112 ARCHIVES PARLEMENTAIRES - CONVENTION NATIONALE d’employer. Le principe que vous avez décrété est excellent, dit-il; il ne faut pas en retarder l’application (1)]. [Roger DUCOS : Je crois que la suspension ne peut avoir pour objet que de ne pas entraver la marche de nos armées et les ateliers d’armes. Mais je ne sais s’il ne faudroit pas maintenir le décret pour les administrations, les tribunaux, les comités révolutionnaires. Les gens que votre décret concerne peuvent y devenir très-dangereux; ils chercheront à frapper le dernier coup (2)]. VILLERS : Je demande la parole pour un article additionnel. Il faut du courage pour parler contre une proposition qui, plusieurs fois, a été accueillie ici avec transport; mais le temps de la tyrannie est passé. Chacun peut, chacun doit dire ce qu’il pense. C’est moins des individus qu’il s’agit ici que des principes. Ce n’est pas des hommes, mais des droits du peuple. Plusieurs des hommes dont il s’agit dans ce moment ont rendu de grands services à la patrie. Pourquoi cette opiniâtreté à nous ramener sans cesse sur 2 castes dont il ne devrait plus être question depuis longtemps ? Pourquoi ramener sans cesse notre attention sur des individus proscrits par les brigands de la Vendée et tous les tyrans ? Je ne connais que 2 espèces d’hommes dans la République, les bons et les méchants; punissez les derniers, rendez les autres heureux. Il est aussi une classe d’hommes qui a fait autant de mal à la révolution que les deux castes dont il s’agit, ce sont les hommes de la loi. A Dieu ne plaise que je veuille jeter de la défiance sur ceux de ces citoyens qui ont rendu, qui rendent encore de grands services à la révolution; mais j’ai voulu faire sentir à la Convention jusqu’où on pourrait la mener, si une fois on la faisait dévier. Cette motion n’a pas de suite (3). 31 Le citoyen Trouvé fait hommage à la Convention nationale d’une ode sur la journée du 9 thermidor (4). Citoyen Président, Je te prie de faire hommage à la Convention d’une ode que m’a inspirée la reconnaissance pour l’énergie sublime déployée par elle dans la révolution du 9 thermidor. S. et F., Trouvé (l’un des rédacteurs du Moniteur) (5). A la Convention Nationale, La Patrie reconnaissante : (1) J. Perlet, n° 680; J. Mont., n° 96; Audit, nat., n° 679; J. Sablier (du matin), n° 1 477; F.S.P. , n° 395; Rép ., n° 227; C. univ., n° 946; Mess. Soir, n° 714; M.U., XLII, 267. (2) Débats, n° 682; J. Lois, n° 677; J. Paris, n° 581 (cette gazette mentionne également Monmavou parmi les derniers opinants). (3) Moniteur (réimpr), XXI, 384; Débats, n° 682, 295; J. Lois, n° 677; J. Perlet, n° 680; J. Paris, n° 581. (4) P. V., XLIII, 10. Moniteur ( réimpr.), XXI, 366. (5) C 314, pl. 1 259, p. 54; Moniteur (réimpr.), XXL 395. Ode sur la Révolution du 9 Thermidor. O des vertus et du courage, Asile saint, temple éternel, Qui retentira d’âge en âge De leur souvenir solemnel; Toi, qui de mes braves cohortes Aux siècles transmets les exploits; O Panthéon ! ouvre tes portes, Que ta voûte réponde aux accens de ma voix Entends la voix de la patrie : Oui, c’est moi qui viens en ce jour A la plus sublime énergie Payer le plus juste retour : C’est moi, c’est ma reconnaissance Qui vient honorer mes enfans; O jour de bonheur pour la France ! Jour d’immortalité pour ses représentants ! Sur la colonne de la gloire Je graverai leurs noms chéris : L’avenir lisant leur victoire Reconnaîtra mes vrais amis, Et de leur accord unanime Admirant l’auguste fierté, Il verra l’audace du crime Pâlir, d’un souffle seul, devant la Liberté. Réponds, dictateur parricide, Quels sont tes sinistres projets ? Tu disais dans ton cœur avide : « Bientôt ils seront mes sujets; La terre sera ma couronne, Mon sceptre, la faulx de la Mort, Des cadavres seront mon trône, Et le sang, dans mon âme, éteindra le remord ». Mais le volcan de la Montagne Bouillonne et gronde sous tes pas La menace en vain t’accompagne, Elle est l’arrêt de ton trépas. Vas, traître, avec tes vils complices, Vas expier tous tes forfaits; Est-il d’assés cruels supplices Pour venger tous les maux que les monstres m’ont faits ? Ils se flattaient, les misérables ! Que le masque de la vertu Couvrirait leurs traits effroyables; Leurs traits et leurs cœurs sont à nu : Qu’ils sont hideux 1 quel assemblage De bassesse et d’atrocité ! La vertu seule a du courage : Mais le crime pour sœur n’a que la lâcheté. C’est trop longtemps peindre le crime; Prenons de plus douces couleurs. Toi, qu’ils désignaient pour victime, Faible opprimé, sèches tes pleurs. Sortés de votre léthargie, Talens, vertus, humanité ! Désormais avec énergie Sachés garder vos droits et votre dignité. Et vous, Représentans fidelles, O vous, mes chers libérateurs ! Soyés toujours les vrais modelles 112 ARCHIVES PARLEMENTAIRES - CONVENTION NATIONALE d’employer. Le principe que vous avez décrété est excellent, dit-il; il ne faut pas en retarder l’application (1)]. [Roger DUCOS : Je crois que la suspension ne peut avoir pour objet que de ne pas entraver la marche de nos armées et les ateliers d’armes. Mais je ne sais s’il ne faudroit pas maintenir le décret pour les administrations, les tribunaux, les comités révolutionnaires. Les gens que votre décret concerne peuvent y devenir très-dangereux; ils chercheront à frapper le dernier coup (2)]. VILLERS : Je demande la parole pour un article additionnel. Il faut du courage pour parler contre une proposition qui, plusieurs fois, a été accueillie ici avec transport; mais le temps de la tyrannie est passé. Chacun peut, chacun doit dire ce qu’il pense. C’est moins des individus qu’il s’agit ici que des principes. Ce n’est pas des hommes, mais des droits du peuple. Plusieurs des hommes dont il s’agit dans ce moment ont rendu de grands services à la patrie. Pourquoi cette opiniâtreté à nous ramener sans cesse sur 2 castes dont il ne devrait plus être question depuis longtemps ? Pourquoi ramener sans cesse notre attention sur des individus proscrits par les brigands de la Vendée et tous les tyrans ? Je ne connais que 2 espèces d’hommes dans la République, les bons et les méchants; punissez les derniers, rendez les autres heureux. Il est aussi une classe d’hommes qui a fait autant de mal à la révolution que les deux castes dont il s’agit, ce sont les hommes de la loi. A Dieu ne plaise que je veuille jeter de la défiance sur ceux de ces citoyens qui ont rendu, qui rendent encore de grands services à la révolution; mais j’ai voulu faire sentir à la Convention jusqu’où on pourrait la mener, si une fois on la faisait dévier. Cette motion n’a pas de suite (3). 31 Le citoyen Trouvé fait hommage à la Convention nationale d’une ode sur la journée du 9 thermidor (4). Citoyen Président, Je te prie de faire hommage à la Convention d’une ode que m’a inspirée la reconnaissance pour l’énergie sublime déployée par elle dans la révolution du 9 thermidor. S. et F., Trouvé (l’un des rédacteurs du Moniteur) (5). A la Convention Nationale, La Patrie reconnaissante : (1) J. Perlet, n° 680; J. Mont., n° 96; Audit, nat., n° 679; J. Sablier (du matin), n° 1 477; F.S.P. , n° 395; Rép ., n° 227; C. univ., n° 946; Mess. Soir, n° 714; M.U., XLII, 267. (2) Débats, n° 682; J. Lois, n° 677; J. Paris, n° 581 (cette gazette mentionne également Monmavou parmi les derniers opinants). (3) Moniteur (réimpr), XXI, 384; Débats, n° 682, 295; J. Lois, n° 677; J. Perlet, n° 680; J. Paris, n° 581. (4) P. V., XLIII, 10. Moniteur ( réimpr.), XXI, 366. (5) C 314, pl. 1 259, p. 54; Moniteur (réimpr.), XXL 395. Ode sur la Révolution du 9 Thermidor. O des vertus et du courage, Asile saint, temple éternel, Qui retentira d’âge en âge De leur souvenir solemnel; Toi, qui de mes braves cohortes Aux siècles transmets les exploits; O Panthéon ! ouvre tes portes, Que ta voûte réponde aux accens de ma voix Entends la voix de la patrie : Oui, c’est moi qui viens en ce jour A la plus sublime énergie Payer le plus juste retour : C’est moi, c’est ma reconnaissance Qui vient honorer mes enfans; O jour de bonheur pour la France ! Jour d’immortalité pour ses représentants ! Sur la colonne de la gloire Je graverai leurs noms chéris : L’avenir lisant leur victoire Reconnaîtra mes vrais amis, Et de leur accord unanime Admirant l’auguste fierté, Il verra l’audace du crime Pâlir, d’un souffle seul, devant la Liberté. Réponds, dictateur parricide, Quels sont tes sinistres projets ? Tu disais dans ton cœur avide : « Bientôt ils seront mes sujets; La terre sera ma couronne, Mon sceptre, la faulx de la Mort, Des cadavres seront mon trône, Et le sang, dans mon âme, éteindra le remord ». Mais le volcan de la Montagne Bouillonne et gronde sous tes pas La menace en vain t’accompagne, Elle est l’arrêt de ton trépas. Vas, traître, avec tes vils complices, Vas expier tous tes forfaits; Est-il d’assés cruels supplices Pour venger tous les maux que les monstres m’ont faits ? Ils se flattaient, les misérables ! Que le masque de la vertu Couvrirait leurs traits effroyables; Leurs traits et leurs cœurs sont à nu : Qu’ils sont hideux 1 quel assemblage De bassesse et d’atrocité ! La vertu seule a du courage : Mais le crime pour sœur n’a que la lâcheté. C’est trop longtemps peindre le crime; Prenons de plus douces couleurs. Toi, qu’ils désignaient pour victime, Faible opprimé, sèches tes pleurs. Sortés de votre léthargie, Talens, vertus, humanité ! Désormais avec énergie Sachés garder vos droits et votre dignité. Et vous, Représentans fidelles, O vous, mes chers libérateurs ! Soyés toujours les vrais modelles SÉANCE DU 16 THERMIDOR AN II (3 AOÛT 1794) - N°32 113 Du patriotisme et des mœurs : La République est affermie, La Liberté bénit vos coups; Vous avés sauvé la Patrie, Et du 9 Thermidor l’honneur est tout à vous. Tandis que, fixant la victoire, Mes héros dispersent les rois, Associés-vous à leur gloire Par la sagesse de vos lois. Si la valeur, sur les frontières, Aux tyrans porte la terreur, Que la constance et les lumières Sur mon sol triomphant ramènent le bonheur ! Par C.J. Trouvé ( l’un des rédacteurs du Moniteur). La Convention en décrète la mention honorable, l’insertion au bulletin, et le renvoi au comité d’instruction publique. 32 Les autorités constituées et la société populaire de Chalon-sur-Saône2 (1), la municipalité, le comité de surveillance et la société populaire de La Chapelle Franciadeb (2), le conseil général de la commune de Dieppe (3), la société populaire d’Eper-nayc (4), le conseil municipal de Châlons-sur-Marne11 (5), les membres du conseil général de la commune de Blois6 (6), les administrateurs du département de Loir-et-Cherf, applaudissent aux heureux résultats de l’énergie et du courage de la Convention nationale dans les journées des 9, 10 et 11 thermidor. Ils bénissent le dévouement imperturbable des représentans du peuple à la cause de la liberté, et leur courage invincible pour la défense des droits du peuple. Mention honorable et insertion de chacune de ces adresses au bulletin (7). a [Chalon-sur-Saône, 13 therm. II\ (8) Représentans du peuple français, Toujours des traîtres ! Toujours des conspirations contre le peuple et la liberté ! Mais la liberté est impérissable parce qu’elle est soutenue par le peuple, qui trouve dans son énergie et ses vertus la force et les moyens toujours infaillibles d’écraser tous les monstres qui osent entreprendre de le tyranniser. (1) Saône-et-Loire. (2) Départ' de Paris. (3) Seine-Inférieure. Mentionné par Bm, 26 therm. (2e suppl'). (4) Marne. (5) Marne. (6) Loir-et-Cher. (7) P.-V.. XLIII, 10. (8) C 314, pl. 1 259, p. 36; Moniteur (réimpr.), XXI, 366; Débats, n° 682; J. unie., n° 1 715; J. Sablier {Au matin), n° 1 477. Mention in J. Fr., n° 678; Bln, 26 therm. (2e suppl'). Le récit d’un nouvel attentat contre la Convention nationale et la souveraineté du peuple nous a soulevé de la plus profonde indignation, sans affoiblir notre courage. Vainement tous les scélérats se coaliseroient pour nous asservir : chaque jour dût-il voir éclore de nouvelles trames, chaque jour nous serons prêts à faire de nouveaux efforts pour en anéantir les auteurs. Le peuple français ne peut rien redouter; il a juré d’être libre; il le sera, malgré les complots : sa massue exterminera les traîtres et la patrie sera sauvée. Citoyens représentans, vous venez encore de nous affermir dans cette idée consolante. Votre dévouement imperturbable à la cause de la liberté, votre courage invincible pour la def-fense des droits du peuple viennent de vous faire terrasser les monstres qui vouloient lui ravir ce qu’il a de plus cher. O comble d’égarement et d’horreur !... les foudres préparés par les Français pour pulvériser les tyrans et leurs satellites ont été dirigés contre vous ! on vous a investi, menacé... Mais vous avez bravé tous les dangers pour ne vous occuper que du salut du peuple. Les scélérats ! pouvoient-ils donc espérer de survivre à leurs forfaits ? ils n’avoient pas paralisé les bras des républicains dont les âmes brûlantes pour la liberté ont dicté le serment de la deffendre et de mourir pour elle. Nous l’avions fait et nous venons de le répéter. Croyez que nous y serons fidèles. A la voix de la Convention nationale, on nous verra courir partout où le danger l’exigera, et, réunis à tous les bons républicains, nos corps feront un rempart à la représentation nationale, à la liberté, à l’égalité et à la patrie. Vive la République ! Vive la Montagne ! Beaumé fils aîné ( secrét .), Dussud {secret.), Visson ( présid .), Drin ( vice-présid .), [et plus de 190 autres signatures]. [Extrait des registres des délibérations de la société populaire régénérée de Chalon-sur-Saône], Les nouvelles intéressantes arrivant de Paris ayant donné lieu à cette séance, après avoir été ouverte aux cris accoutummés de « vive la République, vive la montagne ! », elle a commencé par la lecture de ces nouvelles. La plus vive joie a pénétré tous les esprits au récit des succès de nos armées, mais bientôt ce sentiment a fait place à la plus profonde indignation lorsque, par la lettre de Charles Millard, notre représentant, on a ouï parler de la conjuration atroce, à la tête de laquelle s’étoit placé Robers-piere, qui, jusqu’à ce moment, avoient {sic) eu le talent de tramer la perte du peuple dans le secret et sous le voile du plus grand patriotisme. A peine cette lecture a été terminée que, par un mouvement spontané, toute la société s’est levée, a renouvelle le serment mille fois prêté et gravé dans tous les cœurs des bons François de vivre libre ou de mourir pour la liberté, de verser jusqu’à la dernière goutte de son sang pour l’union et l’indivisibilité de la République, et de rester à jamais uni à la cause du peuple et à la Convention nationale. 8 SÉANCE DU 16 THERMIDOR AN II (3 AOÛT 1794) - N°32 113 Du patriotisme et des mœurs : La République est affermie, La Liberté bénit vos coups; Vous avés sauvé la Patrie, Et du 9 Thermidor l’honneur est tout à vous. Tandis que, fixant la victoire, Mes héros dispersent les rois, Associés-vous à leur gloire Par la sagesse de vos lois. Si la valeur, sur les frontières, Aux tyrans porte la terreur, Que la constance et les lumières Sur mon sol triomphant ramènent le bonheur ! Par C.J. Trouvé ( l’un des rédacteurs du Moniteur). La Convention en décrète la mention honorable, l’insertion au bulletin, et le renvoi au comité d’instruction publique. 32 Les autorités constituées et la société populaire de Chalon-sur-Saône2 (1), la municipalité, le comité de surveillance et la société populaire de La Chapelle Franciadeb (2), le conseil général de la commune de Dieppe (3), la société populaire d’Eper-nayc (4), le conseil municipal de Châlons-sur-Marne11 (5), les membres du conseil général de la commune de Blois6 (6), les administrateurs du département de Loir-et-Cherf, applaudissent aux heureux résultats de l’énergie et du courage de la Convention nationale dans les journées des 9, 10 et 11 thermidor. Ils bénissent le dévouement imperturbable des représentans du peuple à la cause de la liberté, et leur courage invincible pour la défense des droits du peuple. Mention honorable et insertion de chacune de ces adresses au bulletin (7). a [Chalon-sur-Saône, 13 therm. II\ (8) Représentans du peuple français, Toujours des traîtres ! Toujours des conspirations contre le peuple et la liberté ! Mais la liberté est impérissable parce qu’elle est soutenue par le peuple, qui trouve dans son énergie et ses vertus la force et les moyens toujours infaillibles d’écraser tous les monstres qui osent entreprendre de le tyranniser. (1) Saône-et-Loire. (2) Départ' de Paris. (3) Seine-Inférieure. Mentionné par Bm, 26 therm. (2e suppl'). (4) Marne. (5) Marne. (6) Loir-et-Cher. (7) P.-V.. XLIII, 10. (8) C 314, pl. 1 259, p. 36; Moniteur (réimpr.), XXI, 366; Débats, n° 682; J. unie., n° 1 715; J. Sablier {Au matin), n° 1 477. Mention in J. Fr., n° 678; Bln, 26 therm. (2e suppl'). Le récit d’un nouvel attentat contre la Convention nationale et la souveraineté du peuple nous a soulevé de la plus profonde indignation, sans affoiblir notre courage. Vainement tous les scélérats se coaliseroient pour nous asservir : chaque jour dût-il voir éclore de nouvelles trames, chaque jour nous serons prêts à faire de nouveaux efforts pour en anéantir les auteurs. Le peuple français ne peut rien redouter; il a juré d’être libre; il le sera, malgré les complots : sa massue exterminera les traîtres et la patrie sera sauvée. Citoyens représentans, vous venez encore de nous affermir dans cette idée consolante. Votre dévouement imperturbable à la cause de la liberté, votre courage invincible pour la def-fense des droits du peuple viennent de vous faire terrasser les monstres qui vouloient lui ravir ce qu’il a de plus cher. O comble d’égarement et d’horreur !... les foudres préparés par les Français pour pulvériser les tyrans et leurs satellites ont été dirigés contre vous ! on vous a investi, menacé... Mais vous avez bravé tous les dangers pour ne vous occuper que du salut du peuple. Les scélérats ! pouvoient-ils donc espérer de survivre à leurs forfaits ? ils n’avoient pas paralisé les bras des républicains dont les âmes brûlantes pour la liberté ont dicté le serment de la deffendre et de mourir pour elle. Nous l’avions fait et nous venons de le répéter. Croyez que nous y serons fidèles. A la voix de la Convention nationale, on nous verra courir partout où le danger l’exigera, et, réunis à tous les bons républicains, nos corps feront un rempart à la représentation nationale, à la liberté, à l’égalité et à la patrie. Vive la République ! Vive la Montagne ! Beaumé fils aîné ( secrét .), Dussud {secret.), Visson ( présid .), Drin ( vice-présid .), [et plus de 190 autres signatures]. [Extrait des registres des délibérations de la société populaire régénérée de Chalon-sur-Saône], Les nouvelles intéressantes arrivant de Paris ayant donné lieu à cette séance, après avoir été ouverte aux cris accoutummés de « vive la République, vive la montagne ! », elle a commencé par la lecture de ces nouvelles. La plus vive joie a pénétré tous les esprits au récit des succès de nos armées, mais bientôt ce sentiment a fait place à la plus profonde indignation lorsque, par la lettre de Charles Millard, notre représentant, on a ouï parler de la conjuration atroce, à la tête de laquelle s’étoit placé Robers-piere, qui, jusqu’à ce moment, avoient {sic) eu le talent de tramer la perte du peuple dans le secret et sous le voile du plus grand patriotisme. A peine cette lecture a été terminée que, par un mouvement spontané, toute la société s’est levée, a renouvelle le serment mille fois prêté et gravé dans tous les cœurs des bons François de vivre libre ou de mourir pour la liberté, de verser jusqu’à la dernière goutte de son sang pour l’union et l’indivisibilité de la République, et de rester à jamais uni à la cause du peuple et à la Convention nationale. 8