190 ARCHIVES PARLEMENTAIRES - CONVENTION NATIONALE 3 L’agent national du district de Tarbes, département des Hautes-Pyrénées, fait part à la Convention nationale que les autorités constituées de ce district viennent d’assister à la fonte des premiers canons et obusiers, qui a été faite à Tarbes, et qui a été une fête pour elle. Insertion au bulletin (5). [L’agent national du district de Tarbes à la Convention nationale, le 12 fructidor an II] (. 6) Citoyens législateurs Vive la République démocratique! Et nous aussi nous avons le bonheur de voir préparer dans notre sein des bouches à feu qui doivent porter la mort aux tirans et la liberté et la raison aux peuples : les autorités constituées viennent d’avoir une fête aujourd’hui. C’est celle d’artistes en corps à la fonte des premiers canons qui vient d’avoir lieu avec le plus grand succès. Jamais les cloches chamarrés des noms jadis sacrés d’Ave Maria des marquises et des baronnes ne nous charmèrent autant que sous la forme ravissante de canons et d’obu-siers : cette précieuse matière sera enfin une fois utilisée pour la déffense de la patrie, des droits sacrés de l’homme et du citoyen et pour la gloire du nom français, après avoir longtems servi à sa honte et à l’entretien avilissant de préjugés superstitieux. Cette bronze révolutionnaire ne frappera plus les heures des messes et des vêpres ridicules, elle sonnera la dernière heure des despotes, des tirans et des traitres. Vive à jamais la République française ! Vive la grande masse de la Convention nationale toujours bonne comme celle du peuple qu’elle représente! Candelle Bayle. 4 La société populaire de Val-Libre [ci-devant Saint-Trivier], département de l’Ain, assure la Convention nationale de son dévouement à la chose publique, et lui annonce qu’elle a offert à la patrie un cavalier armé et équipé, et une feuillette de charpie, bandes et compresses, pour contribuer au soulagement des défenseurs de la patrie. Mention honorable, insertion au bulletin (7). (5) P.-V., XLVI, 199-200. (6) C 321, pl. 1344, p. 25. (7) P.-V., XLVI, 200. Bull., 17 vend, (suppl.). [La société populaire de Val-Libre à la Convention nationale, l’an II] (8) Vaincre les tyrans au dehors, surveiller les malveillants et les intrigants au dedans, fut toujours le but de nos actions et de nos travaux de tous les tems; les françois dignes de la liberté, ne mettent pas au rang des sacrifices, mais au nombre des devoirs ce qu’ils font pour la liberté, nous avons offert à la patrie un cavalier armé et équipé et une feuillete de charpies, bandes et compresses pour contribuer au soulagement de ceux de nos frères auxquels leur valeur donne la gloire de verser une partie de leur sang pour la patrie. Depuis le premier prairial nous n’avons eu aucune nouvelle de cette offrande cependant il nous seroit bien doux de pouvoir citer à nos concitoyens des exemples capables d’exciter leur courage de suivre dans les combats celui qui a juré dans notre sein au nom de la patrie de vivre ou de mourir pour elle. Salut et fraternité. Les membres du comité d’instruction et de correspondance, Miolaud, président et six autres signatures. 5 La société populaire de Brion-du-Gard, ci-devant Saint-Jean, district d’Alais [Gard], écrit à la Convention : Dans les grands événemens qui intéressent le bonheur public, tous les bons républicains doivent se rallier autour de vous, partager vos travaux et vos dangers, former un faisceau qui en impose, qui épouvante les mal-veillans et rassure tous les gens de bien. Vous venez de l’éprouver, représentans ; l’autorité publique alloit bientôt vous être ravie et devenir la proie de la scélératesse et du vice astucieux. Le faux civisme paré des dehors de la vertu, avoit plongé dans les fers un grand nombre de citoyens utiles à la République. Un crêpe funèbre flottoit sur nos têtes et s’étendoit sur nos belles contrées, où régnoient jadis la joie, l’abondance et la paix ; mais votre vigilance a déjoué cet horrible complot. Vous nous avez envoyé un de vos collègues, qui nous a apporté des paroles de paix et de consolation : il a fait cesser nos craintes et nos alarmes sur le sort de plusieurs citoyens, qui seroient déjà les victimes et la proie d’un tribunal dont la corruption et la scélératesse vous sont assez connues. Pères de la patrie, continuez à acquitter aussi honorablement le vœu de tous les Français; notre société en s’épurant s’est mise à la hauteur des circonstances : dans peu nous ne formerons qu’une même famille dont le mot de ralliement sera l’amour de (8) C 321, pl. 1350, p. 15. SÉANCE DU 10 VENDÉMIAIRE AN III (1er OCTOBRE 1794) - N° 5 191 la patrie et de l’égalité. La Convention nationale sera pour nous la base sur laquelle reposera notre union ; et nous coopérerons avec elle à consolider la paix et la tranquillité, dans toute la République une et indivisible. Mention honorable, insertion au bulletin (9). [La société populaire de Brion-du-Gard à la Convention nationale, le 2eme jour s.-c. an//] (10) Représentais, Dans tous les grands événemens qui intéressent vivement le bonheur public, tous les bons républicains doivent se rallier autour de vous, partager vos travaux et vos dangers, former un faisseau qui en impose, qui épouvante les malveillans et rassure tous les gens de bien. Vous venez de l’éprouver, représentans ; l’autorité publique alloit bientôt vous être ravie et devenir la proie de la scélératesse et du vice astucieux. Le faux civisme paré des dehors im-posans de la justice et de la vertu, avoit plongé dans les fers un grand nombre de citoyens utiles à la République. Un crêpe funèbre flottoit sur nos têtes et s’étendoit sur nos belles contrées, où régnoient jadis la joie, l’abondance et la paix; mais votre infatigable vigilance a déjoué ce complot horrible et les acteurs d’une scène aussi tragique ont été déjà punis et pas un d’eux n’échappera à la recherche des loix. Conservez, représentans, cette attitude imposante et fière que vous avez manifestée en dévoilant aux yeux de la France étonnée ce projet criminel, dont la découverte a détourné le glaive qui pesoit sur nos têtes et a ranimé l’espérance dans le cœur de tous les amis de la félicité publique. Les habitans de la commune de Brion-du-Gard aiment la justice et la vertu; vous l’avez rendue triomphante ; ils haissent les tyrans et les traitres vous les punissez sans ménagement; et vous vous montrez dignes de la mission sublime qui vous a été confiée. Recevez, représentans, l’hommage de la re-connoissance la plus vive; puisque votre sollicitude paternelle s’est déployée en cette occasion pour adoucir les maux dont le département du Gard alloit être la victime. Vous nous avez envoyé un de vos collègues, qui nous a apporté des paroles de consolation et de paix : il a fait cesser nos craintes et nos alarmes sur le sort de plusieurs citoyens qui seraient déjà les victimes et la proie d’un tribunal dont la corruption et la scélératesse vous est assez connue. Pères de la patrie, continuez à acquitter aussi honorablement le vœu de tous les Français. Que votre haine pour les tyrans égale notre amour pour la liberté et pour l’égalité. Soyez les restaurateurs de la France outragée, et les déffenseurs de l’humanité. Achevez les (9) P.-V., XLVI, 200-201. Bull., 24 vend, (suppl.). (10) C 321, pl. 1350, p. 16. travaux que vous avez commencés avec tant de gloire; restez fermes au poste honorable où le vœu de la nation vous a placé, la volonté du peuple français vous y invite, l’humanité vous en fait un devoir. N’en doutez pas, représentans, la société populaire de Brion-du-Gard, en s’épurant le 21 fructidor s’est mise à la hauteur des circonstances. Dans peu nous ne formerons qu’une même famille, dont le mot de ralliement sera l’amour de la patrie, de la liberté, de l’égalité. La Convention nationale sera pour nous la base sur laquelle reposera notre réunion et nous coopérerons avec elle à consolider la paix et la tranquilité, dans toute la République une, indivisible et démocratique. David Eastre, président, Bouvost, Michel-Neveu, secrétaires et plus d’une page de signatures. [La société populaire de Brion-du-Gard à la Convention nationale, le 3eme jour s.-c. an//]( 11) Représentans, La société populaire de Brion-du-Gard régénérée le 21 fructidor, jouit sous l’égide des loix et des autorités constituées, de la tranquilité que méritent les amis de l’ordre et du bonheur public. En s’épurant, la société a peut-être exaspéré les esprits de quelques individus qui n’ont pas daigné tenter les voyes légitimes de l’admission, et qui restent volontairement séparés d’elle. Echo fidèles de l’expression technique dont retentissent certains papiers publics, ils pourront vous dire que ce qu’on appelle le modérantisme, tue ici la révolution comme ailleurs; qu’elle a rétrogradé parmi nous; que les patriotes sont opprimés, et leurs voix étouffées; que la commune est en insurrection et qu’elle méconnoit les loix. Ces imputations mensongères (si elles avoient heu), représentans, ne feraient aucune impression sur vous, puisque la société populaire pour vous prouver les principes qu’elle professe, vous a voté une adresse qui ne respire que la haine pour les tyrans; l’horreur pour toute espèce de tyrannie ; et le respect pour les loix émanées de la Convention. La société populaire ne saurait souffrir plus longtems que l’injustice et le crime soient à l’ordre du jour ; puisque vous y avez substitué la justice et la vertu. Elle ne veut plus que le bien succombe sous le mal dont on l’avoit environné ni que des hommes voués par erreur au sistème désastreux d’un moderne conspirateur, se fassent un jeu de l’honneur et de la vie des citoyens; que leurs biens soyent à la discrétion d’un dénonciateur oculte; ni que la liberté publique soit plus longtems outragée; mais elle entend au contraire que les personnes et les propriétés soyent respectées. (Il) C 321, pl. 1350, p. 18. 192 ARCHIVES PARLEMENTAIRES - CONVENTION NATIONALE Telle est, citoyens représentans, la profession de foi de la société populaire de Brion-du-Gard. Elle ne connoit point de membres dans son sein dont les opinions différent de l’opinion générale. Tous veulent la république une, indivisible et démocratique. Et si quelqu’un mani-festoit des sentimens contraires, il seroit à l’instant rejetté ; son nom rayé des registres et sa personne dénoncée au comité de surveillance. Nous voulons être libres ; mais nous ne voulons plus être opprimés. Nous abhorrons l’oppression et nous sommes néanmoins capables, en vrais républicains de pardonner aux oppresseurs. L’erreur passagère ne sera point un titre d’exclusion pour un citoyen. La société toujours attentive aux événemens qui pourroient éclatter, ne sauroit prononcer avec trop de précision quels sont les principes qui la dirigent; elle déclare solennellement, qu’elle ne reconnoit que la Convention et les loix émanées d’elle. Tous les membres de la société ont juré de verser leur sang pour les soutenir ; ils seront fidèles à leur serment et quelque soit le choc des opinions politiques qui pourroient agiter la France, la Convention et les loix qu’elle aura décréttées seront le talisman de la conduite de la société. La Convention est revêtue de l’autorité souveraine du peuple, et c’est elle seule que le peuple souverain maintiendra dans les droits qu’il lui a délégués. La société ne peut passer sous silence la vive émotion qu’elle a ressenti en apprenant l’horrible attentat commis sur la personne de Tal-lien un de vos dignes collègues. A cette nouvelle, un sentiment profond de douleur s’est emparé de nos cœurs. Un républicain vertueux qui a honoré sa patrie par ses talens et par l’intrépide fermeté qu’il a montrée en déjouant le complot attroce de Robespierre, a été frappé par une main perfide; il est à la veille de perdre la vie! rien n’est capable de retenir notre indignation que l’espoir de sa prompte guérison. Poursuivez, représentans, les auteurs, fauteurs et complices de cet affreux parricide. Puissent les coupables expier leurs forfaits sous le glaive de la loi. Montrez-vous plus que jamais terribles à poursuivre le crime jusques dans son dernier repaire. Assez et trop longtems la république a souffert dans son sein des hommes qui ne respirent que le sang et la mort. Montrez-vous dignes du peuple que vous représentez. Semblables à ces chênes antiques plantés sur le sommet des montagnes qui bravent tous les orages et tous les vents; résistez à toutes les tempêtes politiques; montrez un front audacieux à tous les ennemis de la chose publique; épurez l’atmosphère impur dont vous paroissez environnés, nos corps formeront toujours autour de vous un rempart inexpugnable pour sauver ou pour venger vos personnes outragées. Les membres de la société populaire de Brion-du-Gard au nombre de trois cent cinquante, David Eastre, président et une vingtaine de signatures. 6 L’agent national du district de Valognes [Manche] fait part à la Convention nationale que la nouvelle de la reprise de Valenciennes, du fort d’Ecluse, et les autres avantages remportés par les troupes de la République, ont donné lieu à une fête célébrée par le peuple en masse; il annonce aussi que toute la jeunesse de Valognes combat dans les armées, et que les braves vétérans marcheroient s’il en étoit besoin pour renverser les trônes des despotes coalisés. Insertion au bulletin (12). [L’agent national du district de Valognes au président de la Convention, le 15 fructidor an 77] (13) Nous avons appris par le courrier de ce matin les grandes victoires que nous avons remportées sur terre et sur mer et les riches prises entrées dans nos ports. A dix heures du matin tous les corps constitués civils et militaires, la société populaire, le peuple en masse, étoient sur la place de la liberté. Là on a appris avec toute l’allégresse que peut faire paroitre un peuple libre la reprise de Valenciennes où se trouvent 1100 émigrés qui vont payer la peine due à leurs crimes et cesser de souiller un sol qui étoit las de les porter. La prise du fort de l’Ecluse n’a pas fait moins de sensation et des chants patriotiques se font entendre de toutes parts au milieu d’une musique guerrière. L’administration de district devoit mettre cette pompe à un aussi beau jour de fête, et je me fais un devoir d’instruire la Convention que les citoyens de Valognes sentent tous les élans du vrai patriotisme, qu’ils se réjouissent d’avoir dans nos armées toute leur brillante jeunesse et que nos braves vétérans marcheroient s’il en étoit besoin pour achever de renverser les trônes des despotes coalisés. Vive, vive à jamais la république, une et indivisible, respect sans bornes aux loix et guerre éternel à tous les traitres et les intrigans. Salut et fraternité. Buhol. 7 L’agent national du district de Ta-nargue [Ardèche] annonce à la Convention nationale la vente du bien de l’émigré Moré; que cinquante-trois lots, estimés quarante mille neuf cent dix-huit livres, ont été vendus cent vingt-trois mille huit (12) P. V., XL VI, 201. (13) C 321, pl. 1344, p. 26.