SÉANCE DU 26 VENDÉMIAIRE AN III (17 OCTOBRE 1794) - N08 7-8 221 république enière scait rendre homage à votre énergie. Maintenant que le jour de gloire et de triomphe est arrivé pour les patriotes, les despotes, les infâmes, les calomniateurs, se plaignent de ce que la probité et la justice sont à l’ordre du jour ; les bourreaux des victimes qu’ils ont fait égorger; l’oeil vigilant des sociéttés populaires les distinguent déjà et qu’ils s’attendent à subir le châtiment du à leur crime. Nous demandons le gouvernement révolutionnaire. Il assure notre liberté contre la tir-rannie et il garanti les droits du peuple contre ses oppresseurs. Nous demandons aussi que la noblesse et le fanatisme soit anéantis dans un pays conquis à la liberté; mais il faut bien se donner garde de comprendre sous des couleurs aussy noires ceux qui ont tout fait pour la révolution. Contre qui la foudre doit-elle s’élancer, citoyens représentants, vous le jugerez aisément ; il vous suffit d’entendre les patriotes opprimés, et de vous rappeller du sang pur dont les sangsues du dernier des despotes se sont désaltérés : n’écoutez que vos consciences, nous les connoissons aussi pures que les sentiments qui les ont animées dans la journée mémorable du neuf thermidor, montrez-vous avec la même énergie contre ceux qui voudroient attenter à la souveraineté nationale, parlez, nos corps vous serviront de remparts, nos cris sont vive la république, notre point de raliement la Convention. Tels sont nos voeux et nos sentiments répu-bliquains et sur lesquels vous pouvez compter. Les amis de la liberté, Guillet, président, Breton, Beauchet, secrétaires. 7 La société populaire d’Orléans, département du Loiret, fait l’éloge de la conduite du représentant du peuple Brival, et remercie la Convention de l’avoir envoyé dans ce département. Insertion au bulletin (13). 8 Les sociétés populaires de Beaumont-sur-Oise a, d’Ancenis [Loire-Inférieure] b, de L’Aigle c, se plaignent de cette foule d’adresses qui veulent faire croire que les patriotes sont opprimés, tandis qu’on ne réprime que les intrigans ; et elles assurent que la malveillance se voyant dévoilée, entreprend de perpétuer les troubles; enfin elles déclarent que leur point de ralliement est la Convention nationale, unique point central. (13) P.-V., XLVII, 203. M. U., XLIV, 410. Mention honorable, insertion au bulletin (14). a La société populaire de Beaumont-sur-Oise, département de Seine-et-Oise, réunie aux autorités constituées de cette commune, félicitent la Convention nationale de ce que les patriotes opprimés ont été rendus à la liberté, à leurs familles, et à leurs amis, et de ce que le patriotisme triomphe. Les fripons sont abattus, et la massue de la justice ne tombe que sur les traîtres... Ensuite elle dit : Que signifie cette pluie d’adresses toutes fondues au même creuset? Quoi ! lorsque le peuple est par-tout rendu à la liberté, lorsque les premiers rayons du bonheur ont à peine lui sur la France, lorsqu’encore dans une espèce de stupeur nous respirons à peine, on veut nous replonger dans le malheur; on veut ressusciter la tyrannie, l’arbitraire et tous les maux ; on veut nous faire ramper en vils esclaves sous des hommes qui n’auroient abattu le despotisme que pour en organiser un plus terrible ! Justice, humanité, sagesse et Convention, voilà nos mots de ralliement, continue cette société; périssent tous les traîtres qui veulent substituer les vices aux vertus, l’assassinat au gouvernement révolutionaire, l’arbitraire à la justice, et l’esclavage à la liberté d’agir et d’écrire ! Cette société termine par inviter la Convention à achever ses glorieux travaux, en consacrant la justice, en bannissant toute erreur dangereuse, en établissant la liberté de la presse, et en proclamant le bonheur du peuple (15). b La société populaire d’Ancenis, département de Loire-Inférieure, observe à la Convention nationale que la calomnie attaque et noircit cette commune, et cherche à faire tomber dans l’oubli le mâle courage et les vertus politiques de ses habitans. Elle annonce que les citoyens ont offert à la patrie, pour concourir à la construction d’un vaisseau, la somme de 2 000 livres (16). c La société populaire de Laigle, département de l’Orne, félicite la Convention du courage qu’elle déploie pour terrasser la malveillance et (14) P.-V., XLVn, 203. (15) Bull., 26 vend. J. Fr., n* 751; M. U., XLIV, 410.. (16) M. U., XLV, 42. 222 ARCHIVES PARLEMENTAIRES - CONVENTION NATIONALE les factions, qui entreprennent de perpétuer les troubles et de renouveler ces commotions funestes qui pourroient entraîner la dissolution de la France, et faire courber le peuple sous le joug de l’esclavage. Législateurs, dit cette société, votre courage annonce à l’univers que la république est sauvée, et que le réveil du peuple sera, pour les traîtres et les tyrans, le signal de leur mort. La faction, ajoute-t-elle, avoit levé une tête audacieuse à Marseille ; elle est aussitôt anéantie avec son ancien comité révolutionnaire, digne enfant de Robespierre. Oui, législateurs, continue-telle, vous consoliderez notre liberté ; vous l’avez juré ; tous les vrais républicains se serreront autour de vous. La société de Laigle partagera toujours les mêmes sentimens ; elle n’a appris qu’avec l’horreur l’assassinat du représentant du peuple Tal-lien ; elle appelle la vengeance nationale sur la tête parricide de l’assassin; qu’il lave dans son sang le coup dont il a frappé la république. Cette société termine ensuite par dire que ces écrivains qui enfantent des productions perfides, telles que l’adresse de Dijon, soient réduits au silence : que la vertu, la justice et le ralliement à la Convention soient le mot d’ordre des français, et ils seront libres (17). 9 Les administrateurs du district de Roche-des-Trois [ci-devant Rochefort-en-Terre, Morbihan] annoncent le départ de 107 marcs 6 onces, tant argent que vermeil, et 6 marcs 6 onces de vieux galons. Renvoi à la commission des revenus nationaux (18). 10 Les administrateurs du district de Tho-non [Mont-Blanc] se plaignent de la dénonciation de la société de cette commune. Renvoyé au représentant du peuple qui est dans ce district (19). .Les administrateurs du district de Thonon, département du Mont-Blanc, réclament auprès de la Convention nationale sur des inculpations dirigées contr-eux dans un discours prononcé à sa barre, le second jour des sans-culottides, par une députation de la société populaire de cette commune, dans lequel ils sont dénoncés comme ayant violé les droits de la presse, opprimé et persécuté les plus ardents patriotes (20). (17) M. U., XLIV, 423. (18) P.-V., XLVII, 203. Bull., 29 vend, (suppl.). (19) P.-V., XLVII, 203. (20) Bull., 29 vend, (suppl.). 11 Le représentant du peuple Boisset annonce que neuf patriotes ont pénétré dans les abymes où le Rhône s’engloutit. Mention honorable et renvoi au comité de Salut public (21). [Le représentant du peuple dans les départements de l’Ain et de Saône-et-Loire, à la Convention nationale, de Chalon-sur-Saône, le 19 vendémiaire an 7/7] (22) Citoyens collègues, Encore un triomphe! le siècle de la liberté élève les âmes et fait éclore les connoissances du génie. Tandis que l’aérostat sauveur continue à seconder nos armes; tandis que l’ingénieux télégraphe nous transmet avec la rapidité de l’éclair, et les élans de notre gloire, et la honte de nos ennemis; tandis que l’avide Anglais, de rage dévoré, voit nos découvertes heureuses avec envie, la chûte des ambitieux et des conspirateurs avec crainte et désespoir ; tandis enfin que le cabinet britannique s’épuise en crimes comme en calculs vains, un Français ose concevoir le plan hardi de braver les flots, de pénétrer dans les abîmes profonds où le Rhône s’engloutit. Le drapeau tricolore vient de flotter dans les entrailles de la terre ; huit courageux bateliers de Seycelles ont accompagné le brave Bisset, ingénieur, mis en réquisition par le comité de Salut public. Le Rhône vient de subir le joug dans ces précipices que l’oeil ne peut percer du haut de ces immenses rocs, d’où, resserré et bouillant, il va se perdre dans des gouffres terribles. Que les tyrans et leurs esclaves cessent d’espérer d’assujettir un peuple de héros, vainqueur de la nature. C’est au moment où vous avez rendu la liberté au génie, au moment où les arts commencent à respirer l’air pur de la République, pour laquelle ils sont nés, que neuf patriotes viennent de conquérir le gouffre de Bellegarde, et d’assujettir le courroux du Rhône sous le trident républicain. Ce vaste fleuve, navigable dans tous ses points, va redonner une plus grande vie au commerce et doubler les richesses de la République. Bisset vous fera passer le récit de son voyage ; en attendant, je demande que vous décrétiez la mention honorable au procès-verbal de sa conduite, du courage des huit bateliers qui l’ont accompagné dans sa périlleuse découverte. Je joins ici leurs noms : ce sont les citoyens Benoît Vibert, François Malley, Antoine Mal-ley, Pierre Malley, Louis Gros, Aimé Thiboud, Antoine Depigny. Courage, fermeté, tout à vous. Signé Boisset. (21) P.-V., XLVII, 204. (22) Bull., 26 vend. Moniteur, XXII, 268; Débats, n" 755, 398; J. Mont., n° 6; mention dans Ann. R.F., n° 27 ; F. de la Républ., n“ 27; J. Fr., n° 751; M. U., XLIV, 411.