[Convention nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES. brumaire an il 337 tous les monstres qui désolaient la surface de la j République se sont présentés à nos yeux éton¬ nés; le mensonge d’un côté, le fanatisme et la superstition de l’autre ont été démasqués et du haut de la sainte Montagne la liberté chérie de tout être raisonnable s’est fait voir à décou¬ vert; la vérité et la raison étaient à ses côtés. De ces trois divinités sont sortis les droits de l’homme et la constitution qui feront le bonheur de toutes les nations. Oui, législateurs, de toutes les nations, car elles finiront par reconnaître la puissance de ces déesses bienfaisantes. Pénétrés de ces vérités, terrassant tous ces monstres qui nous ont dévorés jusqu’à présent, nous apportons dans cet auguste sanctuaire tous les instruments qui n’ont que trop long¬ temps servi à nous tenir dans l’esclavage. « Enfants de la liberté, sur le point de partir pour sa défense, réunis à tous nos concitoyens en lui faisant avec eux cette offrande, nous désirons vous faire connaître les sentiments avec lesquels nous volons combattre les tyrans cou¬ ronnés et leurs satellites, et nous jurons de ne rentrer dans nos foyers qu’ après les avoir exter¬ minés, notre religion est dans la nature, notre culte est pour la liberté et notre amour pour la patrie. « Vive la République! » Compte rendu du Mercure universel (1). Les citoyens et citoyennes de la commune de Vitry-sur-Oise (sic), vêtus d’ornements sacerdotaux, portant sept à huit bannières ou guidons, des croix d’argent; l’un portait l’en¬ censoir; cet autre un soleil; ceux-ci, chacun des chandeliers, cet autre, un goupillon ; des femmes ayant des burettes; une autre, une lampe, etc... « Encore un pas vers la raison, dit l’orateur; nous vous apportons l’argenterie de notre église; nous l’avions offerte aux saints pour plaire à notre curé; nous en faisons le sacrifice à la patrie pour être libres. » (Applaudissements.) Mention honorable. La séance est levée à 4 heures et demie. (2) Signé : P. A. Laloi, président; C. Duval, Fourcroy, Frécine, secrétaires. En vertu du décret du 29 prairial, l’an n de la République française une et indivisible. S. E. Monnel, Eschassériaux, P. J. Duhem. PIECES ET DOCUMENTS NON MENTIONNÉS AU PROCES-VERBAL, MAIS QUI SE RAP¬ PORTENT OU QUI PARAISSENT SE RAP¬ PORTER A LA SEANCE DU 26 BRUMAIRE AN n (SAMEDI 16 NOVEMBRE 1793). I. Le citoyen Cardon propose un ensemble de MESURES DESTINÉES A SURVEILLER LES MÉDE-(1) Mercure universel [27 brumaire an II (di¬ manche 17 novembre 1793), p. 272, col. 2], (2) Procès-verbaux de la Convention, t. 25, p. 265. Ir« SÉRIE. T. LXXIX. CINS ET PHARMACIENS ET A ORGANISER UN SERVICE D’HYGIÈNE (1). Suit le texte de la pétition du citoyen Gardon, d'après un document des Archives nationales (2). Le citoyen Gardon, à la Convention nationale. « Citoyens représentants, « Je me serais bien gardé de venir interrompre vos importants travaux si je n’avais à vous faire une dénonciation importante, et digne de toute votre attention. « Grâce à votre énergie, citoyens représentants, l’espèce humaine aura bientôt à se féliciter de l’entière disparition des tyrans, ainsi que des préjugés qui l’ont si longtemps opprimée, et le souvenir de ces temps désastreux sera pour elle une jouissance de plus. « Cet affreux despotisme, que nous avons terrassé, n’est pas entièrement anéanti, il en existe encore une branche importante, et voua l’indiquer, c’est assurer sa destruction. « Vous vous empresserez d’autant plus de l’opérer, cette destruction, qu’il n’est pas un seul individu, si précieux -qu’il puisse être, qui, d’un jour à l’autre, ne soit exposé à en être vic¬ time. « En attendant que l’effet des lois que vous préparez sur l’instruction publique ait mis chaque individu des générations suivantes en état d’être à soi-même son principal médecin, je ne doute pas, citoyens représentants, que vous ne portiez votre attention sur les charla¬ tans de toute espèce qui ont jusqu’ici, et impu¬ nément, sacrifié à leur cupidité tant de victimes souvent précieuses à leurs familles ou à la patrie. « En ce moment, citoyens, des milliers de nos braves défenseurs, victimes plus encore de l’ineptie des officiers de santé, que du fer de nos barbares ennemis, vous crient, de leur lit de douleur : Citoyens représentants, hâtez-vous de mettre un terme à ce brigandage exercé trop longtemps. Vous pouvez l’anéantir d’un mot, en décrétant que tout citoyen possesseur d’un remède quelconque dont l'efficacité aura été constatée par l’expérience aura bien mérité de la patrie s’il se rend à l’invitation qui lui est faite de venir le déposer entre les mains d’une com¬ mission de santé que vous chargerez de les recevoir et de les classer. « Par ce moyen, citoyens, vous aurez très promptement une médecine pratique infini¬ ment préférable et plus certaine que toutes les pratiques, souvent erronées de nos médecins, et dont les variations sont la plus forte preuve des qualités conjecturales et routinières, tant et si j ustement reprochées à nos prétendus guérisseurs. (1) La pétition du citoyen Cardon n’est pas men¬ tionnée au procès-verbal de la séance du 26 bru¬ maire an II; mais on lit en marge de l’original qui existe aux Archives nationales l’indication suivante 1 « Renvoyé au comité d’instruction publique, le 26 brumaire, 2e année républicaine. Charles Duval, secrétaire. » (2) Archives nationales, carton F” 1008, dos¬ sier 1199. 22 338 [Convention nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES, j Cette commission de santé serait chargée de fixer les indemnités qui pourraient être dues à certaines familles ou individus qui, jusqu’à présent, ont subsisté du débit de leurs remèdes, ainsi que la récompense pécuniaire à aecorder aux citoyens indigents qui en procureraient, après toutefois que l’expérience en aurait été faite ou réitérée, sous l’inspection de la com¬ mission à ce proposée. « Pour arriver plus sûrement au but de soulager l’humanité, il serait à désirer que l’on décrétât que dans chacune des principales villes de la République il sera fait établissement d’une pharmacie nationale dans laquelle toutes les manipulations seront faites en grand, par des gens d’une expérience consommée, et avec tous les soins que ces objets exigent. Que ces principales pharmacies fourniraient aux hôpitaux, tant civils que militaires, ainsi qu’aux indigents, s’il en existait encore à cette époque, les principaux articles et surtout ceux dont l’intérêt particulier pourrait exciter l’alté¬ ration, ou qui, préparés pour l’usage journalier, seraient de nature à ne pouvoir être conservés longtemps. Il en serait de même des matières premières employées dans les objets ordinaires et courants dont on pourrait accorder aux débi¬ tants la manipulation. « Il serait pareillement décrété qu’outre l’obligation imposée à tous les débitants en pharmacie de se fournir aux magasins de ces établissements nationaux, ils seront de plus, pour la sûreté publique, assujettis à des visites fréquentes et non périodiques pour constater l’état de leurs marchandises et supprimer celles qui se trouveraient altérées, soit par trop d’an¬ cienneté, ou par toute autre cause. « On pourrait aussi arrêter, pour mettre le public à l’abri des méprises tant des garçons apothicaires que de l’ignorance de certains médecins, que ceux qui voudront se fournir chez les débitants aient, en cas de doute, la faculté de faire vérifier par des officiers publics experts, et avoués du gouvernement, tant les ordonnances des médecins que la qualité des drogues et leur dose, rien n’étant à négliger à cet égard. « Le grand art de la médecine consistant plutôt à prévenir les maladies qu’à les attendre pour les guérir, il serait avantageux d’ajouter aux biens que produiront les vertus républi¬ caines à cet égard la soustraction dans la police générale de tout ce qui a rapport à la salubrité, soit de l’air, notre principal et continuel aliment, soit toutes espèces de comestibles, tant en li¬ queurs que solides, pour les confier à une com¬ mission capable, par ses lumières et son zèle, d’en remplir exactement tous les devoirs. - « Cet établissement serait d’autant plus utile, qu’il pourrait servir à réprimer toutes les fraudes qui se pratiquent en ce moment sur les boissons, personne ne pouvant mieux les décomposer, pour les analyser, que des chimistes exercés, auxquels il ne manquerait rien pour faire res¬ pecter l’autorité que la loi leur aurait confiée à cet égard. « Ces mêmes officiers seraient chargés de visiter tous les lieux publics tels que spectacles, cafés, ehauffoirs publics, etc., ainsi que les marchés, boucheries et autres dépôts où il leur serait enjoint de supprimer dans tous les genres ce qui pourrait être nuisible pour la santé des citoyens. 26 brumaire an II 16 novembre 1793 « Ces différentes opérations ne pourront jamais être faites avec tous les soins que leur importance exige que par des personnes qui, par leurs connaissances et leur probité, puissent déjouer toutes les ruses imaginées par un intérêt sordide qui n’a, jusqu’à présent, que trop réussi à en imposer à la surveillance pour continuer ses malversations, lesquelles ne peuvent être prolongées plus longtemps, qu’au grandpréjudice de l’espèce humaine. « Le citoyen pétitionnaire est assez heureux pour pouvoir espérer de contribuer par des moyens aussi simples que naturels, à procurer quelques-uns des avantages indiqués dans le présent écrit. « Cardon, sculpteur, rue des Petites-Mcuries, n° 32. » II. La citoyenne Claudine Darcy, femme Nico¬ las, PROTESTE CONTRE UN JUGEMENT QUI A DÉCLARÉ NULLE LA PROCÉDURE DE SON INS¬ TANCE EN DIVORCE ET DEMANDE A LA CONVEN¬ TION d’intervenir POUR QUE LE DIVORCE SOIT PRONONCÉ (1). Suit le texte de la lettre de la citoyenne Claudine Darcy, d’après un document des Archives natio¬ nales (2). La citoyenne Claudine Darcy, femme Nicolas, demanderesse en divorce, aux citoyens légis¬ lateurs de la Convention nationale. « Citoyens législateurs, « Je me suis trouvée forcée à me pourvoir en divorce par incompatibilité d’humeur; la pre¬ mière démarche que je fis pour me conformer à la loi du 20 septembre 1792 fut de donner ma requête à la municipalité d’Autun, lieu de la résidence de mon mari, le 25 avril 1793, tendant à avoir un commissaire. « Il me fut octroyé, il accepta la commission en marge de ma pétition; il ajourna mon mari et moi dans un mois par devant lui en la maison commune et il ordonna que les parents et amis que je voudrais faire trouver, seraient ajournés pour ledit temps. « Une sommation en offre de copie de ma pétition de l’ordonnance en marge fat notifiée à mon mari le 26 avril. Il fut ajourné pour le 25 mai, il fut dit dans l’exploit de notification que je ferais trouver au jour indiqué trois parents ou amis l’interpellant de faire de même de sa part. (1) La pétition de la citoyenne Claudine Darcy n’est pas mentionnée au procès-verbal de la séance du 26 brumaire an II; mais en marge de l’original qui existe aux Archives nationales, on lit l’indication suivante ! « Renvoyé au comité de législation, le 26 brumaire an II : Fourcroy, secrétaire. » (2) Archives nationales, carton F" 3030, dossier Darcy.