SÉANCE DU 14 BRUMAIRE AN III (4 NOVEMBRE 1794) - N° 18 379 c [ L’administration du district de Tonnerre à la Convention nationale, le 20 vendémiaire an 7/7] (39) Citoyens Représentants. Nous avons lû votre adresse au peuple français, nous l’avons lue avec cette satisfaction et attendrissement qu’excitent d’un coté les principes vrais qu’elle renferme, que provoquent de l’autre la concorde, la douce harmonie qu’elle cherche à rappeler dans les âmes et dans toutes les actions d’un peuple, jaloux de conserver la liberté qu’il a conquise. Si vous exprimer et vous rendre tous les mouvemens de nos coeurs, est une tâche trop difficile à remplir, au moins ne nous est-il pas permis de garder le silence ; à nos yeux mêmes nous paroitrions coupables. Nous ne devons pas vous taire non plus que nous avons assayé de faire partager aussitôt à ceux de nos administrés qui nous entouroient, nos élans, nos transports et les rayons précieux du flambeau que vous veniés de mettre dans nos mains. Nous allons multiplier ces essais, en faisant faire l’impression, par vous recommandée, de cet acte important. Après qu’une violente tempête a confondu les élemens, a jetté, répandu l’épouvante au milieu des campagnes, les cultivateurs, les bergers se réjouissent de voir le calme rendre aux guérèts et aux prairies leurs beautés, leurs ornemens, leur parure. La douce tranquilité renait dans le coeur de ces amis, de ces laborieux et studieux éleves de la nature. Ils bénissent la main bienfaisante, qui vient d’enchainer les vents et les orages. Ils contemplent avec reconnoissance la sérénité du ciel qui comble leurs désirs. Tels sont aujourd’hui les administrateurs du district de Tonnerre, animés des mêmes senti-mens, leurs âmes sont enyvrées de cette volupté pure qui délasse l’homme sensible, qui le soulage des peines accablantes dont le crime l’a fatigué longtems. C’est votre courage, c’est votre énergie, citoyens Représentants, qui ont fait tomber le dernier tyran; ce monstre qui vouloit regner par la terreur sur une terre jonchée de cadavres et abreuvée de sang. Vous avez déjoué ses projets liberticides. Vous venez de proclamer les sublimes vérités qui doivent confondre tous ses complices. Vous venez de prémunir le peuple français contre ces fourbes adroits qui n’ont aimé la révolution que pour eux mêmes, que pour leur sordide intérêt, que pour leur insatiable ambition. Vous venez d’apprendre au peuple françois à se défier de ces soi-disant Républicains qui par leurs clameurs forcenées, ne cherchent qu’à tromper, ne veulent que détourner la surveillance des bons citoyens. (39) C 323, pl. 1390, p. 6. Bull., 17 brum. (suppl.). Vous apprenez au peuple français, à ce peuple régénéré à connoitre ces patriotes ambitieux qui redoutent le régné de la vertu sous lequel ils vont être démasqués. Vous lui apprenez enfin à distinguer ces hommes atroces, qui, pour éviter la honte, ou plutôt la punition de leurs forfaits, s’efforcent d’organiser la destruction de la République, à travers la confusion et les crimes de l’anarchie. Oui, l’espoir de ces traîtres sera encore anéanti, le char de la révolution sera, par votre prudence, par votre fermeté paisiblement et sûrement conduit à son terme heureux, au point central de la circonférence qu’il doit parcourir. Tel est, citoyens Représentants le voeu de nos coeurs, ils n’ont jamais désiré que le triomphe de la liberté, de la vertu, de la justice, que l’effusion du sang des conspirateurs et des traîtres. Nous ne vous dirons pas que nous venons nous rallier à la Convention nationale ; nous y avons toujours été unis. Toujours elle a été notre boussole, notre espérance. Nos forces, nos vies entières lui sont vouées à jamais. Nous ne pouvons que nous serrer de plus en plus autour d’elle, nous ne pouvons que continuer d’apprendre à nos administrés, à nos frères, à l’aimer, à la bénir, à suivre ses leçons, à imiter son courage et ses vertus. Meurent les tyrans nés et à naître! vive la liberté ! vive l’égalité ! vive la République française, une et indivisible! vive la Convention nationale ! voilà quels ont été, quels seront sans cesse nos cris de ralliement. Demurard, président, Fourcade, agent national et 9 autres signatures. d [Les administrateurs du district de Louhans à la Convention nationale, le 27 vendémiaire an III] (40) Représentants Votre proclamation aux français est digne de ceux que le peuple a choisi pour assurer son bonheur et sa liberté. Vous avés déjà l’expression sincère de notre voeu, recevés encore notre adhésion formelle et bien prononcée aux grands principes que vous venés de développer, nos jurons solemnellement de les maintenir. Représentants, le peuple français et la Convention ont échappés aux plus grands dangers. Le tyran est exterminé, ses vils suppôts sont dissipés et votre prévoyance ne leurs permettra pas de se rallier dans la suite; ce n’est donc plus que par la fourberie, l’intrigue et l’agitation qu’ils peuvent espérer de ramener l’anarchie, le massacre de la Convention et le régné de la tyrannie. Aussi nos ennemis mettront-ils en usage tous les moyens qui pourront rallier (40) C 323, pl. 1390, p. 20. F. de la Républ., n° 45.