SÉANCE DU 14 BRUMAIRE AN III (4 NOVEMBRE 1794) - N° 18 385 O [Les citoyens et la société populaire des Amis de la liberté et de l’égalité de la commune de Dreux à la Convention nationale, s. g?.] (52) Liberté, Égalité, fraternité ou la Mort. Législateurs Ce seroit en vain que vous chercheriez a consolider la plus belle des révolutions, qu’ait jammais enfanté l’esprit humain, si des hommes séditieux et avides du pouvoir, travaillent sans relâche a en ecarter les salutaires effets. Ce seroit en vain que vous auriez proclamé les principes de justice et d’humanité si bien dévelopés dans votre adresse au peuple français, si des etres immoraux s’opposent a cette union, a cette concorde qui doivent etre les plus fermes remparts de votre liberté. Combien il est doux pour nous citoyens, de voir que les principes que vous professez, sont les nôtres. Le rapport de vos trois comités, ainsi que l’adresse aux français, ont été lus a la société, quel enthousiasme, quels transports, ils ont excités, les plus vifs applaudissemens en ont interompu la lecture a plusieurs reprises et pour mettre le sceau a votre ouvrage vous avez décrété que ces monstres altères de sang humain, seroient partout poursuivis et livrés au glaive de la loy, assez et trop long tems nous avons été leurs victimes, le jour de la justice a luit sur notre malheureuse commune et le suplice du tiran et de ses complices, a été le signal de la guerre a mort que nous avons déclarée a ces antropophages, aux intrigans, aux factieux, aux traitres, aux faux dénonciateurs, aux tirans, aux dilapidateurs de la fortune publique, en un mot a tous ceux qui ne trouvoient de jouissance que dans l’anarchie. Nous les avons chassés de notre sein, comme indignes d’habiter le sol de la liberté. Oui, Législateurs, la justice et la probité seront désormais les vertus qui animeront constamment les français et s’il est des abus échappés a votre vigilance, vous vous empresserez de les détruire. Nous croyons devoir vous en indiquer un bien dangereux, dans les pouvoirs trop étendus, dont sont revetus les agens nationaux des districts. Un seul homme peut-il etre l’arbitre du sort de quarante a cinquante milles, si cet individu professe des principes entièrement opposés a la justice, et son opinion qui doit faire connaitre au comité de Salut public et de Sûreté général, l’esprit public, ne peut elle pas etre bien funeste pour tous les citoyens d’un district. Nous pensons que ces comptes doivent etre rendus par les administrations. Loin de nous de retarder ici la marche du gouvernement révolutionaire, nous le voulons (52) C 325, pl. 1410, p. 22. avec vous, mais aussi nous sommes les amis de la justice et de l’humanité, de la vérité et de l’impartialité. L’abus qu’a fait l’agent national de notre district justement dénoncé a votre comité de Législation par le directoire et par nous, des pouvoirs qui lui ont ete conférés, est un exemple bien frapant du danger de les confier a un seul homme. Continuez Législateurs, de lancer la foudre sur ces tetes coupables, perfectionez ce que vous avez si heureusement commencé et presque fini et que la sagesse qui présidé a toutes vos deliberations, soit l’exemple de tous les peuples, afin que d’un pôle à l’autre, l’on ne reconnoisse plus que des hommes libres et vertueux. Quant a nous nous n’aurons d’autre point de ralliement que la Convention et nous vouerons au mépris et a l’excecration publique, quiconque oseroit rivaliser avec vous, nous vous ferons un rempart de nos corps et sçaurons mourir s’il le faut pour la cause de la liberté. Suivent 215 signatures, dont celle de Villevieux, agent national. P [Le conseil général de la commune dYvetot à la Convention nationale, s. c?. ] (53) Liberté, Fraternité, La Loi. Citoyens Représentants, Et nous aussi nous aplaudissons bien sincèrement à l’instruction paternelle que vous venés d’adresser au peuple français. Comptés sur notre ferme résolution d’eviter les ecueïls que vous nous indiqués, et de suivre les conseils que vous nous donnés. Comment nous écarterions nous des principes aux quels vous nous rappellés! nous les avons toujours professé. Au moment où la Convention sanctionnoit la sublime adresse qui les contient, nous répétions a nos concitoyens assemblés, qu’on ne sauroit être républicain sans haine pour la tyrannie; sans amour pour la liberté; sans mépris pour l’intrigue ; sans respect pour les loix ; nous leurs disions que celui qui s’isoleroit de la Représentation nationale ne seroit pas moins insensé que celui qui chercheroit à renverser les colonnes d’un édifice qui ne sauroit tomber sans écraser l’auteur de sa chute. Nous vous protestons, citoyens Représentants, que ces dispositions tiennent essentiellement à notre existence ; que le feu qu’exigeroit leur dévelopement, est le feu qui nous vivifie : nous vous invitons de rester à votre poste; le salut de la patrie l’exige; nous vous jurons une fois de plus que rien ne fera varier le dévouement de la commune d’Yvetot (53) C 323, pl. 1390, p. 8.