[Convention nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES, j « 679 qui peut se monter à 30,000 livres, soit apportée à la Monnaie. Mention honorable, insertion au « Bulletin » renvoi au comité des inspecteurs de la salle (1). Le ministre de la guerre lait passer copie d’une lettre du général de division Balland, qui contient un de ces traits d’une bravoure rare et républi¬ caine. « Le 8 frimaire, une patrouille de 8 dragons du 3e régiment, commandée par le brigadier nommé Coquillon, aperçut, en sortant de Lan-gnies, 5 hussards hongrois, escortant un trou¬ peau de moutons et 3 chevaux; nos dragons char¬ gèrent les Hongrois et s’emparèrent de leur proie qu’ils conduisirent du côté de Grandrieu où leur régiment est en cantonnement. Ils aperçurent alors 40 autres brigands du régiment de Berco qui les poursuivaient. Comme la partie n’était pas égale, leur premier mouvement fut de céder le troupeau; mais, s’armant d’un nouveau cou¬ rage, Coquillon disposa sa petite troupe en tirail¬ leurs, et foncèrent sur les 40 bandits qu’ils mirent en déroute. 3 de nos dragons se détachèrent pour conduire les moutons du côté de Grandrieu, tan¬ dis 'que les 5 autres harcelaient les soldats du tyran de Vienne. » Mention honorable, insertion au « Bulletin », renvoi au comité de la guerre (2). Compte rendu du Bulletin de la Convention (3). Le ministre de la guerre a adressé à la Con¬ vention nationale la copie suivante d’une lettre du général de division Balland, du quartier général de Solre-le-Château, le 10 frimaire. Citoyen ministre, Je t’envoie l’état des bestiaux pris sur le territoire ennemi, et qui ont été remis par mes ordres, tant au commissaire des guerres attaché à la division que je commande, qu’à celui de la division du général Duquesnoy. Je dois te faire part d’un de ces traits d’une bravoure rare, et que l’on aurait peine à croire, si l’on ne connaissait le courage décidé de nos républicains. Avant hier une patrouille de 8 dragons du 3e régiment, commandée par le brigadier nommé Coquillon, s’était portée au village de Langnies, près Beaumont; en sortant de ce Village, et en arrivant sur la hauteur, ils aper¬ çurent 5 hussards hongrois, escortant un troupeau de moutons et trois chevaux. Il ne balancèrent pas à charger ces esclaves qui aban-(1) Procès-verbaux de la Convention , t. 26, p. 389. (2) Ibid. (3) Bulletin de la Convention du 5e jour de la 2e dé¬ cade du 3e mois de l’an II (jeudi 5 décembre 1793). Moniteur universel [n° 77 du 17 frimaire an II (samedi 7 décembre 1793), p. 310, col. 11. Journal des Débats ei des Décrets (frimaire an II. n° 443, p. 200). donnèrent leur proie. Nus dragons s’en empa-rèrent, et ils étaient en devoir de la conduire du côté de Grandrieux, où leur régiment est -en cantonnement, lorsqu’ils virent 40 autres bri¬ gands du régiment de Berco, qui couraient à leur poursuite. Comme la partie n’était pas égale, leur premier mouvement fut de céder le troupeau. Mais bientôt, s’armant d’un nouveau courage, et voulant ravir à l’ennemi le plaisir de savourer le goût d’un seul gigot, le brigadier Coquillon disposa sa petite troupe en tirailleurs, et montrant qu’ils n’étaient pas manchots, foncèrent avec ardeur sur les satel¬ lites des despotes. La victoire couronna leur bravoure, les 40 bandits furent mis en déroute; nos dragons regagnèrent leurs moutons, trois d’entre eux se détachèrent pour les diriger du côté de Grandrieux, et les 5 autres harcelaient les soldats du tyran de Vienne. La vedette de la grand’ garde du régiment l’ayant avertie de monter à cheval, elle vint se ranger en bataille sur la hauteur où elle rencontra nos conquérants qui rejoignaient leur gibier. J’ai cru qu’il était de mon devoir de te faire connaître cette action courageuse à laquelle on ne peut trop donner d’éclat (1). Signé : Balland. Pour copie conforme, le ministre de la guerre. Signé : Bouchotte. Le citoyen Goubé, curé de Gournay, abdique les fonctions sacerdotales, et fait don à la nation de la pension de 800 livres qu’un décret lui ac¬ corde; il demande l’usage de sa maison qu’il a rendue habitable par les grandes dépenses qu’il y a faites depuis quatorze mois; il se propose d’y établir une imprimerie nécessaire au district. Mention honorable, insertion au « Bulletin », renvoi au comité d’aliénation (2). Compte rendu du Bulletin de la Convention (3). Le citoyen Goube, président de la Société populaire, et président du district de Gournay, département de la Seine-Inférieure, fait remise à la Convention de sa pension de 300 livres. Mention honorable. Le citoyen Anquetin (Anquelin), vicaire de Gournay, abdique les fonctions sacerdotales. Mention honorable, insertion au « Bulletin » (4). (1) Vifs applaudissements, d’après l 'Auditeur national [n° 440 du 16 frimaire an II (vendredi 6 décembre 1793), p. 5]. (2) Procès-verbaux de la Convenlion, t. 26, p. 390. (3) Bulletin de la Convenlion du 5e jour de la 2e décade du 3® mois de l’an II (jeudi 5 décembre 1793). (4) Procès-verbaux de la Convention, t. 26, p. 390. 680 [Convention nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES, j « Sé�m'bre'lis Suit la lettre du citoyen Anquélin (1). « Concitoyen, « J’abdique toute fonction de mon ministère de prêtre, je faisais celles de premier vicaire de la paroisse de Gournay ; depuis 1789 je suis entré dans le sentier de la Révolution. De tous les écclésiastiques du pays, c’est moi qui ai fait le premier mon serment; je suis un des instituteurs de la Société populaire et celui qui a été nommé le premier président. J’ai prêché avec succès le patriotisme dans la tribune et dans la chaire contre le fanatisme. Sois l’organe de mes sentiments auprès de nos législateurs; s’il ne m’est pas donné de parti¬ ciper à leurs travaux sur le sommet de la Mon¬ tagne, mon cœur et mon âme s’y élèvent, s’extasient des miracles qu’ils font, et la foi qu’on y ajoute fait des progrès mémorables. « Salut et fraternité. « Anquélin. « Sextidi frimaire, du 3e mois de l’an II de la République française. « Souvent en notre Société, concitoyen, nous admirons vos productions patriotiques, nous parlons de vous, nous désirerions vous y voir, vous approuveriez nos travaux, je le crois. Nous nous occupons fortement à mettre notre commune à la hauteur de la Révolution. Je puis même dire que nous faisons des progrès; nous nous occupons dans ce moment à faire un choix scrupuleux de tous les individus de notre district qui peuvent être utiles dans la République en les mettant tous chacun à leur lace. Cô mode est on ne peut pas plus sage et étruit les nominations faites par la cabale. » La Société populaire de Châteaudun jure de ne reconnaître d’autre culte que celui qui con¬ vient à des hommes libres et éclairés. Mention honorable, insertion au « Bulletin » (2). Suit Vadresse de la Société populaire de Châteaudun (3). Les républicains composant la Société popu¬ laire de Châteaudun, à la Convention natio¬ nale. « Représentants du peuple, « Quatorze siècles d’esclavage, la terre entière couverte de crimes et de forfaits, les hommes avilis et abrutis, aveuglément soumis aux plus grossières impostures, en un mot le globe déshonoré et ensanglanté au nom de la divinité, voilà l’ouvrage des prêtres. « La vérité a lui, la philosophie a proclamé sa morale universelle, et les autels de l’erreur ont été renversés, nos chaînes ont été brisées et la liberté sainte est devenue l’idole de tous (1) Archives nationales, carton C 285, dossier 833 (2) Procès-verbaux de la Convention, t. 26, p. 390 (3) Archives nationales , carton C 285/dossier 833 les Français. Grâces vous en soient rendues, représentants, mais quand partout nous aper¬ cevons des débris de la superstition expirante, nous nous devons de vous dire qu’elle fait encore dans notre commune un dernier effort pour renaître de sa cendre. Des écrits insidieux circulent pour tromper les faibles et les sots. L’aristocratie protège et sourit à ces moyens qu’elle emploie sourdement, et les prêtres, cette race infernale qui fit le malheur du genre humain, espèrent encore. « Représentants, décrétez que tous les temples seront fermés, que la religion catholique est celle des esclaves, et bientôt la morale perfide des prêtres ne trouvera plus de partisans. « Pour nous, nous jurovs à la face du ciel de ne reconnaître d’autre culte que celui qui convient à des hommes libres et éclairés. « Les bases sublimes de notre religion, à nous, sont le respect dû au malheur, la piété filiale, la bienfaisance, l’égalité, la fraternité, un dévouement généreux et sans bornes à la gloire et au bonheur de notre patrie. Enfin la liberté ou la mort. » (Suivent 58 signatures.) Les représentants du peuple dans le départe¬ ment de la Seine-Inférieure et circonvoisins, écri¬ vent de Bernay, le 10 frimaire, qu’ils ont réor¬ ganisé la municipalité de Chambrais, remplacé le juge de paix, le notaire public, parlé au peuple, relevé le courage des patriotes et fait justice des aristocrates, vieux esclaves du ci-devant maré¬ chal de Broglie; dans la commune de Bernay, ils n’ont trouvé que des hommes libres, que des républicains, que des magistrats digues de la confiance du peuple; ils ont remplacé deux dé¬ missionnaires, et n’ont pas eu une seule destitu¬ tion à prononcer. Insertion au « Bulletin » (1). Suit la lettre des représentants du peuple dans le département de la Seine-Inférieure et circon¬ voisins (2). Les représentants du peuple français envoyés dans les départements de la Seine-Inférieure et circonvoisins, à la Convention nationale. « Bernay, ce 10 frimaire, l’an II de la République française, une et indivisible. « Citoyens collègues, « Nous cédons au plaisir de vous adresser le compte de nos opérations dans la commune de Bernay. « Nous y sommes arrivés hier à minuit, nous l’avons quittée ce matin pour nous rendre à Chambray où nous avons réorganisé JLa munici-(1) Procès-verbaux de la Convention, t. 26, p. 390 (2) Supplément au Bulletin de la Convention nationale du 5e jour de la 2® décade du 3e mois de l’an II (jeudi 5 décembre 1793). Archives natio¬ nales, carton C 283, dossier 799. Aulard : Recueil des actes et de la correspondance du comité de Salut public, t. 9, p. 68.