SÉANCE DU 4 FRIMAIRE AN III (24 NOVEMBRE 1794) - N° 7 127 peuple français; nous y avons tous remarqué, avec le plus vif intérêt, le langage d’une mère tendre et généreuse qui ouvre les bras à ses vrais enfants, et proscrit avec une mâle énergie ses infâmes assassins. Représentants, la morale publique avilie et corrompue a été la source des maux qui ont déchiré le sein de la France. De perfides désorganisateurs, sous le masque le plus trompeur du patriotisme, à l’aide de la terreur, avaient comprimé toutes les âmes justes et honnestes ; un morne et lâche silence arraché aux Français, sans doute par la force des circonstances, avaient enhardi les scélérats. Mais l’appel de la Convention fait aujourd’hui à la probité, réveille les Français, les somme de sortir, avec etonnement, de leur letargie politique, pour distinguer avec courage les véritables amis de leur patrie, et vouer à l’éxcecration des races futures, tous ces buveurs de sang, tous ces continuateurs de Roberspierre, qui méditaient avec une criminelle audace l’anneantissement de la représentation nationale. Vive la République. Vive la Convention. Lorin, maire, Pavalois, Dubois, Sevrin, Gauthier, Grimard, Deschamps, Beauherois, Demeuil, Jouven, Cadiou, officiers municipaux, CARTEL aîné, agent national, et 5 autres signatures. i [Le conseil général de la commune de Charol-les à la Convention nationale, Charolles, le 14 brumaire l’an III\ (28) Citoyens représentans, Votre adresse au peuple français est une mâne envoiée a un peuple qui avoit faim; elle est une fontaine ou les mêmes Français vont boire a longue traite le bonheur qui découle de sa source, continués vos grandes opérations, protégés la vertu et l’innocence, punisssés le contre-révolutionnaire et le méchan, nous serons aussy infatigables à vous soutenir, que vous etes zélés pour le bonheur de tous. Salut et fraternité. Les membres du conseil général de la commune de Charolles. Brunaud, Bauderont, Yort, officiers municipaux, LAMBORIE, agent national et 7 signatures de notables. j [Le directoire du district de Montflanquin aux citoyens représentans de la Convention nationale, Montflanquin, le 9 brumaire an III\ (29) (28) C 328 (1), pl. 1446, p. 39. (29) C 328 (1), pl. 1446, p. 20. Citoyens Représentans, Nous ne sommes pas de ceux qui parlent longuement ; mais nous sommes de ceux qui sentent et apprécient vos travaux. Le 18 vendémiaire, vous avez proclamé les principes de la liberté et de la justice devant un peuple qui veut la première et qui ne peut la conserver que par l’autre. Par qu’elle fatalité était-on parvenu à effacer ces principes dans l’ouvrage du gouvernement révolutionnaire. Les monstres, ils voulaient la Révolution; mais toute au profit de l’intrigue, du crime, de la scélératesse. Avec vous, dignes représentants d’un grand peuple qui vous chérit et vous honore, nous voulons l’égalité de la vertu, elle est la compagne de la liberté, parce qu’elle abhorre l’oppression. Elle fait les délices de l’homme juste, parce qu’elle soutient le citoyen intègre. Loin de nous à jamais tous ces hommes qui n’eurent que l’éloquence de la terreur et que l’esprit des forfaits. Que la patrie réunisse ses enfans pour les consoler des plaies qui ont déchiré son sein et leurs cœurs vertueux ; mais qu’elle repousse avec sévérité ces patriotes exclusifs, ces intrigans avides, ces perturbateurs audacieux, qui croient que le patriotisme consiste dans les forces des puissans, dans l’oppression des faibles, dans la renonciation aux droits de l’humanité. En un mot, citoyens représentans, maintenez la ligne de la démocratie que vous venez de tracer entre les bons et les méchans. Vous aurez sûrement établi la liberté et avec l’accent de la joie la mieux sentie, nous nous écrierons toujours : Vive la République, vive la Convention nationale qui l’a purgée de ses plus grands ennemis. Suivent 7 signatures. k [Les administrateurs du district de Faulquemont à la Convention nationale, Faulquemont, le 9 brumaire an III] (30) Citoyens Législateurs, Après l’éxécrable règne de terreur et de tiran-nie, succède enfin celui de la justice, de la liberté et de l’égalité ; forts de ce principe et de ceux qui vous avez manifestés dans votre Adresse au peuple français auxquels nous rendons hommage, nous vous déclarons et à la Nation entière, que nous ne souffrirons parmi nous, ni traître, ni dominateur, ni continuateur du règne odieux de ce Catilina que votre énergie a anéanti et conduit à l’échafaud. Tenez d’une main assurée le gouvernail du vaisseau de la République, et ne l’abbandonnéz que lorsqu’il sera entré au port. Nous jurons sur l’autel de la patrie, que nous n’aurons jamais d’autre base de justice que les principes de sagesse et d’humanité que vous avez rappelléz à tous les amis de la liberté et de l’éga-(30) C 328 (1), pl. 1446, p. 18. 128 ARCHIVES PARLEMENTAIRES - CONVENTION NATIONALE lité. Guerre à mort aux tirans, aux royalistes, aux modérés et à tous les ennemis du bien public. Telle est la profession de foi des administrateurs du district de Faulquemont. Beaufort, agent national et 4 autres signatures. I [Les administrateurs du district de Mortain à la Convention nationale, s. d.] (31) Représentons, Nouvellement appelés aux fonctions administratives, nous ne pouvons entrer sous de plus heureux hospices dans la carrière glorieuse que nous avons à parcourir, que dans le moment où la Convention vient de développer avec tant d’éloquence des principes qui ont toujours été les nôtres. Aujourd’hui le peuple, éclairé par votre adresse qu’il a lue avec tant d’intérêt, et reçue avec enthousiasme, rejetera avec indignation ces intrigans perfides qui, sous le voile d’un faux patriotisme, cherchoient à l’égarer pour abuser de sa confiance. L’homme de bien, réduit autrefois à la pratique des vertus domestiques dans le silence de sa retraite, pourra se montrer avec avantage et contribuer au bonheur de ses concitoyens par ses conseils, ses lumières et ses exemples. Alors les mesures révolutionnaires dirigées par la justice, employées avec humanité, ne seront plus dans la main des oppresseurs un instrument terrible des haines et des passions individuelles. Alors, le glaive de la loi, toujours suspendu sur la tête des méchans, ne frappera que des coups bas ; alors enfin l’innocence, marchant avec assurance, pourra jouir en paix dans une douce sécurité de tous les fruits de la Révolution. Oui, représentants, nous le jurons, la loi sera notre flambeau, la vertu notre guide, et la Convention le point d’appui et le centre de réunion de tous nos mouvements moraux et politiques. Suivent 10 signatures. [Le tribunal du district du Blanc à la Convention nationale, Le Blanc, le 15 brumaire an III\ (32) Citoyens législateurs, Nous avons entendu avec enthousiasme votre adresse aux Français, et pleins des transports de joie et de la reconnoissance qu’elle nous a inspiré, nous vous votons nos remerciemens. Oui, pères de la patrie, chacun de nous n’a pu entendre cette adresse sans la plus douce émotion ; chacun de nous, en se scrutant lui-même a trouvé gravé dans son cœur ces principes immortels et sacrés que vous lui tracés. Eh, comment ne les partagerions nous pas? C’est notre bonheur, c’est celui (31) C 328 (1), pl. 1446, p. 16. Bull., 4 frim. (32) Bull., 4 frim. C328 (1). 1446, p. 14. du peuple français, c’est le règne de la justice que vous nous assurés; c’est le règne enfin que le vertueux Cherrier, votre collègue, venoit à l’instant même de nous annoncer, en nous prouvant par sa conduite que la vertu est réellement chez vous à l’ordre du jour. Restés donc et achevés votre ouvrage, dignes représentans d’un peuple libre, restés à votre poste et soutenés le courage et cette énergie, avec lesquels vous avez fait pâlir les despotes, renversé les tirans, détruit les conspirateurs antropophages et déjoué les intrigans : restés, nous vous le conjurons, et conservés cette belle attitude imposante qui fait votre force, car c’est d’elle et de vous que dépend la liberté et le salut de la patrie. Pour nous, fidèles observateurs des lois que vous nous dicterés, nous vous jurons de la faire avec autant de zèle que de respect. Et en nous dirigeant par les principes sublimes de morale et de justice dont vous nous donnés l’exemple, nous saurons les propager et les appliquer dans la distribution qui nous est confiée; et c’est ainsi que nous soutiendrons de tout notre pouvoir les droits sacrés de ce peuple immense, qui comme nous, jure de toutes parts, de n’avoir point d’autre point de ralliement, et de ne reconnoitre d’autre puissance supérieure que la Convention nationale, qui seule méritant sa confiance est dépositaire de la souveraineté. Salut et vive la République ! Périssent les conspirateurs et les traîtres ! GOUMAIN, président, GASTEPOIL, Dorér, juges, Mernand, commissaire national, Bastide, Martin Lafond, suppléants. n [La municipalité, le conseil-général et la société populaire de Montech à la Convention nationale, Montech, le 10 brumaire an III] (33) Citoyens représentans, La mort du scellerat Robespierre, et de quelques mis de ses infâmes complices, avait soulagé l’ame trop longtemps oppressée du sincère républicain, mais votre Adresse au peuple français a mis le comble à sa joye, il a senti que la grande énergie qu’elle a développé, brisera les efforts de toute ambition criminelle, et qu’elle effacera à jamais la tirannie et la terreur du cœur d’une nation libre, aussi nous empressons nous de vous en témoigner notre juste reconnaissance.... L’homme vertueux et probe pourra dire enfin qu’il est français, et qu’il a une patrie. L’homme à talens pourra répandre ses lumières pour le bonheur de l’humanité, sans craindre pour ses jours, le père de famille ne jettera plus un œil inquiet sur les fruits de sa tendresse, il ne craindra plus de donner le jour à des infortunées victimes, la proie des tirans coalisés, et de leurs perfides émissaires. Vos principes sacrés sont les surs garants de leur bonheur, ils anéantissent tous les complots de sang ; ils ont plus fait pour (33) C 328 (1), pl. 1446, p. 19. Bull., 4 frim.