564 [Convention nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES, j « J2™"rberean17“3 les vertus martiales seront à l’ordre du jour. Le glaive de la loi est suspendu et frappe sans cesse les conspirateurs et les traîtres. Déjà trois têtes capétiennes sont tombées. Orléans, scé¬ lérat avant comme depuis la Révolution, a subi une peine trop courte et trop douce en la com¬ parant aux forfaits qu’il a traînés à l’échafaud. Vous avez fait une justice éclatante en démas¬ quant les traîtres que vous renfermiez dans votre sein, et la loi vous en a vengés. Périssent à jamais tous leurs sectateurs ! Tels sont les vœux de la Société républicaine de Nogent-sur-Seine. « C’est dans son sein, citoyens législateurs, que nos frères de Paris, du bataillon de la Section du Temple, sont venus déployer cette énergie républicaine et franche qui les caractérise; c’est là qu’un de leurs frères, volontaire, a manifesté à la Société le désir d’ensevelir dans l’oubli le nom de Louis, qu’il portait, nom, a-t-il dit, qu’il a en horreur puisqu’il était celui d’un tyran. (Ce volontaire se nommait Louis Le Gros), il a ajouté qu’il désirait que la société vous ins¬ truisît qu’il l’avait changé en celui de Brutus. Ce nouveau baptême a été vivement applaudi et cimenté par les embrassements confondus des volontaires et des membres de la Société. Puisse cette union fraternelle faire périr les rois de rage et de dépit. « La Société attend avec empressement les bustes de Marat et de Lepeletier pour rendre à ces apôtres de la liberté l’hommage qui leur est dû. « Vous apprendrez sans doute avec plaisir, législateurs, qu’hier nos frères d’armes du ba¬ taillon de notre district, au nombre de 1,000 com¬ battants, sont partis le cœur plein de courage et de patriotisme pour aller terrasser les des¬ potes. Il n’en est pas un qui ne leur ait voué exécration. « Poirat, président; Largaillot; Mesnard; Lenoir; Léon J ans on. » Le représentant Hérault exprime l’état de sub¬ version où il a trouvé le département du Haut-Rhin, et le succès complet des grandes mesures qu’il a prises pour y régénérer l’esprit public. Impatient de retourner au sein de la Convention, il désigne pour son successeur le citoyen Fous-sedoire. Insertion au « Bulletin » et renvoi au comité de Salut public (1). Suit la lettre du représentant Hérault (2). Le représentant du peuple envoyé dans le dé¬ partement du Haut-Rhin, Hérault, à la Con¬ vention nationale. « Blotzheim, ce septidi frimaire, l’an II de la République française. « Citoyen Président, « J’ai pris dans le Haut -Rhin les principales (1) Procès-verbaux de la Convention t. 36, p. 329. (2) Archives nationales, carton AFn 152, pla¬ quette 1230, pièce 16. Aulard : Recueil dès actes et mesures capables de relever ce département au niveau de la République. L’esprit public y était entièrement corrompu ; partout des intelligences avec l’ennemi, l’aris¬ tocratie, le fanatisme, le mépris des assignats, l’agiotage, l’inexécution des lois. J’ai combattu ces fléaux de tous mes efforts. J’ai suspendu le département et établi une commission départe¬ mentale; j’ai réformé les autres administrations; j’ai obligé les Sociétés populaires à se dissoudre et à se régénérer; j’ai cassé les comités de sur¬ veillance dont les moins mauvais étaient com¬ posés de feuillants et je les ai remplacés par des sans -culottes. J’ai fermé par un cordon une frontière infestée d’espions et d’émigrés; j’ai créé tous les instruments de mouvement et de terreur qui seuls peuvent y établir et consolider la République; un comité central d’activité révolutionnaire, mesure nouvelle à quelques égards qui force la dénonciation, et nécessite l’action rapide de toutes les autorités; une force révolutionnaire détachée de l’armée, circulant à la fois dans le département entier et dirigée par des commissaires civils auxquels' j’ai donné les instructions les plus détaillées; un tribunal révolutionnaire enfin, car il n’y a que la guillotine et les grands exemples qui puissent mettre le pays à la raison. Je poursuis les agents de Pitt, les horribles auteurs de l’incendie d’Huningue, et j’espère les découvrir; je prépare dans deux jours une fête de la Raison dans le chef-lieu du département, conquête re¬ marquable dans ces contrées sur la plus profonde ignorance, sur le fanatisme le plus enraciné et j’ai lieu de croire que cette destruction des temples du préjugé gui va être imitée dans les districts, le sera bientôt également dans les communes. En un mot, j’ai donné partout l’im¬ pulsion. Si les effets répondent aux mesures prises et à l’exécution qui en est commencée, dans quelques semaines, le département du Haut-Rhin ne sera pas reconnaissable (1). « Je suis impatient de retourner à mon poste partager les travaux de la Convention nationale. Mais je dois lui dire qu’il est indispensable qu’il vienne dans le département du Haut -Rhin un représentant du peuple qui suive les opérations de sûreté générale. Mon collègue Foussedoire, chargé de la levée des chevaux, se trouve en cet instant à Belfort. Sa mission expire dans trois jours, il a une parfaite connaissance du pays, il est tout transporté sur les lieux, je crois devoir l’indiquer à la Convention natio¬ nale, en la priant de le nommer pour me rempla¬ cer. Sans parler des services que Foussedoire est en état de rendre, le principe républicain veut (et la Convention nationale en sera d’avis sans doute) qu’un pouvoir illimité ne séjourne pas longtemps dans les mêmes mains. « Hérault. » Le tribunal révolutionnaire de Ville-Affranchie fait part à la Convention de la rapidité avec la¬ quelle le glaive de la vengeance nationale fait de la correspondance du comité de Salut public, t. 9, p. 17. (1) Le Supplément au Bulletin de la Convention du 3e jour de la 2« décade du 3e mois de l’an II (mardi 3 décembre 1793) ne reproduit que ce paragraphe. [Convention nationale.] tomber tontes les têtes conspiratrices; les ac¬ cusés prennent d’abord une attitude hypocrite, mais l’instant de leur condamnation est celui où ils se démasquent. « Nous mourrons, disent-ils, pour Louis XVII », en montant au suppliée. Ainsi las rois n’ont plus d’amis qu’à la potence. Insertion au « Bulletin » (1). Suit la lettre du tribunal révolutionnaire de Ville-Affranchie (2). Le tribunal révolutionnaire, à la Convention 0 nationale. « Ville -Affranchie, ce 9 frimaire, l’an II ' de la République française, une et indi¬ visible. « Citoyen Président, « Chaque jour, le glaive de la loi fait tomber par trentaine la tête des conspirateurs de Ville - Affranchie. La nation sera étonnée de la pro¬ fondeur et de l’étendue du complot que les scélérats avaient tramé contre la République. Les deux tribunaux occupés sans relâche des fonctions qui leur sont confiées, ont envoyé déjà plus de deux cents contre-révolutionnaires à la mort. « La plupart affectent, au moment de l’in¬ terrogatoire, un amour véhément pour la Répu¬ blique, mais après nous avoir entretenu sur la sellette de leurs vertus civiques, ces hypo¬ crites de patriotisme le démentent tout à coup; ils reprennent bien vite leurs sentiments habi¬ tuels. Plusieurs d’entre eux, à peine condamnés, ont signé qu'ils mouraient pour leur roi; d’au¬ tres, en montant à l’échafaud ont crié à di¬ verses reprises et dans l’intention, sans doute, d’exciter le peuple : Je meurs pour Louis XVII ! Vive Louis XVII! Mais le peuple, indigné, cou¬ vre ces croassements impies du cri souverain, du cri vertueux de Vive la République! Vive la Convention ! Périssent les rois et les scélérats qui leur ressemblent! « Ainsi le peuple est désabusé, citoyen Prési¬ dent; ainsi les rois n’ont plus d’amis qu’à la potence. Nous nous dépêchons d’expédier les satellites en attendant les maîtres. « Le président du tribunal révolutionnaire, Dorfeuille; Baigne, juge; l’accusateur pu¬ blic, Merle. » Un citoyen fait passer à la Convention des clefs qui avaient été présentées au ci-devant roi par quelques villes de Normandie, lors de son (1) Procès-verbaux de la Convention, t. 26, p. 329. (2) Archives nationales, carton C 284, dossier 821. Bulletin de la Convention du 3e jour de la 2e décade du 3e mois de l’an II (mardi 3 décembre 1793); Moniteur universel [n° 74 du 14 frimaire an II (mer¬ credi 4 décembre 1793), p. 300, col. 3]. Journal des Débats et des Décrets (frimaire an II, n° 441, p. 165). 13 frimaire an II 565 3 décembre 1793 voyage à Cherbourg. Ces monuments de la plus basse servitude sont bons à être brisés. Insertion au « Bulletin » et renvoi au comité d’instruction publique (1). Suit le document des Archives nationales (2). Un citoyen adresse à la Convention nationale des clefs qui avaient été présentées au ci-devant roi par quelques villes de Normandie lors de son voyage à Cherbourg. C’était alors l’usage. Ces clefs, après avoir été présentées, restaient ensuite à quelques charges. Plusieurs de ces chefs sont en fer, d’autres en cuivre, quelques-unes de vermeil ou d’argent, une d’or. Le ci¬ toyen à qui elles sont restées en fait hommage à la Convention nationale, qui cependant n’en a pas besoin pour ouvrir les portes des villes. Le peuple français, le peuple géant sait mieux les abattre avec sa massue. Note des de fs contenues dans la boîte. 3 de fer; 2 de cuivre; 1 d’or; 1 d’argent; 2 d’argent doré ou vermeil; 2 d’argent à chaîne. Renvoyé aux inspecteurs de la salle. Le citoyen Leroy, ancien professeur de belles lettres et de physique, auteur d’un poème sur la Révolution, qui a paru quinze jours après la prise de la Bastille, fait hommage à la Conven¬ tion nationale d’une pièce de théâtre, intitulée : L'Origine de la République française , une et in¬ divisible. La Convention accepte cet hommage et en dé¬ crète la mention honorable (3). Compte rendu du Moniteur universel (4). Le citoyen Guéroult, professeur d’éloquence au ci-devant collège des Grassins, adresse à la (I) Procès-verbaux de la Convention, t. 26, p. 329. (2) Archives nationales, carton F17 1007, dossier 1282. (3) Procès-verbaux de la Convention, t. 26, p. 329. D’après le Bulletin de la Convention du 4e jour de la 2e décade du 3e mois de l’an II, ce citoyen s’appelle Leroux et non Leroy. (4) Moniteur universel fn° 75 du 15 frimaire an II (jeudi 5 décembre 1793), p. 303, col. 2], D’autre part, le Journal des Débats et des Décrets [frimaire an II, n° 440, p. 167) rend compte de la pétition du citoyen Guéroult (et non Leroy) dans les termes suivants : Le Président lit une lettre qui lui est adressée. Elle lui transmet une pièce de théâtre intitulée L'Origine de la République française, une et indivi¬ sible. L’auteur est Guéroult, professeur d’éloquence au collège des Grassins. Il offre son ouvrage à la Convention et la prie de le renvoyer au comité de d’instruction publique, pour qu’il juge s’il mérite d’être représenté sur le théâtre de la République. Merlin (de Thionville). Je demande l’ordre du jour sur la pétition et la mention honorable de l’of¬ frande. C’est au peuple seul à juger le patriotisme des auteurs et leurs talents. Au moment où les ennemis de la liberté cachent dans la poussière leur ARCHIVES PARLEMENTAIRES, j