112 ARCHIVES PARLEMENTAIRES - CONVENTION NATIONALE ment entravé la marche de ses opérations, et forcément retardé l’envoi que nous vous faisons passer aujourd’hui. C’est le produit des dons patriotiques en assignats, numéraire et bijoux que nous vous prions d’offrir aux défenseurs de notre liberté. Quoique dans les premiers jours de brumaire, nous leur ayons fait à Rennes un envoi d’habillement assez considérable, il nous en reste encore beaucoup que nous leur destinons; nous allons à ce sujet prendre les ordres de Jean Bon St-André, et nous suivrons les renseignements qu’il nous donnera pour les faire parvenir à nos frères d’armes. Vous pouvez, républicains, compter avec confiance sur l’entier dévouement de la Société populaire et des citoyens de la commune de Brest. Nous nous rallierons toujours à la bienfaisante Montagne. Respect, S. et F.» Bonamy, Soudry, Fougeret. 21 La municipalité et la société populaire de Bouchemaine annoncent l’envoi fait au comité révolutionnaire d’Angers (1), et de tous les objets provenant de leur ci-devant église, de 100 1. en assignats, et de différents effets d’habillement pour les défenseurs de la patrie : ils témoignent leur indignation contre les nouvelles conjurations, et invitent la Convention nationale à rester à son poste (2). [Bouchemaine, 10 germ. Il] (3). «Citoyen président, Lors de la levée des 300 000 hommes, notre contingent fut fixé à 4 ; 18 partirent sur-le-champ, 15 autres les suivirent de près. Séparés des brigands de la Vendée par la Loire, nous avons fait pendant 6 mois, jour et nuit, une guerre de poste, sans paie et sans étape. Depuis 18 environ, et sans presque la moindre interruption, nous gardons la rive droite de la Loire. Notre jeunesse partie à l’entier, à l’exception de quelques fils de laboureurs, soit dans les bataillons, soit pour la mer, ont empêché l’ennemi de passer notre rivière couverte de grèves, dans l’instant, où victorieux à la Roche d’érigne, son armée nous insultait sur le bord opposé, et faisait sur nous un feu continuel. Trente hommes armés de mauvais fusils de chasse, secondés par l’obscurité de la nuit, abandonnés par une compagnie en station chez nous, rappelée à Angers, forcèrent les brigands, par leur bonne contenance, d’abandonner leur entreprise. Nous fournîmes à la première affaire de Che-millé plus de quatre-vingt hommes. (1) Angers et non Anvers. Bouchemaine, Maine-et-Loire. (2) P.V., XXXVI, 27. Bln, 2 flor. (suppl1), 10 flor. (2e suppl*). (3) C 301, pl. 1076. Jaloux de mourir pour le soutien de la République, vingt-cinq volent à Angers, lorsque cette ville est menacée par cette horde de scélérats, et partagent pendant le siège l’honneur de défendre les remparts; 2 de nos camarades blessés mortellement, expirent sur les murs, n’ouvrant plus la bouche que pour crier vive la République, et nos représentants montagnards. Les deux citoyens morts sont Ledroit fils, et Faucillon fils. Au premier coup de canon, 30 autres accoururent, et hors d’haleine, s’élancent à côté de leurs frères. Et nous aussi, citoyen président, nous avons fait malgré notre malheureuse position, des dons que nous eussions continué à tenir secrets, si nous nous fussions trouvé en état d’en faire de nouveaux. Ces dons que nous destinions pour nos frères d’armes, n’ont pas changé de destination, puisque nous en avons fait part à nos jeunes volontaires lors de leur départ. Ils consistaient en 100 livres en assignats donnés par le citoyen Villeneufve, commandant de la garde nationale, en un habillement complet, chapeau, souliers, bas, cols, chemises, et guêtres, donné par le citoyen Coulette, maire; en 15 paires de souliers données par les citoyens Poirier, agent national, Thibault, cy-devant curé, et Grivard mort à la guerre de la Vendée; enfin, en un habit uniforme, donné par le citoyen Terves, et quelques petits assignats donnés par de malheureux ouvriers mariniers d’une manière attendrissante. Sitôt que l’embargo mis depuis longtemps sur la Loire sera levé, la navigation nous refera des pertes que nous avons souffert; alors, nous aurons le plaisir de renouveler à nos jeunes volontaires, les témoignages de notre reconnaissance pour les services qu’ils rendent à la république. En attendant, citoyen président, nous allons envoyer au comité révolutionnaire d’Angers : 23 chasubles, galonnées en or et argent, faux ou vrai, avec leurs ustensiles, 4 chappes galonnées en or et argent, faux ou vrai; deux soleils, deux calices, deux paternes, deux ciboires d’argent doré, trois croix processionnales d’argent ou argentées, toutes les clochettes, tout le cuivre provenant des encensoirs et chandeliers; enfin, tout l’étain et le fer provenant de notre cy-devant église. C’est au moment que nous t’écrivons, que nous avons appris l’infernal attentat que des scélérats, nourris par le peuple souverain, ont osé tramer contre la République; nous frémissons encore du danger que notre liberté a courru; elle eut cependant toujours existé pour les citoyens de Bouchemaine parce qu’ils auraient péri avec elle. Vivre libre ou mourir a toujours été notre devise. Qu’ils périssent doublement, ces hommes atroces, qui ont osé conspirer contre la souveraineté du peuple, et l’ont cru capable de partager leurs fureurs. Témoigne de notre part à la Convention, notre reconnaissance sur ses soins paternels; dis-lui qu’elle sera toujours notre point de raliement, et qu’elle reste à son poste jusqu’à ce que tous les traîtres et les intrigants ne souillent plus la terre de la liberté. S. et F. » Coulette, Villeneufve. 112 ARCHIVES PARLEMENTAIRES - CONVENTION NATIONALE ment entravé la marche de ses opérations, et forcément retardé l’envoi que nous vous faisons passer aujourd’hui. C’est le produit des dons patriotiques en assignats, numéraire et bijoux que nous vous prions d’offrir aux défenseurs de notre liberté. Quoique dans les premiers jours de brumaire, nous leur ayons fait à Rennes un envoi d’habillement assez considérable, il nous en reste encore beaucoup que nous leur destinons; nous allons à ce sujet prendre les ordres de Jean Bon St-André, et nous suivrons les renseignements qu’il nous donnera pour les faire parvenir à nos frères d’armes. Vous pouvez, républicains, compter avec confiance sur l’entier dévouement de la Société populaire et des citoyens de la commune de Brest. Nous nous rallierons toujours à la bienfaisante Montagne. Respect, S. et F.» Bonamy, Soudry, Fougeret. 21 La municipalité et la société populaire de Bouchemaine annoncent l’envoi fait au comité révolutionnaire d’Angers (1), et de tous les objets provenant de leur ci-devant église, de 100 1. en assignats, et de différents effets d’habillement pour les défenseurs de la patrie : ils témoignent leur indignation contre les nouvelles conjurations, et invitent la Convention nationale à rester à son poste (2). [Bouchemaine, 10 germ. Il] (3). «Citoyen président, Lors de la levée des 300 000 hommes, notre contingent fut fixé à 4 ; 18 partirent sur-le-champ, 15 autres les suivirent de près. Séparés des brigands de la Vendée par la Loire, nous avons fait pendant 6 mois, jour et nuit, une guerre de poste, sans paie et sans étape. Depuis 18 environ, et sans presque la moindre interruption, nous gardons la rive droite de la Loire. Notre jeunesse partie à l’entier, à l’exception de quelques fils de laboureurs, soit dans les bataillons, soit pour la mer, ont empêché l’ennemi de passer notre rivière couverte de grèves, dans l’instant, où victorieux à la Roche d’érigne, son armée nous insultait sur le bord opposé, et faisait sur nous un feu continuel. Trente hommes armés de mauvais fusils de chasse, secondés par l’obscurité de la nuit, abandonnés par une compagnie en station chez nous, rappelée à Angers, forcèrent les brigands, par leur bonne contenance, d’abandonner leur entreprise. Nous fournîmes à la première affaire de Che-millé plus de quatre-vingt hommes. (1) Angers et non Anvers. Bouchemaine, Maine-et-Loire. (2) P.V., XXXVI, 27. Bln, 2 flor. (suppl1), 10 flor. (2e suppl*). (3) C 301, pl. 1076. Jaloux de mourir pour le soutien de la République, vingt-cinq volent à Angers, lorsque cette ville est menacée par cette horde de scélérats, et partagent pendant le siège l’honneur de défendre les remparts; 2 de nos camarades blessés mortellement, expirent sur les murs, n’ouvrant plus la bouche que pour crier vive la République, et nos représentants montagnards. Les deux citoyens morts sont Ledroit fils, et Faucillon fils. Au premier coup de canon, 30 autres accoururent, et hors d’haleine, s’élancent à côté de leurs frères. Et nous aussi, citoyen président, nous avons fait malgré notre malheureuse position, des dons que nous eussions continué à tenir secrets, si nous nous fussions trouvé en état d’en faire de nouveaux. Ces dons que nous destinions pour nos frères d’armes, n’ont pas changé de destination, puisque nous en avons fait part à nos jeunes volontaires lors de leur départ. Ils consistaient en 100 livres en assignats donnés par le citoyen Villeneufve, commandant de la garde nationale, en un habillement complet, chapeau, souliers, bas, cols, chemises, et guêtres, donné par le citoyen Coulette, maire; en 15 paires de souliers données par les citoyens Poirier, agent national, Thibault, cy-devant curé, et Grivard mort à la guerre de la Vendée; enfin, en un habit uniforme, donné par le citoyen Terves, et quelques petits assignats donnés par de malheureux ouvriers mariniers d’une manière attendrissante. Sitôt que l’embargo mis depuis longtemps sur la Loire sera levé, la navigation nous refera des pertes que nous avons souffert; alors, nous aurons le plaisir de renouveler à nos jeunes volontaires, les témoignages de notre reconnaissance pour les services qu’ils rendent à la république. En attendant, citoyen président, nous allons envoyer au comité révolutionnaire d’Angers : 23 chasubles, galonnées en or et argent, faux ou vrai, avec leurs ustensiles, 4 chappes galonnées en or et argent, faux ou vrai; deux soleils, deux calices, deux paternes, deux ciboires d’argent doré, trois croix processionnales d’argent ou argentées, toutes les clochettes, tout le cuivre provenant des encensoirs et chandeliers; enfin, tout l’étain et le fer provenant de notre cy-devant église. C’est au moment que nous t’écrivons, que nous avons appris l’infernal attentat que des scélérats, nourris par le peuple souverain, ont osé tramer contre la République; nous frémissons encore du danger que notre liberté a courru; elle eut cependant toujours existé pour les citoyens de Bouchemaine parce qu’ils auraient péri avec elle. Vivre libre ou mourir a toujours été notre devise. Qu’ils périssent doublement, ces hommes atroces, qui ont osé conspirer contre la souveraineté du peuple, et l’ont cru capable de partager leurs fureurs. Témoigne de notre part à la Convention, notre reconnaissance sur ses soins paternels; dis-lui qu’elle sera toujours notre point de raliement, et qu’elle reste à son poste jusqu’à ce que tous les traîtres et les intrigants ne souillent plus la terre de la liberté. S. et F. » Coulette, Villeneufve.