent. Ils périront, oui, ils périront... Nous en jurons par l’amour sacré de la patrie qui s’acroit dans nos âmes républicaines à mesure qu’on tente de lui porter quelque coup. Le despotisme insolent caché sous le masque des vertus et de l’hipocrisie n’en imposera plus. Les perfides... les monstres... ils prenoient notre langage pour mieux nous détruire et nous savons qu’ils ont vécu, mais ils ne sont plus et leur mémoire portée à la postérité la plus reculée sera toujours vouée au mépris et à l’exécration. Les infâmes ! Achevés, immortels représentans d’anéantir toutes les factions, le peuple en masse s’il le faut, secondera vos efforts. Ne quittés votre poste que lorsqu’il n’y aura plus de tyrans à combattre. Exterminés tous les monstres. Verser son sang pour la patrie, faire un rempart de nos corps pour soutenir la représentation nationale, tel est citoyens représentans, le serment sacré que tout le peuple de Salsigne réuni à la société vient de s’empresser de renouveller. Les brillans succès de nos frères d’armes ont rempli nos âmes de la plus vive allégresse. C’en est fait des despotes. Vive la République une et indivisible. Vive la Convention nationale. Roger, président, Jalabert, secrétaire et douze autres signatures. m [La société populaire de Cloye, département d’Eure-et-Loir, à la Convention nationale, le 1er fructidor an II] (14) Représentans du Peuple, Il existait donc encore des conspirateurs dans le sein de la Convention nationale ? ces scélérats ignoraient donc que tôt ou tard leurs (14) C 320, pl. 1 317, p. 24. SÉANCE DU 22 FRUCTIDOR AN II (8 SEPTEMBRE 1794) - N° 2-4 353 infâmes projets seraient découverts et qu’ils recevraient la peine due à leurs forfaits; pouvaient-ils espérer que les républicains français eussent cédé à leur vile et criminelle ambition, non ! Jamais de maître sous quelque dénomination que ce soit. La liberté ou la mort. Notre centre est la Convention d’où partent les rayons de lumière et de justice. Vous avés dans la nuit du 9 au 10 thermidor en sauvant encore la patrie du danger où elle se trouvait plongée, fait trembler les tirans et leurs esclaves, leurs trônes ont perdu totalement l’équilibre et encore une victoire il n’existera plus sur le globe de brigands couronnés. La société populaire et la commune de Cloye sont réunies pour vous féliciter sur votre courage, votre attitude fière en imposera et fera frémir quiconque oserait attaquer l’unité de notre république. Notre commune et toute la jeunesse n’a jamais souffert que le hazard envoya des déf-fenseurs sur les frontières. La patrie a besoin de secours, partons ! pour ne revenir qu’avec la palme de la victoire. Notre district vient de monter et équiper douze cavaliers jacobins. Six jeunes citoyens de cette commune dont le plus âgé n’a que dix-huit ans se sont enrôlés sous l’étendard tricolore et ont juré de défendre la République jusqu’à la dernière goutte de leur sang. Et quoique utiles à leurs familles, ils ont préférer s’emparer du fer exterminateur pour purger le sol de la terre du dernier des monstres couronnés qui l’ont trop longtemps souillée; les pères ont eux-mêmes fait du meilleur cœur le sacrifice de leurs enfants qu’ils chérissaient et pendant qu’ils sont au champ de mars occupés à faire tonner l’airain ils s’occupent eux-mêmes à ramasser les matières nécessaires à la fabrication du salpêtre que notre commune a déjà fourni en bonne quantité. Confiants dans votre courage et votre énergie à terrasser les factieux, nous ne doutons pas que nous touchons de très près à notre parfait bonheur, il existe encore des ennemis de l’égalité au dehors, mais bientôt les peuples éclairés par le flambeau de la raison abandonneront leur timidité, et enhardis par le succès de nos armes victorieuses ils diront qu’ils ne veulent faire avec nous qu’une seule famille, et nous, nous' crions, vive nos sages représentans, vive la République une et indivisible. Suivent les noms des cavaliers jacobins : Vinsot, serrurier Drivet, maréchal Luxereau, cultivateur Pietre, serrurier Besley, meunier Lancelin, tailleur d’habits Picois, président, Marcel, secrétaire, et une demi-page de signatures. 2 Les administrateurs du département de police font passer l’état des détenus dans les différentes maisons de détention de Paris. Le total est 5 258. Insertion au bulletin (15). [Etat des détenus dans les maisons de justice, d’arrêt ou de détention du département de Paris, au 21 fructidor an 7/(16) Maison de justice du Département .......... 588 Petite-Force .................................................... 245 Pélagie ............................................................ 141 Magdelonnettes ............................................ 134 Abbaye ............................................................ 41 Bicêtre ............................................................ 759 La Salpêtrière .............................................. 447 Chambre d’arrêt à la mairie ...................... 40 Luxembourg .................................................. 403 Maison de suspicion, rue de la Bourbe .. 340 Picpus, faubourg Antoine .......................... 94 Les Carmes, rue de Vaugirard .................. 175 Les Angloises, rue Victor .......................... 131 Les Angloises, rue de l’Oursine ................ 89 Les Angloises, faubourg Antoine ............ 64 Ecossois, rue des fossés Victor ................ 71 Lazare, fauxbourg Lazare .......................... 276 Belhomme, rue de Charonne, n° 70 ........ 19 Bénédictins anglois, rue de /Observât. .. 88 Maison du Plessis ........................................ 385 Maison de répression, rue Victor ............ 49 Maison de Coignard, à Picpus .................. 33 Montprin ........................................................ 47 Fermes Caserne des Petits Pères ............................ 135 Caserne, rue de Sève .................................. 119 Caserne des Carmes, rue de Vaugirard .. 63 Vincennes ...................................................... 282 Total ................................................................ 5 258 3 La société populaire de Guéret, département de la Creuse, annonce que cette commune envoie à la poudrerie plus de 5 000 L de salpêtre. Insertion au bulletin, renvoi à la commission des poudres et salpêtre (17). La société populaire de Guéret annonce à la Convention que le dernier envoi de salpêtre fait par cette commune fut de 1 600 livres, et qu’il en est parti aujourd’hui plus de 5 000; que le salin, la potasse, et le charbon se façonnent avec la même activité, parce que les citoyens ont pour guide un agent salpêtrier intelligent en zélé (18). 4 La société populaire de Ribeauvillé [département du Haut-Rhin] félicite la Convention nationale sur la chûte du nouveau tyran, (15) P.-V., XLV, 145. (16) C 319, pl. 1 306, p. 28. Bull., 23 fruct. (17) P.-V., XLV, 145-146. (18) Bull., 25 fruct. (suppl.). 23