378 [Convention nationale.} ARCHIVES PARLEMENTAIRES. { Wmaire an H 1 J * su nnvAmnrn \ TQ-mais constamment dirigé par des principes révolutionnaires, j’ai vaincu les difficultés, et, en quelque sorte, forcé la nature d’obéir à la loi. « Le comité de Salut public est instruit de mes premières opérations. J’ai déjà un très grand nombre de beaux chevaux; je compte en lever près de 2,000. Je réforme tous ceux qui, manquant des qualités qu’elle exige, sont im¬ propres au service militaire. L’équipement com¬ mence à se compléter; l’armement est plus dif¬ ficile, et le voisinage des armées épuise à la fois l’avoine des magasins publics, celle des par¬ ticuliers, et celle que je ramasse en exécution de votre décret. « Cependant je puis vous assurer que la Ré¬ publique peut lancer bientôt sur tous ses enne¬ mis la plus formidable cavalerie qu’on ait vue encore en Europe. Que l’Espagnol, battu sur tous les points, se console par de ridicules rodomontades; que l’Autrichien barbare dévaste encore quelques chaumières; le terme de leurs forfaits s’avance et l’heure de la vengeance va sonner; ils seront à leur tour poursuivis, dévas¬ tés, anéantis; des escadrons immenses, des lé¬ sions intrépides vont courir les frapper jusque dans leurs derniers retranchements et les punir jusque dans leurs tombeaux. « Ce ne sont point là des chimères; ces pré¬ sages se réalisent; nos ressources se multi¬ plient, la terre enfante de nouveaux guerriers, le patriotisme s’exalte et la raison publique nous mène à pas de géant vers l’entier affranchisse¬ ment du peuple. Déjà je vous ai décrit ses pre¬ miers miracles; je vais vous dire aujourd’hui ceux qu’elle vient d’opérer encore sous mes yeux. « Notre collègue Dartigœyte, par ses prédi¬ cations civiques, avait électrisé tous les esprits, avait entraîné tous les cœirrs. Je l’avais secondé de tous mes moyens dans cet apostolat philo¬ sophique; tout était préparé; le peuple était mûr. Le dernier jour de la 3e décade fut fixé pour célébrer à Auch la fête de la raison et l’abolition totale du fanatisme. Ce jour solennel arrivé, le peuple entier s’assembla sur un bou¬ levard champêtre, et là, dans un banquet frater¬ nel, fit éclater les premiers transports de sa joie. « Ce repas lacédémonien s’achève et le peuple va parcourir l’enceinte de la ville; tous les signes fanatiques qu’il rencontre, il les arrache et les foule à ses pieds; mais ce n’était là que le prélude d’un élan plus sublime de sa raison, d’un acte plus imposant de sa puissance. De retour sur la place consacrée à la liberté, il s’assemble autour d’un bûcher couvert de titres féodaux et se fait amener dans un tom¬ bereau deux vierges à miracles, célèbres dans ce pays, les croix principales etvles saints qui, naguère, recevaient l’encens des superstitieux. Alors l’enthousiasme civique éclate, le bûcher est allumé, et ces ridicules idoles y sont préci¬ pitées aux acclamations de ce peuple innom¬ brable. « Suppléez, s’il se peut, à l’impuissance de ma plume. Je ne puis vous décrire les trans¬ ports, les élans de ce peuple sublime; je ne puis exprimer l’enthousiasme dont je fus saisi moi-même. Hommes, femmes, enfants, vieillards, tout était passionné pour la liberté, tout célé¬ brait le retour de la raison et le triomphe de la • nature. « La carmagnole dura toute la nuit autour de ce brasier philosophique qui consumait à la fois tant d’erreurs. TJn bal très brillant fut ouvert à tout le monde, et cette journée à jamais mémorable fut terminée par des danses et des chants d’allégresse. « Vive la République ! ô mes collègues, et vive à jamais la raison ! « Je vous envoie la déclaration du citoyen Gaud, ci-devant prêtre et vraiment sans-cu¬ lotte. Il abjure sa prêtrise et marche à l’enne¬ mi. Il rend à la République une pension qu’elle lui faisait, et lui demande uniquement de hii réserver de cette pension 300 livres pour secou¬ rir son père et sa mère. « Je vous prie d’accorder une mention hono¬ rable à sa conduite et d’accueillir favorable¬ ment sa demande (1). » La Société des sans-culottes de Marigni [Ma* rigny] offre à la Convention nationale deux cavaliers montés et équipés, et invite les repré¬ sentants du peuple à rester à leur poste. Mention honorable; insertion au « Bulletin », renvoyé au ministre de la guerre (2). Compte rendu du Bulletin de la Convention (3). La Société des sans-culottes de Marigny invite la Convention à rester à son poste jusqu’à la paix et offre deux cavaliers montés et équipés. Mention honorable. Paré, ministre de l’intérieur, envoie les lettres de prêtrise du citoyen Domanget (Domenger), domicilié à Grenoble. Insertion au « Bulletin », renvoyées au comité d’instruction publique (4). Suit la lettre du ministre de V intérieur (5). Le ministre de V intérieur, au citoyen Président de la Convention nationale. « Paris, ce 8 frimaire l’an II de la Répu¬ blique française, une et indivisible. « Citoyen Président, « Je t’envoie les lettres de prêtrise (6) du citoyen Domenger, domicilié à Grenoble, que (1) D’après le Journal de Perlet [n° 436 du 12 fri¬ maire an II (lundi 2 décembre 1793), p. 9], et d’après les Annales patriotiques et littéraires [n° 334 du 1 1 fri¬ maire an II (dimanche 1er décembre 1793), p. 1513, col. 1], la lecture de cette lettre fut accueillie par les plus vifs applaudissements. (2) Procès-verbaux de la Convention, t. 26, p. 232. (3) Bulletin de la Convention, du 10e jour de la lre décade du 3e mois de l’an II (samedi 30 no¬ vembre 1793). (4) Procès-verbaux de la Convention, t. 26, p. 239. (5) Archives nationales, carton F19 878, dossier Domenger. (6) Nous n’avons pas pu retrouver ces lettres. [Convention nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES. g frimaire an 11 379 l’exercice de la fourberie a toujours, dit-il, révolté. « Paré. » Le comité de surveillance révolutionnaire de Belfort rend compte de ses travaux. Mention honorable, insertion au « Bulletin » (1). Suit V envoi du procès -verbal des opérations de la Commission révolutionnaire de Belfort (2). Be comité de surveillance révolutionnaire de Belfort , au citoyen Président de la Convention nationale. « Belfort, le 4 frimaire, l’an II. « Nous t’envoyons ci -joint le procès-verbal des opérations de la commission révolution¬ naire de notre commune. « Tu apprendras sans doute avec satisfac¬ tion, ainsi que tes collègues, que tous les signes publics du fanatisme et de la superstition ont subi le sort que les démons du midi ont fait et font encore subir à tant de créatures vivantes. Saints, saintes, crucifix, confessionaux, ta¬ bleaux et emblèmes du despotisme et de la fourberie cléricale se sont levés en masse pour faire un autodafé *à la Raison. Nous espérons que nos campagnes imiteront bientôt cet exemple. Dépêchez-vous, dignes Montagnards, de mettre en fuite les suppôts de Rome par le seul moyen efficace : le jeûne et la faim. Ce genre de démons ne peut être détruit d’une autre manière. « Lavie, vice-président; Guy, secrétaire. » Procès-verbal (3). Extrait des minutes de la Commission révolu¬ tionnaire de Belfort. Ce jourd’hui 30 brumaire, l’an II de la République française, une et indivisible, les citoyens Delatre, député de la Société popu¬ laire de Metz, Nautüle, député de la Société populaire de Pont-à-Mousson, Raden, député de celle de Lunéville, Mange, député de celle de Phalsbourg, se sont présentés au comité de surveillance établi en cette ville, et, après l’exhibition faite des pouvoirs à eux conférés tant par leurs Sociétés respectives que par les représentants du peuple Lacoste et Mallarmé, ils ont invité le comité de se réunir avec eux dans la séance de la Société populaire de cette ville, extraordinairement convoquée au son de la caisse. Là, après avoir présenté aux yeux des citoyens réunis la nécessité d’envoyer à l’armée du Rhin des sans-culottes de bonne (1) Procès-verbaux de la Convention, t. 26, p. 240. (2) Archives nationales, carton C 285, dossier 830. (3) Ibid. volonté pour concourir, avec les citoyens de Metz, Pont-à-Mousson, Lunéville, Nancy et Strasbourg à chasser du territoire français les brigands qui le souillent de leur présence et à assurer pour jamais le triomphe de la liberté dans les départements des Haut et Bas-Rhin, et en outre à assurer l’existence des épouses et des enfants de ceux qui voleraient à la fron¬ tière, par des taxes révolutionnaires sur les riches égoïstes, aristocrates ou modérés, ces commissaires ont donné une nouvelle commu¬ nication de leurs pouvoirs, ils ont demandé qu’à l’instar ce qui s’est fait avec les départe¬ ments de la Meurthe et de la Moselle, la Société et les autorités constituées réunissent leurs efforts aux leurs pour lever, dans le délai le plus prompt, une troupe d’élite composée de citoyens de bonne volonté, et que les frais de leur habillement et équipement, ainsi que la subsistance de leurs épouses et de leurs enfants, soient assurés sur les caisses des riches égoïstes, aristocrates ou modérés, sur lesquels il serait, dans les vingt -quatre heures, délivré des man¬ dats révolutionnaires par une Commission prise dans le sein de la Société qui s’adjoindrait au comité de surveillance actuellement existant. La Société ayant applaudi avec transport cette double proposition, a pensé devoir ajour¬ ner jusqu’au lendemain, deux heures après-midi, la première, par la raison que la masse du peuple se trouvant réunie dans un local plus vaste, son dévouement serait plus étendu à la vue des circonstances qui lui seraient déve¬ loppées. Et délibérant à l’instant sur la seconde, a nommé pour commissaires révolutionnaires : Casimir Antoine, Antoine Moge, Libre Metrot fils, Raymond Marcou, Jean La Panette, Claude -François Desacoreux, Grenieu l’aîné, Petit, tailleur, Louis Bletry, Gatet, procureur de la commune, et Renard, lesquels réunis au comité de surveillance, ont rédigé le présent procès-verbal en présence des députés de la Meurthe et de la Moselle, qui l’ont signé avec tous les membres de ladite Commission révo¬ lutionnaire. (Suivent les signatures.) Et de suite la Commission a procédé à l’opé¬ ration pour laquelle elle est assemblée et a imposé : Le citoyen Ugonin à .......... 10.000 liv. Paulin ...................... 700 Guy, ci-devant major ........ 1.400 Brassigny .................... 700 Vieillard ..................... 10.000 Veuve Clerc ................. 350 Veuve Bene ................. 2.000 Jean-Pierre Kellen ........... 3.500 Genty, à Langres ............. 10.000 Comte, exécuteur de la justice. 1 . 400 M. Thomas .................. 2 . 800 Adam l’aîné ................. 20 Antoine, marguillier .......... 3 La veuve Carie .............. 3.500 Py l’aîné .................... 3 Py le jeune ................. 3 Les demoiselles Laporte, sur le marché ........................ 400 Boulanger ................... 70