132 ARCHIVES PARLEMENTAIRES - CONVENTION NATIONALE d [La société populaire des sans-culottes hollandais à Saint-Omer, Pas-de-Calais, s. d.] (18) Législateurs ! Durant cette longue nuit de l’ordre social, l’histoire du genre humain ne fournit que quelques hommes, dont le génie tenta d’assurer par des loix raisonnables le bonheur de leurs concitoyens. Dans cet espace immense l’œil du philosophe ne découvre guères chez les peuples anciens que Sparte, dont nous admirons encore les vertus. Dans des tems moins éloignés, on ne voit plus que quelques peuplades : les unes, préférant l’intempérie des saisons au joug honteux de la servitude, se fixèrent sur le sommet des Alpes, et y jouissent encore des douceurs de la liberté; tandis que d’autres, ayant à lutter à la fois contre le plus cruel tyran de l’Europe, — la puissance papale et l’océan, fondèrent une République, que la soif de l’or, puis l’ambition, eurent bientôt renversé. — Un monstrueux assemblage de lois bizarres, penchant toujours en faveur du crime, devait amener de telles calamités, qu’on ne pouvait y apporter de remède, que par une subversion totale d’opinions et de mœurs, par un courage et une fermeté héroïque: mais il fallait un génie rare, qui prépare l’esprit de son siècle: Genève s’enorgueillit de l’avoir donné. — Il fallait un peuple de héros, dont le corps robuste put résister aux convulsions politiques d’un état gangrené, qui osa établir comme premier principe de toute association politique Liberté Egalité. 0 France ! L’univers te contemple ! Cet honneur t’était réservé ! Six années de courage et de vertu t’ont mis au-dessus de tout ce qu’il y a de véritablement grand sur la terre. 0 vous ses Législateurs, qui abhorrez la flatterie, qui ne vous plaisez qu’en la vertu, que tant de courage a mis au-dessus de vains éloges, qui avez montré aux rois, qu’ils n’étaient que d’illustres criminels, qui avez terrassé par de grands exemples tant de factions et de factieux, applani les Pyrénées et les Alpes, renversé les cohortes disciplinées du Danube et de la Spree. battu et dispersé les dominateurs de la mer, permettez, Législateurs, que quelques malheureux fugitifs bataves, persécutés et bannis de leur patrie, pour leur ardent amour de la liberté, réunis en société sur le sol de la France, dès les premiers instans de la révolution française, associés dès les momens les plus critiques de la révolution aux Jacobins, dont ils n’ont cessé par leurs principes républicains et révolutionnaires de mériter la respectable affiliation; permettez que, les yeux fixés vers leur mère patrie, bientôt reconquise à la Liberté, les sans-culottes hollandais, reconnaissants d’un si grand bienfait, vous réitèrent aujourd’hui l’engagement sacré, de vous rester inviolablement attachés. S’ils ne peuvent offrir des biens que la tyrannie leur a ravis, ils vous offrent des cœurs et des âmes (18) C 320, pl. 1314, p. 3. républicaines, vous ne pouvez les repousser. La majeure partie combat dans les armées de la République, le reste jaloux de contribuer également aux succès de la cause de tous les peuples, ne cessera, dans les grandes circonstances surtout, de vous transmettre les senti-mens dont ils sont animés. Le peuple Batave a aussi son langage, et cette différence d’idiome ne fait pas desespérer aux amis de la Liberté, qui le 1er juillet 1792 se firent connaître sous le nom des sans-culottes hollandais, de propager chez les Bataves les grands principes que vous avez consacré. Si leur constant attachement à la cause du peuple leur a mérité la confiance nationale, il leur serait bien doux d’y coopérer. Ils attachent un grand prix à cette faveur, la seule qu’ils ambitionnent, puisse-t-elle n’avoir rien qui contrarie le but que vous vous proposez, le bonheur du genre humain. Bischop ( président ), Van alten, Klaases, Emmen, Pessyn (secrétaires). e [L’agent national du district de Bellac, Haute-Vienne, au président de la Convention, 18 thermidor an II\ (19) Mort aux tirans et aux conspirateurs, fraternité ou la mort, Citoyen président, Les détails de l’horrible conspiration formée contre la Liberté, la Représentation nationale, contre tous les patriotes, ont été reçus avec la plus vive indignation. A cette nouvelle, tous les Amis de la patrie se sont réunis et versant des larmes de l’épanchement de leurs cœurs, frémissant des dangers que venait de courir la République, chacun se regardant comme échappé de la mort, parce que tous étaient décidés à mourir pour la soutenir et la dépendre. A ce sentiment qu’inspiraient vos dangers et ceux de la patrie, est succédé la joye la plus vive. L’administration s’était hattée par l’adresse à ces citoyens dont je joint ici un exemplaire, de publier que les tirans et les conspirateurs n’étaient plus, que leur sang impur avait coulé et que cette nouvelle était un jour de feste. Tous les citoyens se sont réunis et par des feux, et par des danses, des airs patriotiques ont manifesté la joye la plus vive, des cris sans cesse répétés, vive la République, guerre aux dominateurs de toute espèce, se faisant entendre; ha ! disaient les Républicains, nous respirons enfin, le tiran est détruit, l’énergie patriotique va reprendre son essort, elle ne sera plus comprimée par une terreur générale, de se voir trainée innoçament au supplice; cette crainte est réservée pour les ennemis du peuple, ceux qui l’ont servi avec zèle, avec franchise, ne peuvent la partager, leur âme doit avec sévérité attendre tous les événements. (19) C 319, pl. 1304, p. 23. C. Eg„ n° 745; J. Univ., n° 1744; Ann. Pair., n° 170. SÉANCE DU 14 FRUCTIDOR AN II (31 AOÛT 1794) - N“ 2 133 Représentants, le joye est générale, le peuple est sauvé, la Liberté ne sera que mieux consolli-dée; le peuple rend à ses Représentants l’hommage qui est dû à leur fermeté et leur énergie. Salut et fraternité, Naffard Les Administrateurs du district de Bellac à leurs concitoyens Livrez-vous à la joye la plus douce, la Liberté est sauvée ! Des hommes profondément scélérats, au sein même de la Convention nationale avoient cherché à l’anéantir, mais de leurs crimes, elle n’est sortie que plus belle; Robespierre, Couthon, Saint-Just, dans leurs infâmes conspirations avoient partagé en maître le sol de la République, ils dévoient régner; et nous ? Enfans de la patrie, nous devions passer sous le joug, la République devoit être anéantie; mais le courage, l’énergie de nos Représentans, a déjoué ces trâmes atroces. Les têtes hideuses de ces nouveaux Catilina, sont tombées aux cris de vive la République; ouï, Frères et Amis, leur sang impur a coulé sous le glaive national, accourez-tous vous réunir autour de l’Arbre de la Liberté, pour vous y livrer aux sentimens de la joye la plus pure ! Que ce soit un jour de Fête, un jour d’allégresse pour tous les citoyens ! Jurez-y l’Union et la Fraternité la plus parfaite ! Jurez-y haine aux Rois, aux Tyrans, aus Dominateurs, sous quelque masque qu’ils paroissent, le peuple est tout, l’individu n’est rien. Les Administrateurs et Agent National du District. Vaucourbeil, Président; Fusibay, Joli-vet, Charraing-La-Montagne, Vincendon, Couty, Chareyron, Secrétaire. Raffard, Agent national. f [La société populaire de Verdun-sur-le-Doubs, département de Saône-et-Loire, le 27 thermidor an Ji] (20) Citoyens Représentans, Au moment où nos armées partout triomphantes, laissaient nos cœurs dans la plus douce sécurité; au moment où nous aimions à croire que tout marchait d’un pas égal et dans toute la République et surtout dans la Convention nationale; de nouveaux forfaits se tramaient dans l’ombre et par ceux, à qui jusqu’ici nous avions cru devoir donner une confiance sans réserve. C’était donc au prix du sang de soixante mille patriotes que la faction scélérate et liberticide devait rétablir le thrône et nous présenter un nouveau tyran, sans doute sous le nom odieux de Maximilien premier. Quoi Robespierre, tu voulais devenir un petit Cromwell et reproduire en ta personne le monstrueux assemblage d’ambition et de bassesse ? Tu avais donc oublié que tu avais affaire à des Français et non à ces lâches insulaires qui, sans cesse les mots de Liberté et d’indépendance à la bouche, (20) C 320, pl. 1314, p. 4. sont néanmoins toujours prêts à ramper sous de nouveaux maîtres. Enfin, sans votre vigilance, sans votre énergie, nous étions à la veille de perdre le fruit de cinq ans de travaux et de sacrifices. Représentans, quelle leçon pour vous et pour nous ! Combien nous l’allons mettre à profit ! Combien à l’avenir nous allons être en garde contre les réputations et les personnes ! plus un individu fera de bruit, plus il se vantera de son patriotisme, moins nous devons l’en croire, plus nous devons nous en déffier. Les Roys, les prêtres, les nobles, les athées, les dictateurs, ou les triumvirs ont vu leurs détestables projets retomber sur leurs têtes et les terasser; nous devons donc en conclure que la Liberté est impérissable. Puisse cette infâme conspiration être la dernière qui nous menace ! Puissent les traîtres indignes de représenter une nation libre, franche et généreuse être les derniers qui osent s’écarter du sentier de la vertu et de la sainte égalité ! Victorieux des ennemis du dehors et des complots ténébreux de l’intérieur, puissent les glorieuses destinées du peuple français triompher à jamais de tous les obstacles que les despotes, la superstition et les préjugés tenteraient encore d’accumuler, pour retarder notre bonheur, qui avant peu, nous osons le prédire, doir faire aussi le bonheur du monde. Vive la République, vive la Convention ! Belir, président, Legey cadet, secrétaire. g [Les sans-culottes composant l’administration provisoire du district de la campagne de Commune-Affranchie, le 17 thermidor an II\ (21) Citoyens Représentans, Des hommes ambitieux, sous le masque du patriotisme et de la vertu, nous ramenoient à la servitude. L’empire qu’ils exerçaient sur l’opinion publique, présageait l’explosion de leur perfide complot. Mais les Représentans du Peuple français ont veillé sur leurs démarches et la liberté est encore une fois sauvée. C’est à la Convention nationale que nous serons toujours ralliés : nous l’avons juré et nos administrés ont partagé nos sermens. A la nouvelle de la trahison et de la punition des traitres, nous avons passé de la stupeur de la confiance trompée par l’hypocrisie des vertus à la joie d’apprendre que la représentation nationale a déployé le grand caractère de fermeté et d’union nécessaire au salut de la république. Le premier élan de nos cœurs, à la lecture des nouvelles en présence d’un grand nombre de nos administrés, s’est dirigé, sans incertitude du côté de la Convention nationale. Nous avons renouvellé en présence du peuple et au milieu des cris de vive la République (21) C 319, pl. 1304, p. 26.