SÉANCE DU 7 BRUMAIRE AN III (28 OCTOBRE 1794) - N° 14 143 Citoyens représentans, Nous voyons avec la plus vive satisfaction que le bonheur du peuple fait toute votre sollicitude ; le rapport fait à la Convention par Robert Lindet, qui inspire l'amour des loix, de la patrie et de la vertu, adopté par vous à l'unanimité, nous est un sur garant, que désormais le républicain probe, modeste et vertueux ne sera plus opprimé par quelques hommes intrigants et dominateurs qui sous le masque du patriotisme voudroient ramener la terreur pour tiranniser le peuple. Votre addresse au peuple français a été lue avec enthousiasme, dans cette société; nous applaudissons à vos principes et ne reconnois-sons d'autre centre que la Convention natio-nalle. Restés à votre poste, Respectables Législateurs, pour assurer le bonheur d'un grand peuple que ne l'attend que de vous seuls. Les membres composant le bureau. Besson, président, Vinaguet, S-G Fayolle, secrétaires. 14 La municipalité d'Aix [Bouches-du-Rhône]", l'administration du département de la Sarthe6, la commune de Langres [Haute-Marne], déclarent que la Convention est à la République ce que la providence est à la nature, voient avec plaisir la terreur se dissiper comme un nuage, et la vertu et la justice reprendre leur empire. Leur cri de ralliement est vive la Convention ! Mention honorable, insertion au bulletin (31). a [La municipalité épurée d'Aix à la Convention nationale, s. d.~\ (32) Liberté, Egalité. Citoyens représentans, Le voile funebre qui couvrait il y a peu toute la france vient enfin d'etre déchiré ; la commune d'Aix, comme toutes les autres communes, sort de la stupeur dans laquelle elle a vécu long-tems asservie; les principes de justice et de moralité que vous avés si sagement substitués au sisteme de terreur qui avait plongé la République entière dans la langueur et dans le deuil, l'ont rendue a la liberté et a la vie ; et le plus précieux usage que la Municipalité epurée (31) P.-V., XL VIII, 84. (32) C 323, pl. 1385, p. 33. Bull., 8 brum. ; J. Fr., n° 764; M. U., XLV, 136. croit devoir en faire, c'est de vous offrir l'hommage libre et sincere de l'eternelle reconnois-sance de tous ses concitoyens pour un bienfait aussi signalé. Ils se sont montrés dignes du grand caractère dont vous les aviés investi, ces vertueux Représentans qu'un genie tutelaire vous a inspiré de nous envoyer ; ils ont rempli leur hautes destinées et préparé les nôtres et celles de nos neveux en déployant ce caractère de fermeté, de sagesse et de prudence qui viennent de ramener la paix et la tranquilité dans nos malheureuses contrées et y fixer a jamais le bonheur. Par leurs soins et par les vôtres ils ne reviendront plus ces jours de calamité et de tristesse qui nous laissoient sans cesse dans une fluctuation déchirante, l'opinion générale est fixée vers le bien; les lumières se répandent; la loi est redevenue ce qu'elle n'aurait jamais dû cesser d'etre, l'expression de la volonté générale; l'intrigue et la domination ont été précipitées avec Robespierre dans le gouffre impur qui la reçû ; le régné de la vertu s'établit ; l'humanité reprend ses droits; les jactances de patriotisme et les reproches d' aristocratie et de modérantisme dont on a fait jusqu'ici un si étrange abus, ne seront plus désormais apretiés que par le caractère moral et les actions; tout, sous vos heureux auspices reprend une face nouvelle, et un intervalle immense nous sépare déjà de ces tems orageux où les vertus patriotiques étaient obligées de composer tout a la fois avec le reste des préjugés de l'ancien régime et les excès plus dangereux encore des energumenes du nouveau. Un jour plus serein luit plus particulièrement sur notre infortunée cité, sans cesse calomniée et toujours plus intéressante pas sa résignation constante aux nombreux sacrifices que l'interet public lui a commandés, cette malheureuse commune entrevoit l'esperance de vaincre les obstacles qui s'opposaient a ce qu'elle fut mieux connue et plus justement appretiée; le moment est venu où la véritable cause de ses erreurs momentanées ne sera plus ignorée et sa conduite civique et soutenue tant quelle n'a pas été influencée, prouvera combien elles lui étoient étrangères. Interprètes de ses sentimens nous vous renouvelions, citoyens Representans l'hommage de son dévouement et de sa reconnoissance pour vos travaux sublimes; ne quittés votre poste qu'après avoir assuré la prospérité publique ; jettés un oeil propice sur une population de vingt-six mille citoyens et riches autrefois de tous les anciens abus et qui n'ont pas compté leurs sacrifices quand la patrie les a jugés necessaires. Un regard de la Convention nationale, de ce centre unique des pouvoirs du Peuple auquel nous jurons tous de mourir unis, suffira pour les venger des nombreuses injustices qu'ils ont soufferts et deviendra tout a la fois pour nous un titre d'encouragements pour l'avenir et de recompense pour le passé. Barlet, officier municipal, président et 12 autres signatures d'officiers municipaux et d'un agent national.