60 ARCHIVES PARLEMENTAIRES - CONVENTION NATIONALE o [Le comité de surveillance de Gourdon à la Convention nationale, s.d.] (20) Représentants du peuple La lecture de votre addresse a produit en nous l’effet que vous etiés en droit d’en attendre : les grandes et importantes vérités qui y sont développées, bien senties, nous assurent le régné de la justice et nous présagent le retour de la félicité publique qui ne peut exister sans elle. La republique triomphe des ennemis du dehors ; ceux de l’interieur sous divers masques, s’agitent encore, mais leurs efforts seront impuissants, vous vénez d’eclairer le peuple sur ses vrays interests, fidele a votre voix, il se ralliera a la Convention et formera autour d’elle un faisceau inexpugnable. Restés a vos postes, mandataires du peuple, depositaires de sa puissance, dirigés la contre les factieux et les agitateurs quelqu’ils soient, soutenés le gouvernement révolutionnaire, son action rapide peut seule conduire au port le vaisseau de la Republique. Pénétrés de cette morale sublime que respire votre addresse, c’est en la pratiquant, c’est en en faisant sentir la beauté a nos concitoyens que nous prouverons que nous en sentons le prix. Vive la Republique, vive la Convention! Les membres composant le comité. Girle, secrétaire et 10 autres signatures. P [Le conseil général et la société populaire et régénérée du Grand-Senecey à la Convention nationale, le 21 vendémiaire an III] (21) Liberté, Egalité. Représentans : La justice et la vérité sont deux soeurs inséparables : l’une et l’autre tiennent au caractère républicain autant que l’humanité et la fermeté, d’où naît l’énergie. Dans tous les tems, comme dans touttes circonstances, elles firent le bonheur du peuple. Les principes développés dans votre addresse aux français, nous ammènent à cette conviction. Les vérités frappantes et l’énergie bienfaisante que nous y admirons nous pénétrent autant de reconnoissance que de respect pour la représentation nationale. L’attitude imposante et le grand caractère que vous avez pris ont ranimée la confiance du peuple : (20) C 324, pl. 1395, p. 24. (21) C 324, pl. 1395, p. 25. Les insinuations mensongères de l’ambition et de l’intrigue ne prévaudront jamais contre notre dévouëment sans borne à la Convention qui sera toujours le seul point de notre ralliement. Le représentant du peuple, Boisset, sème dans notre département, vos principes : il fera à coup sur, une excellente récolte, il a fait repa-roitre l’astre du bonheur que la terreur avoit fait éclipser. L’opprimé respire l’air serain de la liberté : l’énergie du patriote vertueux, n’est plus comprimée et le méchant est attérré par sa propre manoeuvre. Boisset est vertueux et juste... Boisset est humain, sans faiblesse... Il est républicain. Il sait par sa moralité et son énergie, faire aimer la révolution, la République, il sait faire detester la tyrannie, l’intrigue et leurs agens. Voilà, Représentans, le témoignage que nous devons à la vérité : nous nous empressons de le rendre et de l’offrir à la représentation nationale. Nous jurons de n’avoir d’autres principes que les vôtres, de n’avoir d’autre centre de ralliement que la Convention, de n’écouter et de n’obéir à d’autre puissance que la Convention et à ses organes. Voila notre profession de foi et celle de nos concitoyens : nous n’en aurons jamais d’autre. Guerre étemelle aux tyrans, aux traittres, aux intrigans et aux frippons. Silence aux vociférateurs immoraux, Indulgence à l’erreur. Vivent la République et la Convention nationale. Les membres composans le conseil général de la commune du Grand Senecey. Bossant, maire, Labru, agent national, Terrier, secrétaire, Jodille, officier municipal et quatre autres signatures. Les membres composans le bureau d’ordre et de correspondance de la société populaire. Bonne, président, Chasle, secrétaire et trois autres signatures. q [La société populaire de Saint-Jean-du-Gard à la Convention nationale, s.d.] (22) Liberté. Égalité. Législateurs, Le signal du bonheur est donc parti de la Convention et s’est répandu avec la rapidité de l’eclair sur tous les departemens de la République ; l’espérance de voir la france libre et heureuse ne sera donc plus une vaine illusion : le voile funebre que Borie avoit étendu sur nos riantes contrées est enfin déchiré. Les rayons brillans d’une nouvelle aurore ont dissipé cet (22) C 325, pl. 1414, p. 1. SÉANCE DU 20 BRUMAIRE AN III (10 NOVEMBRE 1794) - N° 1 61 orage affreux qui pesoit sur nos têtes. Perrin et Goupilleau ont renversé le colosse hydeux du despotisme le plus allarmant et le plus tyrannique qui jamais ait affligé l’humanité. Borie avoit jetté la consternation et l’effroy dans toutes les âmes ; Perrin et Goupilleau font couler dans les coeurs un baume salutaire. Le premier voyoit partout le crime et son honteux cortège ; les seconds ne voyent que la vertu persécutée et l’innocense opprimée. L’un croyoit consolider la révolution par les vexations inouies aux quelles il ne s’opposoit pas. Les autres font des amis à la republique par la justice qu’ils appliquent avec discernement et le résultat de leurs operations reunit tous les coeurs et tous les esprits. Celui-la s’étoit entouré d’êtres pervers et corrompus ; ceux-ci ne consultent que des hommes d’une probité reconnue. Soyez donc en garde, representans sur les insinuations perfides qui pourroient vous parvenir sur la conduite de vos dignes collègues. La paix, la tranquilite règne dans le Midy. L’elargissement des victimes de la tyrannie a comblé de joye les citoyens vertueux qui connoissent les limites de la liberté et de l’égalité. On vous a dit que Perrin et Goupilleau organisoient la contre révolution. Ce blasphème politique est celui de quelques intrigans astucieux qui égarés par un faux zele, voyent des ennemis de la Republique partout et dans tout ce qui n’est pas eux, mais qu’ils apprennnent ces hommes qu’un fol espoir avoit séduit, que la liberté et l’égalité ont été solemnellement proclamées pour tous les français : que le cultivateur, le commerçant, l’artiste et l’ouvrier sont tous freres ; qu’ils doivent se tenir tous par la main et que de l’union de la Convention nationale doit naitre l’harmonie qui rendra la france la plus belle et la plus florissante république de l’univers. C’est ce prodige politique que Perrin et Goupilleau sont venus operer dans le midy ; ils veulent que toute lutte qui pourroit s’elever entre les diverses conditions qui composent le peuple français soit étouffée, que la confiance renaisse et qu’enfin tous les citoyens soumis aux lois émanées de la Convention concourrent par leurs moyens, leurs industries et leur travail au bonheur de tous. Est-ce ainsi qu’on organise la contre-revolution ? Grâces vous soyent rendues, législateurs, puisque dans votre sollicitude partemelle, vous avez député vers le midy deux amis de la justice et de l’humanité pour sonder la profondeur de nos plaies politiques et y apporter le remede le plus prompt et le plus efficace ; que le puissant genie de la liberté dirige vers vous l’elan de notre reconnoissance, l’expression nous manque, législateurs pour peindre en traits de flame les sentimens que nous avons éprouvé aux accens glorieux de la patrie sauvée. Recevez, législateurs l’hommage de nos remer-ciemens pour de si grands bienfaits. Vos dignes coopérateurs mettent tout en usage pour nous faire oublier nos maux passés. Le règne de sang qui a innondé le departement a fait place au règne de l’humanité bienfaisante ; tous les citoyens du midy applaudissent aux décrets immortels de la Convention et se réunissent à elle, comme au seul giron dont l’autorité soit légitimé. Ils ne veulent reconnoitre que les loix qu’elle aura librement decrettées ; ils ne souffriront plus qu’une collection d’hommes quels qu’ils soyent, voulut désormais rivaliser avec elle ou lui dicter des loix. Tous s’écrient dans l’élan d’un patriotisme trop longtems comprimé : Vive la republique une indivisible et démocratique, dont la Convention sera toujours le centre unique. Vivent Perrin et Goupilleau qui ont fixé la paix et la tranquilité dans les départemens du Midy. Boulet, président et soixante dix-autres signatures. r [La société des Amis de la Constitution de 1793 séante à Agen à la Convention nationale, le 24 vendémiaire an III] (23) Citoyens représentans Une nouvelle crise agite la république, des adresses innombrables à la Convention, se multiplient en sens contraire. D’un côté, l’aristocratie apelle continuateurs de Robespierre les plus zélés républicains, de l’autre les vrais sectateurs de ce Catilina moderne crient de toutes parts que la liberté est sur le bord de la tombe, pour nous calmes au sein de ces brutaux orages, nous disons anathème à tous ces hommes qui sur les débris de la morale et des lois, voudraient relever le trône abattu de la plus exécrable des tirannies. Fortement pénétrés de ces principes les républicains d’Agen, dans leur séance du 21 de ce mois, se sont levés spontanément et par un serment unanime ont juré d’etre constamment ralliés à la représentation nationale et de périr mille fois avant de souffrir qu’il lui soit porté la moindre atteinte. L’attitude fière et imposante que vous avés déployées dans la nuit du 9 au 10 thermidor nous présage de nouveaux succès pour la chose publique : Vous avés juré dans cette nuit à la fois terrible et glorieuse d’exterminer tous les tirans et d’allier la justice et l’humanité avec la sévérité du gouvernement révolutionnaire ; vous venez d’arrêter l’elan furieux de ces vampires atroces disséminés dans plusieurs communes qui cherchoient à rendre notre révolution odieuse à tous les peuples de l’univers, en ammoncelant dans un même tas les cadavres du crime et ceux de l’innocence, vous avés déjoué leur funeste ambition et leurs coupables projets; vous pro-tegerés aussi les vrais patriotes trop souvent victimes des mal intentionnés qui dans leurs espérances perfides prennent les actes d’équité nationale pour le prélude du retour à l’ancien ordre des choses. Tels sont, citoyens représentans les sentimens dont nous sommes pénétrés et que nous déposons dans vos âmes comme un tribut que (23) C 325, pl. 1414, p. 2. Bull., 20 brum. ; M.U., n° 1339.