80 ARCHIVES PARLEMENTAIRES - CONVENTION NATIONALE Citoyens Représentants, Enfin ils sont terrassés ces monstres féroces qui se nourrissoient de sang et s’abreuvoient de larmes, nous devons le bienfait de leur chûte à votre salutaire énergie. Nous ne nous rappelions pas sans frémir, l’état d’avilissement où nous avons été réduits, le despotisme le plus arbitraire pesoit sur tous les citoyens, la terreur abandonnant pour quelques instants les gouvernements asiatiques étoit venue empoisonner le sol de la liberté. L’ardeur des proscriptions et la soif du pillage avoient étouffé [mot illisible ] les vertus républicaines, une froide stupeur s’étoit emparée des esprits et la liberté étoit prête à s’envoler pour jamais. La glorieuse révolution du 10 thermidor a mis fin à tant d’excès, vous avez abattu une idole qui ne vouloit ne sacrifier que des victimes humaines, vous avez appelé d’une voix ferme la justice et la liberté, et ces deux compagnes du bonheur des hommes vont nous consoler des maux que nous avons soufferts. Sauveurs du peuple, tout notre espoir est en vous, toute notre reconnoissance est à vous, tout notre sang est prêt à couler pour vous. Vous avez reconquis la République, vous avez rendu aux français une patrie, vous les avez restitués à la liberté et à l’égalité. Vous saurez consolider votre ouvrage. Eh quoi! des intriguants concevaient encore le fol espoir de balancer vos augustes destinées et de rivaliser le pouvoir national confié en vos mains ! Représentants, vous n’avez qu’à vouloir, ces nouveaux titans seront renversés et ensevelis sous la masse de leurs forfaits. Pour nous, Pères de la Patrie, nous regardons votre sagesse et votre fermeté comme les garants d’un bonheur certain. Nous nous pénétrons avec attendrissement des conseils bien-faisans présentés dans le raport du comitté de Salut public ainsy que dans votre Adresse aux français et lorsque quelques sociétés nous envoient des adresses qui nous paroissent ambiguës nous leur jurons pour toute réponse de vous être fermement unies. Les citoyens composant la société populaire du Veurdre, département de l’Ailier. Urchie le jeune, Douyel, président, Berrier, secrétaire. c [La société populaire de Pontoise à la Convention nationale, le 23 vendémiaire an IIP (7) (7) C 325, pl. 1404, p. 12. Voir ci-dessous Arch. Parlement., 5 brum., n° 2. Liberté, Égalité. Citoyens représentans, Le peuple français a déposé entre vos mains le soin de ses destinées. Vous lui avez promis la gloire et le bonheur. Il attend l’un et l’autre de votre energie et de votre sagesse. Sa confiance ne sera pas ruiné. Il en a pour garant l’attitude sublime que vous avez prise le 9 thermidor, jour immortel, où, en brisant le sceptre de fer des triumvirs, vous avez arrêté le cours des calamités de la patrie et relevé la statue de l’antique liberté qu’ils avaient renversée et roulée sous leurs pieds sacrilèges. Ces monstres ne sont plus ; vous avez appellé le glaive , sur leurs têtes criminelles, le glaive les a dévorés. Ainsi périssent tous leurs complices, tous ceux qui voudraient rétablir le système de terreur et de sang, de proscriptions et de massacres qu’ils avaient organisé. Tous ceux qui prétendaient multiplier les Bastilles et les cachots, comprimer les sentimens les plus doux de la nature, captiver la pensée, etouffer la pitié au fond des coeurs et rejetter la République sous une tyrannie antropophage. La révolution est le passage du mal au bien, de l’anarchie au gouvernement, de l’arbitraire aux loix; la révolution n’est pas le crime, elle est la vertu; La liberté, ce premier bien de l’homme social, n’est pas le domaine exclusif de quelques intrigans hypocrites, de quelques scélérats audacieux, de quelques vociférateurs insolens ; elle est la propriété inviolable et sacrée de tous les bons citoyens. La justice n’est pas la compression des coeurs, elle en est la consolation, elle est la sauvegarde de l’innocent et l’effroi du coupable. Tels sont, Citoyens représentans, les principes éternels des vrais républicains, des amis sincères de la liberté et de l’égalité, de tous ceux à qui leur coeur dit sans cesse qu’ils ont des concitoyens, des frères, une patrie. C’est sur ces principes impénétrables aux traits du sophisme que la société populaire de Pontoise règle et réglera toujours ses discussions et ses travaux. Ardente à poursuivre les aristocrates, à démasquer les traîtres, à dénoncer les fripons, elle ne le sera pas moins à répandre les maximes, et étendre les progrès de la morale républicaine, et à faire respecter les loix que vous inspire votre sagesse. Elle dit anathème, à tout individu, à toute aggrégation qui voudrait s’élever contre la souveraineté indivisible du peuple, dont il n’a confié qu’à vous seuls le suprême exercice. Représentans, la massue d’hercule est dans vos mains; soulevez là seulement et tous les pygmés vont rentrer dans le néant! frappez les factions, c’est la nation qui doit regner. Dépositaires de sa volonté, c’est à vous de la rendre triomphante des ennemis de l’intérieur par la force des loix, comme elle triomphe au dehors de la ligue des tyrans, par la force des armes. Vous venez de montrer aux français, dans une adresse que nous avons accueillie avec SÉANCE DU 5 BRUMAIRE AN III (26 OCTOBRE 1794) - N° 1 81 transport, et les dangers qui les menaçaient et les moyens de s’y soustraire ; vous y dévellopez les principes du gouvernement révolutionnaire qui sera désormais dégagé de vexations, parce qu’il aura la loi pour régulateur et non les passions de ses agens. Ainsi réglé, ce gouvernement sera la protection de la liberté publique comme de la liberté individuelle. Il n’y a que le méchant qui puisse le craindre. Législateurs, maintenez le donc jusqu’à la paix, et restez jusqu’à cette heureuse époque au poste périlleux mais honorable que vous remplissez de manière à justifier de plus en plus la confiance du grand peuple qui vous y a placés. Son bonheur et ses bénédictions seront le prix de vos travaux. C’est le seul qui puisse convenir à vos coeurs. Vive la République, vive la Convention nationale qui l’a fondée et qui l’affermira ! Les membres composant la société populaire de Pontoise. Brechet, Lambert, Roger, La Trons, Aubruy, Jean-Baptiste Lacroix, Gérard Michel et 50 autres signatures. d [La société populaire et le conseil général de la commune de Creil-sur-Oise à la Convention nationale, le 23 vendémiaire an III] (8) Citoyens Représentans, Nous avons entendus avec le plus vif enthousiasme les sentimens que vous manifestés dans votre Adresse au peuple françois. Recevés notre adhésion aux principes sublimes de sagesse et de justice que vous proclamés, ils ont toujours été et seront toujours profondément gravés dans nos coeurs. Nous jurons de nouveau un attachement inviolable à la Convention nationale. Nous jurons qu’elle seule sera notre unique boussole, quelque faction qui puisse agiter la République. Vive la République, Vive la Convention Nationale ! Suivent trente signatures. e [La société populaire régénérée de Vïllefranche-d’ Aveyron à la Convention nationale, le 25 vendémiaire an III] (9) Liberté, égalité, justice, probité, vertu ou la mort. Citoyens Représentans Dans les crises de la patrie, la terreur était à l’ordre du jour, ce mouvement qui n’était dirigé que contre la malveillance et l’aristocratie, fut saisi par les intrigants ; les plus ardents amis de la patrie furent accollés a ses plus cruels ennemis et placés dans la même ligne. Deux représentans vertueux arrivent dans nos murs et bientôt le triomphe de l’innocence fut proclamée ; soudain le peuple en masse ravi d’admiration vota une adresse en leur faveur. Une affreuse dictature a posterieurement menacé la France, votre energie a conjuré cès orages et les traîtres ont péri; Eut-on pu prévoir que cette crise eut encore produit des agitateurs, que la justice organisée par la Convention, eut été présentée comme le soutien des aristocrates et des modérés ; aurait-on pensé qu’un nouveau sistheme de terreur eut aggloméré des nuages ; qu’une faction puissante ozat rivalisér avec la Convention. Telle est l’erreur dans laquelle on a voulu nous plongér et un moment d’hésitation a été pris pour un acquiescement a ce sisteme désastreux. Instruits par l’experience, nous serons désormais sourds a toutes les intrigues, nous surveillerons les factieux, nous mettrons a profit les grandes maximes développées dans la dernière adresse aux Français et dans l’effusion de nos coeurs, nous ne cesserons de crier, vive la Convention, Guerre a mort contre tous ceux qui penseraient a se choisir tout autre point de ralliement. Vive nos représentants, vive la République une et indivisible. Mouly, vice-président, Alet, Croizac, secrétaires. f [Extrait du procès-verbal des séances de la société populaire d’Ormont ci-devant Saint-Dié du 25 vendémiaire an III] (10) Égalité, Liberté. Présidence de Laugier La séance s’est ouverte par la lecture des nouvelles qui ont été vivement applaudies, not-tament au récit de l’entrée triomphales des troupes de la république dans Cologne. Ensuite l’Adresse de la Convention nationale aux français a été lue et entendue avec l’attention la plus grande et l’intérêt le plus marqué, le silence n’a été interrompu que par les applau-dissemens les plus unanimes. Un membre a pris la parole et a dit : (8) C 325, pl. 1404, p. 18. (9) C 325, pl. 1404, p. 24. (10) C 325, pl. 1404, p. 27.