[Convention nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES, j 75 (Ce jour-là, on brûlait tous les titres en pré¬ sence du citoyen Ingrand, représentant du peuple, envoyé par la Convention. ) 10. Lorsqu’ici la flamme dévore Des vestiges que l’on abhorre, Qu’à nos yeux les grands sont petits ! Ahi ! povero museadi ! (bis) Au feu brûlant de la patrie, Ingrand réchauffant l’énergie, Par ses discours nous agrandit. Vivent les républicani ! (bis) Par le citoyen Maniguet, membre de la Société populaire de Poitiers. LE GOUT DE LA TONSURE chanté à la Société populaire de Poitiers, le 30 bru¬ maire, an II de la Pépubligue. Air : Mon père était pot, etc. 1. Quels moments touchants et flatteurs Pour la philosophie ! Le prêtre abjure ses erreurs Et son hypocrisie. Ces efforts humains, Sont-ils bien certains? Sont-ils dans la nature? On est assuré Que tous ont gardé Du goût pour la tonsure. 2. Si la raison sait renverser Et l’autel et l’idole, Au prêtre elle fait adopter Un culte moins frivole. Par le sentiment, Il va, comme amant, Se rendre à la nature. N’est-il pas permis D’avoir à ce prix, Du goût pour la tonsure? 3. Que désormais il sera doux Aux chargés de bréviaire, Lorsqu’un jour ils seront époux, De le dire à Cythère ! Ce fatras verbeux D’un roi scandaleux N’était qu’une imposture; Mais sur ces discours L’emporta toujours, Le goût pour la tonsure. 4. Pour le bonheur de tout Français, Le républicanisme Vient d’exterminer pour jamais L’hydre du fanatisme. Ce triomphe heureux Sur un dogme affreux Bannira l’imposture; Mais il restera, Quoiqu’on en dira, Du goût pour la tonsure. Leurs tendres aveux Du voluptueux Aiguisaient la luxure; Et dans ses ébats, Il louait tout bas Son goût pour la tonsure. 6. Le partage du célibat Est l’opprobre ou le crime; L’homme seul éprouve un combat Dont il est la victime. Le prêtre imposteur, Non le créateur, Aimait la créature Et trouvait plaisant D’avoir, sans talent, Les droits de la tonsure. 7. Plus la fortune s’agrandit! Plus on a de faiblesse. Les richesses étaient le prix De la scélératesse. Le sot préjugé Pour le haut clergé N’avait point de mesure; A son intérêt Toujours il joignait Le goût de la tonsure. 8. Dans le cloître, l’oisiveté Creusait des précipices, Ce séjour d’imbécillité Etait celui des vices. Ces escrocs pieux, Dans ces sombres lieux S’exercaient au parjure; Et ces fainéants Usaient en brigands Du goût de la tonsure. 9. Puisque tous nos maux sont venus Des climats judaïques, Anéantissons et J ésus Et tous les fanatiques Que la liberté, Que la vérité Confondent l’imposture, Mais craignons toujours De fâcheux retours Au goût de la tonsure. Par le même. La Société républicaine de Seyne, district de Digne, département des Basses-Alpes, applaudit aux journées des 31 mai, 1er et 2 juin, aux dé¬ crets qui les ont suivis, et à la juste punition de Louis Capet et de l’infâme Antoinette. « Si quel¬ que chose a pu nous consoler de la mort du ver¬ tueux Marat, disent-ils, c’est la Constitution éma¬ née de la sublime Montagne et que nous avons acceptée avec transport. « Ils invitent la Conven¬ tion à rester à son poste. 5- Mention honorable, insertion au « Bulletin » (1). Dépositaires des secrets De toutes les familles, Vous causiez de cuisants regrets A d’innocentes filles. (1) Procès-verbaux de la Convention, t. 27, p. 41. ■'6 [Convention nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES, f » 1 1 17 décembre 1/93 Suit Vadresss de la Société républicaine de Seyne (1). « Seyne, le 7e jour de la 2e décade du 2e mois de la 2e année de la Répu¬ blique française, une et indivisible. « Législateurs, « Un grand complot avait été formé contre la liberté, ses plus zélés défenseurs, les pa¬ triotes les plus ardent -, les seuls qui fussent dignes de l’apprécier, étaient, dans un grand nombre de départements, réduits à gémir dans les fers, ou de so soustraire par la fuite à toutes les horreurs du supplice destiné aux contre-révolutionnaires et aux scélérats. « Les riches égoïstes, les muscadins, tous les ennemis coalisés, o’ étaient couverts du masque du patriotisme pour égarer le peuple et le faire servir à leurs projets; déjà ils croyaient leur triomphe assuré; à les entendre, déjà la célèbre et vaste cité de Paris, cette nouvelle Rome, l’asile de toutes les vertus sociales et républicaines, qu’ils feignaient de regarder comme une ville conspiratrice, était réduite sous leur domination; déjà ils méditaient la vengeance la plus terrible contre ces repré¬ sentants incorruptibles qu’ils osaient nommer des tyrans et des factieux; en proférant sans cesse les mots si chers de liberté et d’égalité, en proclamant les droits sacrés de l’homme et du citoyen, ces fourbes, dans le fond de leur cœur, faisaient des vœux secrets pour le succès des brigands de la Vendée, et le triomphe des Pitt et des Cobourg; déjà ils étaient prêts de fléchir le genou devant un nouveau tyran, et le nom de Louis XVII s’échappait de leurs lèvres pestilentielles. « Amis de l’esclavage et dignes de porter des fers, ces hommes faibles n’avaient point calculé les progrès de la raison, de la philo¬ sophie, de cet esprit républicain qui, seul, est capable de donner de grandes vertus et d’ins¬ pirer ce courage digne des Brutus et des Scæ-vola. Ces pygmées royalistes ont été terrassés, et les sans-culottcs n’ont qu’à se montrer pour ensevelir sous leurs ruines ces villes orgueilleuses et superbes, qui ont osé élever l’étendard de la révolte. « Législateurs, les sans-culottcs de la Société républicaine de Seyne ont connu les pièges dont les fédéralistes voulaient les environner, et ils ont su les éviter. Pleins de confiance dans les braves et généreux montagnards, ils n’ont cessé d’applaudir à leur zèle, à leurs travaux, à leurs intentions, qui n’ont d’autre but, malgré les déclamations des esclaves, que le triomphe de la liberté, de l’égalité, et le bonheur du peuple. « Cette société qui n’a cessé de professer les principes du plus pur républicanisme, a vu tomber, avec la plus grande satisfaction, la tête du tyran et de sa monstrueuse épouse; elle a applaudi à la Révolution du 31 mai et aux décrets qui ont mis en état d’arrestation des représentants infidèles; la mort de l’ami du peuple, du vertueux Marat nous a pénétrés de la plus vive douleur, et si quelque chose a pu nous consoler, c’cst la sublime Constitu¬ tion que vous nous avez donnée, et qui a été acceptée avec transport. La loi du maximum, en déjouant les projets et les calculs des riches propriétaires et des agioteurs, a mis le comble à notre reconnaissance et tous les sans-culottes qui composent notre société, individuellement et collectivement vous ont proclamés les sau¬ veurs de la patrie, les restaurateurs de la liberté et les seuls fondateurs de l’égalité. « Affermissez, législateurs, l’édifice que vous avez élevé, la patrie a encore besoin de vos travaux, de votre vigilance, de votre énergie. Fermes à votre poste, ne l’abandonnez que quand vous aurez forcé les tyrans de l’Europe à une paix honteuse pour eux ; que quand vous aurez étouffé toutes les conspirations et que vous aurez purgé par vos soins la terre do la liberté de tous les reptiles qui la souillent encore. Ce n’est pas tout d’avoir ordonné l’arrestation des Brissotins, des Rolandistes et des appelants, le vœu des sans-culottes de la République et de notre société est qu’ils soient mis en état d’accusation et que leur punition ne soit pas plus longtemps différée. « Recevez, législateurs, l’assurance de notre dévouement, de notre zèle, de notre énergie; il n’est pas un seul sans-culotte parmi nous qui ne soit prêt de verser son sang pour le service de la République et le triomphe de la liberté et de l’égalité. « Les sans-culottes de la Société républicaine de Seyne, district de Digne, département des Basses-Alpes. « A. Roux, président; Allemand, secré¬ taire; H. Roux, secrétaire. » Les membres du comité de surveillance des communes d’Aunay, Perrigny et dépendances, district de Tonnerre, font don de 53 chemises, 3 nappes, 1 gilet de ratine, 1 écheveau de fil et 59 livres en assignats. Mention honorable, insertion au « Bulletin » (1). Suit la lettre des membres du comité de sur¬ veillance des communes d’ Aunay et Perrigny (2). Les membres du comité de surveillance de la commune d’Aunay et Perrigny, canton de Noyers, district de Tonnerre, à la Convention . « 30 brumaire de l’an II de la République française une et indivisible. « Législateurs, « Nous ne vous adressons pas des monceaux d’or, ces riches offrandes n’appartiennent qu’aux grandes cités ; Plutus n’habite pas les hameaux, c’est l’asile de la pauvreté, mais c’est aussi celui des vertus républicaines. « Une simple malle contenant 53 chemises, 3 nappes, 1 gilet de ratine et 1 écheveau de fil et 59 livres en assignats, voilà nos trésors; nous les déposons au nom de notre commune sur l’autel de la patrie. « Du haut du rocher où vous êtes placés, législateurs, contemplez la régénération de la France, partout s’étale un dévouement (1) Archives nationales, carton G 286, dossier 835. (1) Procès-verbaux de la Convention, t. 27, p. 4L (2) Archives nationales, carton G 284, dossier 823-