SÉANCE DU 16 THERMIDOR AN II (3 AOÛT 1794) - N° 1 91 La destinée d’un peuple grand et magnanime est-elle de passer, pour arriver au bonheur, par tous les degrés de la perfidie et des trahisons ? Si telles sont les destinées de la république françoise, les vôtres, citoyens représentants, sont écrites dans les dangers que vous avez courus, dans le courage que vous dévelopez, dans la majestueuse dignité qui a caractérisé l’immortelle séance du 10 thermidor. Au milieu des brûlants transports de notre fureur et des sentiments d’horreur dont nous ont pénétrés les conspirateurs, nous nous empressons de vous féliciter sur les mesures promptes et vigoureuses que vous avez prises pour le salut du peuple. Qu’ils connoissent peu son inviolable attachement à la liberté, les montres féroces qui, dans leurs noires et barbares combinaisons, projettent de se servir de ses propres mains pour lui forger des fers ! Non... les mains des François ne sçavent que fraper les traîtres, punir les conspirateurs et cueillir les lauriers de la victoire. Votre sublime courage va servir de règle et de modèle à nos actions. Nous renouvelions entre vos mains le serment de ne reconnoître d’autre point de ralliement que l’égalité, la liberté et la Convention nationale. Sans idolâtrie pour les hommes, nous n’adorerons que les maximes saintes de la démocratie. Honneurs aux braves et fidèles Parisiens ! Leur courage a resserré les nœuds qui nous unissoient à eux. Le 9 thermidor sera placé dans les annales révolutionnaires à côté du 10 aoust. Ce jour, un seul tyran fut frapé de mort; mais le 10 thermidor a vu tous les tirans, les dictateurs et les triumvirs anéantis sous la massue du peuple. S. et F. Drevey ( présid ), Letourneur ( ue-secrét .), Martin Fils ( ex-secrét .), Denoz l’aîné ( secrét ., Dernes (secret.). i [Dieppe, 12 therm. II] (1) Citoyens représentants du peuple français Il est doux à des républicains de déclarer que ses (sic) représentants ont bien mérité d’eux, digne récompense des citoyens sans ambition qui ont fait leur devoir. Vous avez restés fermes à votre poste dans les plus grands dangers; vous avez méprisé la mort en combattant et terrassant les ambitieux. Vous avez enfin prouvé à L’Europe entière que le peuple français veut être toujours libre et que la mort sera la récompense de tous ceux qui voudraient s’emparer de la souveraineté du peuple, sous telle dénomination que ce soit. Courage, représentants, le grand exemple de fermeté que vous avez montré doit être le dernier coup pour nos ennemis. Quelle consolation pour les vrais patriotes qui sont persua-(1) C 312, pl. 1 241, p. 6. Mention dans J. Sablier, n° 1 477; J. Paris, n° 581. B‘", 27 therm. (1er suppl1). dés que vos travaux et votre surveillance sont des rochers où viennent échouer toutes les conspirations. Nous avons apris avec horreur les trames ourdies par de ces scélérats, dont les noms ne doivent être cités qu’avec horreur, et leur projet qui devait souiller l’enceinte de la représentation nationnalle. Représentants, comme vous, nous avons gravé dans nos cœurs : mourir pour la patrie est le devoir des républicains. Vous avez été les envoyés du peuple pour fonder la République. Vous êtes ses représentants pour soutenir le gouvernement républicain, et vous serez ses sentinelles pour sauver la patrie. Vive la république, une et indivisible. S. et F. Les membres composant le susdit comité [révol.] : Mairiez, Lucas (présid.), Gourdin, Joseph Pierre, R. Poutau, Gautties, Mel Godeby, Louis Breton, Jean Langlois, Auguste Balancy (secrét). j [Les administrateurs et l’agent nat. du distr. d’Amboise à la Conv.; Amboise, 12 therm. II] (1) Citoyens représentans, Placé sur un volcan creusé et sans cesse agité par les secousses des factions, vous avez su braver avec un courage imperturbable, les nouvelles éruptions qui devaient vous engloutir. C’était donc contre vous que des poignards étaient dirigés par des hommes qui ne se vantaient d’être les amis du peuple que pour mieux l’asservir. Leurs coups sont parés; la Convention nationale a terrassé le nouveau tyran. Nous applaudissons avec le plus vif empressement à cet élan généreux que vous avez montré et auquel la république entière doit son salut. Qu’ils périssent, les factieux qui conspirent contre leur patrie ! Qu’ils périssent, les perfides qui nous promettaient un bonheur que nous n’attendons que de la Convention seule ! Qu’ils disparaissent de la terre de la liberté, ces hardis conspirateurs qui nous présentaient les bords emmiellés de la coupe empoisonnée de la tirannie ! Représentans, soutenez cette fermeté héroïque que vous avez déployée dans la nuit mémorable du 8 au 9 thermidor; nous adhérons de toutes nos forces aux mesures que vient de dicter votre sagesse; elles seront l’effroi des hommes pervers et la consolation des sincères amis de la justice, de la vertu, de la liberté et de l’égalité. Mais, citoyens représentans, vous le savez, c’est dans les moments de crises que (1) C 312, pl. 1 241, p. 7. Mention dans J. Sablier, n° 1 477; Ann. R. F., n° 245; J. Fr., n° 678; B‘", 27 therm. (1er suppf). 92 ARCHIVES PARLEMENTAIRES - CONVENTION NATIONALE l’arristocratie s’agitte (sic), et que, sous des dehors trompeurs, elle s’attache à poursuivre les vrais patriotes. Mettez-vous en garde contre ses mouvements, et que votre énergie mette le patriotisme à l’abri de ses atteintes. Comptez sur nos efforts pour seconder vos intentions pures; poursuivez votre glorieuse carrière et ne vous arrêtez que lorsque les factieux, les traîtres et les tyrans seront an-néantis; hâtez-vous d’assurer à la République ce bonheur impérissable qu’elle attend de vous, et qui doit vous mériter la reconnaissance de tous les hommes libres et les hommages de la postérité. Chevallier, Foucher, Charlot, Moreau ( agent nat.), M. Moisand ( présid .), Desplalez l’aîné, Duprat, Belluot le jeune, Cusserre (?) (secrét.) Billard. k [12 therm. II] (1) Citoyens représentants, D’exécrables traîtres, assez scélérats pour cacher leurs complots liberticides, sous le voile séduisant du plus pur patriotisme, ont mis la patrie et la République dans le plus grand danger : grâces à votre attitude imposante, et à votre surveillance active, ces complots ont été découverts, et déjà les chefs de ces odieux projets ont tombé sous le glaive de la loi. Périssent ainsy tous ceux, non seulement qui ont trempé dans ces complots, mais qui, par la suite, seroient assez infâmes pour oser préparer des fers à des hommes libres. Le peuple français, citoyens, a mis en vous sa juste confiance; restez fermes à votre poste, et assurez à ce peuple qui vous chérit, une liberté pour laquelle il est prest à répandre tout son sang. La commune de Sens se félicite, avec tous les bons citoyens, des mesures qui vous avez prises dans votre sagesse pour prévenir les suites désastreuses qu’auroient pu avoir les projets dont elle frémit : soyez assurés de son zèle infatigable, et de la surveillance qu’elle ne cessera d’ap[p]orter pour déjouer les manœuvres des malveillants, et concourir de tout son pouvoir à l’affermissement de la République. S. et F. Gaultier (maire), Benoit (notable), Hunot (off. mun.), autre Benoit (notable), Chaussepoint, Poullain, Joux (off. mun.), Fortiez, Dufoucq (notable), Denis (secrét. -greffier-en-chef), Bouli cot (off. mun.), Hardy, Cornillet, Hediard [et 6 signatures illisibles (dont celle de Y agent nat.)]. (1) C 312, pl. 1 241, p. 8; Moniteur ( réimpr.), XXI, 393; J. univ., n° 1 716. Mention dans J. Sablier, n° 1 477; Bm, 26 therm. (1er suppl1). 2 Le citoyen Marcou, accusateur public dans le département de l’Ardèche, offre, en don patriotique, les arrérages d’une pension de 80 livres pendant tout le temps que durera la guerre. Mention honorable, insertion au bulletin, et renvoi au comité de liquidation (1). [Privas, 4 therm. II] (2) Représentans Vous venez de liquider en ma faveur une pension annuelle et viagère de 80 liv. 4 s. Elle est, par là même, due depuis et inclus 1791. Veuilliez bien recevoir l’offrande que j’en faits à la patrie pendant tout le tems que durera notre juste guerre contre les tirans et pour le passé, que je sois ou non salarié par la République. Vive la Montagne ! Marcou 3 La société populaire de Bourg-sur-Rhône, ci-devant Saint-Andéol (3), félicite la Convention nationale sur ses travaux, et applaudit aux victoires des défenseurs de la patrie dans les plaines de Fleurus. Mention honorable, insertion au bulletin (4). [Bourg-sur-Rhône, 7 therm. II] (b) Des succès éclatants couronnent chaque jour vos glorieux travaux. Les tirans et leurs suppôts pâlissent sur leurs thrônes chancelants, et nos troupes ne comptent leur[s] combats que pour des victoires. Il a donc fui, cet infâme Cobourg ! Ses lâches soldats n’ont pu soutenir les regards des hommes libres. O plaine de Fleurus, vous serez un moment de triomphe pour les Français, comme le détroit des Thermopiles le fut pour les Grecs : les Grecs étoient alors ce que les Français sont aujourdhui; ils étoient vertueux et libres. Législateurs, gloire vous soit à jamais rendue ! Gloire soit à jamais rendue au comité de salut public ! Vos soins bienfaisants s’étendent sur toute la surface du sol de la République. En nous donnant la liberté, vous nous avez appris à en user. Vous avez donné une baze à la vertu en reconnaissant l’existence de l’Etre suprême et l’immortalité de l’âme. Nos armées, dirigées par vous, seront toujours invincibles, et, désormais, nous n’aurons pas besoin de fouiller dans (1) P. V., XLIII, 2. B‘", 27 therm. (2e suppl1). (2) C 312, pl. 1 241, p. 5. (3) Distr. de Coiron, Ardèche. (4) P. V., XLIII, 2. Bm, 25 therm. (2e suppl1) et 27 therm. (1er suppl'). (5) C 314, pl. 1 259, p. 33.