490 (Assemblée nationale.) ARCHIVES PARLEMENTAIRES. [21 juillet 1791. j pleine activité, une imprimerie consacrée à l’impression du Journal des Savants et du Journal d’ Agriculture ; ce rapport même, imprimé par eux, vous donne une preuve de leur capacité. Il y existe encore une manufacture de tapis de coton et autres étoffes fabriquées jusqu’alors dans les pays étrangers. Les fonds annuels à déterminer pour les places gratuites qu’on jugera convenable d accorder à des pauvres ne pèseront pas longtemps, sans doute, sur la nation. 1° Les profits de l’imprimerie peuvent s’élever annuellement à la somme de 3,000 livres; 2° A la suite du jardin est un clos qu’on cédera à l’établissement des sourds-muets, et dans lequel on pourra former une pépinière qui remplacera celle des Chartreux, qui est près de se détruire, et qui donnait annuellement un revenu de 10,000 livres. Celle des sourds-muets, beaucoup moins grande, pourra rapporter un revenu de 6,000 livres; des serres chaudes entretenues par les poêles des classes donneront des primeurs d’un grand produit. Les manufactures et métiers, en tenant les élèves dans une activité continuelle, pourront rapporter aussi une somme assez considérable. Mais il ne faut pas se dissimuler que tous ces profits ne pourront se recueillir que dans 2 ou 3 ans, quand les élèves auront suffisamment appris chacun un métier et que les terrains seront en valeur. Que ne peut-on pas espérer d’une institution qui excite un intérêt si général, que des hommes célèbres veulent bien en régler les premiers pas, et di mandent comme une faveur ce qu’on aurait été empressé de les prier d’accorder comme une grâce. M. l’abbe Rochon se charge de la conduite des arts mécaniques; M. l'abbé Hauy présidera aux travaux relatifs aux marbres et autres pierres. MM. Thouin, de Jussieu et l’abbé Tessier inspecteront la culture des jardins; M. Pajou, la sculp-tu re ; M. Vincent, les dessins et la p inture, talents si nécessaires aux arts et métiers; M. Berwick offre ses soins pour la gravure, et Mme Guyard a été la première à faire connaître son vœu pour diriger la classe des filles, auxquelles ce talent est très précieux, pour tous les ouvrages de broderie, tapisserie, et qui n’exigent que du goût et de l’adresse. ( Applaudissements .) Ainsi, on peut assurer qu’après ce premier temps d’épreuve, les élèves eux-mêmes pourront, par leur travail, fournir aux places gratuites, et que, par conséquent, l’établissement pourra se soutenir seul. D’après cela, nous ne sommes pas réduits à de simples espérances; les membres de votre comité qui ont assisté différentes fois aux exercices des sourds-muets peuvent vous assurer qu’elles sont déjà réalisées. L’abbé de L’Epée avait souvent sollicité de l’ancien gouvernement les moyens de former cet établissement précieux, et lui donner le caractère d’établissement public. Deux arrêts du conseil, l’un du 21 novembre 1778, l’autre du 25 mars 1785, renferment différentes dispositions qui avaient cet objet; mais ces arrêts n’ont pas été revêtus des formes anciennement usitées pour leur donner le caractère de loi ; en sorte que c’est à l’Assemblée nationale qu’il était réservé de consolider cette belle institution. L’école avait été placée dans la maison des Gélestins ; une somme de 6,000 livres à prendre sur leurs biens lui avait été affectée; mais le payement de cette somme avait été suspendu depuis les décrets qui avaient mis à la disposition de la nation les biens des religieux; en sorte que votre comité, de concert avec la municipalité, et par ses soins, a obtenu une somme de 2,400 livres sur les revenus séquestrés des biens des Gélestins, pour venir provisoirement au secours de cet établissement. Examinons actuellement: 1° si l’Assemblée nationale doit s’occuper de l’établissement de l’institution des sourds-muets, ou plutôt ce qu’elle peut et doit faire pour le consolider; 2° enfin quelle dépense il entraînera. (Le rapporteur examine ces deux questions.) Telles sont. Messieurs, les réflexions de votre comité sur l’établissement de l’institution des sourds-muets; puisse-t-il avoir rempli les vues de bienfaisance que vous avez manifestées lorsqu’ils vinrent eux-mêmes vous présenter leur adresse. Vos comités m’ont chargé de vous proposer le projet de décret suivant : Art. 5. Le choix des 2 instituteurs actuellement occupés à l’instruction des sourds-muets est confirmé. >< Art. 6. Il leur sera adjoint 2 élèves instituteurs, qui seront nommés par le département de Paris, sur la présentation du premier instituteur. « Art. 7. La surveillance de l’établissement est spécialement confiée au département de Paris. » La discussion est ouverte sur ce projet de décret.