SÉANCE DU 25 BRUMAIRE AN III (SAMEDI 15 NOVEMBRE 1794) - N° 2 229 Ainsi que vous et avec vous, nous voulons que l’agriculture soit protégée, que le commerce revive, que les arts fleurissent, que le travail et l’industrie soient encouragés. Ainsi que vous enfin, et avec vous, nous voulons la république une et indivisible, la réforme de tous les abus, l’anéantissement de toutes les factions, et la force des lois. Nous désirons que chacun exerce librement le droit inaliénable de produire ses pensées de les faire circuler, de les rendre publique ; mais nous désirons aussi l’application sévère et inflexible de la responsabilité légale. Nous désirons que les sociétés populaires qui ont rendu tant de services à la cause commune soient maintenues; mais nous ne voulons pas qu’elles confédèrent, au préjudice du grand tout; nous ne voulons pas qu’elles usurpent la souveraineté. La Convention est le centre national; elle sera notre point de ralliement au milieu de tous les orages, elle sera celui de l’immense majorité des français. Poursuivez donc, Législateurs, votre carrière sublime, de grandes parties manquent encore à l’édifice, c’est surtout dans les moeurs qu’il faut inoculer la république. L’ignorance et la corruption firent les prêtres et les rois; hâtez vous, Législateurs, de satisfaire à la juste impatience de vos commettans ; achevez d’organiser et l’éducation généreuse qui convient à l’enfance, et les institutions robustes qui doivent appartenir à tous les âges, alors, vous aurez de plus en plus assis la colonne de la liberté sur des bases indestructibles. Suivent 27 signatures. f [Les citoyens de la commune d’Abreschviller, réunis en société populaire, à la Convention nationale, s. d.] (11) Liberté, Égalité, Fraternité ou la mort. Représentants du peuple! L’horison politique de la france était obscurci par l’orage des factions : l’hideuse anarchie précédée de la terreur de l’immoralité et de tous les vices ennemis de la République, menaçait de devorer le fruit de tant de sacrifices et de glorieux travaux entrepris pour la conquête et le maintien de la liberté, l’hypocrisie des ambitieux en faisant mine de n’attaquer que les ennemis du peuple et de l’égalité, proscrivait sourdement la probité, les talents et les richesses. La nation que vous aviez déjà sauvée de tant de dangers, jettait encore un regard d’espérance sur vous, pour la dégager de ce ramas impur d’agitateurs, de dominateurs et d’egorgeurs qui sous le masque d’un patriotisme outré s’éle-(11) C 326, pi. 1418, p. 8. vaient sur les débris de la royauté et cherchaient à étouffer parmi nous les principes de la raison, de la justice et de l’humanité. Législateurs ! Votre sollicitude a répondu au voeu national : la sagesse de la Convention a mesuré la profondeur de ce nouvel abyme, sa fermeté l’a comblé. Nous avons reçu avec le plus vif intérêt cette addresse sublime et consolante, où vous venez d’imprimer avec les traits brûlants de la vérité le sceau de l’ignominie et de la réprobation sur le front des imposteurs et des intriguants. Nous adhérons de coeur et d’esprit aux maximes précieuses que vous y rappeliez au peuple français, elles seront constamment notre boussole et notre règle; de même que la Convention nationale demeurera toujours pour nous le centre unique, auquel l’amour de la patrie, le respect des loix et la reconnoissance publique rallieront sans cesse tous les bons citoyens. Vive la République ! vive la Convention nationale ! Salut et fraternité. Jacques-Blaise Verniory, président et 27 autres signatures. g [Les maire et officiers municipaux, réunis au conseil général de la commune d’Angély-Bou-tonne, à la Convention nationale, le 2 brumaire an III] (12) Liberté, Égalité, Fraternité Représentants, Nous avons lus le trente vendémiaire votre adresse au peuple français sur la place de la liberté, ou tous les citoyens de notre commune étoient assemblées pour célébrer les triomphes soutenus, et sans nombre de nos invinsibles armées ; cette lecture a augmenté l’alegresse de cette fête; le developement des principes que vous avies eu le courage de proclamer a une étendue si bien limitée, si bien établie dans votre immortelle adresse, que la justice, et la vertu s’y reconnoissent a chaque période : l’admiration avoit suspendue la joye, la reconnoissance luy a sucedée, et les cris mille fois répétés de vive la republique, vive la convention! ont été l’unanime expression de leurs sentiments; et nous, leurs magistrats, fiers de leurs vertus, nous venons vous transmêtre leurs voeux, et nous croyons devoir vous dire que peu de communes de la republique a été exposée et menacée de plus d’éceuils, et de dangers que celle d’Angely-Boutonne ; d’un côté voisine des brigands de la Vendée, elle les a combattus avec courage; de l’autre entourée de l’hydre fédéraliste, elle a rejetté son soufle empoisonné; restée intacte au milieu de ces chocs differents, elle a été innebranlable, ferme dans ses principes, sans ostentation, comme sans foiblesse, (12) C 324, pl. 1397, p. 20. 230 ARCHIVES PARLEMENTAIRES - CONVENTION NATIONALE elle a juré guerre a mort aux tirans, aux aristocrates, et a tous les ennemis du peuple, amour sans bornes pour la patrie, et union indissoluble a la Représentation nationale, et jamais elle n’a dérivée ; aucunne conspiration, ny sédition ne se sont elevées dans son sein; la majorité de l’aristocratie s’est enfuie avec les lâches émigrés, et leurs parents, ou adhérents sont constament détenus, en attendant leurs jugements. Depuis que le fanatisme a courbé sa tête, il n’a plus d’efforts pour troubler le repos public, tous nos enfants, et beaucoup de pères de famille ont volés a la deffense de la patrie, et ceux qui sont restés, s’employent a notre moulin a poudre, a forger nos invincibles bayon-nettes, et tous travaillent a l’envie dans les atteliers publics ; ils attendent le fruit de leurs travaux, que votre courage, votre sagesse, et votre infatiguable activité leur promet. Représentants du peuple vous aves purgé de notre territoire les hordes esclaves des tirans, vous aves abbatus ces hommes de sang, dont le souvenir fait frémir la nature. Vous aves juré de rester a votre poste, l’honneur et le bonheur des français l’exigoient, ils n’échaperont donc plus a la justice nationale, les scélérats, les malveillants, les aristocrates, les intriguants, les gens immoraux, qui voudraient encore cacher leurs crimes en tenant a l’ordre du jour la terreur, et l’échafaud. Que la justice, la vertu, l’amour de la patrie, l’union, et la reconnoissancé a la représentation nationale, soient a jamais les sentiments de tous les républicains, et que la liberté, l’égalité, l’indivisibilité de la république soient leur cri de ralliement. Fait a Angely-Boutonne le 2 brumaire l’an troisième de la république française une et indivisible. Paroche-Dufrêne, maire et 6 signatures d’officiers municipaux, 7 de notables et 3 sans indication de fonction. h [Le conseil général de la commune de Bayonne à la Convention nationale, le 4 brumaire an 7/7] (13) Egalité, Fraternité, Liberté Dignes Représentants du peuple, Depuis trop longtems des ambitieux cachés sous le masque du patriotisme, travailloient à ramener le régné de la tyrannie par celui de la terreur. Depuis trop longtems des scélérats, gorgés de rapines, entretenoient le trouble et l’agitation parmi les citoyens afin que ceux-ci continuellement occupés à se préserver des dangers successifs dont on les environoit n’eussent pas le tems de portér le flambeau sur les vexa-(13) C 324, pl. 1397, p. 17. fions et les excès de tous genres commis par les divers oppresseurs du peuple. Enfin votre sagesse vient de couper la racine de tous ces maux. La justice rappelée au milieu de nous par vos soins y remplacera désormais l’esprit de brigandage et de violence, désormais le bruit du char révolutionnaire ne portera plus l’épouvante et la consternation que dans l’ame des conspirateurs et des traîtres à la patrie, désormais l’homme de bien, l’ami de la révolution, ne verra plus ses meilleures intentions empoisonnées; les écarts de son zèle, les erreurs de son coeur, les méprises de son esprit transformés en attentat contre la sûreté publique. Grâces vous en soient à jamais rendues, citoyens représentants, que mille témoignages de reconnoissance, disons-nous, arrivans de toutes les parties de la république, viennent vous apprendre avec quelle satisfaction tous les véritables françois ont reçu, accueilli cette immortelle adresse où vous leur annoncez qu’aux jours de sang et d’oppression, amenés par les Catilina modernes, vous vous êtes empressés de substituer les jours de la justice la plus impartiale, les jours de cette liberté et de cette égalité qui s’accordent avec les loix et le maintien du gouvernement révolutionnaire. Pour les membres du conseil général de la commune de Bayonne en particulier, prêts à terminer leur carrière comme ils l’ont commencée, c’est à dire dans les sentiments du plus parfait attachement à la Convention nationale, c’est avec une satisfaction bien vive que touchant au port après tant d’orages ils voient par vos soins, s’élever derrière eux des jours sereins et calmes qui accompagneront sans intérruption ceux qui seront appellés à les remplacer dans leurs fonctions publiques. Les membres composant le conseil général de la commune de Bayonne. Vauhan, maire, Moulin, secrétaire et 16 autres signatures dont 7 d’officiers municipaux et 9 de notables. i [Les membres de la société populaire de Port-Liberté à la Convention nationale, le 6 brumaire an 777] (14) Liberté, Égalité, Fraternité. Représentants du peuple, Votre adresse aux français a été lue et acceuillie avec sensibilité à trois séances consécutives de notre société. Nous avons apprécié, toute la valeur des principes sacrés qui y sont développés, nos âmes s’en sont pénétrées, et nous avons juré haine mortelle à quiconque oserait en professer de contraires. Ceux qui ont eu a souffrir d’un régime oppresseur ont oublié les maux qu’il leur a causés, et s’il jettent encore (14) C 326, pl. 1418, p. 22.