[Convention nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES. 12 brumaire an H 189 (2 novembre 1793 adressera la profession de foi et les vingt livres. Galland, secrétaire général. Profession de foi du citoyen Mocourt (1). Citoyens, Je ne laisse échapper aucune occasion de prouver, par un zèle ardent, mon républicanisme, mais le fanatisme et l’idiotisme que je rencontre souvent sur la route vient de m’opposer encore hier ses obstacles que j’ai bien des peines à sur¬ monter dans l’esprit de nos frères des campagnes, que des prêtres à demi étudiés (sic) égarent. jetant donc plus républicain que prêtre, je me suis hâté, après avoir assisté, il y a onze jours, à la fête de repos à Arras, de retourner à Berles-Berlettes, lieu de ma desservance, afin d’y dis¬ poser les esprits à se conformer et recevoir le nouveau calendrier établi par la Convention na¬ tionale, et affaiblir leurs anciennes idées par des nouvelles plus conformes à la saine raison. J’espérais fort leur inspirer les vrais sentiments d’un républicanisme plus éclairé, lorsqu’un idiot de curé de mes voisins, vint tout troubler en s’immisçant contre les lois, pendant mon absence dans mes fonctions, et leur fit un discours ou sermon des plus sots pour les maintenir dans leurs anciens préjugés que j’avais attaqués par la persuasion en détrompant leurs esprits. Je m’étais efforcé de diminuer, autant que j’avais pu l’idée gigantesque qu’ont depuis des siècles les villageois sur les dimanches et fêtes ; je leur avais expliqué le nouveau calendrier plus conforme et se rapprochant plus de la nature si simple, si uni¬ forme dans sa marche toujours égale et constante et dont ils sont les premiers, les vrais exami¬ nateurs. Je m’étais surtout appuyé sur les cinq jours qui n’appartiennent à aucun mois de l’année, employés à célébrer nos époques les plus mémorables, à secourir l’humanité ; il suffit, leur avais-je dit, que vous soyez homme et sensible pour sentir que ces jours valent mieux que vos fêtes de saints et de saintes qui ne signifiaient rien lorsque l’on n’était qu’en vision et que l’on ne faisait rien pour la patrie et ses semblables. Enfin, comme c’était un jour qu’ils appellent dimanche que je leur parlai, pour en effacer mieux l’idée, j’avais malgré les regrets des vieilles femmes, refusé de leur dire la messe, et con¬ seillé de travailler comme les autres jours en attendant le dixième jour qui était hier que j’a¬ vais promis de célébrer avec eux. Mais ce charla¬ tan de curé du voisinage vint avant-hier, 9e jour de la décade, les fanatiser et leur faire leur dimanche, de manière que les voilà retom¬ bés plus que jamais dans leurs antiques erreurs, et mes peines, malgré le feu du patriotisme qui me dévore, perdues. Et ils n’ont point voulu hier, quoique huit jours avant ils y étaient dis¬ posés, célébrer le jour de repos; ils m’ont répondu qu’on leur avait dit que je n’étais point maître de détruire ce que Dieu avait fait, que cela, quoi¬ qu’ils en eussent entendu parler, n’était point encore parvenu à leur municipalité. Il ne m’a donc plus été possible de ramener à la saine raison des esprits qu’un cagot de prêtre en avait écartés. De dépit donc, et de fureur patriotique, (1) Archives nationales, carton C 279, dossier 750. j’ai renoncé en leur présence à ma cure, et pro¬ teste de n’être jamais plus dans la classe de ces sots personnages de prêtres, car s’il est encore des préjugés je vois bien à présent que ce sont les prêtres qui les ont perpétués et qui les perpé¬ tueront encore; le ciel depuis longtemps les condamne, mais les prêtres s’en nourrissent en¬ core. Quand donc les Fénelon ressusciteront, je reprendrai cet état, mais il est passé à l'immor¬ talité et moi je cherche à me retirer de l’ignomi¬ nie car parmi tous les prêtres de mon voisinage qui ne sont point aussi francs que moi, je me suis aperçu qu’ils doivent tout à la crédulité des vil¬ lageois qu’ils maintiennent dans l’erreur, Si on veut bannir l’erreur, il faut donc examiner les prêtres de plus près et exclure les fanatiques. Quoique je ne sois qu’un vrai sans-culotte, én conséquence sans grandes ressources ni fortune, j’abandonne mon traitement, de 1,200 livres, de curé, auquel je renonce aujourd’hui, et préfère le moindre emploi, pourvu qu’il se rapporte à la République et me procure la subsistance, que de vivre avec des sots ou des charlatans ou mar¬ chands de reliques. En actions de grâce de ce qu’il m’est venu d’accomplir une aussi bonne idée et que la circonstance m’y a décidé, je donne vingt francs sur soixante livres qu’il me reste de mon dernier trimestre pour subvenir et contribuer au soulagement de nos frères d’armes blessés à la défense de la patrie, lesquels, en tous les cas, j’irai relever à la première occasion. Le républicain : Rocourt. Ce 3e jour de la lre décade du 2e mois de l’an II de la République, une et indivisible. VII. Le conseil du département du Gard de¬ mande LA CONFIRMATION D’UN ARRÊTÉ PAR LEQUEL IL PROPOSE A LA CONVENTION DE DÉCRÉTER LA CONFISCATION DES BIENS DE François Destouets, administrateur du DÉPARTEMENT DU GERS, DÉCÉDÉ AVANT D’AVOIR PU EXÉCUTER LE DÉCRET QUI LE MAN¬ DAIT A LA BARRE DE LA CONVENTION (1). Suit le texte de la lettre de transmission et de l'arrêté d'après des documents des Archives na¬ tionales (2). Au Président de la Convention nationale. « A Auch, le 10e jour de la 3e décade du 1er mois de l’an II de la Répu¬ blique. « Citoyen Président, « Le conseil du département a pris un arrêté le 6 de la décade courante, duquel je vous envoie une copie collationnée par lequel vousj verrez . (1) La lettre de transmission et l’arrêté du conseil du département du Gers ne sont pas mentionnés au procès-verbal de la séance du 12 brumaire an II; mais en marge de l’original qui se trouve aux Archives nationales, on lit : « Renvoyé au comité de législation le 12 du 2e mois de l’an II de la Répu¬ blique. » * (2) Archives nationales, carton C 279, dossier 750, 190 [Convention nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES. { |2nove£bre qu’il propose à la Convention de décréter que les biens de François Destouets, l’un des admi¬ nistrateurs de ce département, mort dernière¬ ment sans avoir pu exécuter le décret qui le mandait à votre barre pour cause de fédéralisme, soient confisqués au profit de la République. Je suis chargé, citoyen Président, de vous faire cet envoi, et de vous prier d’appuyer auprès de la Convention, la réclamation du conseil du dé¬ partement. « Le procureur général syndic, « Lautrac. » Extrait des registres du conseil du département du Gers (1). Séance du 6 de la 3e décade du 1er mois de l’an II de la République. Présents : d’Aurignac, président; Druilhot, Barthe, Pujol, Chayron, Deguilhem, Baylin, Boubée, Constantin, et Lautrac, ‘procureur général syndic. Le Président lit le" procès-verbal d’une séance de la Société populaire séante à Gimont. Elle demande : 1° que les biens des Françoi Destouets, ci-devant administrateur du conseil, mandé à la barre de la Convention par un décret, décédé postérieurement, soient confisqués au profit de la nation. Le conseil, considérant que François Destouets est un de ceux qui contribua le plus à la propagation du système des Girondins qui, sans l’énergie de la Montagne, eût entraîné la République vers sa perte; que celui qui conspire contre le gouvernement d’une grande nation mérite bien qu’on fasse le procès à sa mémoire, et de prouver aux survivants, par son exemple, que la mort même ne pourra les soustraire aux vengeances nationales ; Arrête que la Convention sera sollicitée de décréter la confiscation des biens laissés par François Destouets. Pour copie collationnée : Man as. VIII. Adresse du conseil général de la commune DE FoRCALQUIER POUR DEMANDER A LA Convention de rester a son poste (2). Suit le texte de cette adresse d’après un document des Archives nationales (3). Extrait des registres de la délibération unanime L de la commune de Forealquier, du 20 octobre 1793, l’an II de la République française , une et indivisible. (1) Archives nationales, carton C 279, dossier 750. (2) L’adresse du conseil général de la commune de Forealquier n’est pas mentionnée au procès-verbal de la séance du 12 brumaire an II; mais l’ori¬ ginal qui existe aux Archives nationales porte en marge ; * Pour être lu demain 12. M. Bayle, prési¬ dent. » (3) Archives nationales , carton C 276, dossier 749. Adresse aux citoyens représentants du peuple dans la Convention nationale. « Citoyens représentants, « Le vaisseau de la République, battu par les tempêtes, vogue encore à travers les orages qui l’assaillent en tout temps. Il n’est point entré dans le port. Pilotes habiles et zélés, jusqu’à aujourd’hui vous l’avez soutenu et lui avez fait éviter le naufrage par une manœuvre savante; vous l’avez fortifié en lui donnant une Consti¬ tution sublime qui efface tout l’éclat des antiques législations et que nous reçûmes avec reconnais¬ sance, mais si vous en abandonniez le gouvernail, que deviendrait ce vaisseau, dont toutes les fu¬ ries ont conjuré la perte! que l’aspect de nos maux qui ne sont pas encore guéris, nous éclaire sur ceux que nous avons à craindre. « Non, citoyens représentants, vous ne quit¬ terez pas votre poste que les lois savantes qui nous assurent la liberté, l’égalité, et tout le bonheur dont l’homme puisse jouir, ne trouvent plus de contradicteurs, ne rencontrent plus de réfractaires, que les tyrans soient anéantis et les esclaves du despotisme n’aient tous mordu la poussière. Votre retraite fait toute leur espérance, que votre fermeté fasse leur désespoir. Tel est le vœu unanime du conseil général de la commune de Forealquier, et l’expression des désirs de tous les bons citoyens de cette ville. « Citoyens représentants, nous applaudissons encore à l’énergie que vous avez déployée, en mettant en état d’arrestation ceux de vos col¬ lègues qui entravèrent la marche de la Conven¬ tion, qui eurent l’impudeur de protester contre les mesures vigoureuses adoptées par la Sainte-Montagne. Notre sol rougit de les avoir enfantés, il ne les connaît que pour des monstres ; vit-on jamais des crapauds naître de la pointe des ro¬ chers? En punissant leurs crimes, vous avertissez vos successeurs de ce qu’aura à craindre celui qui, par ses impostures, viendra à bout de sur¬ prendre la confiance du peuple qu’il ne mérite pas. « Collationné : «Bbrluc, secrétaire-greffier. » IX Arrêté du directoire du département de la Cote-d’Or, pour la fixation des jours de FOIRES ET MARCHÉS, D’APRÈS LE NOUVEAU CALENDRIER (1). Le directoire du département de la Côte-d’Or, vu les décrets des 14 et 16 du premier mois de l’an deuxième de la République française, rela¬ tifs à l’ère des Français, aux dates des actes publiés, et aux vacances des administrations et des tribunaux; Considérant qu’il importe d’adapter à la nou¬ velle division du calendrier l’époque des diffé¬ rentes assemblées civiles et politiques; qu’on (1) Cet arrêté n’est pas mentionné au procès-ver¬ bal de la séance du 12 brumaire an II; nous l’em¬ pruntons au Bulletin de la Convention de cette séance. (Bulletin de la Convention du 2e jour de la 2e décade du 2« mois de lift n II, samedi 2 novembre 1793.)