[Convention nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES, j 596 attente ne sera pas vaine; plusieurs ont déjà subi la peine qu’ils méritaient. « Nous avons aussi vu avec horreur les trahi¬ sons renaître pour ainsi dire de leurs cendres. Vous ne sauriez prendre des mesures assez vigou¬ reuses pour y mettre un dernier terme. Il faut enfin que la France terrasse en peu de temps ses ennemis. Elle est debout, et sitôt que nous avons appris que les rebelles de la Vendée mena¬ çaient Bennes en se portant sur Laval, nous avons, en moins de cinq jours, organisé et armé neuf cents hommes qui ont volé avec joie à la poursuite des rebelles. Plus de quinze cents autres sont partis avec différents instruments pour secourir Dinan qui est menacé. « Beprésentants, le temps des vengeances est arrivé. Le modérantisme a été sur le point de nous perdre; que la rigueur des lois nous sauve enfin. Plus de grâce pour ceux qui ne savent pas en faire; soyez inflexibles comme le rocher sur lequel vous avez élevé l’édifice majestueux d’une Constitution républicaine. Nous ne vous dirons pas : Kestez à votre poste, mais nous vous dirons qu’il ne vous est pas permis de le quitter jusqu’à ce que vous n’ayez (sic) entiè¬ rement consolidé ce bel édifice, ou vous abandon¬ neriez le vaisseau de la République au milieu de la tempête : vous devez le sauver ou périr avec lui. « Cependant, braves Montagnards, il vous reste encore un cruel ennemi à combattre et à terrasser : c’est ce vil agiotage qui mettra toujours de la distinction entre l’assignat et le numéraire. Semblable à un nouveau Protée, il se reproduit sous différentes formes; il sait échap¬ per à la vigilance des corps administratifs et aux peines que vous avez prononcées contre lui. Que les assignats soient donc la seule monnaie courante; que le numéraire soit prohibé pour un temps; faites-le rentrer dans les caisses de la République, qu’il y serve d’hypothèque aux assignats et bientôt vous serez dispensés de faire taxer les denrées, bientôt vous verrez re¬ naître l’abondance, le commerce fleurir et le peuple jouir du bonheur que vous lui avez préparé. « Fait en conseil de district, à Loudéac, le 23 brumaire, l’an II de la République française, une et indivisible. » ( Suivent 9 signatures.) La Société républicaine de Castillonès (Cas-tillonnès) témoigne à la Convention ses senti¬ ments d’admiration et de reconnaissance pour ses sublimes opérations : elle demande avec ins¬ tance un décret qui l’autorise à changer son nom en celui de Marathon; cette métamorphose pré¬ sentera à leur esprit deux souvenirs bien déli¬ cieux, celui de Marat, et celui de cet endroit fa¬ meux où les satellites d’un despote asiatique échouèrent contre la vertu républicaine. Mention honorable, insertion au « Bulletin » et renvoi aux comités d’instruction publique et de division (1). (I) Procès-verbaux de la Convention , t. 26, p. 3.41. ' Suit V adresse de la Société républicaine de Cas-tülonnès (1). « Castilhonès, le 16 de brumaire, l’an II de la République. « Représentants de la nation, « Un sentiment d’admiration et de reconnais¬ sance a saisi nos âmes à la vue des merveilles que vous avez opérées. Nous vous rendrons d’éternelles actions de grâces pour toutes les mesures vigoureuses et salutaires que vous avez prises. La Montagne nous a sauvés, c’est ce que nous ne cessons de répéter dans l’épanchement de nos âmes; c’est elle qui a écrasé la tyrannie et ses partisans qui expieront bientôt leurs for¬ faits; c’est elle qui a fait rentrer dans le néant les administrations révoltées qui attisaient la guerre civile, et qui a fait disparaître Lyon et la Vendée. « La nature nous fit Montagnards avant que la Révolution nous eût faits républicains du haut de la Montagne que nous habitons, nos regards se fixent avec complaisance sur nos pères qui habitent l’autre Montagne. Nous les voyons s’occuper de notre bonheur, et cette vue ne nous laisse rien à désirer. « Nous vous prions seulement de rester à votre poste jusqu’à la destruction totale des tyrans. Ce moment ne peut être éloigné, vous tenez la massue qui doit les écraser. « Nous vous demandons aussi avec instance de nous autoriser par un décret à changer le nom de Castilhonès, nom féodal, en celui de Marathon, qui présentera à notre esprit deux souvenirs bien déücieux, celui de Marat, et celui de cet endroit fameux de la Grèce où les satel¬ lites du despote asiatique échouèrent contre la vertu républicaine. « Tels sont nos vœux, nous prions la Conven¬ tion de vouloir bien les prendre en considéra¬ tion. « Les membres de la Société républicaine de Castilhonès, département de Lot-et-Garonne, « Bérard, président; Martin, secrétaire. » La Société populaire de Castelnau-de-Montra-tier, district de Cahors, département du Lot, fé¬ licite la Convention nationale sur ses immortels travaux, et l’invite à rester à son poste. Mention honorable, insertion au « Bulletin» (2). Suit l'adresse de la Société populaire de Cas-telnau-de-Montratier (3). Adresse de la Société populaire de Castelnau-de-Montratier, district de Cahors, département du Lot à la Convention nationale. « Représentants du peuple, « Vous n’avez pas trompé l’attente des Fran¬ çais, ils nous ont choisis pour fonder leur liberté. (1) Archives nationales, carton F17 1007, dos¬ sier 1273. (2) Procès-verbaux de la Convention, t. 26, p. 341. (3) Archives nationales, carton C 285, dossier 832, [Convention nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES. déS�iiL 597 Vous aviez de grands obstacles à vaincre, votre courage en a su triompher ; s’il est affligeant de rappeler que la plus grande résistance à vos sublimes travaux est sortie du sein même de votre Assemblée, il est bien consolant de voir que c’est au milieu de ces orages que vous avez achevé l’édifice de notre Constitution. « Débarrassés de ces vils intrigants qui, sous le masque du patriotisme, étaient parvenus à égarer une partie du peuple, les plus grands succès couronnent déjà vos travaux, mais nous osons vous le dire, représentants du peuple, votre tâche n’est pas assez d’avoir démêlé les horribles trames des conspirateurs, il faut que par un grand exemple vous portiez la terreur et l’effroi dans l’âme de ceux qui seraient assez lâches pour vouloir les imiter. « Ce n’est pas assez d’avoir posé les bases du gouvernement républicain, il faut qu’il prenne sous vos mains paternelles une forme fixe et stable et qu’il faille désormais autant d’obstacles pour y toucher qu’il fallait d’abord de facilités pour le construire. « Ce n’est pas assez d’avoir bravé la rage im¬ puissante des tyrans coalisés qui menacent notre indépendance, il faut les punir d’avoir osé souil¬ ler la terre de la liberté, en y creusant leurs tombeaux. « Ce n’est qu’ alors, représentants du peuple, que vos fonctions de législateurs seront finies. Restez donc à votre poste, et si nos biens et nos vies sont nécessaires pour le salut de la patrie, parlez, représentants du peuple, le sacri¬ fice en est fait, nous saurons imiter votre géné¬ reux dévouement. « Foujols, président; Montagne, secrétaire; Laval, secrétaire. » La Société populaire de la commune de Pierre (Pierre-de-Bresse) invite la Convention nationale à demeurer à son poste jusqu’à la paix, et à mettre le sceau à ses sublimes travaux. Mention honorable, insertion au » Bulletin » (1). Suit l’adresse de la Société populaire de la com¬ mune de Pierre-de-Bresse (2). La Société populaire de la commune de Pierre, chef -lieu de canton, district de Louhans, dépar¬ tement de Saône-et-Loire, à la Convention na¬ tionale. « Pierre, le quartidi de frimaire, l’an II de la République, une, indivisible et démocratique. c. Représentants, « Nous rendons grâce et justice à vos immor¬ tels travaux; vous nous avez donné la loi du maximum, les corps administratifs ont déter¬ miné dans leur sagesse le mode de son exécu¬ tion; et la Société populaire de cette commune (1) Procès-verbaux de la Convention, t. 26, p. 342. (2) Archives nationales, carton G 285, dossier 832. voit avec la plus vive satisfaction les personnes qu’elle frappe réclamer l’application des peines qu’elle prononce. Mais cependant, législateurs, les cultivateurs livrent leurs grains, leurs gre¬ niers se vident, ils voient disparaître le fruit de leurs travaux, sans avoir l’espérance de pou¬ voir se procurer les denrées les plus nécessaires. La ci-devant Lyon, cette cité rebelle, dont le nom seul fait frémir, renfermait dans son sein dénaturé des traîtres et des accapareurs ; ce sont ces monstres infâmes qui sont les auteurs des malheurs qui nous affligent, et la cause de la disette qui se fait sentir dans nos contrées. Faut-il donc différer plus longtemps? Non, que la tête de ces traîtres vienne alimenter la guil¬ lotine ambulante, que leurs trésors soient ou¬ verts aux malheureux sans -culottes, et que leurs magasins d’abondance rejaillissent dans les con¬ trées voisines en assurant à la République l’in¬ demnité qui lui est due. « Oui, législateurs, gardez-vous bien de vous relâcher un seul instant, faites une guerre con¬ tinuelle aux conspirateurs perfides ; nous sommes en révolution, et pour sauver la Révolution il faut agir révolutionnairement ; vous avez ter¬ rassé toutes les tyrannies, démasqué toutes les intrigues; vous avez lancé d’un bras vigoureux le char de la Révolution et de la Liberté, il roule déjà dans toutes les parties de la République avec une rapidité triomphante, il écrase jour¬ nellement les traîtres de l’intérieur sous ses roues de fer et d’airain. Ce n’est pas assez, conduisez-le toujours avec la même énergie jusqu’à ce que la massue nationale ait écrasé toutes les têtes couronnées. « Et toi, sainte Montagne, patronne des So¬ ciétés populaires, protectrice des assemblées fra¬ ternelles, toi d’où sont partis les éclairs et les foudres qui ont réduit en poussière les trônes et renversé les autels de l’erreur, demeure inébran¬ lable au milieu de l’orage jusqu’à ce que, succé¬ dant aux tempêtes qui nous affligent de toutes parts, le calme de la paix nous fasse goûter tranquillement le fruit de ton ouvrage. Les président et secrétaires, « Neveux, président; Dore y fils, secrétaire; Saget, secrétaire. » La Société populaire de Saint-Vallier (Saint-Vallier-de-Thiey), département du Var, déclare qu’elle a en horreur le nom dé roi, qu’elle ne veut plus de tyran, qu’elle a juré de maintenir la Constitution. Elle invite la Convention natio¬ nale, qu’elle félicite sur ses travaux, à rester à son poste. Mention honorable, insertion au « Bulletin » (1). Suit l’adresse de la Société populaire de Saint-Vcdlier (2). Aux citoyens représentants du peuple assemblés en Convention nationale à Paris. h Vivre libre ou mourir, tel fut notre serment. Ne vouloir plus de roi, c’est le cri de la France, (1) Procès-verbaux de la Convention, t. 26, p. 342. (2) Archives nationales, carton G 285, dossier 832.