[Convention nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES. 4| “ 689 que l’on prodiguait aux idoles, faire des autels qui servaient à perpétuer les abus, des autels qui serviront à rendre hommage à la raison et a sacrifier à la vertu. « Sur les motifs exprimés ci-dessus, le con¬ seil général arrête, de l’avis du procureur de la commune, que dès ce moment l’église est fer¬ mée, que le calice et autres vases servant au ci-devant culte catholique seront remis sans délai aux administrateurs du directoire du district de Crépy, pour être ensuite envoyés à la Monnaie. « Et pour ce qui regarde les ornements tant en chapes, chasubles et linge, ne les croyant aucunement utiles à la République, le conseil général demande à être autorisé à en disposer en faveur des malheureux, soit en les vendant ou en les distribuant, s’il y a lieu. « Arrête en outre que les statues qui se trou¬ vent dans la ci-devant église seront transpor¬ tées sur la place et brûlées publiquement. « Que l’extrait du présent arrêté sera envoyé tant à l’administration du district qu’à la Convention nationale. « Fait et arrêté en séance publique, les jour, mois et an ci-dessus, et ont signé. « Pour extrait conforme, délivré par moi : « J.-J. Crinon, secrétaire -greffier. « Le conseil général observe en outre que la ci-devant église renferme encore dans son enceinte des grillages de fer, qui sont et demeu¬ rent à la disposition des besoins de la Républi¬ que « Blesson, maire ; Crinon, secrétaire-greffier. » La Société montagnarde et rurale de Corlay, la Société populaire de Chantelle, district de Gannat, celle de Vernoux (1), département de l’Ardèche, les administrateurs du district de Car¬ cassonne (2) et la Société populaire de la Grasse, département de l’Aude, en applaudissant aux tra¬ vaux de la Convention, l’invitent à rester à son poste jusqu’à la paix. Mention honorable, insertion au « Bulletin » (3). Suit un extrait de la Société montagnarde et rurale de Corlay, d'après le Bulletin de la Con¬ vention (4). La Société montagnarde et rurale de Corlay, invite la Convention nationale à rester à son poste, et demande qu’elle veuille bien lui faire parvenir ses Bulletins, les journaux d’agriculture et de prospérité publique, publiés par le comité central du ministre de l’intérieur, et les mé-(1) Cette adresse a été insérée plus haut, p. 674 (2) Cette adresse a été insérée plus haut, p. 673 (3) Procès-verbaux de la Convention, t. 26, p. 393. (4) Bulletin de la Convention du 5e jour de la 2e décade du 3* mois de l’an II (jeudi 5 décem¬ bre 1793). lr8 SÉRIE. T. LXXX. moires du député Grégoire, sur l’économie rurale. Renvoyé au comité de correspondance. Adresse de la Société populaire de Chantelle (1). « Chantelle, district de Gannat, départe¬ ment de l’Ailier, 7 de frimaire de l’an II de la République française, une et indivisible. « Législateurs, « Rester à votre poste, c’est pour vous un devoir, car de là dépend le salut de la Répu¬ blique. La Société populaire du canton de Chan¬ telle consacre les premiers moments de* son existence à vous témoigner qu’elle est pétfétrée de respect pour tous les décrets de la Conven¬ tion nationale et qu’elle en surveillera rigou¬ reusement l’exécution. Déjà une foule de cons¬ pirateurs ont péri sous le glaive de la loi, vous avez su déjouer leurs manœuvres et chasser de votre sein les vipères qui s'y étaient glissées* Nous applaudissons à votre conduite. Oui, les Montagnards nous ont sauvés, à eux seuls nous sommes redevables de la Révolution. Conti¬ nuez de faire une guerre ouverte aux fédéralistes de tout genre; la mort des traîtres doit être continuellement à l’ordre du jour. « Salut et fraternité. « Letacq, président; Guinomet, secrétaire; Pinard, secrétaire. » Adresse de la Société populaire de Lagrasse (2). La Société populaire de Lagrasse, à la Convention nationale. « Le 10 brumaire an II de la République française, une et indivisible. « Fiers et intrépides Montagnards, « O vous qui, sur les débris du colosse du despotisme, avez, par votre étonnant courage, amoncelé ces rochers inaccessibles où viennent se briser en vain les orages et les tempêtes des despotes coalisés. Vous qui du haut de ces roches tarpéiennes précipitez, aux acclamations d’une république sans-culottisée, les infâmes propagateurs des principes des Pitt et des Cobourg. Vous qui, environnés des fureurs d’une guerre civile, lancez du sommet de ce Vésuve les foudres que le génie de la liberté vient allumer en vos mains. Vous qui, enflam¬ mant les cœurs de nos Léonidas, forcez l’or¬ gueilleuse Albion à venir se prosterner devant nos indomptables républicains. Vous enfin qui, au milieu de cet effroyable amoncellement d’orages politiques, venez de proclamer cet immortel ouvrage qui achève de renverser de leur trône chancelant les tyrans de l’Europe étonnée. Restaurateurs de la Liberté euro-(1) Archives nationales, carton C 285, dossier 833. (2) Archives nationales, carton G 285, dossier 833. 44 696 [Convention nationale.) ARCHIVES PARLEMENTAIRES, j 5 déœmlfr *1703 péenne, pourriez-vous bien songer à sortir de l’immense carrière que vous venez de par-, courir? « Législateurs, vous avez, il est vrai, rendu à la liberté un peu d’esclaves, vous lui avez donné des lois faites pour assurer son bonheur et sa prospérité; vous avez cimenté sa gloire et son indépendance par le sang de ses tyrans; vous avez étouffé dans la fange quelques misérables individus qui avaient osé conspirer contre son unité; mais est-ce cela le terme de vos travaux? « Le sol de la liberté est-il entièrement purgé des satellites du despotisme? La hache des vengeances nationales a-t-elle fait justice du lâche fils de Chatam? Les mânes de nos républicains sont -ils apaisés par le sang des tyrans qui les immolèrent à leur rage? L’é¬ goïsme est-il étouffé? Le niveau s’est-il promené sur toutes les fortunes? Le peuple est -il heu¬ reux? La subsistance est-elle assurée? L’hydre du fanatisme est-elle entièrement abattue? L’esprit public enfin, est-il partout à la véritable hauteur révolutionnaire? « Montagnards, voilà le terme de vos travaux, voilà l’ouvrage qui vous assurera l’immortalité. Jusque-là, sachez que nous vouons à l’infamie le mortel téméraire qui oserait s’approcher du sanctuaire où les droits de l’homme furent enfin reconnus et consacrés à jamais. « Montagne sainte, si quelque mortel pré¬ somptueux osait, avant ce temps, pénétrer jusqu’à toi, qu’il périsse dans un abîme affreux, et que pour prix de sa témérité son nom soit à jamais en horreur chez les républicains. a Pour nous, pénétrés d’un saint respect, nous ne cesserons de venir déposer à tes pieds les offrandes, les secours que nous adressons à nos généreux défenseurs. Nous ne calculerons jamais les sacrifices, et, embrasés par ce feu dévorant qui brûle sans cesse la cime, nous mé¬ riterons d’être comptés au nombre de tes enfants, et d’être reconnus par notre position et nos principes des fiers et vigoureux monta¬ gnards. « Barbés, président ; Segur, secrétaire ; E. Sarda, secrétaire ; Fornier fils, secrétaire ; Vigtjier, secrétaire. « P. S. La Société populaire de Lagrasse, composée de 200 sans -culottes, a envoyé, au départ de la présente adresse, à l’armée des Pyrénées-Orientales, 50 capotes, les souscrip¬ tions sont encore ouvertes et se multiplient à l’envie. » Un membre [Barère (1)], au nom du comité de Salut public, fait adopter la liste suivante des membres qui seront adjoints au comité de l’exa¬ men des marchés de l’armée (2). Suit ladite liste. Les citoyens : Reverchon, Coupé {de VOise), Maignet, Calés, Borie, Plazanet, Chaudron-Rous¬ seau [ Chaudron - Rouss au], Servières, Sevestre. (1) D’après la minute du décret qui se trouve aux Archives nationales, carton G 282, dossier 790. (2) Procès-verbaux de la Convention, t. 26, p. 393. Suit la lettre des membres du comité de sur - veillance des marchés de V armée aux membres du comité de Salut publie (1). Les représentants du peuple, membres du comité de surveillance des subsistances militaires, ha¬ billements et charrois des armées, aux repré¬ sentants du peuple membres du comité de Salut public. « Paris, le 13 frimaire an II de la Répu¬ blique française, une et indivisible. « Citoyens collègues, « Nous vous avons adressé, le 10 du cou¬ rant, une liste des membres que le comité propose de lui adjoindre. La multiplicité des affaires dont il se trouve chargé exigeant im périeusement cette adjonction, nous vous invitons de la faire décréter le plus tôt possible. « Alex. Ville tard; P. Piorry. » Un membre [Maximilien Robespierre (2)] parle au nom du comité de Salut public et pro¬ pose ensuite une adresse en forme de réponse aux manifestes des rois ligués contre la Répu¬ blique. La Convention applaudit à cette adresse, en ordonne l’impression ainsi que du discours du rapporteur; ils seront traduits en toutes les langues, envoyés à tous les départements, auto¬ rités constituées, Sociétés populaires, et aux armées de la République. Suit ladite adresse : La Convention nationale répondra-t-elle aux manifestes des tyrans ligués contre la République française? U est naturel de les mépriser; mais il est utile de les confondre; il est juste de les punir. Un manifeste du despotisme contre la liberté! quel bizarre phénomène! Comment les ennemis de la France ont-ils osé prendre des hommes pour arbitres entre eux et nous ? Comment n’ont-ils pas craint que le sujet de la querelle ne ré¬ veillât le souvenir de leurs crimes, et ne hâtât leur ruine? De quoi nous accusent-ils? De leurs propres forfaits. Us nous accusent de rébellion. Esclaves révol¬ tés contre la souveraineté des peuples, ignorez-vous que ce blasphème ne peut être justifié que par la victoire? Mais voyez donc l’échafaud du dernier de nos tyrans; voyez le peuple français armé pour punir ses pareils : voilà notre réponse. Les rois accusent le peuple français d’immo¬ ralité! Peuples, prêtez une oreille attentive aux leçons de ces respectables précepteurs du genre (1) Archives nationales, carton G 282, dossier 790, (2) D’après les divers journaux de l’époque.